Bonjour à tous,
Suite a la récente acquisition d'un livret individuel et ayant trouvé quelques informations sur son propriétaire, je voulais partager avec vous son parcours, celui d'un ingénieur agronome colonial.
Le sujet étant peu évoqué sur le forum car ils faisaient partis des personnels civils officiant aux colonies, leur rôle n'en est pas moins important, et note homme ayant servit dans le 6e régiment d'artillerie coloniale, cela n'est pas tout à fait hors sujet dans cette rubrique.
Voici donc son parcours :
Maurice Robert Piellard né le 10 mars 1905 à Paris dans le 11e arrondissement, fils de Louis Auguste et de Marie Charlotte Hoderbach, tout deux employés de commerce.
A l’âge de 18 ans, il part en Algérie pour suivre les cours pendant deux ans, du 1er octobre 1923 au 31 juillet 1925 de l’institut agricole de Maison Carré à Alger ; l’Institut agricole d'Algérie recrute par concours des élèves, parmi les jeunes gens ayant acquis une excellente formation générale dans les écoles primaires supérieures, les établissements d'enseignement secondaire ou dans les écoles professionnelles agricoles d'Afrique du Nord, de la métropole ou de l'étranger.
Début 1924, année de ses 19 ans, l’incorporation arrivant à grands pas et n’ayant toujours pas finit ses études il demande un sursis d’incorporation, qui lui sera accordé le 7 juillet 1924 ; en mai 1925 il demande un second sursis pour cette fois une durée d’un an qui lui sera également accordé pour la période du 10 mai 1925 au 10 mai 1926.
Pendant la même période il suit une préparation militaire supérieure de cavalerie de 1923 à 1925.
Rentrée à Paris à l’issus de ses deux ans d’étude il intègre l’Institut national d'agronomie coloniale (INAC) à Nogent, pour la promotion de 1925-1926.
Pour en savoir plus sur cet établissement, la bibliothèque de France lui a consacré un site très bien documenté :
https://gallica.bnf.fr/blog/16112020/lecole-de-nogent-letude-de-lagriculture-des-pays-tropicaux-au-fil-du-temps?mode=desktop
Afin de pouvoir finir son apprentissage il demande un nouveau sursis accordé du 10 mai 1926 au 10 novembre 1926 ; il quitte ensuite l’école avec en poche le très convoité diplôme d’ingénieur en agronomie coloniale.
Ayant repoussé par trois fois son incorporation, il est finalement incorporé au 24e régiment de dragons, au quartier Du Guesclin, à Dinan, le 12 novembre 1926, comme cavalier de 2e classe pour une période de deux ans ; il passera successivement aux grades de brigadier le 15 mars 1927 puis maréchal des logis le 10 novembre 1927 avant d’être renvoyé dans ses foyers le 10 mai 1928.
Dégagé de son service militaire, il est par arrêté du ministre des colonies du 27 août 1928, en tant que titulaire du diplôme de l’Institut national d’Agronomie coloniale, nommé ingénieur adjoint stagiaire des travaux d’agriculture des colonies, et mis en cette qualité à la disposition du gouverneur général de l’AOF. Cette nomination comptera de la veille du jour fixé pour son embarquement.
Sitôt arrivé il prend ses fonctions et passe également dans la réserve active auprès du 6e régiment d’artillerie coloniale stationné à Dakar.
Pour compter du 15 novembre 1929, toujours ingénieur adjoint stagiaire en AOF ; il est affecté aux services agricoles de Côte d’Ivoire.
En 1931, il effectue un séjour en France puisqu’il y passe son permis de conduire à Paris le 16 juin, délivré par la préfecture de police de la Seine ;
En 1933 il est toujours en Côte d’Ivoire lors de son obtention de son permis moto, délivré le 29 septembre 1933 ;
Par décret du 6 février 1935, rendu sur la proposition du ministre des colonies, il est promus dans le personnel des services techniques et scientifiques de l’agriculture des colonies, pour compter du 1er janvier 1935 (J.O. du 10 février 1935) à la 1er classe du grade d’ingénieur adjoint ;
Au mois de juin suivant, il est en poste à Porto Novo au Bénin lorsqu’il reçoit la nouvelle de sa promotion au grade de maréchal des logis chef (de réserve) par extrait de l’ordre du corps n°32 du 15 juin 1935 du 6e régiment d’artillerie coloniale ;
L’année 1937 marquera son retour en France pour une année de coupure, mais néanmoins bien remplie puisqu’on le retrouve le 1er janvier 1937 sur la liste des souscripteurs pour la construction du canot de sauvetage à moteur « Jean-Charcot » à hauteur de 20 francs. (Annales du sauvetage maritime).
