Jules Beaulieu

C'est le récit d'un acte héroïque trop mal connu que je viens porter à votre connaissance.

Le 20 mai 40, un détachement blindé de la 2/sp670 épaulé du PI Btl 269 (vérification des ponts ruinés et de leur minage éventuel ) se présente à proximité du pont du Sartiau enjambant l'Escaut à Vieux Condé, petite ville frontalière du Nord en vis à vis de Perruwelz.

La position est défendue par une simple tourelle démontable STG 35/37 équipée d'une mitrailleuse Hotchkiss 8mm 1914 (mêmes cartouches que le Lebel). Le servant se nomme Jules Beaulieu, 1° Comp/ 1°Bat du 54° RIF, appartenant au Secteur Fortifié de l'Escaut.

Jules Beaulieu se battra jusqu'à la mort, occasionnant des dégats considérables pour cette avant-garde d'envahisseurs. A tel point qu'il est désormais difficile de déméler les faits entre vérité historique et légende quand même bien méritée.

Historiquement, l'accrochage a lieu le 20 mai. La date de la mort de Jules Beaulieu est portée au 24 mai... L'irréductible aurait donc tenu 4 jours seul face à l'ennemi.

La tourelle (déplacée il y a quelques années lors du creusement de l'Escaut au "grand gabari) porte l'impact de 4 projectiles... 37 PAK ou canon de 47 ?... les avis divergent. Trois ont perçé le blindage. Mais c'est l'explosion d'un obus ayant faussé le système de rotation de la tourelle qui serait à l'origine de la neutralisation du poste.

Un habitant tout proche du pont du Sartiau me racontait il y a quelques années que, dans sa tourelle abimée, Jules Beaulieu écrivait une dernière lettre à sa mère quand un fantassin allemand l'abattit. Fascinés par le courage de cet homme, les envahisseurs lui rendirent les hommages militaires et, dit-on, ramenèrent sa dépouille à sa mère.

Copie de l'ultime lettre de Jules Beaulieu fut longtemps affichée dans la mairie de Vieux-Condé.

La tourelle se trouve à l'angle des rues César Dewasme et Lucien Bérurier ( 50° 27'17.08"N 3°34'00.62"E ). La tombe du héros à Anzin.

A quelques kilomètres de là, un autre haut lieu de résistance militaire aux troupes d'invasion mérite aussi les honneurs. Le blockhaus de Bruilles Notre-Dame, dit "Le Moulin" en raison de son camoufflage en moulin à vent.

Je suis parvenu à dénicher quelques photos sur le net, mais je suis hélas trop nul en informatique pour vous les transmettre !

salut à tous,

très beau témoignage de cet acte de bravoure.

michel-j a écrit:

Je suis parvenu à dénicher quelques photos sur le net, mais je suis hélas trop nul en informatique pour vous les transmettre !

Pour t'aider pour tes images, essayes avec ça, cela devrait t'aider

http://passionmilitaria.1fr1.net/atelier-regimentaire-ameliorations-f3/aide-pour-poster-vos-photos-sur-le-forum-t7520.htm

A++

Sekhmet

Merci du conseil et du tuyau, Sekhmet.

J'attendrai quand même la présence de l'un de mes fils pour pallier au problème... Ma fille (prof d'informatique, entre autre !) je n'ose même plus la... désespérer par mes questions stupides.

Je réalises que j'aurais mieux fait de vous communiquer les fils différents pour voir les photos... ca aurait été plus simple !

Je vais les rechercher !

Wich ! Pour pallier à mon incompétence envers les news'technologies ;

sur le moteur google tapez "Jules Beaulieu"
1° rubrique ; des photos
Dans la 3°, allez sur le fil 15; "hors période WW1".

Page 4 du moteur de recherche, 5° fil, vous avez une page PDF téléchargeable sur les tourelles STG.

