un invalide

Bonsoir,

Dernière présentation de ce soir pour mes trouvailles des dernières semaines: encore un sabre briquet. Celui-ci date du 1er Empire et ne provient pas, contrairement à ce que mon titre pourrait laisser penser, de l'Hôtel des invalides.

Il s'agit d'un des derniers sabre briquets impériaux. Il est daté d'avril 1815, un mois avant la fin définitive de l'épopée napoléonienne.

Produit à Klingenthal, il est marqué des poinçons de Borson, Bick, Bisch et Lobstein.

Rien de fantastique jusqu'à là mais c'est son aspect endommagé, sa lame fendue, retaillée et piquée et enfin son quillon manquant qui m'a fait l'adopter. Il est un des derniers de l'Empire, il porte les blessures des guerres qui ont marqué cette période: un véritable invalide. C'est pour cette raison, cette symbolique, que je ne l'ai pas nettoyé à fond non plus.

Je pense le présenter prochainement accompagné d'une médaille de Sainte Hélène. Ces 2 objets associés auront, je pense, un symbolisme très fort.

Place aux photos du vétéran:











Merci de votre passage et de vos commentaires !

Bonsoir,

Je m'attendait en effet à voir un HDI comme il m'en manque mais celui-ci est bien sympathique aussi !
Qu'entends-tu par lame fendue ?

On saura jamais son histoire, ni comment il s'est retrouvé dans cet état, mais effectivement il peut éveiller notre imagination et nous rappeler les plaines du Mont Saint Jean...

Je savais que le mot "fendu" n'était pas le bon mais je ne trouvais plus celui qu'il me fallait: c'est ébréché !

Le fil de la lame n'est pas régulier car elle devait être ébréchée et a été retaillée pour éviter les accrocs sur le fil.

C'est vraiment un coup de coeur celui-là. Le vendeur me l'a fait à 50€; je n'y aurais pas mis plus. Il faut maintenant que je trouve une médaille de sainte Hélène avec un ruban correct et ce sera un ensemble évocateur.

Et voilà l'ensemble que je voulais constituer : le vétéran au quillon brisé avec sa médaille, symbole de la fin et du souvenir d'une époque.

Une belle évocation de l'épopée !

Merci beaucoup

Bonjour, dans cet état il peut surtout rappeler qu'après sa carrière militaire qui fut peut être très très courte s'il en eut véritablement une, qu'après sa carrière militaire donc il eut une longue carrière civile en serpe pour tailler les haies et les bosquets (ce qui peut expliquer la rupture du quillon) avant de finir relégué dans un hangar ou une étable.

Bonjour,

Curly aime désenchanter les lames !
Tout est possible mais pour un paysan au bon sens un bon gouillat (plutôt qu'une serpe, pour les haies...) vaut certainement mieux qu'un briquet !
Mais cette utilisation n'explique pas plus le bris du quillon qu'une utilisation militaire ou autre chose.

Amicalement.

Cathy, je ne désenchante pas mais j'essaye d'être logique,

un briquet à quillon cassé aurait été réparé au niveau régimentaire par brasure d'un nouveau quillon ou changement de poignée, c'est d'ailleurs précisé dans les documents disponibles et les "bulletins militaires" donnaient même le coût de la réparation à retenir sur la solde de l'homme!

Une arme "retirée" du service par son possesseur (ou tout autre personne qui aurait pu mettre la main dessus) était généralement réutilisée pour les travaux agricoles, la grande majorité de la population étant formée de paysans et le quillon n'étant pas d'une grande utilité comme outil agricole aurait certainement été coupé. Dans ma jeunesse j'ai passé pas mal de temps à la campagne, j'y ai vu un grand nombre d'objets militaires réutilisés pour des usages civils, chasse ou travaux de la ferme.
Au contraire du désenchantement, le fait que ces objets aient continué à être utilisés à titre pacifique leur donne encore plus de gloire!

