Alexandre Edouard Robin - Offcier des marines royale et impériale 1819 ~1868

Bonjour,

voici un petit lot de documents relatifs à un même officier de marine, ayant servi sous différents régimes au XIXe siécle.

Notre homme s'appelait Alexandre Edouard Robin, et voici ce que nous apprennent ces documents & la toile.

Alexandre est né en 1806. Il intégre le collège royal de la marine d'Angoulême en 1819 (fraîchement créé en 1818, cf l'excellent article https://journals.openedition.org/tc/1467#tocto1n2 ), à l'age minimum requis à l'époque (13 ans) et y devient éléve officier.

Il est compté -malgré ses à peine 13 ans à l'époque- comme faisant partie de la promotion 1819, sur le site de l'espace de tradition de l'école navale: http://ecole.nav.traditions.free.fr/promotion1819.htm

Sa fiche individuelle sur ce même site ( http://ecole.nav.traditions.free.fr/officiers_robin_alexandre.htm ) donne un peu d'informations sur son parcours, que les documents présentés dans ce post permettent de compléter aussi.

Notre homme servira donc de 1819 jusque vers 1868, soit sur une durée de prés de 50 ans & vers un age de 62 ans.

Si cela intéresse du monde, j'en remettrais au bout avec présentation plus détaillée de chacun des documents & ce que chacun d'entre eux nous dit.

Cordialement,

Jean-Daniel

Bonjour lemataf et merci pour ce très interessant partage, je suis bien entendu curieux et impatient de voir chaque document en détail comme vous le proposez.
Bien cordialement,
Karl29

Bonsoir Karl29,

merci pour ton message. Vu que le sujet intéresse, je posterai chacun de ces documents, avec ce que j'aurai pu retrouver le concernant. Mais il va falloir être un peu patient, car les fêtes approchant, je vais bouger, et il y a de quoi rechercher pour chaque document. Cela se fera au fur et à mesure, les semaines qui viennent.

Cordialement,

Jean-Daniel

Bonsoir Jean-Daniel, pas de problèmes pour moi je ne suis pas préssé, cela me fera de la lecture au fur et à mesure, c'est bien aussi, donc bon courage pour les recherches,dans l'attente de te lire.
Bien cordialement,
Karl

Salut J-D
Merci de nous présenter ces beaux documents....ça nous change un peu du XXe siècle!!
Ce n'est pas rare que des officiers aient traversé les vicissitudes du XIX siecles après 50ans de services...

Bonjour,

pour compléter avec un des liens donnant sa carrière :

Annuaire de la Marine et des Colonies - 1865 : il est toujours capitaine de vaisseau, toujours à Rochefort.

Cordialement.

Autre élément : par décision impériale du 7 juin 1862, rendue sur le rapport du ministre de la Marine et des colonies, le capitaine de vaisseau Robin (Alexandre-Edouard) a été nommé à l'emploi de major de la flotte à Rochefort.

Source : Le Constitutionnel, jeudi 12 juin 1862.

Cordialement.

Merci a vous pour vos messages.

@ medaille 71: effectivement, ca change du XXe siecle, aux sentiers battus & rebattus (mais qui reste ma periode d’interets principale). Ce qui m’interesse surtout ici, c’est que c’est nouveau & necessite des recherches sur une periode inconnue de moi. J’apprends donc, tout en essayant de faire revivre un peu cet homme.

@ Poddichini: merci beaucoup pour vos recherches (qui recoupent ce que j’avais trouve).

Je me suis regale en identifiant certaines signatures & les parcours des hommes associes.

La suite a venir.

Bien Cordialement,

Jean-Daniel

lemataf a écrit:

Merci a vous pour vos messages.

@ medaille 71: effectivement, ca change du XXe siecle, aux sentiers battus & rebattus (mais qui reste ma periode d’interets principale). Ce qui m’interesse surtout ici, c’est que c’est nouveau & necessite des recherches sur une periode inconnue de moi. J’apprends donc, tout en essayant de faire revivre un peu cet homme.

Bonsoir,

C'est pourtant la période la plus intéressante, le XIXème siècle fut un vrai chamboulement pour la marine: l'arrivée de la vapeur à la moitié du siècle qui entraîna le déclin définitif de la voile dans son dernier tiers, ainsi que l'arrivée des obus explosifs qui entraîneront la course aux premiers cuirassés, l'art du combat naval a subi d'énormes évolutions en un temps assez restreint, et à chaque fois les équipages et officiers devaient s'adapter à tous ces changements.
La marine française a été à la pointe de l'innovation à cette époque, notamment avec le "Napoléon" (1850), le premier vaisseau de ligne à hélice mû par la vapeur, ou encore "La Gloire" (1859) le premier bâtiment de guerre à coque blindée en fer.

Cet homme fut sans nul doute l'un des témoins (voir des acteurs) de tout ça.

Merci pour ce partage.

