La médaille japonaise de la création de l'état du du Meigjiang

Bonjour à tous,


Après avoir envahi la Manchourie et crée l'état du Mandchoukouo en 1933 (qui deviendra empire du Mandchoukouo en 1934), le Japon dispose alors d'une base avancée en Chine.
Au nord du Mandchoukouo, la Mongolie intérieure attise la convoitise du Japon qui l'envahit dès avril 1933 avec l'aide des troupes du Mandchoukouo  et de mercenaires chinois encadrés par "des conseillers" japonais. 
Des contacts sont alors pris avec les autonomistes mongols fédérés autour du prince Demchugdongrub (son nom dans les documents officiels mongols sera : Demuchukedonglupu ) descendant de Gengis Khan et farouche militant du pan-Mongolisme.






Demchugdongrub en costume traditionnel et en uniforme japonais (crédits photo : Wikipédia et the-new-order-last-days-of-europe.fandom)


 En 1936 est proclamé le gouvernement militaire de Mongolie intérieure, le prince Demchugdongrub en est à la tête, promu par les Japonais.


En 1937, le prince Demchugdongrub déclare l'indépendance de la Mongolie intérieure et crée l'état du Mengjiang. 
Des accords de coopération avec le Mandchoukouo sont signés entre Demchugdongrub et Pu Yi.


En 1939 est crée le gouvernement fédéral autonome de Mongolie Interne annexé au Manchoukouo






carte et drapeau de Mongolie intérieure (crédits photo : Wikipédia)


Les japonais passés maîtres en technique de communication flattent le nationalisme mongol en faisant miroiter le repositionnement de la Mongolie dans ses frontières ancestrales héritées de Gengis Khan. 
Afin d'accréditer leurs allégations, ils rétablissent le calendrier mongol et décident de dater la création de cet état, le Mengjiang (Meng-chiang ; littéralement « Territoires mongols ») de la 734è année de l'ère Gengis Khan le 9ème mois et le 1er jour. 
Cette référence aux valeurs ancestrales mongoles a bien évidemment pour objectif premier de passer sous silence la dure réalité des faits : l'occupation et la mise sous tutelle japonaise.

Afin "d'aider" le prince Demchugdongrub dans ses prises de décision les japonais lui adjoignent "l'assistance de conseillers japonais", tels que le général Jiro Minami * et et le colonel Seishirō Itagaki*. 


Annexe :
Jiro Minami : arrêté par les américains et traduit devant le tribunal militaire international il est condamné à la prison à vie, et bénéficiera d'une libération conditionnelle en 1954 pour raison de santé.. il meurt un an après en 1955.

Seishirō Itagaki : un des conspirateurs de l'incident de Mukden , il sera reconnu coupable de crimes de guerre par le tribunal militaire international et exécuté en 1948.


C'est à l'occasion de la création du "gouvernement fédéral autonome de la Mongolie intérieure de Meng-Chiang) le 1er septembre 1939 que fut frappé cette "médaille de mérite national de la fondation de la Mongolie intérieure"
 

Médaille de 31 mm de diamètre. en argent, fabriquée au Japon.


Avers : un berger emmene son troupeau de moutons dans la steppe sur un fond de yourte, sur le listel : dragons (symbole de protection) et nuages (symbole de prospérité). Au centre, caractères chinois dorés signifiant "mérite" à gauche et à droite l’équivalent en langue Mongol
 
revers : à droite ère Gengis Khan 734ème année 9 ème mois 1er jour création de la fondation médaille de mérite et texte similaire à gauche en langue mongol
 
Ruban : Reprend les couleurs nationales du nouvel état.
 
écrin laqué de fabrication japonaise avec en écriture argentée ce qui semble être une partie du texte au revers de la médaille, conjointement en langues japonaise et mongol. 












Demchugdongrub et  Pu Yi destins parallèles :
 
Il est à noter que les deux marionnettes de Hiro Hito que furent Pu Yi (07/02/1906-17/10/1967) pour le Manchoukouo et Demchugdongrub (08/02/1902 - 23/05/1966) pour la Mongolie intérieure eurent des destins assez similaires.