Je ne remets pas en cause ton esprit critique, au contraire, il en faut.

Tu as déjà vu des briquets au quillon réparé par brasure ?
Je dois dire que moi non.

Pour les briquets Premier Empire il y a plein d'occasions de passer dans la vie civile sans réparation (cassé au combat ou non d'ailleurs, le briquet est aussi un outil): ramassé sur les champs de batailles de 1814 par un gars du coin, ramené à la maison par un déserteur / "autodémobilisé" de 1814 ou 1815...

J'ai moi aussi pas mal vécu à la campagne dans une environnement paysan et chasseur, au milieu d'objets détournés de leur fonction première. Je sais bien que les briquets ont aussi été réutilisés (il y avait encore chez moi un briquet qui avait été transformé en plaine...), mais ce n'est pas systématique non plus. Il y a aussi des armes qui furent simplement stockées dans un coin, d'autres qui furent réutilisées sans transformation (comme les baïonnettes devenues plantoir...).
Je vois pas trop l’intérêt qu'il y aurait eu à casser volontairement ce quillon pour en faire un outil...

Bonjour,

Cathelineau, pour votre information voici une illustration de réparation d'époque par brasure sur une pièce de l'empire:

Bonjour,

Merci pour l'illustration !
An IX ou Vieille Garde ?
Ce quillon est bien rond, généralement ils sont plus aplatis.
D'où venaient ces quillons brasés ?

Cordialement.

Un sabre de la garde. Les brasures sont des réparations classiques des armes en corps de troupe. Les armes étaient soumises à un très dur traitement en campagne et étaient très souvent réparées.
Il est finalement bien rare de trouver une arme blanche ayant avec certitude servi durant les campagnes de l'Empire n'ayant pas subi de réparation.
Celles que l'on trouve en bon état ont souvent passé leur carrière dans les arsenaux, puis ont continué leur vie sous la restauration, louis-Philippe avant d'être déclassées. Elles ne sentent pas la poudre...

Le sabre briquet n'étant pas l'arme première du fantassin je ne pense pas qu'il soit si exceptionnel qu'il survive intact à une  partie des campagnes napoléoniennes. Je pense notamment aux productions tardives de 1813 qui sont les plus courantes aujourd'hui sur le marché.

Par contre votre quillon hémisphérique m'intrigue.
Ces quillons de rechange étaient-ils récupéré sur d'autres poignées détériorée ou existait-il des quillons de rechange faits pour ça ?
Pouvez-vous nous faire une présentation complète de ce sabre ?

Re-,
Pour le sabre briquet, celui-ci était surtout utilisé comme outil à tout faire en campagne et subissait du coup de nombreux dommages.
J'ignore si les quillons étaient récupérés sur des armes réformées ou bien si ils étaient issus de lots, voir même refabriqués. A mon sens, les trois hypothèses doivent être exactes.
Les qullons avec la forme hémisphérique sont typiques des sabres des marins.
Cordialement

Ah oui, sabre de marin de la Garde, je comprends mieux la forme du quillon !
Je le trouvais étrange pour un briquet... C'est que ce n'en était pas un...
Bien cordialement.

Cathelineau a écrit:

Curly aime désenchanter les lames !

C'est pas complètement faux ! Ou les enchanter/ré-enchanter différemment !

Mon briquet a en effet dû avoir une courte carrière militaire. Cependant on ne peut que spéculer sur la raison de ce quillon cassé. Je peux proposer autant de scénarios qui le voient brisé au cours d'un affrontement (et éventuellement abandonné sur le champ de bataille) que de scénarios dans lesquels, reconverti en outils du quotidien, il est brisé dans une utilisation paysanne.

Mais son état (que je ne compte pas modifier) et sa date de fabrication évoquent, à mon sens plus le déclin du 1er Empire qu'une utilisation domestique ou paysanne (que l'état de la lame confirme tout à fait il est vrai).