Les groupes speciaux de corps d armee,de la prison a la caserne.

Parmi les troupes les plus méconnues,les groupes spéciaux (1910 1940) occupent une place a part.Les "groupards" sont des soldats réservistes ou territoriaux des trois armees, qui postérieurement a leur liberation subissent au moins une condamnation penale a l emprisonnement dans une prison civile.La loi du 11 avril 1910 precise que les condamnations entrainant normalement une affectation dans les bataillons d Afrique, placeront ces soldats,redevables comme tout citoyen français de 28 ans de service militaire-reserve de territoriale comprise-dans la position d integrer les "Groupes Spéciaux de Corps d Armee".Les GS auront le numero du CA correspondant,et seront portes dans la mesure du possible a un demi bataillon d infanterie fort de deux ou trois compagnies,une batterie d artillerie de 65 ou 80 mm,ainsi qu un peloton de cavalerie fourni par les Spahis,les goumiers ou le maghzen.Forts de 400 a 600 hommes,les GS formeront le gros des colonnes mobiles chargees du maintien de l ordre dans les territoires d Afrique du nord.Il s agit bien evidemment de remplacer les unites de l armee d Afrique appelees intervenir en France des le debut des hostilités.Les sujets les plus forts physiquement seront diriges sur les bataillons d Afrique pour compenser les pertes.
Des le debut de la guerre,les GS des IIeme CA (Amiens) VIeme CA (Chalons sur Marne) VIIIeme CA (Bourges) Xeme CA (Rennes) XIeme CA (Nantes)
XIIIeme CA (Clermont Ferrand) XIVeme CA (Lyon) et XVIIeme CA (Toulouse) partent pour le Maroc et l Oranais.
Les GS des IIIeme CA (Rouen) Vème CA (Orléans) XVIIIeme CA (Bordeaux) et XIXeme CA (AFN) se tiennent dans le sud algerien,prets a se porter le cas echeant sur les théâtres d operations marocain ou tunisien.Le GS des oasis sahariennes doit de son cote surveiller avec ses colonne de méharis les mouvements éventuels de dissidents sur les frontières du sahara;les pièces d artillerie sont montees a dos de betes.
Les GS des IVème CA (Le Mans) IXème CA (Tours) XVeme CA (Marseille) et XXeme CA (Nancy) gagnent le sud tunisien en 1915 pour combattre la rebellion senoussiste, qui appuyee par les Turcs et les Allemands,deborde de la Tripolitaine sur les tribus des confins.Le fameux siege d Oum Souigh,extremement meurtrier,sera le "Mazagran" des "groupards".
Les autres GS,le 1er de Lille,le 7eme de Besançon,le 12eme de Limoges,le 16eme de Montpellier et le 21eme d Epinal seront utilises a titre de renforts sur le front français, et en Algerie,pour surveiller les Aures.Le 22eme GS participera a quelques operations de maintien de l ordre dans les colonies.

En 1939-1940,les "groupards" theoriques sont pres de 20 000,l equivalent d un bataillon par region de corps d armee;mais seulement 10 000 d entre eux sont reellement utilisables.Le reste est disperse sur les maisons centrales,en desertion en France ou a l etranger,ou interne dans les hôpitaux psychiatriques,voire dans des prisons etrangeres.
Si on constitue des demi brigades d infanterie legere a quatre bataillons ,il est clair que la moitie des hommes sont des soldats de categorie B qu il vaudrait mieux eloigner du front. Aussi, l equivalent de huit BIL, constitues de groupards n ayant jamais servi en AFN, est renvoye au Maroc,en Algerie et en Tunisie.Il ne s agit pas de créer des BILA mais de surveiller une population inquietante tres heterogene.Les commissions d armistice franco-allemande et franco-italienne exigent sur le champ la dissolution de ces elements incontrôlables. Vichy donne pleinement satisfaction a l Axe.