Le canon du Soleil Royal

Bonjour à tous,

La ville du Croisic abrite, et particulièrement le jardin de l'hôtel de ville, une pièce d'exception : un canon en bronze du navire amiral de la flotte de Louis XV, j'ai nommé Soleil Royal, troisième du nom.

Relevé des roches en 1955 à l'initiative de Jean Quilgars, pêcheur au Croisic, sur la basse éponyme située dans le chenal d'accès au port, cette pièce de calibre 24 se situait dans la deuxième batterie du Soleil Royal, sabordé devant Le Croisic au lendemain de la bataille navale des Cardinaux (bataille de la baie de Quiberon pour les anglais) le 21 novembre 1759. Le maître fondeur, auteur de ce chef-d'oeuvre de 2 259 kg pour une longueur de 3,62 m, y a inscrit son nom : « faict par Jean Baubé, Fondeur Général de la Marine de France à Toulon - 1670 ».

Il y a sur son fut, en allant de la culasse vers la bouche du canon :

- Une tête de faune massive qui forme le bouton de culasse, cette tête repose sur une naissance de torse entourée de pieds fourchus, avec tout autour, le texte suivant :
"FAICT PAR JEAN BAUBÉ FONDEUR GÉNÉRAL DE L'ARTILLERIE ET MARINE DE FRANCE A TOULON 1670".

- Au dessus de la culasse, des rinceaux décorent une coquille percée d'un trou (La lumière) qui communiquant avec l’intérieur du fut, faisait office de mèche.
Pour tirer, il fallait donc charger le canon puis, remplir de poudre cette lumière et la coquille et enfin enflammer le tout...

- Un médaillon ovale délimité par une guirlande de feuilles de chêne et de glands, le profil de Louis XIV , à l'antique, couronné de lauriers se détache en bas relief
encadré de l'inscription abrégée: " LVD XIIII D GRATIAE FR ET NAV REX ". (Louis XIV, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre).

- Ce médaillon est surmonté de l'emblème personnel de Louis XIV : Un soleil, où se lit la devise : "NEC PLURIBUS IMPAR" : "A nul autre pareil".

- Plus en avant, on trouve deux poignées en forme de dauphin, les mêmes animaux réapparaissent en bas relief, un motif montre un dauphin entre deux L
(monogramme de Louis XIV) le tout surmonté de deux couronnes fleuronnées de lys.

- Ailleurs, accompagnant une ancre, deux dauphins encadrent cette inscription : "LE COMTE DE VERMANDOIS"*

- Plus près encore de la bouche du canon : Parmi des fleurs de Lys, un ruban portant l'inscription : "RATIO ULTIMA REGUM" : "L'argument ultime du Roi..."

- Enfin, sous des têtes de méduses, la bouche est cerclée d'une frise de feuilles d'acanthe stylisée.













Le canon, propriété du musée de la Marine, fut longtemps exposé dans le jardin de l'hôtel particulier du Duc d'Aiguillon, au moins jusqu'en 2005. Lors du 250ème anniversaire de la bataille des Cardinaux, en 2009, il fit partie d'une exposition itinérante "La mer pour mémoire", ensuite il fut installé sur le port du Croisic à proximité de l'ancienne criée. Restauré, il est depuis dans les jardins de la (nouvelle) mairie de la ville du Croisic.

Bonsoir,

Il est tout simplement magnifique ! Je reste toujours surpris qu'à cette époque les fondeurs puissent ajouter de l'esthétisme (tête de faune, dauphins, etc ) à une arme qui devait être bien redoutable ! Inimaginable aujourd'hui !!!

Bien cordialement

Bonsoir Crabro,

C'est une pièce magnifique et rarissime : les canons de son espèce ont tous été fondus. C'est une véritable oeuvre d'art.

Bonsoir,

Une pièce d'artillerie exceptionnelle !!!

Merci pour le partage.

Bien cordialement.

Il est dans un état de conservation exceptionnel ! Je trouve dommage de le laisser ainsi aux intempéries... Et aux malfaisants

Bonjour,

+ 1 Cave canem. D'autan qu'à l'abri la peinture rouge de l'affut n'aurai pas tournée au rose. C'est vraiment une pièce exceptionnelle. Sait-on ce qu'est devenu le reste de l'épave incendiée et potentiellement les autres canons (7) qui comme celui retrouvé n'ont pas été relevés ?

Bonjour,
Cette pièce est magnifique.
Merci de nous l'avoir présentée

Bonjour à tous,

L'état du canon est exceptionnel après un séjour sous-marin de deux cents ans et à subir les intempéries depuis plus de cinquante années. Il est vrai que sa place serait plus au musée de la Marine et ce pour des raisons de conservation.

Le Soleil Royal a d'abord été pillé en partie par les anglais, puis ils l'ont incendié. L'artillerie, mais pas dan son intégralité, a pu être récupérée. Le reste gît, sans doute, à quelques encablures du port du Croisic.

Ok Merci

Jean Quilgars, pêcheur au Croisic, en cet été de 1953, s'étonna de remonter à plusieurs reprises des homards verts dans ses casiers. A la troisième remontée, il décida de s'adresser au club d'amateurs de plongée sous-marine du port (du Croisic), pour tenter d'y trouver une explication. Un des membres du club accepta de rendre service au patron de pêche et plongea sur le lieu de remontée des homards verts. Celui-ci découvrit alors un essaim d'homards auprès d'un canon en bronze : l'oxydation du bronze, de couleur verte, se communiqua aux homards bretons de couleur bleue. Ils changèrent d'apparence. C'est ainsi que deux années plus tard, le canon regagna la surface.

