Bonjour,
voici un petit exposé sur l'histoire des systèmes d'armes à feu au cours des siècles.
Tout commence à la fin du XII° siècle par l'invention de la poudre par les Chinois.
Les Arabes ramènent la formule en occident, l'améliorent et la diffusent..
En 1249 la formule de la poudre noire est trouvée. Cette poudre sera utilisée par toutes les armes à feu jusqu'en 1886, année à laquelle est découverte la poudre sans fumée.
En 1281 les armes à feu commencent à être vues sur le champ de bataille.
Un siècle plus tard les armes à feu portatives et individuelles font leur apparition. Jusque là ce n'était que sous la forme d'artillerie que ces armes à feu existaient.
Vers 1441 cette poudre noire est améliorée en prenant la forme de grains.
Le principe du bassinet et de la mèche est aussi inventé. Jusqu'à cette époque la mise à feu se faisait à l'aide d'un fer rougi ou d'un tison.
Voici un exemple de bâton à feu du XV° siècle, ce type d'armes était surtout fait pour effrayer les chevaux et ainsi faire tomber les cavaliers:
C'est une reconstitution comme beaucoup d'armes présentées à la suite.
La mise à feu se faisait en appliquant manuellement une mèche sur l'orifice du bassinet.
Fin XV° la mise à feu se fait en actionnant un levier bien souvent latéral qui applique la mèche sur le bassinet, c'est la mise à feu semi-mécanique.
Un siècle plus tard, la mise à feu se fait de façon mécanique, le calibre diminue, voici une reconstitution d'arquebuse à queue d'arbalète:
Reconstitution.
Entre temps, Léonard de Vinci invente la platine à rouet qui inaugure les systèmes de mise à feu dites "à feu éteint".
Voici une reconstitution de platine à rouet:
Et une authentique platine avec sa clé:
Et deux pistolets à rouet (en haut):
Reconstitutions.
Ce système, très pratique en cas de mauvais temps, est sujet à de nombreux ratés.
Il est donc cantonné à la chasse et aux armes de cavaliers. Il est plus pratique d'appuyer sur une queue de détente au galop que de fixer une mèche sur un serpentin!
Début XVI° apparait le système dit "à la Miquelet", Italien d'abord, suivi fin XVI° par l'Espagnol.
Voici une platine à la Miquelet Italien (originale):
et un pistolet à la Miquelet Espagnol:
Copie Espagnole.
Toujours fin XVI° les Hollandais mettent en service la platine à la Chenapan.
Voici un pistolet et un tromblon à la Chenapan:
Originaux, le pistolet est un fusil transformé.
Enfin en 1610 un armurier Français met au point un système de platine qui durera jusqu'en 1840 environ, la platine à silex à la Française.
Voici un exemple de platine (originale) de ce type assez précoce:
Mais les militaires n'ont pas vraiment confiance dans tous ces systèmes à feu éteints et préfèrent la présence rassurante de la mèche.
Vauban inventera le fusil à double mise à feu, silex et mèche en dépannage:
Le double système sera aussi utilisé avec le rouet.
Au début du XVIII° siècle, le silex s'imposera enfin, voici un authentique fusil mle 1754 d'officier:
Les systèmes se succéderont pour aboutir au 1822 qui connaitra d'autres vies ensuite.
Nous arrivons maintenant aus systèmes étanches de mise à feu.
Ce sera un immense évolution, du point de vue de la sécurité, mais aussi dès lors on pourra faire feu même sous une pluie battante et avec beaucoup moins de ratés.
Nous retrouvons le dernier fusil à silex cité, mais sous une forme évoluée à piston et canon rayé, le 1822T bis (original):
Mais toutes ces armes à chargement par la bouches ont le même défaut: pour recharger il faut être debout!
Un peu à la même époque de l'autre côté de l'Atlantique, un certain Samuel Colt invente des révolvers à barillets du genre de celui-ci:
Réplique destinée au tir à la poudre noire.
Déjà connu depuis les débuts, le chargement par la culasse revient au goût du jour. Dès lors on peut recharger son arme étant couché.