Bonne soirée

Bonsoir,

voici donc le document le plus ancien de ce lot: un ordre rédigé, pour le Roi, le 17 Septembre 1825, en Guyane Française.

On y apprend que "Le Sieur Elève de marine 1ere classe débarquera provisoirement de la goélette de Sa Majesté La Caroline [...] et passera sur la goélette de S.M. La Lyonnaise commandée par Mr Lartigues, Lieutenant de Vaisseau pour y servir sous ses ordres pendant la mission qu'il se dispose à exécuter à la côte du Brésil."


Qu'apprend-on encore au travers de ce document?

1/- Sa Majesté le Roi fait bien sûr référence à Charles X, avant dernier roi de France, de la lignée des Bourbons, et dont le règne a duré de 1824 à 1830;
2/- Après 6 ans dans la marine, notre homme est désormais élève de marine de 1ere classe, à bord de la goélette La Caroline;
3/- La Caroline: était une goélette à vapeur toute récente: lancée à Rouen en 1823, sous le nom de Le Galibi; rebaptisée une première fois La Caroline en 1824, puis ensuite en La Louise en 1828. Rayée des listes en 1833.
4/- La Lyonnaise: avait été lancée à Bayonne en 1821. Rayée des listes en 1838. Elle va donc effectuer ce que l'on peut supposer être une mission de cartographie / hydrographie des côtes brésiliennes, et on trouve des références à sa présence sur les côtes brésiliennes, encore en Janvier 1826. Notre homme sert vraisemblablement de la fin de 1825 au début 1826 sur cette goélette, et a donc eu l'occasion d'y faire à son bord cette fameuse mission Brésil.
5/- Cet ordre porte la signature de Charles de Muyssart, alors  gouverneur par intérim et commandant et administrateur de la Guyane française, basé à Cayenne, à partir du 25 mars 1825. Il est fraichement promu au grade de commissaire de la marine de première classe depuis mai 1825.
Cf https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Muyssart

J’espère que vous prendrez autant de plaisir à lire ces lignes que j'en ai eu à essayer de les faire parler un peu.  

Cordialement,

Jean-Daniel

lemataf a écrit:

Merci a vous pour vos messages.

@ Poddichini: merci beaucoup pour vos recherches (qui recoupent ce que j’avais trouve).

Bien Cordialement,

Jean-Daniel

Bonjour,

De rien. C'est un plaisir.

Cordialement

Bonjour Jean-Daniel,
Merci pour le partage et la découverte de ce premier document.
La goélette La Lyonnaise, si c'est bien le même navire, était a cette époque utilisé comme bâtiment école, donc logique que notre elève y soit affecté pour une campagne sur les côtes du Brésil, a 19 ans quel plaisir de partir pour ce genre de navigation au long cours. Merci d'avoir fait "parler" ce document et de nous replonger dans la marine de cette époque.
Bien cordialement,
Karl

Bonsoir,

merci à vous pour vos commentaires, et à toi Karl29 pour cette information.

Et bien puisque cela intéresse du monde, je continue avec le document suivant, avec de belles armoiries royales en en-tête, datant du 12 Septembre 1830, et émanant de la station d'Alger de la marine royale.
Il indique que:
"Le Capitaine de Vaisseau Massieu de Clerval [...] commandant la station d'Alger
Ordonne à Mr Robin [...] Enseigne de Vaisseau de débarquer de la frégate La Pallas, et d'embarquer [...] à bord de la frégate La Sirène, commandée par Mr Charmasson, Capitaine de frégate.
[...]
A bord de La Sirène, en rade d'Alger, le 12 Septembre 1830".


1/- Alexandre a 24 ans. Il est donc désormais enseigne de vaisseau à bord de la frégate La Pallas, et reçoit l'ordre de débarquer de son unité pour passer sur La Sirène, alors que ces deux unités se trouvent à Alger. Il est donc fort probable qu'il prend part à la conquête de l'Algérie par la France.
Cette conquête durera pour l'essentiel de Juin à Décembre 1830. Cf https://fr.wikipedia.org/wiki/Conqu%C3%AAte_de_l%27Alg%C3%A9rie_par_la_France

2/- La Pallas: le répertoire Vichot (qui date de 1967) donne cette unité comme une frégate corsaire, lancée à Toulon en 1813, et rayée des listes en 1840. Je ne suis pas certain qu'un officier de notre marine ait pu être affecté sur un bâtiment corsaire...

3/- La Sirène: bâtiment de 52 canons, armé à Toulon en 1823, et rayé des listes en 1861, qui a eu un riche parcours. Des informations sont disponibles ici: http://www.netmarine.net/bat/smarins/sirene/ancien.htm
Ceux que le sujet intéresse trouveront en outre sur l'espace de tradition de l'école navale ( http://ecole.nav.traditions.free.fr/pdf/josephpocard1.pdf ) la transcription numérique des carnets d'un camarade légèrement plus jeune qu'Alexandre Robin, mais qui nous livre, tout au long des 325 pages de retranscription, un instantané fort intéressant de la vie d'un jeune officier de marine de l'époque.
D'aout à Octobre 1827 (soit trois années seulement avant le passage à bord d'A. Robin) l'auteur de ces carnets est affecté sur cette même frégate La Sirène (pages 57 à 76) ce qui nous donne une petite idée de ce qu'A. Robin a pu y vivre, peu après.

