Certificat de 1684 pour le sergent Lafortune

Bonjour,
Certificat établi à Besançon le 30 décembre 1684, accordé à un sergent du régiment des fusiliers du Roi pour rejoindre l'Hôtel des Invalides.



La Fortune est entré sergent au régiment en 1671, l'année de sa création donc. Il venait du régiment d'infanterie du Roy, ce qui est logique puisque les cadres ( officiers et bas officiers) du régiment des fusiliers ont été tirés de cet autre régiment dont Louis XIV était aussi colonel. Le document indique que La Fortune avait été blessé au siège de Trêves d'un coup de mousquet au genou et qu'il est resté estropié. Le siège dont il est question  s'est déroulé du 4 août au 6 septembre 1675 pendant la guerre de Hollande (1672-1678).



Le signataire est Achille de Barville, lieutenant-colonel du régiment depuis décembre 1678; auparavant il avait été nommé major en 1674.
il avait été capitaine dans le régiment d'infanterie du Roi, quand le monarque lui accorda une compagnie le 4 février 1671 dans le nouveau régiment des fusiliers. Louis XIV ordonna une réforme de l'artillerie et créa ce régiment pour son service permanent à la place des suisses levés épisodiquement en fonction des guerres.
Se sera le premier régiment à être entièrement équipé de fusils et de baïonnettes.

Cachet de Barville bien conservé



"D'Azur au Lyon d'or, accompagné de cinq fleurs de Lys de même, mises en ordre 2, 2, 1" (La Chesnay-Desbois -dictionnaire de la noblesse)

Le document est marqué également d'un timbre des "Archives de l'ordre de Malthe"

Au verso on y apprends le nom du sergent :



Il a du rentrer aux Invalides le 4 février 1685, marqué décédé, sans date.

Bonjour

Quel superbe patronyme bigre ! LENGIN DE LA FORTUNE... La nature avait dû particulièrement gâter cet homme

Superbe certificat également

Bonsoir,

Merci pour cette belle enquête bien illustrée !
Une petite erreur pour la baïonnette à long coude ?

Amicalement.

Très belle pièce sur une période intéressante. A quoi correspond le tampon croix de Malte et SA ?

Pour l'illustration du fusilier d'après Van der Meulen, oui la baïonnette à douille n'a fait son apparition que plus tard (essais en 1688 au régiment et adoption l'année suivante).
Pour le tampon SA, je l'ignore, mais certainement lié à l'Ordre de Malte vu l'autre tampon.
Est-ce que les Hospitaliers intervenaient dans l'administration de l'Hôtel des Invalides ?

bonjour,

très beau document,

pour le tampon, c'est le tampon d'archivage du collège héraldique de France ;

https://www.passionmilitaria.com/t176200-conge-des-fusiliers-guides-du-haut-rhin

collectionnement

Merci miliww, je l'avais oublié !

petit historique de cette association ( Archives nationales):

Le Collège héraldique de France est créé en 1841 par Claude Drigon, marquis de Magny (1796-1879), auteur des Archives nobiliaires universelles (bulletin du Collège archéologique et héraldique de France)et du Livre d’or de la noblesse de France, qui en devient le secrétaire général. Les deux fils de celui-ci, Édouard (1823-1895) et Ludovic (1826-1914), sont également généalogistes et héraldistes. À côté du cabinet d’Hozier et du Cabinet héraldique, le Collège héraldique de France constitue l’un des principaux acteurs des études de généalogie nobiliaire qui connaissent dans les années 1840 une « ferveur subite ». « Fondé dans l’intérêt particulier des anciennes familles, il s’occupe d’archéologie nobiliaire, de paléographie, de travaux et de recherches historiques et généalogiques ». Il réunit des collections colossales estimées, en 1843, à 350 000 pièces (dont 60 000 chartes des XIe-XIVe siècles) décrites dans 6 gros volumes in-folio d’inventaire ; en 1862, le cabinet compte 600 000 titres répartis en deux sections : les pièces originales (400 boîtes, avec table) ; les dossiers de famille (40 000 environ, soit 552 boîtes). Ces collections, mêlant documents originaux, notes de recherche et correspondance commerciale (surtout pour la période allant de 1860 à la première guerre mondiale) proviennent en bonne partie des fonds d’Hozier, des généalogistes de l’ordre de Malte et du Tribunal des maréchaux. Pour les constituer, Claude de Magny réalise ses acquisitions auprès de plusieurs cabinets de généalogistes, notamment Saint-Pont, Fabre, Waroquier, La Chesnaye-Desbois, transmis pour la plupart par Saint-Allais et Courcelles ou acquis directement par Magny (collection Joursanvault, archives de diverses familles). C’est à Claude de Magny que semble se rapporter l’estampille appliquée sur les documents et représentant une étoile à cinq branches (à l’encre bleue). Le Collège héraldique est un temps dirigé par le comte de Givodan (…1861…). Passé aux mains de Jacques Techener (1802-1873) et de son fils Léon Techener (1832-1888), le Collège héraldique de France est réorganisé selon de nouveaux statuts en 1864. D’importantes ventes de documents ont lieu en 1866-1867, sur la base des catalogues précédemment diffusés. Dirigé ensuite par Ludovic de Magny (…1875-1881…), le Collège héraldique de France rebaptise ses collections « Archives de la noblesse ». Cette provenance est repérable aux chemises pré-imprimées, dont les chemises portent des étiquettes caractéristiques en forme de marguerites rappelant le numéro de boîte, aux prospectus utilisés comme chemises et au cachet « Archives de la noblesse, Collège héraldique de France » (à l’encre rose-rouge, à partir des années 1870 ?). Le Collège héraldique de France connaît une nouvelle réorganisation en 1894 sous la direction de Joseph Moreau de Pravieux. Il est ensuite la propriété des frères Jules et Paul Martinon (…1907-1909…) et paraît cesser ses activités à l’époque de la première guerre mondiale. Le fonds du Collège héraldique de France est dispersé dans les années 1930, les « Archives de la noblesse » étant, au moins en partie, mises en vente à l’hôtel Drouot en 1935-1937.

On voit qu'ils avaient récupéré un fond de l'ordre de Malte.

SA veut peut-être signifier Section A (les pièces originales) dans le classement de cette association...

Bonjour,

CAVE CANEM a écrit:

Pour l'illustration du fusilier d'après  Van der Meulen, oui la baïonnette à douille n'a fait son apparition que plus tard (essais en 1688 au régiment et adoption l'année suivante).

Mais ces pré-réglementaires n'étaient pas à long coude ?

Amicalement.

Bonjour,
les baïonnettes à douille pré-réglementaires étaient avec des lames les plus diverses d'après les exemplaires retrouvés. Van der Meulen étant contemporain (mort en 1690), on peut croire qu'il ai vu les fusiliers du Roi avec cette sorte de baïonnette à long coude qui est dessinée aussi par Surirey de Saint-Remi dans ses mémoires d'artillerie.

Pour info la planche extraite de l'édition de 1697 des Mémoires d'artillerie