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| "Les colonies pour la Libération de la métropole" - brochure - 1945 | |
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poddichini Membre d'honneur
Nombre de messages : 84096 Localisation : Cismonte Thème de collection : Coloniale et colonisation - uniformes, coiffures, archives Date d'inscription : 06/08/2014
| Sujet: "Les colonies pour la Libération de la métropole" - brochure - 1945 Sam 30 Juin 2018 - 8:00 | |
| Bonjour à tous, Voici en présentation une petite brochure peu courante mais très intéressante. Elle s'inscrit dans la série de brochures éditées pendant la Seconde Guerre mondiale, soit par l’État français, soit par la France libre, ayant pour sujet l'Empire colonial, sa fidélité à Vichy ou son ralliement à la France libre. La brochure est dans un très bon état, et est composée de treize pages. Cette brochure fut publiée à la Libération, en 1945, à Paris, pour mettre en avant le lien entre l'Empire et la Résistance, incarnée par le général De Gaulle. La brochure commence par une page montrant la vision de l'Empire de chaque côté : on reprend des paroles du maréchal Pétain, dans un discours de juin 1940 : « Je n'ai voulu placer hors de France ni ma personne ni mon espoir ». Ces paroles sont expliquées comme suit dans la brochure « C'est-à-dire : le sol national s'arrête au rivage métropolitain ; aucun secours ne peut nous venir d'au delà des mers. Paroles impies qui étendaient la capitulation à tous les territoires de notre Empire, et qui niaient jusqu'à l'existence d'une France d'Outre-mer ». Pour répondre à cet extrait du discours de Pétain, les auteurs de la brochure lui opposent un extrait de De Gaulle : « Le crime de l'Armistice, c'est d'avoir capitulé comme si la France n'avait pas d'Empire ». Cet extrait est expliqué comme suit dans la brochure : « Par la bouche du Général de Gaulle, chef des Français libres, au lendemain du ralliement de l'Afrique équatoriale française (entre fin août pour l'Oubangui-Chari et le Tchad et octobre pour le Gabon), c'était la voix de la France qui répondait ainsi au vieillard de Vichy. C'était aussi la voix de la raison ». On oppose donc deux visions. La brochure va ensuite montrer comment les colonies ont aidé, pour une part importante, à la libération de la France métropolitaine. Pour cela, plusieurs points sont évoqués. D'abord, c'est du ralliement à la France libre qu'il est question. On évoque le Tchad, ralliée le 26 août (on doit préciser qu'il ne s'agit pas du premier territoire de l'Empire à se rallier à la France libre. C'est, certes, un des premiers, mais le tout premier sont les Nouvelles-Hébrides, par l'intermédiaire d'Henri Sautot, le 22 juillet 1940, puis Tahiti, le 2 août 1940. Les premiers ralliements sont donc venus d'Océanie, puis vint le tour de quelques territoires de l'Afrique équatoriale française, dont le Tchad). Pour illustrer le ralliement des territoires composant l'AEF, l'Afrique équatoriale française, on montre le général De Gaulle en visite à Douala, au Cameroun. Il arrive dans la ville le 8 octobre 1940, avant de joindre le Tchad et Fort-Lamy le 13 octobre 1940, Bangui en Oubangui-Chari le 23 octobre 1940, et, le lendemain, Brazzaville, siège du gouvernement-général de l'AEF (trois jours plus tard, il annonce la création d'un Conseil de défense de l'Empire). De Gaulle, en tenue blanche, casque colonial sur la tête, salue à Douala un détachement du 1er RTC (Régiment de Tirailleurs du Cameroun), et leur remet un drapeau tricolore. La symbolique est forte : l'Empire, à l'image de l'AEF, continue la guerre sous la bannière nationale. On montre aussi De Gaulle avec un autre homme important du ralliement des colonies africaines à la France libre : Félix Éboué, gouverneur-général de l'AEF entre août 1941 et février 1944. De Gaulle rencontre Éboué en juillet 1941, dans le siège du gouvernement-général. De Gaulle lui remet la croix de la Libération. On peut préciser que Félix Éboué fait partie des cinq premiers hommes à recevoir l'ordre national de la Libération, devenant Compagnon de la Libération et membre du Conseil de l'ordre de la Libération, avec le capitaine de Vaisseau Thierry d'Argenlieu, le lieutenant d'Ollonde, l'officier radiotélégraphiste de la Marine marchande Popieul et l'adjudant-aviateur Bouquillard (décret pris à Londres, le 29 janvier 1941, par le général Charles De Gaulle. Décret paru dans le Journal officiel de la France libre, du mardi 25 février 1941). De Gaulle remet, par la même occasion, cette croix de la Libération au général Edgard de Larminat (membre du Conseil de Défense de l'Empire, et Haut-commissaire et commandant des Troupes de l'Afrique française libre). La brochure se poursuit avec l'explication des divers batailles et théâtres d'opération auxquels ont pris part les forces mobilisées dans l'Empire. On y évoque l'Afrique, et les territoires stratégiques, notamment,le Tchad, pour lancer les opérations vers