Bonsoir à tous,
les brochures de recrutement, les dépliants, sont des éléments intéressants à étudier pour qui s'intéressent aux Troupes coloniales. Je propose donc une courte synthèse des miens, permettant de voir quelles furent les conditions du recrutement dans les Troupes coloniales, des années 1930 aux années 1950. Débutons donc avec les années 1930.
Que disent les documentations et textes officiels publiés par l'Inspection générale du recrutement des militaires de carrière, et par le Ministère de la Guerre ?
Pour s'engager, plusieurs conditions sont à remplir : avoir 18 ans accomplis, n'avoir encouru aucune des condamnations émises par les lois sur le recrutement. Il faut se présenter à une brigade de gendarmerie ou un centre mobilisateur, avec un extrait de l'acte de naissance (appelé « bulletin de naissance »). Puis, passage par la visite médicale, obligatoire, auprès d'un médecin militaire, ou un médecin civil désigné par l'autorité militaire.
Une fois ces étapes franchies, on lui constitue un dossier d'engagement provisoire, puis un engagement définitif s'il satisfait aux conditions requises.
Il faut ensuite préciser que les militaires engagés dans les Troupes coloniales, et désireux de servir plus longtemps que leur durée d'engagement, bénéficient d'avantages, plus importants que les militaires des régiments métropolitains. C'est d'abord la possibilité de choisir son régiment, soit en métropole, soit au Levant (Syrie, Liban), au Maghreb (Algérie, Tunisie, Maroc). De plus, c'est une prime (dite d' « engagement » ou de « rengagement ») qui vient compléter ce choix du régiment. Pour autant, on se rend compte que les avancements dans la carrière du militaire sont au même titre que dans les régiments métropolitains. Ainsi, par exemple, un sous-officier voulant entrer dans le corps des sous-officiers de carrière doit attendre la décision du Ministre. En revanche, il est possible, pour un sous-officier de carrière des Troupes coloniales, de demander l'obtention de son passage dans un autre corps de son arme, ou dans un corps des Troupes coloniales d'une autre arme. Là aussi, le Ministre doit donner son agrément.
Autre avantage permis aux sous-officiers et officiers des Troupes coloniales : au vu des conditions particulières d'emplois dans l'Empire, aucun emploi n'est prévu pour que le militaire aille au-delà de ses 55 voire 60 ans. Les soldes des militaires des Troupes coloniales font l'objet d'une majoration, que nous verrons à la suite.
De plus les militaires de carrière des Troupes coloniales ont le droit de bénéficier gratuitement d'une tenue de sortie différente de celle de la troupe ; on peut faire le lien ici avec les tenues des affiches expliquées précédemment : la tenue blanche par exemple.
Dès l'âge de 18 ans donc, un militaire de carrière peut servir dans les Troupes coloniales, mais seulement en Algérie, au Maroc, en Tunisie, et au Levant. Puis, à l'âge de 20 ans, il peut être considéré comme apte à servir « aux colonies » (entendons par là, l'AOF, l'AEF, les Antilles, Madagascar, l'Indochine, l'Océanie). Il a même la possibilité de choisir là où il veut servir : « le militaire de carrière peut ainsi satisfaire sans bourse délier le goût des voyages et, pendant la durée de son service actif, rechercher outre-mer l'emploi qu'il conviendrait le mieux à son activité au moment de sa libération » (extrait de l'Inspection générale du recrutement des militaires de carrière, 1928).
L'engagement dans les Troupes coloniales est variable suivant les années : de deux à cinq ans, soit à terme fixe (c'est-à-dire non résiliable avant la fin de la durée d'engagement), soit à titre résiliable (le contrat peut être « cassé » d'office, par mesure disciplinaire, soit après demande du militaire pour raisons personnelles ou « événements dans la famille »). Mais, pour évoluer dans la carrière, et notamment arriver aux grades de caporal ou brigadier, le militaire doit passer obligatoirement à un engagement à terme fixe.
S'engager dans les Troupes coloniales, c'est aussi, comme on l'a vu plus haut, avoir la possibilité de choisir son arme, son régiment, ses lieux d'affectation et de casernement.
Il peut donc choisir l'Infanterie coloniale (choix possibles : Cherbourg, Paris, Aix-en-Provence, Brest, Rochefort), le Régiment d'Infanterie coloniale du Maroc (Rabat) les Tirailleurs sénégalais, en tant que cadre (Toulon, Aix-en-Provence, Montauban, Perpignan, Mont-de-Marsan, La Goulette, Alger, Gabès, Philipeville, Fez, Casablanca, et au Levant, sans précision sur le lieu précis), les Régiments et bataillons malgaches, en tant que cadre (Fontenay-le-Comte ou Périgueux), les Régiments indochinois (Carcassonne, Agen). Il peut choisir l'Artillerie coloniale (Toulon, Bordeaux, Rueil, Lorient), la Compagnie d'ouvriers d'artillerie coloniale (à Marseille), le Régiment d'Artillerie coloniale du Maroc (Meknès), le Régiment d'Artillerie coloniale du Levant (à Damas). Il peut choisir la Section des Télégraphistes coloniaux (Avignon), à condition d'avoir, préalablement, soit un brevet de spécialité « d'opérateur manipulant télégraphiste », soit son brevet de « lecteur au son ».
En même temps que l'on informe le futur engagé des conditions d'une carrière dans les Troupes coloniales, on l'informe aussi sur la solde et sur les primes qu'il va toucher.
