Tablette ancestrale ou mémorielle "Ihai"

Bonjour à tous,

Je viens vous présenter aujourd'hui un objet peu connu de notre civilisation occidentale, il s'agit d'un Ihai  位牌 ou tablette mémorielle, ancestrale ou bien plus prosaïquement tablette mortuaire, destinée à recevoir les prières ou les offrandes pour le défunt.
Elle est en bois léger peint noir et doré.
Cette plaquette bouddhiste en fonction de sa petite taille : 37 cm de haut sur une base de 7 x 14 cm était destinée à la maison (il pouvait d'ailleurs y en avoir plusieurs exemplaires disséminés dans plusieurs pièces).
Ces plaquettes pouvaient aussi être réunies dans un butsudan (voir plus bas) chez les japonais aisés :

1°/ Le Ihai :







Le Ihai que je vous présente comporte le nom de l'ancien soldat Kin-no Suke (1911-1991) mort "de sa bonne mort" à 80 ans, sous l'ère Heisei.
Le nom de famille (laïque) se trouve au dos du panneau sur la partie noire, ainsi que la date de sa mort.
Au dos (face noire), colonne de droite :
Ere Heisei (平成) Heisei jidai,  « ère de l’accomplissement de la paix »  puis 三  年 (3ème année)  二月 (2ème mois)  二十三 日 (23ème jour) soit 23/02/1991
Puis toujours au dos, colonne de gauche, le nom "laïc" de notre soldat Kin-no Suke et son âge 80 ans.

Son nom bouddhiste posthume ou Kaimyo  (qui n'était pas réservé aux seuls empereurs, contrairement à l'idée assez répandue !) se trouve quand à lui sur la face avant (dorée). Je n'ai pas la traduction de celui-ci !

Annexe :

Ere Heisei :
a commencée le 8 janvier 1989, avec le début du règne de l'empereur Akihito le lendemain de la mort de son père l'empereur Hirohito.
L'ère Heisei précède l'ère Reiwa, qui commence en 2019 avec l'abdication de Akihito le 1er mai 2019.
Ci dessus, présentation du nom de la nouvelle ère le 7 janvier 1989.


Le secrétaire général du Cabinet Keizō Obuchi présentant le nom de la nouvelle ère le 7 janvier 1989.

Butsudan :

sanctuaire bouddhiste "d'intérieur" pour celui présenté mais existe aussi en plus imposant dans les temples, tout comme le Ihai.



Showa Tenno

bonjour,

superbe pièce ,merci du partage,

collectionnement

Bonjour,

Je ne connaissais pas, merci donc pour cette présentation.

Cordialement

Bonjour "miliww"
Bonjour "poddichini"

Merci pour votre intérêt et vos commentaires sur ce petit article,
cordialement,

Showa Tenno

Bonjour,

Comment des pièces sacrées "familiales" et récentes peuvent-elles atterrir dans tes mains, sauf à ce que tu aies épousé une personne de la famille du défunt ? Nulle suspicion de crapulerie de ma part, c'est juste que je suis surpris que, par exemple, leur destruction rituelle ne soit pas prévue dans les cas où il ne reste que cela ou la sortie de la lignée.
Curieusement je parlais de choses un peu comparables il y a deux jours avec mon chef, ancien para qui n'osait même pas bazarder les drapeaux français hors d'usage, délavés et déchirés bien que très récents, et les conservait dans un carton; et je lui disais que chez les Juifs, les ouvrages religieux inutilisables car au dernier degré de délabrement ne peuvent pas être jetés aux déchets mais doivent être enterrés dans un terrain spécialement dédié ou enfermés dans un dépôt tout aussi consacré, attenant ou sous une synagogue je crois.
Ta dernière photo, celle de la pièce, c'est vraiment tout un art de vivre radicalement différent du nôtre et pourtant très attirant, à mon sens.

Bonjour,

Très intéressant, ça ressemble beaucoup aux tombes / monuments funéraires.