Par décret en date du 26 janvier 1937, rendu sur la proposition du ministre des colonies, il est promu dans le personnel des services techniques et scientifiques de l’agriculture des colonies, pour compter du 1er janvier 1937 à la 3e classe du grade d’ingénieur ;
Le 26 juin 1937, il se marie à Saint Mandé avec Simone Emilienne Morin ;
Puis l’on apprend par le journal officiel de la Guinée française que « M. Piellard Maurice, ingénieur de 3e classe des services techniques de l’agriculture, nouvellement affectés en Guinée française, débarqué à Conakry le 1er novembre 1937 du paquebot Foucauld, est affecté à Conakry, en qualité d’adjoint au chef de service de l’agriculture, en remplacement de Monsieur Montcoffe, ingénieur de 2e classe rapatriable. M. Piellard est en outre nommé chef de la section centrale antiacridienne ». Il est fort à parier que sa formation militaire au sein des troupes coloniales et sa bonne connaissance des territoires de l’AOF ne sont pas étrangère à cette nomination, en effet, La Guinée étant à cette époque la 1er exportatrice de bananes de tout l’empire français, la question des criquets est prise très au sérieux ; ils arrivent de l’Est et du Nord-est, en nuées épaisses pendant toute la période de grande sécheresse, de janvier à fin mars, et s’abattent sur tout ce qui est vert. L’administration agricole coloniale, en collaboration avec l’institut Pasteur de Kindia, a mis en place un « service antiacridien » avertie télégraphiquement des attaques de criquets ; une équipe encadrée par des « gardes antiacridiens », composée le plus souvent d’anciens tirailleurs démobilisés auxquels ont donne une autorité paramilitaire, intervient sur les lieux pour endiguer et si possible supprimer la menace. Les moyens mis a dispositions sont dérisoires et souvent inefficaces, fumigations, épandages de virus anti-acridien, mais aussi de nitrates pour rendre les plantations impropres à la consommations des criquets.
Par décret en date du 23 janvier 1939 ; il est promu pour la 2e classe du grade d’ingénieur du service technique et scientifique de l’agriculture des colonies, pour compter du 1er janvier 1939 ;
Comme tout les hommes valides il est rappelé par décret de mobilisation générale et placé tout d’abord en position d’affectation spéciale du 2 septembre 1939 au 12 janvier 1940 ;
Il est ensuite rappelé à l’activité le 13 janvier 1940 et affecté au 4e bataillon de tirailleurs sénégalais à Kindia en Guinée ; il est affecté à la 5e compagnie du même bataillon le 1er avril 1940 puis passe au SHR du BTS/4 à Kindia ;
En 1942 il est promu ingénieur de 1er classe ;
En poste à l’inspection générale de l’agriculture à Dakar à partir du 10 avril 1942 ; il est alors ingénieur hors classe des services techniques de l’agriculture aux colonies et adjoint de l’inspecteur général de l’agriculture ; il y restera jusqu’à la fin du conflit ;
Le 8 juin 1946 il reçoit pour son travail un témoignage de satisfaction du ministère de la France d’Outre-mer pour son travail accompli durant cette période ;
Par arrêté du 21 juin 1946 il est reclassé dans le cadre général des ingénieurs de l’agriculture aux colonies, au grade d’ingénieur principal de 2e classe ; Cela marquera également son retour définitif en France.
Par arrêté du ministre de la France d’outre-mer du 18 juin 1948, il est reclassé ingénieur principal de 1er classe ;
Le 14 octobre 1948 il est promu ingénieur principal des services de l’agriculture des colonies à Paris ;
Le 14 avril 1949, par arrêté du ministre de la France d’outre-mer en date du 8 avril 1949, il est promu ingénieur en chef de 2e classe pour compter du 1er janvier 1948, rappel pour services militaires conservés : 6 mois 20 jours.
Par arrêté du 26 novembre 1949, il est promu à compter du 1er juillet 1949 à la 1er classe du grade d’ingénieur en chef,
Libération définitive du service militaire le 10 novembre 1954.
Il décède le 13 janvier 2001 à Paris à L’hôpital Kremlin-Bicêtre dans le Val de Marne.
Ce parcours méritait d'être évoqué et le souvenir de cet homme conservé pour son travail accompli. En espérant que cela aura retenu votre attention.
Bien cordialement.