Ainsi, en 1928, les primes sont fixées à 775 francs pour un engagement de 2 ans à terme fixe (je rappelle donc sans possibilité de résiliation), 2325 francs pour 3 ans d'engagement, 3875 francs pour 4 ans et enfin 5425 francs pour cinq années d'engagement. On l'informe également de sa solde quotidienne, en fonction de son grade. Ainsi, un soldat touche 2,75 francs avant trois années de service, 3,25 francs après trois années de service. Il touche 3,75 francs après cinq années de service et 4,75 francs après dix années de service. Pour les caporaux et brigadiers, la solde est plus importante : 3,45 francs avant 3 ans de service, 3,95 francs après ces trois années, 4,45 francs après cinq années et 5,45 francs après dix années. Pour les engagés à titre résiliable, dont les conditions ont été expliquées ci-avant, les conditions de primes et de soldes diffèrent peu.
Pour les sous-officiers, la solde est mensuelle, et un avantage de 100% est accordé aux sous-officiers mariés par rapport aux sous-officiers célibataires. Les avantages sont plus importants encore pour les pères de famille, qui touchent une indemnité mensuelle suivant le nombre d'enfants, et allant de 50,40 francs pour un enfant à 117,60 francs pour quatre enfants et plus. Enfin, les sous-officiers peuvent toucher une indemnité de logement, variant de 40 à 175 francs selon la colonie, si jamais ils n'ont pas de logement « de fonction ».
Autre constatation intéressante, les soldes peuvent varier suivant le lieu de garnison. Ainsi, il apparaît qu'un engagé en poste en AOF, en AEF, au Togo, au Cameroun, dans la Côte des Somalis, en Nouvelle-Calédonie (et dépendances) touche une haute paye plus importante que celui qui est en poste en Afrique orientale, aux Antilles et à Saint-Pierre-et-Miquelon, ainsi qu'aux Indes.
Les officiers, quant à eux, touchent une solde plus importante. Ainsi, par exemple, un adjudant-chef peu espérer percevoir une solde de 1800 francs par mois s'il s'engage dans les Troupes coloniales.
Intéressons-nous désormais aux conditions de rengagement dans les Troupes coloniales.
Il apparaît que les appelés ou les engagés peuvent contracter un rengagement, après au minimum six mois de service. La durée de rengagement est variable : 6 mois, un an, 18 mois, deux, trois ou quatre ans. Pour les militaires engagés dans les Troupes métropolitaines, une passerelle pour un rengagement dans les Troupes coloniales est possible, mais après avoir un minimum de 27 mois de service (les officiers des Troupes métropolitaines désireux de se rengager dans les Troupes coloniales n'ont pas forcément la certitude de pouvoir y trouver une place si tous les postes sont occupés). Idem, pour les militaires qui étaient libérés de tout service, s'ils souhaitent se rengager dans les Troupes coloniales, leur durée de rengagement doit être d'au moins 3 ans. Tous les rengagements le sont à titre résiliable, à la différence des engagements qui peuvent être aussi à terme fixe.
Le choix de la garnison pour un militaire rengagé est laissé libre, dans les régiments cités plus haut, mais on doit préciser qu'une attention toute particulière est portée à ceux qui choisiront le Corps des Télégraphistes coloniaux, où l'avancement est plus rapide et les situations plus privilégiées aux colonies (bien entendu, la condition est de bien maîtriser l'outil télégraphique). Même avantage pour la Compagnie d'ouvriers de l'Artillerie coloniale, pour la Section d'infirmiers coloniaux, et les Commis et ouvriers militaires de l'administration des Troupes coloniales.
Les primes pour les engagées sont avantageuses et plus importantes suivant la durée du rengagement : 775 francs pour 6 mois, 1550 francs pour une année, 2325 francs pour une année et demie, 3100 francs pour deux années, 4650 francs pour trois années et 6200 francs pour un rengagement de quatre années.
Terminons par évoquer la possibilité de passer d'une carrière militaire à une carrière civile. Une fois son service effectué, le militaire des Troupes coloniales peut profiter du bon réseau de l'armée pour intégrer la fonction civile et entamer une toute autre carrière. Ainsi, les banques, les grandes compagnies commerciales et industrielles sont les lieux où l'on retrouve souvent les militaires libérés pour commencer une nouvelle vie professionnelle. Dans les colonies même, l'appui non négligeable des Chambres de commerce est un plus pour lui permettre de trouver un emploi. Des congés sans solde peuvent être alloués à un militaire désireux de s'établir à son compte (ce congé variant de trois mois à un an suivant sa durée de service). Autre avantage, et celui-ci important : en tant qu'ancien militaire des Troupes coloniales, il peut bénéficier de la gratuité des transports pendant l'année suivant la fin de son service, de sa libération.
Voilà donc un aperçu des conditions d'engagement et de rengagement dans les Troupes coloniales, à un moment où l'Empire fait partie intégrante de la France.
Une petite brochure des années 1930 permet justemment de s'engager dans les Troupes coloniales, se rengager dans les Troupes coloniales, ou accomplir aux colonies de l'Empire la durée du service légal. Elle permet de mettre une image sur les dires précédents.
