Bonjour,
Je continue sur ma lancée des TAP en venant vous présenter ce cadre de la médaille militaire à titre posthume.
Voici donc le diplôme du soldat MAUDET Jean Marcel (Matricule au corps 581), parachutiste affecté au jeune 8eme Bataillon de Parachutistes Coloniaux.
Ce soldat est tombé le 3 octobre 1951 dans le secteur Nam Muoi Nord-Vietnam lors de la Bataille de Nghia lo (voir la croix)
En octobre 1951, le corps de bataille vietminh a déjà pris forme: Il possède six divisions; la 304, 308, 312, 316 et 320, fraichement reconstituées en personnels et en armes lourdes chinoise, mortiers de gros calibre...
Le général Salan qui remplace momentanément le général Jean de Lattre de Tassigny, s’attend à une attaque vietminh durant la fin de l'année 1951, de nombreux indices vont dans ce sens:
-Le haut commandement communiste vient de mettre en place un nouveau système de cryptage.
-Le 18 septembre, le général Salan est informé d’un ensemble de faits qui laissent prévoir des futures actions de Giap, une offensive qui pourrait se situer dans la zone Nord Ouest du Tonkin (en pays Thaï) est à prévoir.
-La division DD 312 a été repérée dans la région de Yen Bay sur la rive droite du fleuve Rouge et possèderait des moyens de franchissement; un de ses régiments, le TD 165, serait déjà à pied d’œuvre, près du poste français de Ca Vinh à 40 kilomètres de Nghia lo.
Les services d'écoute réussiront entre-temps à décrypter le nouveau code viet, ils apprennent que la nouvelle offensive est baptisée par Giap «Ly Thuong Kiet», et que cette dernière a pour but une implantation durable dans la région de Nghia lo, région aux ressources importantes sur le plan alimentaire: elle pourrait subvenir au besoin de son armée.
D’autre part, la conquête du pays Thaï procurerait à Giap un prestige supplémentaire....., le général de Lattre étant aux Etats-Unis,le général Salan, le tient informé de la situation et de sa décision de défendre Nghia lo coûte que coûte, et reçoit l’approbation du Haut Commissaire et Commandant en chef en Indochine.
Pour finir, les services de renseignements français estiment que les forces vietminh qui se tiennent prête à intervenir en Pays Thaï sont la Division DD 312 du colonel Le Trong Tan, formait par les TD141, 209 et 165, soit 12.000 bodoïs, 3000 coolies, 30 canons de 75m/m, 200 bazookas/SKZ et 80 mortiers.
Essayons de voir ce que représente le secteur de Nghia Lo:
C'est une grosse bourgade étendue dans une Cuvette de 4 kilomètres de long sur 10 kilomètres, dont la ville est traversée par la route coloniale n°13 et possède un terrain d’aviation. Un poste militaire se trouve sur place,il est tenu par le 1° bataillon Thaï (environ 1000 hommes:18 officiers,600 tirailleurs et cinq compagnies légères de supplétifs), équipé de deux pièces d’artillerie de 75 postaient sur les points haut de la cuvette. Les effectifs sont répartis sur plusieurs postes, dans le bas de la cuvette, le haut , à Son Buc (Sud-Est) et enfin des postes d'alertes dans le Nord et l'Est.
C'est dans la journée 28 septembre que débute les premiers accrochages dans le secteur de Khau Vac (10 km au Nord de Nghia lo). Cette attaque contraint les français à immédiatement quitter le poste de Sai Luong (Nord-est) qui se replie sur le poste principal.
Le 30 septembre, deux régiments viets (le TD141 et TD209) sont repérés au Nord-Est de Nam Muoï et se dirige vers Nghia lo.
Les accrochages se déclarent cette fois à Ca Vinh et prennent un aspect plus sérieux, de nouveaux postes français sont contraints au replie sur la cuvette.
Le 1er octobre, c'est cette fois le poste de Ban Tu, situé à 5 kilomètres au Nord qui est pris d’assaut par les bodoïs.