Bien qu'ils furent tous deux  accusés d'être traîtres à leur pays et collaborationnistes avec les Japonais, ils échappèrent aux purges qui suivirent le départ des japonais et l'arrivée des soviétiques.


Ils furent néanmoins tous deux emprisonnés sous haute surveillance :
en Chine pour Demchugdongrub de sa capture en 1950 jusqu'à 1963
en Russie (de 1945 à 1950) puis en Chine, de 1950 à 1959 pour Pu Yi.


Soit 13 ans d'emprisonnement pour l'un et 14 pour l'autre.


Ils mirent tous deux à profit leur longue période d'internement pour écrire leurs mémoires.


Ils bénéficièrent de la grâce du "grand timonier" (Mao) après avoir fait acte de contrition et reconnu errements et égarement. 
Il leur fut pardonné d'avoir flirté avec un capitalisme bourgeois proscrit par le petit livre rouge et ils purent finir tous deux tranquillement leur vie en employé modeste après leur rééducation :


Demchugdongrub fut gardien au musée d'histoire de Mongolie intérieure à Hohhot ou il finit sa vie en 1966 à 64 ans,

Pu Yi finit la sienne en tant que jardinier au Jardin Botanique du Palais Impérial de Tokyo ou il mourut en 1967 à 61 ans.


Je souhaitais vous présenter cette médaille, somme toute peu connue et rare si elle est dans son écrin d'origine. 


J'ai essayé "en plantant le décor" de ne pas trop m'éloigner de cette présentation... mais en relisant les mémoires de Pu Yi " J'étais empereur de Chine" j'ai été frappé par la similitude des destins et j'ai voulu vous faire partager cette réflexion.


Cordialement,
Showa tenno

Bonjour,

Pu Yi est bien décédé en 1967 mais a Beijing ou il était botaniste.
Sa relation avec le Japon ne fut pas extraordinaire apres la guerre compte tenu de ces temoignages...

Cordialement, Nicolas

Bonjour

merci de nous présenter cette belle décoration ainsi que les explications qui vont avec
un joli travail !!

Bien cordialement
Luc

Bonjour "Ntokyo"


1°/ Pu Yi est bien mort à Pékin, 
voir les articles ci dessous du Monde, du site " secondeguerre." et de "Wikipédia".
En outre dans sa passionnante biographie de Pu Yi ( Pu Yi - le dernier empereur) Edw. Behr indique aussi qu'il est mort à Pékin à l'hôpital.


"Le Monde - 20 octobre 1967"
Le dernier des empereurs de Chine, Pu Yi, est mort le 17 octobre à Pékin, annoncent les correspondants japonais dans la capitale chinoise, citant " une source digne de foi ". Il était âgé de soixante et un ans et souffrait depuis quelque temps d'une maladie des reins pour laquelle il était en traitement.
 
"seconde guerre.com biogr. Pu Yi"
Cependant, Staline voulant resserrer ses relations avec «son nouvel ami politique Mao », a rapatrié l’ancien empereur de Chine en 1950. Puyi passé 10 ans dans un camp de rééducation à Fushun, dans la province de Liaoning jusqu’à ce qu’il fut déclaré réformé. Il a exprimé son soutien aux communistes et un emploi lui est fourni au jardin botanique de Pékin. Il est devenu membre de la Conférence consultative politique populaire chinoise, dans laquelle il a servi de 1964 jusqu’à sa mort. Il a écrit une autobiographie « La première moitié de ma vie » en 1960 et est mort à Pékin d'un cancer des reins en 1967 durant la Révolution culturelle. 
 