4/- Auguste Samuel Massieu de Clerval: né en 1785, il entre dans la marine en 1802, et finira sa carrière comme vice-amiral en 1842. Décédé en 1847, il repose désormais au cimetière du père Lachaise à Paris.    Me voici donc en possession d'un document autographe et signé par cet amiral au parcours intéressant aussi.  
cf  https://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste_Samuel_Massieu_de_Clerval
   https://www.appl-lachaise.net/appl/article.php3?id_article=959

Incroyable, hein, ce qu'on peut rapidement faire dire à une simple feuille de papier!  

Cordialement,

Jean-Daniel

Bonjour Jean Daniel,
Merci une fois de plus pour le partage de ce document, personnellement je suis très amateur des décorations du bandeau des lettres de cette époque, mais le contenu est encore plus intéressant.
Concernant La Pallas la présence d'un officier sur un corsaire n'est pas incompatible, le commandant a pu recevoir une lettre de marque faisant donc de son navire un corsaire.
A bord de la sirène, on imagine bien notre jeune enseigne prendre par à la conquête de l'Algérie, son affectation tardive lui aura malheureusement fait raté le débarquement de Sidi-ferruch ou la marine s'est très honorablement illustrée.
Je n'ai malheureusement pas le temps aujourd'hui de lire plus en détail les liens insérés dans le texte mais cela a l'air très interessant, je reprendrai la lecture tranquillement ce week-end.
Merci beaucoup d'avoir effectué ses cherches, vivement la suite.
Bien cordialement,
Karl

Bonsoir Karl,

merci pour ton message.

karl29 a écrit:

Bonjour Jean Daniel,
[...]
Concernant La Pallas la présence d'un officier sur un corsaire n'est pas incompatible, le commandant a pu recevoir une lettre de marque faisant donc de son navire un corsaire.
[...]
A bord de la sirène, on imagine bien notre jeune enseigne prendre par à la conquête de l'Algérie, son affectation tardive lui aura malheureusement fait raté le débarquement de Sidi-ferruch ou la marine s'est très honorablement illustrée.
[...]
Karl

Je peux me tromper, mais je ne vois pas l'utilité d'une lettre de marque pour un officier de marine, marin d'état sous l'uniforme, et qui n'a donc pas besoin de ce type de document pour justifier du droit légitime qu'il a de faire la guerre aux ennemis de son souverain, si tant est qu'il se conforme aux usages de l'époque pour guerroyer.
D'autre part, je ne suis pas certain non plus que notre marine de l'époque disposait d'un réservoir suffisant d'officiers pour se permettre le luxe d'en détacher sur des bâtiments civils armés en course. Mais encore une fois, je peux me tromper.

La référence suivante https://fr.wikipedia.org/wiki/Composition_de_l%27arm%C3%A9e_d%27Afrique_pour_l%27exp%C3%A9dition_de_1830  donne la Pallas comme faisant partie de la composante navale qui a été engagée dès le début de la conquête de l'Algérie en 1830. Je pense donc que notre homme a eu de grandes chances d'être des opérations du débarquement à Sidi-Ferruch, mais sur la Pallas.

A bientôt pour d'autres aventures maritimes, d'il y a presque deux cents ans et via documents interposés.  

Cordialement,

Jean-Daniel

Bonjour Jean Daniel,
Comme indiqué dans mon dernier post je n'avais pas eu le temps de lire les liens, maintenant que cela est fait effectivement pas besoin de lettre de marque pour un navire du roi, j'avais simplement supposé, ne connaissant pas la nature du bâtiment qu'il s'agissait d'un corsaire civil sur lequel notre homme aurai pu être détaché.
En effet pour favoriser au maximum la guerre de course la loi du 31 janvier 1793 permettait de composer les équipages des corsaires, d’un sixième de marins classés : « Il ne pourra être employé sur les bâtiments en course qu’un sixième des matelots classés, mestrance et état major, en état de servir la République ». Cette loi trop gourmande en homme fut mal perçue et le nombre fut ensuite réduit à un huitième sous l'Empire. Je n'ai malheureusement pas de chiffre pour la période qui concerne 1830, mais pour résumer cela indique qu'un officier de marine sur un corsaire n'était effectivement pas incompatible.
Pour le débarquement de Sidi-Ferruch, effectivement il a du y participé à bord de La Pallas et non de la Sirène.
Merci pour vos remarques, j'essaierai à l'avenir de prendre le temps de bien lire vos post, afin d'apprécier a sa juste valeur le travail que vous effectuez pour faire revivre ces beaux documents.
Bien cordialement,
Karl