Le lendemain 2 octobre, sur ordre du général Salan, le 8° Bataillon de Parachutistes Coloniaux est largué en deux vagues dans sur la région de Gia Hoï, C'est "l'Opération Rémy". Sous les ordres du capitaine Gautier (son officier adjoint, lieutenant Allard), le bataillon se compose de 20 officiers, 56 sous-officiers, 226 parachutistes européens et 274 parachutistes vietnamiens.
Son objectif est de soutenir Gia Hoi et d'harceler les arrières de l'ennemi afin de soulager le dispositif de défense de la cuvette.
Commandement:
La CCB (compagnie de commandement du bataillon) est commandée par le lieutenant Guérault secondait par les sous-lieutenants Tiger et Renaud, la 15° compagnie par le lieutenant Dumil de Bénazé, avec les sous-lieutenants Joyeux et Gore, la 16° compagnie par le lieutenant Gueguen avec les lieutenants Bardet, Gomane et l’aspirant Cherfallot, la CIP compagnie indochinoise parachutiste par le lieutenant Rioual avec les sous-lieutenants Dufour et l’aspirant Rousseau.
Le 3 octobre 1951 vers 4h du matin, le TD 141 attaque le poste de Nghia lo bas, le chef de bataillon Girardin est tué, mais la garnison tient bon jusqu'au replie des bodoïs à la levée du jours (7h), ces derniers craignent un attaque aérienne.
Dans le même temps, c'est le poste de Son Buc qui est attaqué par le TD 165, le poste résiste avec le soutient de l'aviation.
Enfin vers 8h30, la 16° compagnie du 8° BPC, subit un assaut en règle et doit se replier.
Réagissant immédiatement, le capitaine Gautier met en place un dispositif destiné à couper la piste Gia Hoï - Nghia lo par un point d’appui organisé par la compagnie du lieutenant Gueguen sur la côté 405 au sud de Gia Hoï, tandis que le lieutenant Allard reste au PC afin d'assurer les liaisons radios.
Le bataillon occupe le col de Ban van obligeant ainsi le TD 209 à se détourner de l’assaut principale de Nghia lo.
Le 4 octobre, le général Salan ordonne le parachutage du 2° Bataillon Étranger de Parachutistes également sur Gia Hoï. Ses trois compagnies se regroupent près de la côte 405 au Sud du col de Ban Van.
Commandement:
Commandé le capitaine Raffali, la CCB est au ordre du lieutenant Longeret, la troisième compagnie sous le commandement du lieutenant Lemaire, la quatrième du lieutenant Louis-Calixte et la CIPLE au ordre de lieutenant Elie de Saint Marc.
Durant la nuit, la nuit la 16° compagnie du 8° BPC est relevée par la 15° compagnie au col de 405,
elle prend par la suite contacte avec la section Thaïe de reconnaissance vers 8h30.
Pour comble du malheur, ces derniers sont pris dans un accrochage d'une extrème violence avec les viets, progressant sur la piste et appuyés par des armes lourdes installées sur le versant Nord de la rivière Nam Minh.
Le 5 octobre est une journée dense: au matin, la compagnie du lieutenant Gueguen (16°compagnie 8 BPC) se bat au corps à corps et commence à être encerclée par les viets. Elle réussit cependant à se dégager au prix de lourdes pertes, la section de l’adjudant Crepellière est détruite sous le nombre.
Le repli c'est effectué difficilement: on dresse le bilan des pertes avant de rejoindre Gia Hoï.
Durant ce temps, les viets déclenche une nouvelle sur le poste de Nghia lo bas vers 4h du matin, elle est aussitôt repoussé.
Le 2° BEP quand à lui rejoint Bac Co à six kilomètres au sud de Gia Hoï et à Bo Sieng avec objectif d’intercepter les unités viets qui progressent sur la piste de Khau Vac. La fusillade se déclare, le bataillon étranger se trouve sur les hauteurs qu'ils contrôlent.
Quelques blessés de la section Crepellière sont retrouvés lors d'une reconnaissance mené par des légionnaires appuyé par des chasseurs bombardiers.