Wikipédia :
Puyi (né à Pékin le 7 février 1906 et mort dans la même ville le 17 octobre 1967) Wikipédia


 
2°/ Quand à dire Beijing ou Pékin ?........... c'est une querelle de clocher, il me semble, ou bien "tempête dans un bénitier" , voir ci dessous un extrait de l'article de Isabelle Mudry dans le monde :


Isabelle Mudry "Le Monde" Publié le 08 août 2008 à 16h04 -
Beijing ou Pékin
Beijing", littéralement "capitale du Nord". "Beijing" est la transcription en caractères romains du nom de la ville, selon le système officiel pinyin mis en place à la demande de Mao Zedong à la fin des années 1950......... Comme le français est une des langues officielles des Jeux, on peut se demander quel usage l'emportera : Beijing ou Pékin ? Un véritable casse-tête...


3°/ Je ne parle pas des relation de Pu Yi avec le Japon qui bien sur ne pouvaient être que très mauvaises, mais des relations que Pu Yi avait dans son pays, la Chine, avec ses dirigeants après sa "rééducation".

De nombreuses sources font références à son amitié réelle avec Chou En-Lai et à ses relations avec Mao Zédong.

Certains auteurs parlent même de fascination de Chou En-Lai pour Pu Yi dont il voulait faire le symbole de la rééducation réussie, et le solliciter à fin de propagande communiste.



Photo Pu Yi et Mao

Très cordialement,

Showa tenno

Tres interessant et sans doute a rapprocher de la bataille de Khalkin Gol en 39

Bruno

Bonjour,

Merci pour ce post très intéressant sur une histoire territoriale complexe illustrant une belle pièce
Cdt,

Nicolas

Bonjour "chesterfield" et "cptnico"

Merci pour vos commentaires, 
certes "chesterfield" les prémices de l'invasion sont déjà prévisibles lors de la bataille de Khalkin Gol et lorsque l'on regarde la carte de la région, on voit bien que l'ambition de Hiro Hito était de continuer l'invasion du continent commencée par son grand père Meiji, lors de l'annexion de la Corée.
Cdt,
Showa tenno

Tout a fait.

C'est aussi un tournant important de la guerre qui est souvent méconnu.
Le plan d'invasion était dirigé par l'armé et visait a conquérir la Sibérie riche en espace et ressources.

A l'issue de la déroute de Khalkhin Gol, ou les japonais ont perdu entre 35 et 55000 hommes, a ete signé un traité de non agression avec l'URSS le 13 avril 41 qui permettra a Staline de repositionner une partie importante de ses troupes (les siberiens) a l'ouest contre l'Allemagne.

Bruno

Bonjour,

Merci à toi pour ce nouvel article très intéressant et le partage d'un bel objet, comme toujours. J'ai des connaissances (sommaires) sur Pu Yi, par contre j'ignorais tout au sujet de Demchugdongrub... Bref du descendant de Gengis !

C'était très habile comme projet de la part du Japon. Hélas pour eux ils ont payé cher leur collaboration, au moins ils ont sauvé leur tête mais je n'imagine pas à quel point la chute due être rude.

Le Japon a eu les yeux plus gros que le ventre. Le pacte anti-Komintern en 36 n'a pas débouché sur une stratégie commune. Incident de Marco Polo en 37. Donc en 39 ouvrir un second front, tout seul,dans une région avec très peu d'infrastructures et de ravitaillement face à une puissance industrielle plus développée, mauvais plan.

Il fallait retarder Marco-Polo (laisser les chinois s'étriper entre nationalistes et communistes, quite à interférer discrètement) et planifier quelque chose de correct au Nord à exécuter conjointement avec Barbarossa. Mais j'ai crû comprendre que les allemands n'avaient pas confiance dans les japonais. Pire, ils profitent vraisemblablement de Khalkhin Gol pour signer le pacte de non agression avec l'URSS. Ce qui met fin aux visées japonaise dans la région au profit de l'Asie du sud-est.

Bonjour "Hiroo Onoda"

Merci pour tes commentaires et tes compléments d'information toujours très pertinents et utiles à tous.
C'est un plaisir toujours renouvelé sur "pass.milit." d'avoir des interlocuteurs passionnés et passionnants. 
Je pense que tout un chacun à quelque chose à apprendre des autres, et 2021 sera j'en suis sûr aussi une bonne moisson culturelle.

Cordialement

Showa Tenno,

D'abord merci pour votre post.