Elle se présente de manière très simple, en trois volets, comme un dépliant, de petit format. Elle vient rappeler ici des éléments expliqués précédemment, en particulier la prime de 775 francs. Ce document rappelle aussi les primes à l'engagement et au rengagement, conforme au texte de 1928 consulté et évoqué plus haut : 2325 francs pour un engagement de 3 ans, 3875 francs pour un engagement de 4 ans, et 5425 francs pour un engagement de 5 ans; 4650 francs pour un rengagement de 3 ans, 6200 francs pour un rengagement de 4 ans.
Ce dépliant évoque aussi le lien avec les carrières civiles qui suivent l'engagement, et qui peuvent être établies aux colonies.
Pour aider dans le choix vers les Troupes coloniales, on montre un homme de l'infanterie coloniale en uniforme, et une carte de Madagascar, afin d'inciter au voyage, à l'engagement et au rengagement.
Document tout à fait intéressant, simple mais en parfait état :
«
Voyagez. Les Troupes coloniales vous invitent ». Ainsi ces mots clôturent-ils cette brochure suivante d'engagement et de rengagement dans les Troupes coloniales des années 1939-1940, avec un paysage de marché d'Afrique occidentale française, et deux hommes des Troupes coloniales, l'un, sous-officier en tenue blanche, et l'autre en tenue d'été sable portant tout deux le casque colonial à l'ancre de la Coloniale. Cette brochure de 28 pages, venue de l'Imprimerie Henon, à Paris, donne des éléments permettant de comprendre les procédures et conditions d'engagement et de rengagement dans les Troupes coloniales, au début de la Seconde Guerre mondiale. Cette petite brochure assez complète et intitulée «
Comment on entre dans les Troupes coloniales », fut publiée par le Ministère de la Défense nationale et de la Guerre (les ministres au cours de la période en question furent Edouard Daladier puis Paul Reynaud). La brochure date d'avant juin 1940, date où le Ministère de la Défense nationale et de la Guerre devient le Ministère de la Défense nationale. Sa couverture représente le drapeau français devant un globe où figurent en rouge les territoires métropolitain et de l'Empire colonial d'Amérique, d'Afrique et d'Asie. On note aussi la présence d'une ancre, symbole des Troupes coloniales.
Arrêtons-nous tout d'abord sur les procédures d'engagement et de rengagement dans les Troupes coloniales.
Pour s'engager dans les Troupes coloniales, il faut être de nationalité française, avoir 18 ans au moins, et être célibataire. L'intéressé doit fournir son extrait de naissance, et un consentement de son père, mère ou représentant légal, s'il a moins de 20 ans. Cet engagement se fait par la voie d'un bureau de recrutement ou d'un corps de troupe. L'engagement se fait pour des durées variables : 3, 4 ou 5 années. L'engagé doit néanmoins pouvoir effectuer un séjour de 2 ans minimum hors de France, après ses 20 ans.
Le rengagement est possible pour les militaires en activité de service, qui doivent avoir 6 mois de service (premier rengagement). Le second rengagement peut être effectué au cours de la dernière année du contrat en cours. Pour les militaires libérés, le rengagement est possible pour ceux qui ont au moins 33 ans. Pour les militaires en activité de service, les durées de contrat sont diverses : de 6 mois à 4 ans. Pour les militaires libérés, cette durée de contrat de rengagement est fixée à 3 ou 4 ans.
Une fois l'engagement ou le rengagement effectué, il faut ensuite choisir son arme. Les Troupes coloniales offrent alors une grande variété de possibilité que nous pouvons détailler ici : il peut s'engager dans un Régiment d'Infanterie coloniale, dont les régiments sont les suivants (suivi du lieu de la garnison de la portion centrale) : 1er RIC (Paris), 2ème RIC (Brest), 3ème RIC (Rochefort), 21ème RIC (Paris), 23ème RIC (Paris), Régiment d'Infanterie coloniale du Maroc (Aix-en-Provence), Bataillon autonome d'Infanterie coloniale du Maroc (Ouezzan). Il peut aussi choisir un Régiment de Tirailleurs sénégalais : le 3ème Régiment de Tirailleurs sénégalais (Fez), le 4ème Régiment de Tirailleurs sénégalais (Toulon), le 5ème Régiment de Tirailleurs sénégalais (Sfax), le 6ème Régiment de Tirailleurs sénégalais (Casablanca), le 8ème Régiment de Tirailleurs sénégalais (Toulon), le 10ème Régiment de Tirailleurs sénégalais (La Goulette), le 11ème Régiment de Tirailleurs sénégalais (Mascara), le 12ème Régiment de Tirailleurs sénégalais (La Rochelle), le 13ème Régiment de Tirailleurs sénégalais (Alger), le 14ème Régiment de Tirailleurs sénégalais (Mont-de-Marsan), le 15ème Régiment de Tirailleurs sénégalais (Philippeville), le 16ème Régiment de Tirailleurs sénégalais (Montauban), le 17ème Régiment de Tirailleurs sénégalais (Damas), le 18ème Régiment de Tirailleurs sénégalais (Gabès), le 24ème Régiment de Tirailleurs sénégalais (Perpignan). Il peut aussi choisir un régiment ou un bataillon de mitrailleurs : le 41ème Régiment de mitrailleurs d'Infanterie coloniale (Sarralbe), le 42ème Bataillon de mitrailleurs malgaches (Pamiers), enfin le 52ème Bataillon de mitrailleurs indochinois (Carcassonne). Il peut aussi effectuer son engagement ou son rengagement dans le Centre de Motorisation des Troupes coloniales (Fréjus). On peut choisir l'Artillerie coloniale : 1er RAC (Libourne et Bordeaux), 2ème RAC (Toulon et Nîmes), 3ème RAC (Joigny), 8ème RAC (Toulon), 9ème RAC (Morhange), 10ème RAC (Rueil), 11ème RAC (Lorient), 12ème RAC (Agen), Régiment d'Artillerie coloniale du Maroc (Marrakech), Régiment d'Artillerie coloniale de Tunisie (Sousse), Régiment d'Artillerie coloniale du Levant (Damas), Compagnie d'Ouvriers d'Artillerie coloniale (Marseille). Il est possible de