Face à la situation, il est alors décidé de regrouper le commandement du 8 BPC et du 2 BEP aux ordres du colonel de Rocquigny qui maintient le col de la côte 869 par la CIP du 8°BPC et envoie des reconnaissances vers Tan Kouen par des éléments du 8°BPC.
La 16° compagnie quand à elle doit tenter de prendre le contact avec le 2° BEP, mais elle est de nouveau attaquée vers 18h par un bataillon viet au moment où elle arrive à Tan Kouen. Les troupes vietminhs attaque de vive force le PC, le capitaine Gautier est blessé, la section du lieutenant Truchot encerclée, disparaît dans la marée jaune.
Face à la situation, la 15° compagnie porte" un coup de main" aux éléments sous le feu, ils permettent au lieutenant Gueguen de rejoindre le col de 869 où est posté la CIP et une compagnie du BEP. Par petits groupes les parachutistes de la 16°compagnie rejoignent Gia Hoï où l’évacuation des blessés a commencé.
Le 10° BPCP rentre dans la fournaise: il est parachuté sur le poste de Nghia lo,
Commandement:
Commandé par le capitaine Weil, la 1° compagnie est sous les ordres du lieutenant Compain, la 2 au lieutenant d’Harcourt, la 3 par le capitaine Vernet et la CCB par le lieutenant Goria.
Dès son arrivée, il est immédiatement dirigé sur le poste de Son Buc qu'il doit dégager. Malheureusement, le bataillon parachutiste de chasseur à pied est arrêté par les viets à la côte 165.
Le 7 octobre, la 4° compagnie du lieutenant Louis-Calixte (2 BEP) est attaquée à trois reprises durant la nuit, elle doit se replier vers 4h du matin sur le PC du bataillon qui décroche lui aussi vers Tan Kouen pour rejoindre le 8° BPC.
Pour faire face, le capitaine Raffali et son 2eme BEP progressent vers le Nord en suivant les crêtes où il sont de nouveau attaqués, sans succès.
Le 8 octobre, le poste de Son Buc est à nouveau attaqué mais il résiste aux assauts nocturnes des viets. Pendant ce temps le 2° BEP rejoint le 8° BPC près de la côte 405.
Le 10 octobre, après plus d'une semaine de combats, la Division DD312 se retire du dispositif n'ayant put réussir à percer les lignes françaises.
LE BILANCette défaite des viets tient surtout au fait que les unités parachutistes larguées vague après vague sur le secteur de Nghia Lo ont agi constamment sur les flancs des unités viets qui se voyaient constamment harcelées
La résistance offerte par les postes français fut à la hauteur,puisque les viets ont perdu bon nombres des leurs lors de leurs assauts sur les postes. On estime le taux de pertes ennemis à un millier de morts et plus de 2500 blessés.
Côté français, les pertes sont de 36 morts, 96 blessés et 163 disparus.
La manœuvre lancée par le général Salan avec seulement trois bataillons de parachutistes a brisé l’offensive viet en Pays Thaï et obligé une division à la retraite.
Cette victoire est un exemple d'une parfaite utilisation des troupes aéroportées combiné avec le soutien d'une aviation légère.
L'homme dont le nom figure sur le diplôme participa à cette Bataille; Il fut parachuté avec le reste de son Bataillon lors de "l'opération Rémy". Il meurt le 3 octobre 1951 quelques heures après son dernier saut.
Il sera décoré à titre posthume de la médaille militaire ainsi que de la croix de guerre des TOE avec palme.
Sa fiche du memorialgenweb.org, indique qu'il serait aujourd'hui inhumé dans la commune de Saint-Clément-des-Baleines(Charente-Maritime) non loin de la ville de La Rochelle on il naquit le 11 avril 1931, il avait 20 ans lorsque la mort l'a emporté.
Voici son diplôme
Je joins une capture d'écran venant du site http://www.veterans.fr, je trouve cette dernière parfaitement en accord avec le sujet.
Souhaitant que vous trouverez ce poste intéressant
Cordialement
gephi577