SENEGAL 1865 la photo d'un officier mort en service.

C'est un peu pour illustrer le propos d'un membre sur un autre sujet ayant trait au Sénégal en 1865, que je me décide à poster cette photo de famille.
Par le fait je peux espérer que l'on m'en apprendra davantage sur son unité ou sur sa mission au Sénégal histoire de renseigner cette photo familiale.










Malheureusement, cet élégant Lieutenant, Martial Nicaud, natif de Limoges le 28 janvier 1844 n'est pas rentré des colonies. Il était Lieutenant à la compagnie indigène d'ouvriers du Sénégal. Il est décédé le 27 novembre 1865 des suites "d'une maladie endémique".

Bonjour,

L'Annuaire de la Marine et des colonies d'avril 1865 ne donne pas la même date de naissance que celle mentionnée. Ce document donne comme date le 24 avril 1834. En service depuis le 23 octobre 1851. Promu sous-lieutenant le 29 mai 1862, et lieutenant à la compagnie indigène d'ouvriers du génie des colonies le 1er avril 1864.

Cordialement

Merci pour ce complément d'info qui va aller rejoindre la petite note que j'avais constituée sur le personnage. Je vais finir par devoir aller faire un tour aux archives départementales pour tirer au clair cette affaire de date de naissance.

EDIT : Je m'aperçois du coup que si il est né, comme je le donnais, en 1844 et que vous le trouvez entrant au service en 1851, ça nous le fait jeune cadet de 7 ans !
Non, bien sûr, ça ne colle pas.

Il a été un des premiers souscripteurs du Dahlia bleu, de 1865.

poddichini a écrit:

Il a été un des premiers souscripteurs du Dahlia bleu, de 1865.

???????

Où trouve t-on qu'un gars a été un des premiers souscripteurs d'un bouquin aussi anodin que le "Dalhia bleu" en 1865 ?

Celui qui commandait la compagnie au moment où ce lieutenant était dans cette même compagnie, sur le Territoire du Sénégal et dépendances, était le capitaine Claude Joseph Poutot, dont voici le dossier Léonore :

http://www2.culture.gouv.fr/LH/LH183/PG/FRDAFAN83_OL2216014V001.htm

Ce capitaine avait aussi la fonction de commandant de cercle, donc une fonction administrative, de Mellacorée.

Cordialement

poddichini a écrit:

Celui qui commandait la compagnie au moment où ce lieutenant était dans cette même compagnie, sur le Territoire du Sénégal et dépendances, était le capitaine Claude Joseph Poutot, dont voici le dossier Léonore :

http://www2.culture.gouv.fr/LH/LH183/PG/FRDAFAN83_OL2216014V001.htm

Ce capitaine avait aussi la fonction de commandant de cercle, donc une fonction administrative, de Mellacorée.

Cordialement

Magnifique ! J'amasse ! Merci

Encore ! Encore !

Fin 1863-début 1864, avec Martial Nicaud et Claude Poutot se trouvait dans cette compagnie le sous-lieutenant Tudès.
Annuaire de la Marine et des colonies, février 1864.

Je note toujours...

Ce sous-lieutenant a été appelé à servir au Sénégal par décision en date du 5 octobre 1863, ce qui confirme les dires précédents. Visiblement en poste en Guyane, il fut autorisé à travers l'Atlantique via la Martinique sur le St Nazaire.
BO de la Guyane - 1863.

Voilà qui va même me permettre d'édulcorer la recherche en passant par exemple par le rafiot "St Nazaire"

Il manquait le prénom, Isidore Tudès, né le 26 janvier 1824, à Frontignan. Passé donc par la Guyane, puis le Sénégal, au sein des compagnies indigènes d'ouvriers du Génie des colonies. En service depuis le 18 février 1842. Passé lieutenant à Direction du Génie du Sénégal à St-Louis, officier détaché à la Direction, entre 1966 et 1867.
Chevalier de l'ordre de la Légion d'honneur, le 15 mars 1865.

Cordialement

Oui, c'est donc son pote sous Lieutenant ce Tudès.

Je ne sais pas s'ils étaient "potes", mais ils se sont côtoyés dans cette compagnie quelques mois.

En tout cas, magnifique redingote fantaisie qui même une coupe de l'Infanterie de Marine, des grelots aux manches des Spahis ou Tirailleurs et, probablement, des couleurs et velours du Génie!

Bonjour,

Oui, le col semble en velours.

Cordialement

Au sujet de ces compagnies indigènes d'ouvriers du Génie des colonies, on peut ajouter que le décret du 18 février 1862 permettait aux engagés volontaires de contracter un engagement dès l'âge de 16 ans.