choisir la Compagnie des Télégraphistes des Troupes coloniales (Montauban). Le choix de cette spécialité fait de l'engagé ou du rengagé un élève spécialiste des transmissions des Troupes coloniales. De plus, le choix de cette spécialité est conditionné à la maîtrise de certaines connaissances en matière de transmission, télégraphie et TSF. La Section des Infirmiers militaires des Troupes coloniales, n'est, quant à elle, ouverte qu'aux rengagés, sergent d'une section d'Infirmiers militaires des Troupes métropolitaines et les sous-officiers des réserves ayant servi auparavant dans une section d'Infirmiers militaires des Troupes métropolitaines ou des Troupes coloniales, ou un corps des Infirmiers de la Marine, ou ayant obtenu un diplôme d'Infirmier civil d’État. Les rengagements (pas d'engagement) sont possibles comme Commis et Ouvriers militaires d'Administration des Troupes coloniales (Marseille et Paris). Pas d'engagement non plus dans les Secrétaires d’État-major des Troupes coloniales (Paris), mais des rengagements seulement. Une épreuve de dactylographie doit être passée par les futurs rengagés. Enfin, l'engagé ou le rengagé peut décider d'intégrer le cadre des spécialistes des Troupes coloniales. Ce cadre comprend les spécialistes des transmissions (Montauban), les mécaniciens-spécialistes de l'entretien du matériel automobile (Fréjus, Rueil, Marseille), les spécialistes de l'entretien du matériel d'artillerie (Marseille), les spécialistes artificiers (Marseille), les observateurs, écouteurs, calculateurs et télémétristes de l'Artillerie coloniale (Nîmes, Toulon, Marseille). L'engagé ou le rengagé suit d'abord une scolarité (il est alors élève-spécialiste), de 6 mois maximum. L'objectif de cette scolarité est de posséder un brevet élémentaire de spécialité permettant ensuite d'intégrer sa spécialité. Pour intégrer cette scolarité, on demande à l'engagé ou au rengagé (les jeunes n'ayant pas encore servi et les militaires libérés du Service, et résidant en France, Algérie ou Tunisie) de posséder une instruction générale du niveau du certificat d'études primaires élémentaires. Les contrats d'engagement s'effectuent en fin d'année, du 1er octobre au 31 décembre et sont résiliables. Les rengagements sont possibles avec un grade supérieur à celui de caporal-chef (brigadier-chef). Les contrats de rengagement sont établis au début de l'année, entre le 1er janvier et le 1er mars. Les militaires des Troupes coloniales (exclusion faite de ceux en séjour colonial), et ceux des Troupes métropolitaines en activité de service, doivent contracter un engagement ou un rengagement pour 4 ans, avant même de suivre la scolarité leur ouvrant par la suite les portes de la spécialité voulue. Une fois la scolarité terminée et l'obtention du brevet de spécialité, les nouveaux spécialistes sont répartis dans les formations des Troupes coloniales présentant des vacances dans la spécialité choisie. On notera également le passage au grade de caporal (brigadier) pour les non gradés ayant obtenu leur brevet.
Une fois le régiment/bataillon/compagnie/spécialité choisi, l'engagé ou le rengagé intègre les Troupes coloniales. Il peut donc partir dans l'Empire colonial, suivant les nécessités de la relève. Le document précise que jusqu'à 20 ans, les envois ne sont possibles qu'en Afrique du Nord et au Levant. Le service aux colonies effectué (tout comme le congé de fin de campagne), le militaire entre à nouveau dans son corps de la métropole, et peut à nouveau partir suivant les besoins.
Des avantages, à destination des militaires de carrière, sont également énoncés dans cette brochure de recrutement. Parmi ces avantages, nous pouvons mentionner les suivants : possibilité pour un engagé de devenir caporal après l'accomplissement de 5 mois de service, et passage au grade de caporal-chef après trois mois de service en tant que caporal. Sans être passé par le grade de caporal, l'engagé peut devenir directement caporal-chef après 5 mois de service à condition d'être titulaire d'un brevet de préparation militaire, ou une certaine moyenne (en général 12, comme le précise la brochure) à la préparation pour ce brevet (brevet non obtenu). Le grade de sergent est obtenu après avoir accompli au minimum 1 an de service, dont au moins 3 mois comme caporal-chef ou 6 mois comme caporal, dans les Troupes coloniales. Des annuités supplémentaires sont obtenues pour les militaires des Troupes coloniales en service dans l'Empire, annuités obtenues au titre de ces séjours. Cela permet de bonifier le montant de la retraite, et permet également l'obtention de décorations françaises et ordres coloniaux. Concernant les permissions, au-delà des permissions habituelles, une permission de 45 jours/an est accordée aux militaires servant au-delà de la durée légale. On peut aussi leur accorder une permission de départ, d'une durée de 20 jours, avant le départ vers la colonie où il est appelé à servir. Une fois de retour en France, les militaires de carrière peuvent obtenir un congé de fin de campagne. Ce congé est calculé en fonction de la durée de service dans l'Empire, à savoir 45 jours/an passé à l'extérieur. Mais le congé ne peut dépasser les 6 mois. Dans les colonies, des congés spéciaux peuvent être accordés pour ceux qui souhaitent s'établir à leur compte, ou servir dans les établissements industriels, commerciaux ou agricoles. Ces congés, sans solde, peuvent durer de 3 mois à 1 an. Le choix d'une situation civile, dans les colonies, est possible. Mais, les militaires, désireux de rentrer en France, au moment de leur libération, bénéficient du voyage gratuit, dans une durée d'1 an après la libération.