Du même auteur, mais illustré et en couleur, page 5 du moteur, fil 7; superbe reportage de J-B Wahl dans lequel vous pourrez découvrir la tourelle de Jules Beaulieu sur son ancien emplacement (cuvelage de béton) avant travaux d'agrandissement de l'Escaut.

Une magnifique fresque en carreaux de céramique ornait le pignon de la maison formant l'angle des deux rues jusque dans le début des années 60... Cette commémoration illustrée fut malheureusement saccagée par des jets de pierres de la part d'irresponsables. Mais le lieu est toujours aussi chargé d'émotion. Si vous passiez par là, n'hésitez surtout pas à effectuer un détour de quelques kilomètres. La visite vaut vraiment le coup... à elle seule elle rectifie l'image navrante de la débacle française essentiellement due à l'incurie du gouvernement, surement pas au courage des combattants !

Merci de nous transmettre cette histoire!
Encore une fois , je pense que chacun a du mal à s'imaginer de tels faits!

et oui , la guerre c'est pas que des livres et des images . merci michel , c'était génial se bout d'histoire .

Content que cette histoire vous ait plu. Je trouves qu'elle mérite d'être connue.

A quelques kilomètres de la tourelle de Jules Beaulieu, à Bruilles Saint Amand, très exactement, se trouve le fort du Moulin... rue du Moulin.

Il s'agit d'un blockhaus relativement modeste, surmonté d'une tour fortifiée lui donnant des airs de moulin à vent (on en comptait beaucoup dans la région, dans le temps). Du 20 au 26 mai 1940, 231 soldats, sous-officiers et leurs officiers y tombèrent en défendant la position jusqu'au bout de l'héroisme. De mémoire d'anciens habitants, l'éloignement des troupes d'envahissement laissa sur place une scène de carnage effroyable. La tour du moulin a littéralement été labourée par les obus et il est incroyable de penser, en la regardant dans son état actuel, que des hommes aient pu résister ne serait-ce que quelques heures à ce déluge de feu.

La place est aujourd'hui érigée en mémorial du 43° RI, régiment d'attache de ces héros oubliés. La fourragère du régiment y est remise aux nouvelles recrues.

De même qu'un autre ouvrage du secteur ayant aussi "morflé" ; le blockhaus de Odomez.

Dès que je trouve un volontaire capable; photos !

Il existe un grand nombre de blockhaus dans la région, Français ou Allemands. Mais la plupart ont vu leurs accès comblés, ou ont été carrément remblayés comme le fort de Maulde, situé à cheval entre cette commune et la commune voisine de Lecelles, qui s'étendait sur plusieurs hectares face à la frontière belge. Un endroit pittoresque, qui était malheureusement devenu le lieu de réunion d'inconscients ( de réels dangers s'y rencontraient ) de malfaisants ou de drogués. Il n'en subsiste de visible que le corps central et ses deux tourelles. Une demi douzaine d'autres ouvrages moins importants l'entourent, tous réunis par souterrains, mais pour un bon nombre, ils sont devenus propiétés privées.

Afin de vous faire "voyager" un peu ; google earth en offre une photographie sous le nom "observatoire" à 50°29'44.81" N / 3°25'40.80"E,
Pour y être rendu vous tapez "Maulde" dans le moteur de recherche.

A part une casemate pour canon de 155, aucune des autres fortifications périphériques n'y est reprise... dommage ! C'était un sacré ensemble de la ligne Maginot.

Pour Le Moulin, ; 50°29'44.81" N / 3°25'40.80" E... Pas de photo sur google... on aperçoit juste le glaçis incliné du monument aux morts.

tres beau témoignage, la véracité de ce type de témoignage est toujours difficile au fil du temps qui passe

a+, lezigouilleur

Ce genre d'histoire pourrait très bien servir de scénario pour des films. La période de mai-juin 40 est trop peu exploitée par les metteurs en scène, c'est bien dommage.
Il faut dire que la majeure partie du public s'en fout...comme de l'an 40.