Il y avait visiblement quatre compagnies :
- en Martinique (commandée par le capitaine Lardy en 1865, idem en 1868)
- en Guadeloupe (commandée par le capitaine Schérer en 1865, idem en 1868)
- à la Réunion (commandée par le capitaine Aubry en 1865, idem en 1868)
- au Sénégal (commandée par le capitaine Poutot donc en 1865, idem en 1868).

Almanach Impérial.


Cordialement

Au sujet du Sénégal, extrait du livre de Yves-Jean Saint-Martin : Le Sénégal sous le Second Empire, Naissance d'un Empire colonial (1850-1871), aux Éditions Khartala, p. 281 : "En 1862, on cherche à créer aussi une compagnie indigène d'ouvriers du Génie. Confiée au capitaine Lorans, elle était encore en formation, non sans difficultés de recrutement, lorsqu'elle fut détruite avec son capitaine au combat de N'Golgol le 30 décembre 1863".
On peut supposer une recréation ensuite de cette compagnie.

Cordialement

Merci encore pour ces précisions intéressantes. On est manifestement dans de petites unités plutôt anecdotiques qui font le charme de l'aventure coloniale sous le 2° Empire notamment.

Un plaisir.

mcduff a écrit:

On est manifestement dans de petites unités plutôt anecdotiques qui font le charme de l'aventure coloniale sous le 2° Empire notamment.

Pour reprendre le livre de Yves-Jean Saint-Martin, cité précédemment, la garnison du Sénégal et de Gorée, en 1859, ne dépassait pas 2000 hommes (1882 hommes précisément et un effectif qui a augmenté entre 1857 et 1858, avec près de 400 hommes supplémentaires). Ce chiffres est le total de toute la garnison composée d'hommes des Infanterie et Artillerie de Marine, des ouvriers d'artillerie, des compagnies indigènes, des Tirailleurs sénégalais, des Spahis, du Génie, de la Gendarmerie coloniale, de l'Etat-major et divers autres corps. Les deux plus gros contingents étant ceux de l'Infanterie de Marine et des Tirailleurs sénégalais, 1487 hommes, sur 1882 au total.

Cordialement.

Bonjour,

Quelques textes réglementaires sur les compagnies indigènes d'ouvriers du Génie :

- rapport et décret du 4 avril 1860 sur l'organisation des compagnies indigènes d'ouvriers du Génie des colonies ;
- règlement du 5 avril 1860 concernant l'organisation des compagnies indigènes d'ouvriers du Génie;
- décret du 11 juillet 1860 amenant des dispositions additionnelles au premier texte;
- circulaire du 6 avril 1861 portant gratification de première mise accordée aux gardes du Génie devenus officiers;
- 20 juin 1861 : fixation du tarif de la solde de travail;
- circulaire du 24 août 1861 sur les hautes-payes en Europe;
- circulaire du 4 novembre 1861 sur l'emploi du temps dans les compagnies;
- décret du 18 février 1862 relatifs aux engagements volontaires des ouvriers des compagnies indigènes (un élément déjà dans un précédent message);
- circulaire du 8 janvier 1864 sur les mesures aux effets d'habillement et de petit équipement provenant des militaires des compagnies indigènes d'ouvriers décédés;
- décret du 15 octobre 1866 relatif au licenciement des compagnies indigènes d'ouvriers de la Martinique, de la Guadeloupe, de La Réunion et du Sénégal ;
- circulaire du 23 février 1869 relative à la fixation de la solde de présence, à partir de 1869, des officiers des compagnies indigènes d'ouvriers du Génie des colonies;
- circulaire du 18 mars 1875 relative aux indemnités de fonctions des officiers des compagnies indigènes d'ouvriers du Génie.

Cordialement

major0285 a écrit:

En tout cas, magnifique redingote fantaisie qui même une coupe de l'Infanterie de Marine, des grelots aux manches des Spahis ou Tirailleurs et, probablement, des couleurs et velours du Génie!

Bonjour,

Règlementairement, les officiers des compagnies indigènes d'ouvriers du Génie aux colonies portaient la tunique du modèle de l'infanterie de Marine, avec grenade en or au collet et boutons du Génie.