Les sous-officiers de carrière peuvent obtenir l'autorisation d'emmener avec eux, outre-mer, leur famille (le voyage étant à la charge de l’État). Le militaire, de retour en France, et si la famille était restée en France, peut demander son transport ainsi que celui de sa famille, vers le nouveau lieu d'affectation. Ce transport est, là aussi, à la charge de l’État.
Nous terminons avec les soldes, primes d'engagement et de rengagement, avantages en fonction des spécialités et frais divers que cette brochure explique.
Les soldes et accessoires de soldes pour les militaires de carrière des Troupes coloniales, selon les tarifs en vigueur au 1er juillet 1938, sont différents suivant le grade, mais aussi les territoires où l'engagé ou le rengagé est en poste. Ainsi, par exemple, lors de la durée légale du service, un soldat touche 0,50 franc/jour s'il est en France, en Algérie, en Tunisie ; de 1 franc à 2,50 francs/jour s'il est aux colonies, au Maroc, ou au Levant. Pour un caporal, les sommes sont de 0,70 franc/jour (France, Algérie, Tunisie), et de 1,20 francs à 3,10 francs/jour (colonies, Maroc, Levant). Des indemnités peuvent s'ajouter à ces sommes. Par exemple, on trouve l'indemnité mensuelle de logement (40 francs pour les hommes de troupe mariés autorisés à loger en ville) ; indemnité mensuelle pour charges de famille, à l'intention des hommes de troupe ayant des enfants à charge. Cette indemnité varie suivant le nombre d'enfants : 55 francs pour le 1er enfant, 100 francs pour le second enfant, 208,33 francs pour le 3ème enfant, et 250 francs pour le 4ème enfant.
Les sommes varient aussi pour les caporaux-chefs, sergents, sergents-chef, adjudants, et adjudants-chef. Elles différent suivant les lieux, répartis de la manière suivante : France, Bassin méditerranéen, colonies. Ainsi, pour ne prendre que deux exemples, un caporal-chef, suivant sa situation, touche, en France, et par mois, de 566 francs à 1168 francs, dans le Bassin méditerranéen de 685 francs à 1394 francs, et aux colonies de 817 francs à 1931 francs. Un adjudant-chef touche, selon sa situation, par mois, en France de 1031 francs à 1715 francs, dans le Bassin méditerranéen de 1292 francs à 2312 francs, et aux colonies de 1606 francs à 3062 francs. Là aussi, quelques indemnités peuvent s'ajouter à ces sommes (par exemple : indemnité de logement, variable avec le grade et la garnison, et pouvant aller de 40 à 165 francs/mois).
Les militaires de carrière perçoivent aussi des primes d'engagement et de rengagement. Ces sommes peuvent être perçues à divers moments, suivant le choix du militaire : en totalité après 5 mois de service effectif, par trimestre à terme échu, en totalité en fin de contrat. Une exception : la prime de rengagement peut être perçue dès la signature du contrat, par les militaires en activité de service. Les tarifs varient suivant s'il s'agit d'un engagement ou d'un rengagement. Ainsi, par exemple, un engagé à terme fixe ou à titre résiliable perçoit une prime de 3900 francs pour 3 ans, 6500 francs pour 4 ans. Un rengagé à terme fixe ou à titre résiliable perçoit une prime de 7800 francs pour 3 ans, 10400 francs pour 4 ans.
Il existe aussi d'autres frais, comme les frais de déplacement et de transport des engagés ou rengagés libérés rejoignant leur corps. Les indemnités pour les voyages diffèrent, notamment suivant la situation familiale de l'homme, célibataire ou marié.
On peut aborder, enfin, les avantages particuliers liés à certains corps ou service, comme les Télégraphistes militaires des Troupes coloniales, percevant des primes de spécialité (car ces télégraphistes appartiennent au cadre des spécialistes). Les Armuriers des Troupes coloniales, en service aux colonies, et ayant un certificat de spécialité, perçoivent une indemnité journalière spéciale, allant de 2,60 francs à 5,20 francs. Pour les armuriers n'ayant pas ce certificat, l'indemnité journalière varie de 1,75 francs à 2,60 francs. Enfin, les Infirmiers militaires des Troupes coloniales, en service aux colonies, titulaires du brevet supérieur de capacité d'infirmier, perçoivent une indemnité allant de 1,35 francs à 3 francs/jour.
Voici donc quelques images de cette brochure :
Qu'en est-il sous l'Etat français ? Une brochure nous permet de le savoir.
«
En s'engageant dans les Troupes coloniales, le jeune engagé peut s'assurer une carrière militaire intéressante par les voyages, la variété des fonctions qu'il peut être appelé à remplir, par les avantages de la solde et de campagnes inhérents aux séjours coloniaux, enfin par les possibilités d'avancement qui lui sont offertes ».
Ce discours pourrait être intemporel, tant les mêmes phrases reviennent dans les brochures d'engagement et de rengagement dans les Troupes coloniales. L'attrait des colonies, des paysages, les différents avantages énoncés, attirent nombre de jeunes, ou militaires, à choisir la Coloniale, une expérience à part entière. Ces mots énoncés plus haut se retrouvent aussi en pleine Seconde Guerre mondiale.
Une petite brochure, datée de septembre 1941, explique les modalités d'intégration dans la Coloniale.
Les Troupes coloniales sont amenées à avoir, pendant le second conflit mondial, deux vocations : la première est la défense des colonies, en Amérique, Afrique et Asie. La seconde est la participation aux maintien de l'ordre en France métropolitaine, mais aussi dans les deux protectorats d'Afrique du Nord, que sont le Maroc et la Tunisie, mais aussi en Algérie, dans les trois départements d'Oran, Alger et Constantine.
L'engagement et le rengagement dans les Troupes coloniales supposent une participation, pour une durée déterminée, à la relève dans les colonies. Cette relève peut se dérouler à partir de l'âge de 19 ans pour les engagés (et après une instruction de six mois), et au cours des premiers six mois de leur nouveau contrat pour les rengagés.
Pour les engagés et rengagés, chacun a la possibilité de sélectionner un lieu de préférence, une colonie souhaitée « dont il est tenu compte dans la mesure du possible ». Les choix se portent souvent sur l'Indochine.
En 1941, les conditions d'engagement dans les Troupes coloniales sont quelque peu différentes, par rapport à l'entre-deux-guerres. En effet, pour s'engager, il faut être de nationalité française, à titre originaire. Il faut également avoir 18 ans révolus, et moins de 27 ans, être célibataire, ne pas avoir été condamné de quelconque manière infamante ; posséder l'aptitude au service armé et au service dans les colonies (ce qui sous entend des exercices et tests complémentaires). Il est également demandé aux moins de 20 ans de fournir un document de consentement des parents, ou tuteur. De plus, il est mentionné que l'individu ne doit pas « être Juif ». Cette disposition est à mettre en lien avec l'antisémitisme du régime de Vichy, et la loi du 3 octobre 1940 portant statut des Juifs (appelée couramment « premier statut des Juifs »), interdisant l'accès des Juifs à la fonction d'officier des armées de Terre, de Mer, de l'Air, loi confirmée par ce qui est appelé couramment le « second statut des Juifs », la loi du 2 juin 1941, remplaçant celle du 3 octobre 1940.
Pour les rengagés, les conditions sont les mêmes, auxquelles on ajoute le fait que l'intéressé doit avoir servi dans l'armée dans les deux années avant son rengagement, ou de ne pas avoir servi dans la Marine ou l'Armée de l'Air avant le 10 mai 1940, date du début de l'offensive allemande à l'ouest.
Les engagements peuvent être pris pour des durées de 4 ou 5 ans, pour les nouveaux engagés, tandis que les rengagés ont des durées d'engagement plus courtes : 3 ou 4 ans.
Au moment de son engagement, un nombre assez important de régiments peuvent être choisis par l'intéressé. On trouve des Régiments d'Infanterie coloniale : le 2ème RIC, en garnison en trois lieux du sud-ouest de la France métropolitaine : Perpignan, Carcassonne, Castelnaudary ; le 21ème RIC stationnant à Fréjus, Toulon et Arles, dans le sud-est de la France métropolitaine ; le 43ème RIC en place dans le protectorat tunisien (à Bizerte et Tunis), le RICM, présent au Maroc (Rabat, Casablanca, Mazagan), où est aussi rattaché la Compagnie des Télégraphistes coloniaux. Les engagés/rengagés peuvent aussi choisir un Régiment d'Artillerie coloniale : le 10ème RAC de Nîmes, Draguignan, Marseille, le RACM à Casablanca, Marrakech et Ouezzane. Enfin, il y a aussi la possibilité de choisir les Tirailleurs sénégalais : 6ème RTS au Maroc, 13ème RTS dans le département d'Alger, et 15ème RTS dans le département de Constantine.
Sont énoncés également, dans cette brochure, les primes accordées aux engagés et rengagés dans les Troupes coloniales. Ainsi, ces primes sont touchées après 10 ans de service et varient suivant deux critères : la durée d'engagement/rengagement initiale, la localisation du régiment. Ainsi, pour prendre un exemple, un engagé de 4 ans, dans un régiment métropolitain touche une prime de 7000 francs, tandis qu'un engagé de 5 ans présent en Afrique du Nord touche une prime de 10800 francs. Pour les rengagés, la situation est autre, et les primes sont touchées par année : 2500 francs pour les militaires en métropole, contre 2800 francs pour les militaires en Afrique du Nord. A cela s'ajoutent des majorations (20 à 25%) lors des séjours dans les colonies.
Les soldes varient aussi suivant les situations. Ainsi, prenons l'exemple de la solde touchée par mois suivant le grade. Un sergent touche une solde de 720 francs au 1er échelon, 990 francs au 5ème échelon ; un sergent-chef touche une solde de 780 francs au 1er échelon, 1080 francs au 5ème échelon ; un adjudant touche une solde de 900 francs au 1er échelon, 1290 francs au 5ème échelon. Enfin, un adjudant-chef touche une solde de 1020 francs au 1er échelon, 1500 francs au 5ème échelon. A cette solde s'ajoutent diverses indemnités et allocations (comme l'indemnité d'alimentation par exemple).