Bonjour,
merci pour ce très beau post!!!!
Amicalement

Bonjour "Guillaume2",
Non, je n'ai pas épousé une personne de la famille du défunt.!!
J'ai simplement tissé des liens par l'intermédiaire d'internet avec un japonais qui "fouine" un peu partout au Japon, dans sa région, et qui me sert de "rabatteur" en tout bien tout honneur, pour les objets que je recherche. Nous ne nous sommes jamais vu, nous correspondons par internet. Il aime bien me semble t'il, réussir à trouver les objets, parfois insolites, que je lui demande et ses prix sont très très corrects.
Il faut cependant reconnaître que la génération actuelle se détourne de plus en plus des traditions ancestrales, ce qui est regrettable mais qui fait le bonheur des collectionneurs étrangers.
Je parlais dans mon article des armoires-sanctuaires bouddhistes, ces butsudans ne sortaient jamais du Japon il y a seulement une dizaine d'années. Ces butsudans qui sont pour beaucoup restés pendants des siècles dans la même famille se retrouvent en vente dans des salles de ventes du monde entier et qui plus est avec des prix de vente sans commune mesure avec le prix que l'on pourrait attendre d'objets de cette qualité de finition. J'en donne pour exemple, le prix atteint pour la vente "arts du Japon - Drouot Richelieu" du 26/06/2016 pour un budsudan ". L'intérieur en bois est finement sculpté et garni de feuilles d'or. Les portes coulissantes sont décorées de nacre et figurent des motifs floraux ainsi que des personnages. La partie intérieure de la porte arbore un motif circulaire symbolisant le soleil ou la lune H.: 168 cm, l.: 77 cm, D.: 67 cm.




Prix atteint : 2 000€ ... même pas le prix d'un canapé !!! pour un objet de cette qualité de finition.
cordialement,
Showa Tenno

Bonjour "Hiroo Onoda"
Bonjour "médaille 71"

Merci pour l’intérêt que vous avez accordé à ce petit article et merci pour vos commentaires.

Hiroo,

Il s'agit bien de la même chose, les Ihai que tu présentes sur la première photo sont de la même nature que celui que j'ai présenté. Les matériaux étaient bien sur différents pour les Ihai "extérieurs" pierre calcaire, granit, marbre destinés à être installées dans un temple ou un sanctuaire ou aussi parfois dans le jardin de la famille du défunt.
Sur ta deuxième photo, malheureusement le style bouddhiste est oublié pour un style occidental épuré.
Cordialement,
Showa Tenno

Merci de tes explications. En fait c'est d'une infinie tristesse...

bonsoir


bel objet que je n'avait jamais vu sortir a la vente auparavant .

j'ai toujours été rebuté par les objets similaires , ou les pièces impactées par exemple , le côté morne et très personnel me refroidi totalement .

Merci pour ce beau post, ces pièces exceptionnelles et bien expliqué.
Peut-on dire que ces Ihai sont équivalents aux autels des ancêtres, mais en plu précieux ?

Question annexe:
ces photos représenteraient-elles des lieux d'inhumation de cendres ?

Salut Daniel,

Les japonais pratiquent la crémation du corps, puis la mise en terre des cendres dans la tombe familiale à l'instar de notre civilisation. La religion bouddhiste à le respect de l'intégrité physique et n'accepte pas la putréfaction lente des corps, ce qui exclue un enterrement du corps.
Mais à l'encontre de notre culture, les japonais suivent et accompagnent jusqu'à la crémation le défunt.
La famille est omniprésente et pousse le corps vers le foyer de crémation sur un plateau roulant guidé et "récupère" les cendres "à la sortie" et dispose ensuite celles ci dans l'urne, en commençant le remplissage de cette dernière par les cendres des pieds afin de ne pas offenser le mort en le mettant la tête en bas.

Quant aux Ihai :

Ce ne sont en quelque sorte que des repères, des rappels à se souvenir du défunt, c'est pourquoi ils peuvent être en plusieurs exemplaires dans la maison, dans le jardin, ou aussi sur la tombe, puisque celle ci est familiale et que le Ihai est individuel.

Un Ihai peu sans problème se trouver dans une cuisine ou dans une entrée qui sont par nature des lieux de passage obligés .

NB : La première photo que tu montre présente des idoles, de dieux ou de déesses, elles sont anthropomorphiques et figuratives ce qui n'est jamais le cas pour un Ihai.

Ci dessous des tombes familiales avec les "Ihai" des membres décédés de la famille :




Cordialement,
Showa Tenno

Grand Merci pour ces précisions