Cordialement

Précisons donc les éléments relatifs à la création et l'organisation de ces compagnies indigènes d'ouvriers du Génie aux colonies. C'est donc le décret impérial du 4 août 1860 qui met sur pied ces compagnies. Il est précédé d'un rapport à l'empereur qui explique ce qui motive la création de ces compagnies.
Ces compagnies sont motivées par la volonté de diminuer le nombre d'Européens « soumis à l'action d'un climat qui leur est souvent funeste », par la volonté de diminuer les dépenses liées à l'envoi de soldats européens outre-Atlantique. Il est à noter que des compagnies indigènes existaient déjà ou étaient en cours de formation en Martinique (compagnie de sapeurs-mineurs), à la Guadeloupe et à La Réunion. Ces compagnies sont à la fois engagées dans des travaux d'utilité publique mais aussi pour le service de guerre. En même temps que sont recrutés des hommes issus des territoires de l'Empire, la décret a pour projet de former un corps d'officiers se recrutant parmi les lieutenants et les sous-lieutenants, les sous-officiers du Génie.
Le décret créé donc quatre compagnies indigènes d'ouvriers du Génie, en Martinique, en Guadeloupe, à La Réunion et au Sénégal. Chaque compagnie est composée d'un capitaine en premier ou en second, d'un lieutenant, d'un sous-lieutenant, d'un sergent-major, de huit sergents, d'un sergent-fourrier, de douze caporaux, de douze maîtres ouvriers, de trente soldats de première classe, de trente-six soldats de deuxième classe, de cinquante-quatre apprentis et de deux tambours, soit au total 159 hommes, auxquels on ajoute deux enfants de troupe. Les engagements se font sur la base de l'engagement volontaire. Les emplois de sergent-major et sergent-fourrier sont exclusivement conférés au recrutement métropolitain, quand les emplois de sergent et de caporal sont réservés pour 50% au recrutement métropolitain, 50% aux engagés volontaires dans les colonies. L'emploi de lieutenant est conféré à un homme du Génie qui a demandé à entrer dans une des compagnies d'ouvriers. Pour ce qui est des dispositions relatives au service, à la police, à la discipline, à la solde, à la solde de travail, à l'uniforme, à l'armement, à l'administration de ces compagnies, elles sont réglées par le ministre secrétaire d’État au département de l'Algérie et des colonies.
Les officiers, sous-officiers et caporaux qui servaient déjà en Martinique, en Guadeloupe et à La Réunion, au moment de la publication de ce décret, sont maintenus à leur poste dans ces nouvelles compagnies indigènes d'ouvriers du Génie.

Cordialement.

Le règlement du 5 avril 1860 complète le décret de la veille en donnant des éléments sur le recrutement, l'uniforme, l'équipement, les éléments relatifs aux soldes, accessoires de soldes et indemnités pour ces compagnies. Ainsi, il est notamment précisé que les hommes engagés dans une compagnie peuvent aussi servir dans une autre compagnie, dans une autre colonie donc, lorsque le service l'exige.
L'uniforme des officiers des compagnies indigènes d'ouvriers du Génie se compose d'une tunique, du modèle de l'Infanterie de Marine, avec grenade au col, en or, et boutons du Génie ; d'un caban lui aussi du modèle de l'Infanterie de Marine, doublé en drap écarlate ; d'un gilet en piqué blanc, boutonnant droit sur la poitrine avec neuf petits boutons ; d'un pantalon bleu à bandes écarlates (comme dans la Colo) ; d'un pantalon blanc ; d'un képi et d'une casquette. Pour les hommes de troupe, on trouve la tunique, la veste, le manteau, le pantalon en drap bleu bandes écarlates, le pantalon banc, le pantalon de fatigue, une paire d'épaulettes rouge. En plus des coiffures précédemment citées, on trouve un chapeau de paille avec deux coiffes blanches. Le grand équipement se compose d'une giberne avec grenade, une bretelle de fusil, un ceinturon-porte-épée en cuir verni pour les officiers et sous-officiers, un ceinturon de sabre pour la troupe, une plaque de ceinturon aux armes du Génie, un porte-sabre, un porte-baïonnette. L'armement se compose d'un fusil d'infanterie, une baïonnette, un sabre de canonnier à pied, et de l'épée du Génie pour les officiers et sous-officiers.

Cordialement.

Bonjour à tous,


Quelle superbe enquête, en forme de feuilleton ! J'adore ce genre de recherche, riche en trouvailles, déductions, et autres aperçus !


D'autres épisodes ?

Bonjour,

oui, je vais continuer.

Cordialement.

En espérant avoir apporté des éléments nouveaux ?

"Des éléments nouveaux" ? ... Non... Pas du tout.

Je plaisante einh ! je suis comme marne 14, admiratif du cheminement de l'esprit qui fait dire tout ce que cette photo ne disait pas. On a un aperçu plus concret de la vie que pouvait mener ces aventuriers, car à cette époque, il s'agissait vraiment d'aventure que de se retrouver dans de telles unités au milieu de nulle part.

Bonjour
Avec l'autorisation de mcduff 
Acte de naissance (le père était s/officier avec LH)


Mariage