Beijing ou Pekin c'est "kif-kif" pour moi!

Dans votre premier message, vous écrivez :
"Pu Yi finit la sienne en tant que jardinier au Jardin Botanique du Palais Impérial de Tokyo ou il mourut en 1967 à 61 ans"

C'est effectivement en Chine qu'il est mort. Je voulais juste rectifier.

J'ai une magnifique médaille de la commémoration de sa visite a Tokyo, a l'époque ou tout allait encore bien (1934). Elle est magnifique.

Cordialement et merci encore.

Nicolas

Showa tenno a écrit:

Bonjour "Ntokyo"


1°/ Pu Yi est bien mort à Pékin, 
voir les articles ci dessous du Monde, du site " secondeguerre." et de "Wikipédia".
En outre dans sa passionnante biographie de Pu Yi ( Pu Yi - le dernier empereur) Edw. Behr indique aussi qu'il est mort à Pékin à l'hôpital.


"Le Monde - 20 octobre 1967"
Le dernier des empereurs de Chine, Pu Yi, est mort le 17 octobre à Pékin, annoncent les correspondants japonais dans la capitale chinoise, citant " une source digne de foi ". Il était âgé de soixante et un ans et souffrait depuis quelque temps d'une maladie des reins pour laquelle il était en traitement.
 
"seconde guerre.com biogr. Pu Yi"
Cependant, Staline voulant resserrer ses relations avec «son nouvel ami politique Mao », a rapatrié l’ancien empereur de Chine en 1950. Puyi passé 10 ans dans un camp de rééducation à Fushun, dans la province de Liaoning jusqu’à ce qu’il fut déclaré réformé. Il a exprimé son soutien aux communistes et un emploi lui est fourni au jardin botanique de Pékin. Il est devenu membre de la Conférence consultative politique populaire chinoise, dans laquelle il a servi de 1964 jusqu’à sa mort. Il a écrit une autobiographie « La première moitié de ma vie » en 1960 et est mort à Pékin d'un cancer des reins en 1967 durant la Révolution culturelle. 
 
Wikipédia :
Puyi (né à Pékin le 7 février 1906 et mort dans la même ville le 17 octobre 1967) Wikipédia


 
2°/ Quand à dire Beijing ou Pékin ?........... c'est une querelle de clocher, il me semble, ou bien "tempête dans un bénitier" , voir ci dessous un extrait de l'article de Isabelle Mudry dans le monde :


Isabelle Mudry "Le Monde" Publié le 08 août 2008 à 16h04 -
Beijing ou Pékin
Beijing", littéralement "capitale du Nord". "Beijing" est la transcription en caractères romains du nom de la ville, selon le système officiel pinyin mis en place à la demande de Mao Zedong à la fin des années 1950......... Comme le français est une des langues officielles des Jeux, on peut se demander quel usage l'emportera : Beijing ou Pékin ? Un véritable casse-tête...


3°/ Je ne parle pas des relation de Pu Yi avec le Japon qui bien sur ne pouvaient être que très mauvaises, mais des relations que Pu Yi avait dans son pays, la Chine, avec ses dirigeants après sa "rééducation".

De nombreuses sources font références à son amitié réelle avec Chou En-Lai et à ses relations avec Mao Zédong.

Certains auteurs parlent même de fascination de Chou En-Lai pour Pu Yi dont il voulait faire le symbole de la rééducation réussie, et le solliciter à fin de propagande communiste.



Photo Pu Yi et Mao

Très cordialement,

Showa tenno

Bonjour, merci pour toutes ces informations , cordialement jph

Bonjour "aircrew"
merci pour votre message sympathique

Bonjour "ntokyo"

Je pense que vous parlez de la médaille de la visite de Pu Yi à Hiro Hito :

https://www.passionmilitaria.com/t132927-pu-yi-rend-visite-a-hiro-hito-en-1934-medaille-commemorative

elle est effectivement intéressante surtout si elle à sa boite d'origine.

cordialement,
showa tenno

bonsoir


une belle pièce , qui est de plus superbement présentée .

un post a "épingler"