Question sur les grades dans les troupes d'afrique

Bonsoir,

J'ai une question dont je ne trouve pas la réponse, mais qui, je le sais ici en trouvera une, car il y a quelques spécialistes du domaine !
Elle concerne les sous officiers indigènes, notamment de tirailleurs algériens, c'est du moins dans ce cas là que je me pose la question :

- Le grade d'adjudant existe-t-il pour les indigènes ? Il semble que non, mais je trouve cela étrange tout de même, car on note de fait des passages du grade de sergent à celui de sous-lieutenant comme ci-dessous !



Amicalement,
Clément

Bonjour,

Les Tirailleurs algériens, ce sont les Troupes d'Afrique.

Cordialement

Bonsoir,

C'est corrigé, la question peut s'étendre néanmoins à tous les sous-officiers indigènes,

Cordialement

Il y a bien eu des adjudants africains dans la Colo. Un exemple : Bourama Dieme, adjudant en 1958. Il a donné son nom à la 225e promotion de l'Ecole nationale des sous-officiers d'active.

Cordialement

Je vous remercie, ce grade aurait donc été institué pour eux entre 1908 et 1958 ? Je n'ai également pas souvenance d'avoir vu des photographies d'époque avec ce grade dans ma période de recherche (avant 14)

Au 6eme RAC, on a créé l'emploi d'adjudant indigène par décret en date du 14 novembre 1904.

La loi créant l'emploi d'adjudant indigène pour les militaires indigènes des unités de Tirailleurs et Spahis d'Afrique du Nord date du 30 septembre 1916. Deux décrets en date du 24 novembre complètent la loi, au sujet des conditions de nomination à cet emploi, et sur les allocations à attribuer à ces adjudants.

Cordialement

Avant 1914, il y avait des adjudants indigènes au bataillon du Tchad en 1908, au 2ème RTS en 1909, au bataillon du Moyen Congo, au 4ème Tirailleurs tonkinois en 1910, dans l'escadron de Spahis sénégalais, au bataillon de Tirailleurs sénégalais d'Algérie, au bataillon indigène du Gabon, au 6ème RAC en 1911, au 3ème RTS en 1912, dans l'infanterie coloniale en 1913, entre autre.

Cordialement

Merci pour ces précieuses informations qui m'aident bien .... Une chose à retenir : c'était un peu le foutoir quoi !

Cordialement

Pourquoi le "foutoir" ?
Je n'ai donné que quelques exemples pour illustrer mon propos et la diversité des unités où on pouvait trouver ce grade.

Je disais ça dans le sens où il n'y a pas d'homogénéité dans la date de création pour tous les régiments recrutant des indigènes

cleeclee a écrit:

Je disais ça dans le sens où il n'y a pas d'homogénéité dans la date de création pour tous les régiments recrutant des indigènes

Bonjour,
C'est simplement parce que ce ne sont pas des régiments de même "nature".

Il y a d'une part les régiments de la "Coloniale" (Troupes de la Marine puis Troupes coloniales puis Troupes de Marine) qui sont normalement formés de soldats français.
Il y a d'autre part les régiments de Tirailleurs (Algériens, Sénégalais, Malgaches, Tonkinois...) dont l'encadrement est constitué par des officiers et des sous-officiers français mais qui sont normalement formés de "sujets" français.
Une bonne partie de l'Armée d'Afrique (zouaves, spahis...) est également formée ainsi.


Il ne faut pas oublier que jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale il y a deux catégories de "Français", les citoyens et les "sujets" (ou indigènes).
Les premiers jouissent de tous les droits et privilèges liés à la nationalité tandis que les seconds sont privés de la plupart d'entre eux.
Les uns sont régis par la "Loi commune" (Code civil, code pénal, code militaire...) tandis que les autres sont soumis à ce qu'on appelle habituellement le code de "l'indigénat" (ensemble de décrets propres à chaque colonie).

Il a certainement été plus "simple" de prendre des dispositions pour l'ensemble du personnel des Troupes Coloniales que de définir des dispositions communes pour des régiments formés dans des colonies différentes.

Bonsoir,

Les indigènes avaient le droit d'accéder aux mêmes grades que les français, jusqu'au grade de capitaine.
Il y a eu des exemples d'indigènes ayant le grade d'officier supérieur mais c'était exceptionnel.
Par contre les conditions d'accès à ces grades différentes (Ancienneté beaucoup plus grande pour un indigène)

Par contre un sous officier indigène pouvait passer Officier sans passer par Adjudant puis adjudant chef, si il avait été admis dans une école d'officier indigène.

youri63 a écrit:

Il y a eu des exemples d'indigènes ayant le grade d'officier supérieur mais c'était exceptionnel.

Bonjour,

Par exemple, on retrouve les noms d'un lieutenant-colonel indigène, deux chefs de bataillon indigènes dans l'infanterie métropolitaine, et un chef d'escadrons dans la cavalerie, dans le JO du 2 juin 1946.

Cordialement

Bonjour,
Chaque colonie ayant ses propres règles, les "sujets" de colonies différentes ne sont pas "placés" sous des régimes identiques.
Ce qui s'applique aux algériens ne s'applique pas forcément aux malgaches ou aux tonkinois ou aux annamites...
C'est ce qui complique la "gestion" du personnel indigène.
D'où des décrets d'application différents.

Il y a également une autre façon de "nommer" le personnel originaire d'une colonie, ce sont des "supplétifs". Ils ne sont pas engagés dans l'armée Française mais servent sous contrat dans des formations militaires ou paramilitaires locales.

Généralement et bien que toute règle admette des exceptions, les régiments "indigènes" pouvaient être engagés sur tous les théâtres d'opérations.
Ils ont donc combattu en Europe au cours des deux conflits mondiaux.

En revanche les formations de "supplétifs" (harkas, goums, compagnies légères de volontaires locaux hmongs, linhs annamites...) , n'étant pas considérées comme des "troupes régulières", ne quittaient normalement pas le territoire de la colonie.
Pourtant 100 000 supplétifs indochinois originaires des cinq royaumes sont venus en France en renfort pendant la Grande Guerre même s'ils n'ont pas été enrôlés dans des formations de combat.

Tout ce qui concerne "l’administration" des "indigènes" est complexe.
Par exemple, les unités "indigènes" d'Algérie sont soumises aux règles du code de l'indigénat alors que l'Algérie n'était officiellement plus une colonie depuis son organisation en trois départements français et trois territoires militaires de 1848.
C'est la chute de Napoléon III qui modifie la situation, la Troisième République réinstaure un régime colonial qui durera jusqu'en 1962.
Autre exemple, la reconnaissance du statut d'ancien combattant pour les volontaires Hmongs rapatriés d'Indochine et implantés en Guyane est encore en cours d'instruction pour beaucoup d'entre eux en 2020.

Cordialement.