Quant à la Troupe, les soldes sont les suivantes pour leur premier année d'engagement/rengagement : 300 francs pour un 2ème classe, 330 francs pour un 1ère classe, 390 francs pour un caporal et un brigadier. La 2ème année d'engagement/rengagement voit la solde augmenter, respectivement : 420 francs, 450 francs, 510 francs. Ces soldes sont celles appliquées aux militaires dans les régiments de métropole. Ainsi, elles sont majorées de 30 à 45% pour l'Afrique du Nord, et de 50 à 100% pour les services aux colonies. Les caporaux, caporaux-chefs, brigadiers, brigadiers-chefs peuvent percevoir le même type d'indemnités et allocations que les sous-officiers, énoncées plus haut. Des exemples concrets sont donnés aux futurs engagés/rengagés : « un caporal, célibataire, ayant dépassé deux ans de service, perçoit, en Indochine, 969 francs par mois » ; « un adjudant-chef, au 5ème échelon, marié et père de trois enfants, en service en AOF (Afrique Occidentale Française), perçoit mensuellement 3727 francs, si sa famille l'accompagne, et 4774 francs si sa famille est restée en France (à Toulon par exemple) ».
La retraite proportionnelle n'est possible qu'après 15 ans de services.
A l'issue de leur carrière dans la Coloniale, les militaires ont la possibilité de bénéficier d'avantages afin d'intégrer les emplois civils comme ceux de l'administration publique à la fois en métropole, dans les deux protectorats marocain et tunisien, dans les départements algériens, et aux colonies. Ils peuvent donc solliciter un poste aux Postes, dans les Douanes, la Police, les Forêts. On précise également les bons débouchés aux colonies, les perspectives d'emplois nombreux en AOF, AEF, Indochine et autres territoires de l'Empire, dans le domaine du commerce, celui de l'industrie, l'agriculture. Si ces emplois sont choisis, alors la Direction des Troupes coloniales garantie la gratuité des déplacements vers la métropole pour une durée d'une année.
Pour ce qui est des permissions, les hommes de la Coloniale bénéficient d'une permission supplémentaire aux permissions habituelles ; cette permission donne le droit à 20 jours, avec paiement de la solde. Ils bénéficient aussi d'un congé de fin de campagne, correspondant à 45 jours par année passée aux colonies.
Un ultime point est effectué concernant la situation de l'Indochine. Le service en Indochine possède des particularités, qui tiennent, avant tout, aux conditions d'engagement. En effet, pour servir dans les Troupes coloniales en Indochine, il faut avoir entre 27 et 35 ans. Les autres conditions sont semblables à celles énoncées plus haut.
On peut donc noter quelques différences dans les procédures d'engagement/rengagements, notamment dans les conditions. En revanche, des permanences sont à noter dans les primes perçues, les différences de solde suivant les territoires de stationnement et d'opération.
Une photo de cette brochure :
Après guerre, qu'en est-il ? Une brochure intitulée "
Sous le signe de l'ancre" nous donne des précisions et présente notamment les différentes armes et les différents services dans les Troupes coloniales, et s'attarde peu sur les soldes, primes, etc.
«
Sous le signe de l'Ancre ». Tel est le nom de cette brochure d'informations sur les Troupes coloniales est ses spécialités. Cette brochure de 33 pages date de la toute fin des années 1940 (fin 1948 ou 1949). Elle fut imprimée par l'imprimerie Giraud-Rivoire. Elle se compose de plusieurs parties ayant pour but d'informer sur ce que sont les Troupes coloniales, son histoire, et ses différentes composantes.
La brochure débute par des dessins montrant «
le soldat colonial bâtisseur d'empire », montrant le soldat colonial dans un paysage lointain : «
Jeune de France sois aussi un jeune de la plus grande France ». C'est ensuite une présentation de l'historique des Troupes coloniales qu'est invité à lire le lecteur. On rappelle les grandes étapes qui ont fait les Troupes coloniales : la création en 1622 des Compagnies de la Mer ; la fondation du premier Régiment de Marine quatre ans plus tard, l'organisation des Corps royaux de l'Infanterie de Marine et de l'Artillerie de Marine en 1769. Puis, on évoque les participations aux conquêtes des terres qui forment le second Empire colonial, au XIXème siècle : expédition d'Alger, Madagascar, Océanie, terres de la future Indochine française. On parle aussi de 1870 et de Bazeilles, la fondation de l'AOF (Afrique occidentale française) et l'AEF (Afrique équatoriale française). Puis, c'est la création en 1900 de l'Infanterie coloniale et de l'Artillerie coloniale, la Première Guerre mondiale, le front de France, les Dardanelles, Monastir, l'intervention en Sibérie. On évoque le conflit au Cameroun et au Togo ; puis le conflit des années 1920-1930 au Maroc. C'est ensuite la Seconde Guerre mondiale, la participation des Troupes coloniales à l'armée de la France libre, les faits d'armes en Afrique orientale, puis dans le nord du continent africain, les faits d'armes en Europe jusqu'en 1945. Cet historique se termine ici, avec ces quelques mots : «
les ''Régiments à l'Ancre d'Or'' sont et seront présents pour la Défense de la France et de l'Union française. Jeunes gens avides d'action, d'horizons nouveaux, d'avantages et de gloire, il y a de la place pour vous dans leurs rangs. Quels que soient vos goûts et aptitudes, la diversité des unités des Troupes coloniales vous permettent de choisir celles qui vous convient le mieux et qui correspond le mieux à vos désirs. Feuilletez dans ce but les pages qui suivent. ». S'ouvrent alors dans les pages suivantes un descriptif des différentes spécialités des Troupes coloniales. Mais avant cela, on explique de manière globale ce qu'est le service dans les Troupes coloniales, la fréquence des séjours entre la métropole et l'Outre-mer, les territoires de l'Union française : «
la fréquence des séjours permet aux militaires français des Troupes coloniales d'accomplir environ la moitié de leur carrière en France ou en Afrique du Nord, l'autre moitié étant passée Outre-mer ». La brochure explique également ce qu'est la vie du personnel des Troupes coloniales aux Colonies, en France, en Afrique du Nord : une vie à la fois dans les villes comme Saïgon, Dakar, Tananarive, mais aussi «
dans la ''brousse'' » : «
le poste représente la sécurité et commande la vie de toute la région qu'il contrôle. Son chef est non seulement officier, mais aussi architecte et ingénieur. Les sous-officiers et soldats deviennent ses auxiliaires dans des besognes spécifiques et pleines d'intérêt. Ils sont tour à tour contremaîtres, chefs de chantier, ouvriers d'art ». On aborde les possibilités après la vie militaire : «
les entreprises civiles recherchent précisément des ''hommes faits'', ayant l'expérience du pays et des habitants et connaissant le métier. Aussi est-il possible au militaire libéré de trouver sur place une situation lucrative, à laquelle le métier militaire l'aura préparé ».
S'ouvre donc ensuite plusieurs pages présentant les diverses spécialités dans les Troupes coloniales :
- l'Infanterie coloniale
- l'Artillerie coloniale
- l'armée blindée
- les Sapeurs coloniaux
- les Commandos parachutistes coloniaux
- les Transmissions coloniales
- le Corps du Matériel et des Bâtiments coloniaux
- les infirmiers coloniaux
- les Commis et ouvriers d'administration coloniaux
Enfin, la brochure se termine par la présentation des avantages généraux offerts par les Troupes coloniales : primes d'engagement et de rengagement (voir ci-dessous) ; supplément de prime pour l'Extrême-Orient ; prime spéciale au Corps expéditionnaire d'Extrême-Orient ; prime de spécialités ; solde augmentée du supplément colonial et des indemnités de zone ; pécule à la fin du contrat ; possibilité de placer ses économies dans les caisses d'épargne régimentaires ou d'envoyer une délégation en France. On explique également que le militaire bénéficie, en plus des permissions normales, avant son départ à la colonie, d'une permission de 30 jours ; il bénéficie aussi, à son retour, d'un congé de fin de campagne. On explique aussi les changements de grade : «
Un engagé dans les Troupes coloniales peut devenir caporal (brigadier) en 6 mois et sous-officier en moins d'un an, en suivant les pelotons d'aptitude à ces grades et en satisfaisant aux examens de sortie de ces pelotons ».
Enfin, on mentionne les taux des primes d'engagement et de rengagement (décret du 13 octobre 1948) ; quelques exemples : 8000 francs de prime normale pour 3 ans d'engagement, 16000 francs pour 5 ans ; 3960 francs pour les rengagements par année ; 18000 francs de supplément de qualification pour 3 ans d'engagement ; 36000 francs pour 5 ans, 9000 francs pour les rengagements par année ; 3960 francs de supplément annuel, quel que soit la durée d'engagement et rengagement.
Belle brochure en très bel état :
Pour terminer, voici une dernière brochure de recrutement dans les Troupes coloniales, Marsouins (RIC) et Bigors (RAC). Elle ne possède pas de date, mais je pense avec quasi certitude qu'elle date de la fin des années 1940-début années 1950.
Elle explique d'abord l'histoire des troupes coloniales, avant tout un passage sur le rôle des colonies dans les deux guerres mondiales. Puis, un chapitre est consacré au service dans les troupes coloniales (rôle, fonction, les différentes spécialités dont une double-page est assez sympa car sous forme de dessins humoristiques, datés de 1946). Ensuite, l'on trouve un chapitre très utile sur la santé aux colonies et le rôle du médecin colonial. Enfin, on insiste à la fin sur les avantages importants en terme de confort, de solde et d'avenir à l'issue d'une carrière de la coloniale : primes d'engagement et de rengagement; supplément de prime pour l'Extrême-Orient; prime spéciale au Corps expéditionnaire d'Extrême-Orient; primes de spécialités; solde augmentée du supplément colonial; pécule en fin de contrat; possibilité de placer ses économies dans des caisses d'épargne régimentaires ou d'envoyer une délégation en France (dans un cas comme dans l'autre, le bénéfice du change est important, qu'il s'agisse de piastres (17 francs) pour l'Indochine, ou de francs CFA (1 franc CFA = 1,70 francs) pour les autres colonies); des permissions normales, avant le départ à la colonie (30 jours), et un congé de fin de campagne payé au tarif colonial. On note toujours la possibilité d'obtenir un emploi réservé après la libération, la possibilité donnée de se faire libérer à la colonie tout en gardant, pour une durée de 10 ans, le droit au rapatriement aux frais de l'Etat :
Cordialement, Poddichini.