En France on ne reste pas inactif, et en 1866 sort le célèbre Chassepot à cartouche papier combustible et percussion par aiguille (original):
l'aiguille sortie de la tête de culasse, le joint d'étanchéité:
En 1867 d'anciens fusils à percussion sont transformés pour tirer une cartouche moderne à amorce, c'est la tabatière (original):
Les américains sortent le Remington à cartouche en feuillard de laiton (original):
Vers la fin du XIX° siècle il existe également le système à broche:
Qui sera rendu célèbre par un certain Tartarin, de Tarascon...
Image du net, Brocante St Esprit.
Puis les progrès de l'industrie font que les douilles seront désormais embouties, et en France le système Gras entre en service en 1874 (ici un Gras de gendarme à pied et sa baïonnette, tous deux originaux):
En 1886 est donc inventée la poudre sans fumée, le calibre diminue, et désormais pour conserver une arme de ce type il faut soit la "démilitariser", soit posséder les autorisations ad-hoc.
Voici par exemple un mousqueton Berthier 1892 M 16, il sera encore en service dans les années 70 chez les CRS!
On voit ici mention du fait que cette arme est neutralisée légalement.
C'était donc un rapide survol des armes à feu, mais aussi et surtout des différents systèmes permettant de faire partir le coup.
Maintenant voilà quelques exemples de contenants à poudre et de cartouches:
A gauche un "apôtre", contenant un coup individuel, époque XVII°, et à droite une poire à poudre époque XV°.
Reconstitutions.
En haut, de gauche à droite:
- cartouche papier pour pistolet 1822.
- balle pour ce pistolet.
- cartouche papier de Chassepot.
- balle de Chassepot.
- Balle sous calibrée pour fusil Dreyse.
- cartouche pour tabatière.
- cartouche papier US cal.54.
En bas, de gauche à droite:
- balle de Gras, plomb calepinée.
- balle de Gras chemisée.
- cartouche Remington à étui en feuillard.
- cartouche à broche pour révolver.
- cartoucle de Lebel.
Toutes ces cartouches sont vidées des substances explosives, ou ne sont que des reproductions inertes à but pédagogique.
Je terminerai par un petit lexique:
- balle = projectile d'arme portative. D'abord en plomb, puis en plomb chemisé suite aux Conventions Internationales.
- douille = c'est l'étui d'une munition, elle contient la poudre.
- amorce = c'est un explosif primaire qui transforme une énergie mécanique (percuteur) en explosion.
- cartouche = c'est un ensemble balle+douille+poudre+amorce.
- explosif primaire = il est dans l'amorce, un choc, une étincelle, une flamme ou une source de chaleur peut le faire déflagrer.
- explosif secondaire = il est dans la douille, seule la déflagration de l'explosif primaire peut le faire détonner.
Il est à noter que la poudre noire est très instable contrairement à la PSF, une simple étincelle peut la faire "partir".
- mèche = en coton tressé imprégné entre autres de salpètre, se consume lentement sans s'éteindre.
- silex = pierre dure taillée qui arrache de petits morceaux d'acier incandescents à la batterie.
- batterie = pièce de métal traité qui est frottée fortement par le silex.
- bassinet = réceptacle contenant un peu de poudre noire fine qui est enflammée par le mèche ou sous l'action du silex.
- queue de détente = pièce que l'on actionne avec l'index pour tirer.
- gâchette = pièce interne qui est intermédiaire entre la queue de détente et le percuteur.
- chenapan = vient du Hollandais "coq picorant".
- miquelet = vient des bandits du sud ouest qui étaient appelés ainsi.
- tabatière = vient de la manière dont s'ouvre la culasse et qui rappelle cet accessoire.
- broche = petit percuteur intégré à une cartouche de ce nom et qui est assez dangereux.
Et pour (enfin) clôturer, voici une platine à silex extrèmement simplifiée, 3 pièces en mouvement, 3 ressorts en tout!
Elle a été faite relativement récemment à la main en Afrique noire:
Cordialement,
CG