On trouva à proximité du canon du Soleil Royal :

Merci pour le complément d'informations. Sur la dernière photo, c'est un pierrier à boite on dirait, un des premiers systèmes de chargement par la culasse.

Bonsoir,

Une pièce sublime !! Elle en met plein les yeux !!   Merci du partage et des infos apportées  

superbe,
merci pour le partage

Mais de rien, Devallière !

Bonsoir,

Merci pour le partage et la petite histoire, ce sont de superbes pièces !

Amicalement.

Bonjour Cathelineau et avec plaisir.

Bonjour Rosebud, il y a eu trois Soleil Royal et celui dont il est question est un "deux ponts" et pas celui que tu as la gentillesse de nous présenter.

Superbe reportage
Merci du partage.

Bonjour Daniel,

Merci à toi ! Ce canon est magnifique en effet.

bonjour,
si j'ai bien suivi, l'épave retrouvée est celle du 3éme du nom, un 80 canons construit en 1749, mais le canon date de 1670, époque de construction du premier Soleil Royal, explosé devant Cherbourg en 1692... J'ai du mal à comprendre

Bonjour Cave Canem,

Je ne sais répondre à ta question : peut être a-t-il pu être récupéré sur le premier du nom ou n'y a-t-il jamais été ?

L'inscription "Le comte de Vermandois" et les dauphins m'interpellent.
Ne serait-ce pas plutôt une pièce du "Dauphin", lancé en 1664 et rebaptisé "Vermandois" en 1671 ? Il a fini sa carrière à Toulon en 1700 ou il a été démantelé.
Que ce canon ait été remonté sur un autre vaisseau construit à Brest un demi siècle plus tard, j'ai du mal à comprendre, d'autant qu'à cette époque l'artillerie de bronze était majoritairement remplacée par celle en fonte de fer (et on peut comprendre pourquoi en regardant les prix : en 1744 la livre de bronze pour un canon de 24 revenait à 1 livre 13 sols 6 deniers, et en fer à 3 sols 9 deniers).
Possible qu'il y en ait eu quelques anciens canons en bronze de réutilisés, je ne sais pas...
Une hypothèse au vu du canon, trop bien conservé : c'est bien un dépôt du Musée de la Marine, mais vient-il vraiment de l'épave ?

Il n'y a aucun doute à ce sujet...

Voici un article extrait du journal local "Presse Océan" du mercredi 18 novembre 2009 :

Une pêche en mer canon

En 1955 Jean Quilgars relevait le canon du "soleil Royal", le pêcheur raconte cette histoire où se mêlent homards vert et la président René Coty.



L'indomptable n'était pas un navire de la flotte française engagée dans la bataille des Cardinaux aux côté de l'intrépide, du Juste, de l'inflexible... L'indomptable c'était le bateau de pêche de Jean Quilgard. En 1955, celui-ci était pêcheur de homards au Croisic A cette époque lui et ses collègues savaient qu'à environ 1500 mètres au nord-ouest de l'extrémité de la jetée du Tréhic gisait "la base du "soleil Royal", Mais qu'en restait-il ? On l'ignorait"'. En pêchant plusieurs fois à cet endroit, Jean
Quilgars avait bien remarqué qu'il remontait des homards verts ! " un homard vert , on peut se dire que c'est une anomalie, mais plusieurs, c'est forcément autre chose. La carapace du homard est en calcaire : Par électrolyse il prend la couleur du métal avec lequel il est en contact. Mais je ne pensais pas que c'était avec un canon en bronze, je pensais plutôt aux plaques de cuivre qui doublaient le fond des bateaux à cette époque".

"L'ancre est posée sur un trésor"

En mai 1955, le pêcheur et les plongeurs du Groupe atlantique de plongée sous-marine avec lequel il était en relation amicale entreprennent une reconnaissance là où le vaisseau-amiral de la flotte française est coulé. Il faisait mauvais ce jour-là. Pour autant , l'un des plongeurs déclare en remontant : "J'ai cru voir un canon" L'équipe laisse passer quelques jours préférant attendre le beau temps pour y retourner. "Ce dimanche là, il faisait très beau et j'avais bien pris mes repères la fois d'avant. Un
des plongeur a préféré descendre suivant la chaîne du bateau au mouillage. Quelque minutes après il est remonté le pouce en l'air et a dit : "L'ancre est posée sur un trésor" J'étais tombé pile ! " Retrouvé, le canon n'a pu être ramené aussitôt.
Il a fallu l'aide d'un autre pêcheur, Bernard Lalande et son bateau la petite Claudine pour sortir le canon du fond de la mer. "On l'a traîné sur le sable jusqu'au port. Et là, avec une grue à main, on l'a sorti de l'eau". Jean Quilgar a pu alors contempler ce magnifique canon d'apparat sculpté.

Décision de René Coty

Prévenu le musée de la marine a immédiatement dépêché quelqu'un pour constater cette découverte. Jean Quilgars a été reconnu inventeur "et propriétaire virtuel" du canon du "soleil royal". Mais le musée de la marine aurait bien vu cette pièce enrichir sa collection parisienne. Et tout virtuel qu'est son droit de propriété, le pêcheur de homards l'a exercé en faisant jouer ses relations "J'avais un oncle médecin qui avait pour collègue le beau frère de René Coty et qui lui a touché deux mots de
cette affaire 'est grâce au président que le canon est resté au Croisic !" A charge pour la ville de créer un petit musée de la marine. Ce fut chose faite au sous-sol de l'ancienne mairie. Aujourd'hui encore, cette découverte reste un "magnifique souvenir"pour Jean Quilgars . qui peut à nouveau contempler "son" canon et espère qu'il sera bien présenté au publique, à plat sur deux supports" et pas sur un affût car on ne le voit pas bien et c'est tellement commun".

M.C.