Livret de travailleur Tonkinois en Nouvelle-Calédonie

Bonjour,

Petit article sans prétention pour présenter un livret de travailleur tonkinois (je ne sais pas si il est réellement à sa place dans cette rubrique, étant civil?)
Celui du travailleur Pham Van Can originaire du district de Bình Lục dans la région du delta du fleuve Rouge, engagé en 1935 pour la Nouvelle-Calédonie.  











District de Bình Lục

Source: Wikipédia

Petite histoire des Chân Dang :

Dès la découverte de grosses ressources en nickel à la Nouvelle-Calédonie et son boom en 1873, la question de la main d’œuvre se pose sérieusement.
En effet, tout comme dans d’autres territoires tels que Tahiti, les locaux sont très réticents à l’idée de travailler pour la puissance coloniale.
Les propriétaires et le gouverneur mettront donc en œuvre une immigration de travailleurs venus de Chine, d’Inde, ile de la Réunion, Nouvelles Hébrides, Java, Japon. Et, surtout, Indochine….
Les premiers Indochinois débarquent à Nouméa en 1891, l’année 1929 marquera le point culminant de cette « importation » de travailleurs tandis que 1939 en marquera la fin.
Cette dernière année voit tous les travailleurs volontaires et réquisitionnés envoyés vers la métropole.


L’arrivée et les conditions de travail :

Le départ se fait d’Haiphong.
Durant le voyage, la sous-nutrition et le manque d’hygiène conduisent à de nombreuses épidémies et, parfois, à la mort.
A leur arrivée, les travailleurs sont directement conduis sur l’ilot Freycinet pour une quarantaine qui sera suivie par la séparation et les répartitions de travail.
Contrairement à ce qui est marqué sur le contrat d’engagement, les journées ne se limitent pas à 9 heures maximum par jours. Elles commencent à 5h du matin et se finissent une fois la nuit tombée.
Les travailleurs étaient souvent séparés de leur conjoint(e)s, ce qui, là encore, est un non-respect du contrat que l’on fait signer au vietnamien.
Toujours selon les clauses du contrat, les heures supplémentaires ne devaient pas excéder 3h par jours et être majorées de 50% (75% la nuit), les dimanches et jours fériés libres…  
Tel des prisonniers, les coolies étaient nourris de pain rassis et de riz. Les conditions de vie et de travail étaient inhumaines et la brutalité de leurs chefs n’avait rien à envier à l’esclavage. Les suppressions de salaires étaient également monnaies courante.

Les guerres et leurs conséquences :

L’entrée en guerre de la France en 1939, ainsi que l’arrivée assez massive de troupes américaines sur le territoire modifiera le mode de vie de ses coolies. Jusqu’alors ils vivaient en retrait, en marge de la société (en grande partie à cause de la méconnaissance de la langue française, de la culture radicalement différente et du racisme dont ils étaient victimes). Dorénavant, ils  prennent certaines libertés et s’installent souvent à leur compte dans de petites échoppes. C’est alors que l’on voit se créer des restaurants, blanchisseries ou encore vente de souvenirs touristiques.
Comme avec les chinois à Tahiti, les néo-calédoniens acceptent mal que les asiatiques s’installent durablement sur l’ile et prospèrent.
La guerre d’Indochine ne fait qu’exacerber cette animosité envers les Chan Dang et les « Niaoulis » (vietnamiens nés sur le sol néo-calédonien) et de plus en plus de manifestations anti-vietnamiens frappent le territoire. Ce qui contraint beaucoup de ces derniers à fuir.
Les courriers échangés entre les membres de familles étaient contrôlés et censurés par l’état.  
 
A bientôt

PS: Désolé pour les photos qui ne sont pas dans le bon sens :/

bonjour,

beau document, que l'on ne rencontre pas souvent, merci du partage;

collectionnement

Bonjour,
Merci pour ce très intéressant article et le partage de ces documents, y aura-t-il une suite à votre
article ?
En tout cas je l'espère, merci à vous.
Bien cordialement,
karl

Bonjour,

Document intéressant tout comme les précisions l'accompagnant. Merci Yeng-Wang-Yeh.

Cordialement

Bonsoir,

Merci pour votre intérêt messieurs

Pour ce qui est d'autres articles, pourquoi pas.
Je vais être un moment sans pouvoir, mais par la suite, avec plaisir

Salut
belles pièces et beau post!!
Bravo!
Cdt

Bonjour,

Merci medaille71, c'est un plaisir

Bonjour à tous,

Un très bon post car on ne voit que très peu de choses sur les travailleurs Tonkinois

Et merci pour le partage

Bonjour,

Merci 34pontifical

Re-Bonjour Yeng-Wang-Yeh,

Effectivement le sujet est peu courant et totalement nouveau pour ma part.
Très intéressant post, j'y ai appris plein de choses... C'est bien qu'une lumière, même la modeste de notre forum, soit portée sur ces hommes de l'ombre.
Cordialement
JLUC

Bonsoir,

Merci pour votre message JLUC, je suis désolé, je n'avait pas vu.

Je profite de cette méprise pour présenter un autre livret. Aucun rapport avec le Tonkin ni la Nouvelle-Calédonie. Mais juste le livret de travailleur indigène d'une cuisinière cochinchinoise, pour le plaisir de présenter au vu de votre intérêt

Bonsoir à tous,

Si cela peut intéresser, quelques photos des articles de lois apposés dans les 2 livrets.

Travailleurs Tonkinois:


















Ouvrière Cochinchinoise: