Un étonnant sabre briquet hybride ancien régime et restauration

Bonjour,
Que dites vous de ce sabre briquet récemment rentré ? :
La garde est je crois celle d'un modèle 1816 (il faut que je vérifie) d'un fourbisseur privé. Elle est simplement poinçonnée EB sur la garde. Fourreau et lame sont beaucoup plus anciens et en bon état. Si je ne me trompe pas, ils sont du modèle 1767/70 ancien régime. La lame est plate à dos carré. Elle mesure 595 mm de long, son talon est large de 34 mm et épais de 9,5 mm. Elle est poinçonnée du B de Bisch (contrôleur de 1ère classe à partir de 1783) et du J couronné du capitaine de Juchereau (inspecteur de 1787 à 1789, puis sous directeur de 1790 à 1791). le dos comporte les marquages de la Manufacture Royale d’Alsace. Surtout on voit sur une face «Grenadier» (hauteur 10 mm, longueur 65 mm) et une grenade enflammée de 18 mm de diamètre, et, sur l’autre face une grenade enflammée identique et le monogramme du roi (L entrelacés) intact (il a été souvent effacée après la triste histoire de Varennes).
Chose rare, le fourreau me semble bien d’époque. Il est en cuir de vache noirci, sans alaises, avec 2 garnitures laiton fixées par quelques coups de poinçon. La chape est à fente horizontale avec sa languette de buffle blanchi pour le port, elle est découpée en demi cercle sur le cuir côté garde où sa longueur est de 55 mm (40mm côté contre garde). La bouterolle à bouton est longue de 89 mm dans l’axe, coupée droite sur le cuir. Le cuir est poinçonné à l’identique de la lame côté garde.  
Place aux images  

Bonsoir,

Il n'y a pas de monture modèle 1816. La modification 1816 ne touche que le pontet de la chape. Il s'agit donc d'un An XI (An XIII pour Pétard...). Fabrication privée, les torons semblent bien séparés par des rainures bien profondes, phénomène que j'ai remarqué sur des montures de fabrication privée de la Restauration (j'en ai un de Manceaux comme ça).
La lame est bien celle d'un 1767.
J'aurais tendance à penser à un Grenadier de la Garde Nationale qui aura voulu se distinguer avec une lame gravée qui faisait un peu rétro à une époque où visiblement on ne grave plus de lames pour les Grenadiers.
Pour un Grenadier de la ligne on aurait je pense une monture de manufacture. A moins qu'il ait voulu customiser un sabre d'achat privé pour ne pas se voir reprocher d'avoir modifié une arme réglementaire dont il n'est pas propriétaire.
Cela me fait penser à un autre de mes sabres qui a également une monture d'An XI et une lame de Grenadier plus ancienne avec le vieux fourreau correspondant:
https://www.passionmilitaria.com/t104820-briquet-an-xi-regimente

L'autre option est un remontage plus récent avec une mauvaise poignée. Comment est la rivure ?

Amicalement.

La rivure de soie est manifestement ancienne et ne laisse aucun jeu. J'avoue que si je trouve une monture de 1767 veuve de sa lame et bien poinçonnée comme il faut, je me poserai des questions sur la conduite à tenir...

Si l'on part du principe que le montage est ancien alors je pense qu'il faut le laisser tel quel.
Je pense que ces lames changées témoignent de la vigueur du sentiment d'appartenance (de l’orgueil ?) chez les Grenadiers. Phénomène qui prend des formes non réglementaires.

Cathelineau a écrit:

Si l'on part du principe que le montage est ancien alors je pense qu'il faut le laisser tel quel.
Je pense que ces lames changées témoignent de la vigueur du sentiment d'appartenance (de l’orgueil ?) chez les Grenadiers. Phénomène qui prend des formes non réglementaires.

J'entends bien, c'est sans doute ce que je vais faire