J'ai publié, le 27 novembre, une photo regroupant
les membres de la première section de la IIème Internationale de Riom - Puy-de-Dôme. Je viens d'en retrouver, dans les archives familiales, une plus ancienne encore.
Mais avant de la publier, il me parait utile de présenter celui qui fut le créateur de cette section et par ailleurs le père de
Maurice Juncker :
Emile-Denis JunckerJe n'ai pas l'intention de piller
Le Maitron. Je lui ai déjà emprunté la présentation de mon grand-oncle, je lui emprunte, aujourd'hui, celle de mon arrière-grand-père et lui emprunterait encore une ou deux biographies (simplement parce que j'ai participé, en particulier par les documents que je possède, à leurs rédactions).
Emile-Denis Juncker Né le 3 avril 1847 à Paris, instituteur à Paris, vétéran du socialisme à Riom (Puy-de-Dôme), favorable à l’adhésion à la III° Internationale en 1920, mort le 14 novembre 1930 à Mozac (Puy-de-Dôme).
La famille
Juncker était issue de la petite noblesse de Poméranie orientale. C’est vraisemblablement le père d’Émile qui a épousé la fille d’un imprimeur juif de Varsovie au mitan du XIXème siècle, avec qui il a migré vers l’Alsace (
Wissembourg). Proche du
Bund Polonais, le couple, francophone et francophile, part après l’invasion et le rattachement de l’Alsace-Lorraine au Reich Allemand, vers la région parisienne.
Émile Juncker était instituteur. Il épousa à Paris en 1876,
Émilie Lacot, sans profession, née en 1854 à Paris, fille d’
Amable Lacot et
Joséphine Menu, vivant avec ses parents marchands de tapis (
Lire Tapissier - synonyme au 19ème siècle de décorateur d'intérieur) boulevard du Temple à Paris. La famille était peut-être originaire de Riom (Puy-de-Dôme) où les Juncker s’installèrent plus tard.
Le couple s’installe aux
Lilas (département de la Seine) où vivait déjà Émile avec sa grand-mère maternelle,
Elisabeth Sonhalder, ses parents étant déjà décédés. C’est en région parisienne que vont naître deux fils, en 1879, l’aîné,
Maurice et en 1887, le cadet,
Lucien Juncker. Le couple a également un troisième enfant, un fille,
Alice Juncker, née en 1877, qui devient plus tard et pour plus de 30 ans, celle qui signe “
Liselotte”, ses articles dans
Le Petit Echo de la Mode.
Emile-Denis Juncker et sa femme Emilie Lacot
Maurice Juncker, sa femme
Marguerite Peschet et ses deux filles,
Hélène et
AndréeLucien Juncker
Alice Juncker
Les parents restent sur Paris jusqu’au moins le milieu des années 1900, Émile étant encore directeur d’une école de garçon,
rue Delouvain dans le 9éme arrondissement en 1904. Il a alors 54 ans. Ils s’installent ensuite à
Riom (Mozac, faubourg de Riom exactement) (Puy-de-Dôme), sans doute la commune dont est originaire son épouse.
Le 3 septembre 1910,
Émile fait partie des quelques militants présents à la réunion de fondation du
Comité socialiste de Riom qui demande son adhésion à la fédération socialiste du département. Émile est désigné secrétaire trésorier du groupe. Au sortir de la guerre, il préside plusieurs conférences ou même congrès et apparaît comme un figure importante par les positions qu’il défend.
Le 7 septembre 1919, il préside le congrès de la
Fédération socialiste.
Avec l’aile gauche du Parti, Juncker défend la motion
Bracke qui interdit toute coalition électorale, en particulier avec les radicaux.
Juncker intervient dans le débat pour dire que les masses ne pardonneraient pas aux socialistes leur faiblesse s’ils se coalisaient avec d’autres partis, même de la gauche républicaine, et que faire le contraire les prépareraient à de cruelles désillusions. Puis, avec d’autres, il condamne le vote des crédits de guerre et demandent le vote d’un blâme à l’égard de
Alexandre Varenne qui a voté les crédits de guerre jusqu’au bout, contrairement à d’autres députés socialistes.
Juncker, avec
Roux et
Victor Isnal, lui-même de Riom, interviennent de nouveau à l’issue du débat pour s’opposer à l’ordre du jour qui est cependant adopté à une énorme majorité.
Le 19 septembre 1919
Maurice Juncker, son fils, avocat à Paris mais également militant socialiste à Riom, anime une réunion organisée par la section socialiste de
Volvic avec près de 200 interlocuteurs. Il intervient après
Emile Juncker présenté comme le vétéran de la section socialiste de Riom.
Lors du congrès de la
SFIO devant se prononcer sur l’adhésion aux 21 conditions de la
IIIéme Internationale, fin octobre 1920, c’est Emile Juncker qui défend la motion en faveur de cette adhésion. Il représente la section de Riom. Il regrette qu’une des conditions exige la soumission de la
CGT à la SFIO.
Joseph Claussat, qui défend le rejet de l’adhésion, déclare que
Juncker lui-même ne pourrait être admis puisqu’il n’accepte pas toutes les conditions.
Alexandre Varenne lui apporte son soutien et la motion Claussat l’emporte avec 68 mandats contre 25 à celle en faveur de l’adhésion portée par Juncker et la section de Thiers et enfin 13 mandats pour la motion de militants parisiens originaires du Puy-de-Dôme.
Émile Juncker a fait rallier la section de Riom de la SFIO à la
Section Française de l’Internationale Communiste en janvier 1921, sans même qu’une assemblée générale soit convoquée, critique t-on dans
La Montagne du 14 janvier. Une réunion commune
SFIO-SFIC se tient néanmoins à Riom le 1er février 1921, présidée par
Émile Juncker et où Boyer représente la
SFIO.
On ne trouve plus trace ensuite de l’activité politique d’
Émile Juncker jusqu’à son décès intervenu en 1930. Son fils, Maurice Juncker fut quant à lui un des dirigeants nationaux de l’
Union socialiste-communiste puis du
Parti d’Unité Prolétarienne (PUP) au cours des années 1920-1930.
Nécro d'Emile-Denis Juncker dans l'Auvergne Socialiste du 22 novembre 1930
SOURCES :
Martine Wauquier,
Le Parti socialiste dans le Puy-de-Dôme (1919-1924), mémoire maîtrise histoire, Université Clermont-Ferrand. —
Congrès fédéral du 7 septembre 1919, Fédération socialiste du Puy-de-Dôme. —
L’Ami du Peuple, 14 septembre 1919. —
Annuaire-almanach du commerce, de l’industrie, de la magistrature et de l’administration : ou almanach des 500.000 adresses de Paris, des départements et des pays étrangers, Paris, Firmin-Didot frères, années 1897 et 1901. — Entretien avec
Claude Virlogeux-Juncker, le 21 octobre 2017 ; “
La fédération du Puy-de-Dôme repousse l’adhésion”,
La Montagne, 1er novembre 1920. —
L’Ami du Peuple, 11 septembre 1910. — La Montagne, 14 janvier 1921, La Montagne 16 novembre 1930.
Acte de mariage d’Emile Juncker et Emilie Lacot, 1873 (archives privées Claude Virlogeux-Juncker).
Maitron en Ligne, notice
JUNCKER Emile-Denis par
Eric Panthou, version mise en ligne le 6 janvier 2018, dernière modification le 9 février 2018.