l'Afrique du Nord, notamment les batailles dans le Fezzan en décembre 1942-janvier 1943, la prise de Tripoli. On y évoque aussi les territoires aux Amériques (Saint-Pierre-et-Miquelon, ralliée à Noël 1941, Guyane, Guadeloupe, Martinique). On y évoque les autres terres d'Empire comme Madagascar, la Nouvelle-Calédonie, les Établissements français d'Océanie. La brochure évoque ensuite d'autres combats pour la Libération en Afrique : Koufra, campagne d’Érythrée, Bir Hakeim, El-Alamein, Tripolitaine campagne de Tunisie. On évoque ensuite l'arrivée des troupes en Europe : combats en Italie, débarquement de Provence, prise de Toulon. Des images du Fezzan, de Rome, de Tunis, de Bir Hakeim, et des blindés devant l'Arc de triomphe à Paris montrent au lecteur cet engagement, ces combats. Mais, en plus d'évoquer les combats, le rôle des militaires dans la libération de la métropole, la brochure insiste aussi sur les forces économiques des territoires de l'Empire. On insiste sur la fourniture de matières premières, comme l'arachide, le coton, le caoutchouc. On évoque donc le travail des civils, l'effort de guerre pourrait-on dire, mis au service de la France libre. Ainsi, les divers territoires sont nommés, et le nombre de tonnes de produits expliqué en chiffres. Pour terminer, la brochure évoque la fabrication de colis, dans les colonies africaines, colis destinés à être envoyés en métropole à l'intention des enfants, mais aussi des prisonniers. On explique également les diverses souscriptions, sommes versées par les colonies pour la métropole : souscription d'aide à la Résistance, souscription pour les prisonniers et les déportés, Milliard de la Libération. Chaque territoire d'empire a donné, de l'AEF à Saint-Pierre-et-Miquelon. La brochure se termine par l'évocation de la Conférence de Brazzaville, s'étant déroulée du 30 janvier au 8 février 1944, sous la présidence de René Pleven. Elle rassemble les gouverneurs-généraux et gouverneurs des colonies d'Afrique occidentale française, Afrique équatoriale française et Madagascar. L'Algérie, la Tunisie et le Maroc sont aussi représentés. On voit De Gaulle lors de son discours d'inauguration, devant une foule importante réunie au stade Éboué, le 30 janvier 1944. Cette brochure est donc intéressante car elle retrace l'histoire du lien entre l'Empire colonial et la France libre ; comment, très tôt, certaines colonies se sont ralliées, ont œuvré, à travers les forces militaires et les forces civiles, pour permettre la libération de nombreux territoires, le ravitaillement de la population métropolitaine. Elle a aussi, sûrement, pour objectifs, de marquer et assurer le lien entre les colonies et la métropole, les populations françaises en métropole et en terre d'empire. L'année suivante, 1946, sera marquée par la mise en place, sur le plan politique, de l'Union française, c'est-à-dire, l'ensemble formé par la France métropolitaine, les départements d'Outre-mer (Guyane française, Guadeloupe, Martinique, Réunion), les territoires d'Outre-mer (la plupart des colonies), les États associés (territoires formant l'Indochine française : Cambodge, Laos, Tonkin, Annam, Cochinchine ; mais aussi Maroc ; Tunisie) et les territoires associés (Togo, Cameroun). Cette Union française est définie au titre VIII de la Constitution du 27 octobre 1946. Poddichini. |
| | | poddichini Membre d'honneur
Nombre de messages : 84096 Localisation : Cismonte Thème de collection : Coloniale et colonisation - uniformes, coiffures, archives Date d'inscription : 06/08/2014
| Sujet: Re: "Les colonies pour la Libération de la métropole" - brochure - 1945 Sam 30 Juin 2018 - 21:12 | |
| Bonsoir à tous, afin de compléter cet écrit, et comme j'évoquais Félix Eboué et l'obtention de l'ordre de la Libération (le 3ème à avoir reçu cet ordre), voici un document intéressant. Ce billet montre un beau portrait du gouverneur général de l'AEF (il est en tenue de gouverneur ici). C'est un billet de 100 francs imprimé et distribué par l'institut d'émission de l'Afrique équatoriale française et du Cameroun, pour les Etats de l'Afrique équatoriale et du Cameroun. Il fut en circulation à la fin des années 1950-début des années 1960. Sur le portrait, on voit bien l'ordre de la Libération sur l'uniforme de Félix Eboué (en n°3). Il porte aussi ses autres ordres et médailles : n°1 : commandeur de l'ordre du Nichan Iftikhar. n°2 : officier de l'ordre national de la Légion d'honneur n°3 : ordre de la Libération n°4 : médaille coloniale avec agraphe n°5 : chevalier de l'ordre des Palmes académiques n°6 : chevalier de l'ordre du Mérite agricole n°7 : officier de l'ordre de l'Etoile noire du Bénin n°8 : ordre impérial du Dragon d'Annam dont il était grand-officier (on ne distingue que le ruban et la couronne de cet ordre) n°9 : ce qui ressemblerait, au regard du ruban, à la médaille d'honneur pour acte de courage et de dévouement. Poddichini. |
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