Roro a écrit:

Ce genre d'histoire pourrait très bien servir de scénario pour des films. La période de mai-juin 40 est trop peu exploitée par les metteurs en scène, c'est bien dommage.
Il faut dire que la majeure partie du public s'en fout...comme de l'an 40.

Tout a fait d'accords avec toi.
Il y a eu des héros avant 44 mais jamais personne n'en parle pourtant c'est aussi grâce a eux qu'on en ai la aujourd hui !

Les 100 000 soldats tombés lors de l'invasion Allemande ne sont pas mort d'infarctus, c'est sûr !... Mais évoquer cette époque sans parler de l'incurie flagrante de l'Etat Major filerait surement de l'urticaire aux vieilles culottes de peau pour lesquelles les soldats sont justes des cibles offertes à l'ennemi "en diversion" pendant qu'eux jouent à la guéguerre dans leurs bunkers, avec des chars et des canons modèles réduits.

Enfin !... qu'y peut-on ? Même en parler dérange en hauts lieux, de toute évidence !... Il aura fallu qu'il reste moins de 20 Poilus pour qu'on songe à réclamer leur présence aux commémorations d'Etat... comme si les Légion d'Honneur méritées par le sang coûtaient plus cher que celles qu'on s'échange gaiement entre useurs de fonds de pantalon sur les banc de l'assemblée.

Bravo pour ce rappel. je connait bien cette partie de la campagne de france.

par contre le Bloc de la tour est un ancien moulin fortifié, et non une casemate ayant prit la forme d'un moulin a des fins de camouflge.

une petite photo avec la 5e compagnie de reserve du 43e RI lors de la mommemoration des combats le 27 mai dernier, je suis le deuxieme en partant de la droite, en vareuse avec le FM.



A bientot

Chris

Salut Ch'ti !... Nous sommes donc voisins !

Pas du tout par souçis de polémique, je t'assure, mais la "thèse" du moulin fortifié fut peut-être réelle... mais avant arasement et reconstruction.

Je m'explique !... Tout gamin je jouais dans le secteur (libre d'accès) avec un de mes cousins originaire de Notre Dame, et dont le grand père était voisin du Moulin... Si tu pénètre dans le blockhaus tu t'apercevra immédiatement que celui-ci porte le moulin... dont la structure interne est également en béton armé.

Lors de ta prochaine visite, étudie simplement la conception de l'édifice et tu réaliseras immédiatement ce détail.

Et pour autre confirmation, étudie le nombre de vrai moulins encore debout dans le secteur... des édifices parfaitement connus comme point d'observation par les Allemands depuis la WWI puisqu'eux-mêmes avait tiré sur la tour de Saint-Amand vers laquelle convergeaient les signaux.

Toujours est-il ; bravo pour la commémo !

l'erreur est humaine mais dans les ecrits il est noté qu'il existait bien un moulin sur place, peut etre a t'il effectivement été et reconstruit a l'identique par dessus la casemate


A bientot

Chris

Rassure-toi ! J'avais aussi entendu cette histoire de moulin fortifié. Et il y a toutes les chances qu'il ait bien existé un moulin à cet endroit vu la configuration du terrain.

Parfois les épopées marquent tellement fort les esprits que les gens ont peine à faire la différence entre la légende ( que l'on imagine plu belle) et le vrai héroïsme... pas forcément agréable à entendre dans ses détails.

Rien que sur la photo ( excellente, d'ailleurs ! ) tu remarqueras que le volume de béton se trouve sous l'enrobage de briques... Techniquement, cette réalisation n'aurait rien d'impossible... mais pour des questions de résistance, ça partirait d'une culture de l'absurde... Un moulin d'antan n'aurait pas eu les fondations suffisantes pour accueillir un tel volume de béton; coulé à l'intérieur !

Nos architectes guerriers étaient futés... les diplomates beaucoup moins... à preuve l'orientation des ouvertures pour les canons ! ;-)