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 Heinrici Gottard

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Heinrici
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Heinrici


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Heinrici Gottard Empty
MessageSujet: Heinrici Gottard   Heinrici Gottard EmptyMer 25 Aoû - 19:30

Pour ma part je voudrais mettre en avant un personnage allemand longtemps ignoré des passionnés lambdas de la seconde guerre mondiale. Comme mon avatar l'indique, il s'agit du Général Gottard Heinrici.

Cet homme fut l'un des plus grands stratèges et tacticiens de l'histoire militaire allemande et malheureusement son nom ne fut que trop souvent effacé des livres d'histoire. Là où Guderian et Von Manstein ne s'illustre que dans une de ces deux disciplines, Heinrici les confonds à la perfection. Les raisons de sa discrétion du point de vue historique, sont diverses mais surtout politique. Gottard Heinrici est un personnage emblématique sur le quel il est plus que difficile à définir un profil, à l'illustrer et même tout simplement discuter. Les quelques informations officielles qui nous sont parvenues n'illustrent que partiellement sa vie personnelle. Les historiens aujourd'hui se penchent de plus en plus sur sa carrière mais encore trop souvent à titre d'anecdote.
Gottard est née le 21 ou le 25 Décembre 1886 (1), dans le bourg de Gumbinnen en Prusse Orientale (aujourd'hui Goussev dans l'oblast de Kaliningrad). Son père fut un ministre protestant qui l'éleva lui et sa sœur, dans les préceptes sévères de la religion et de l'église. Sa conception religieuse dans ses actes et sa pensée le rendit plus qu'impopulaire auprès du régime nazi; nous y reviendrons.
Il se marie à Gertrude Heinrici (?). Les informations suivantes manque de recoupement historique mais il semblerait que Gertrude fut d'origine Juive (plus précisément demi-juive). Nous savons qu'un certificat mentionnant l'appartenance au sang allemand de sa femme, fut signé et remis par Hitler lui même. Hitler voulait probablement gommer une certaine gène au près des hauts dignitaires nazis et des fervent partisans du régime au sein du Haut Commandement Allemand. Une mention est encore nécessaire à soumettre au lecteur, il est le cousin de Gerd Von Rundstedt. Durant toute sa carrière militaire il refusera de s'affilier au NSDAP.
Son aide de camp, le Capitaine Von Bila, le décrit comme une personne d'un autre temps. Il était d'une minceur et d'une petitesse, au regard paisible d'un bleu profond. Sa fine moustache sous une chevelure grise, ne lui donnait absolument pas l'apparence d'un général. Il gardait la mode de 1914, en utilisant des bottes basse à l'instar de tout ses confrères. Heinrici n'avait pas plus d'un uniforme dans ses affaires et il l'usait jusqu'à la corde. Fait incroyable, il avait toujours près de lui une veste en peau de mouton défraichie à l'apparence peu réglementaire, Von Bila décrit son apparence « d'assez minable ».(2)

La grande ligné de la famille Heinrici avait donné à l'Allemagne de nombreux soldats depuis le 12ème siècle. C'est dans ce dogme familiale que Heinrici rentrera dans l'armée en tant que porte enseigne en 1905. Un ans plus tard il intègre le Infanterie-Regiment 95 comme sous-lieutenant. Comme tout les généraux allemands de la seconde guerre mondiale, il tirera une expérience du premier conflit mondiale. Il participe à de nombreuses batailles aussi bien sur le front de l'Ouest que de l'Est (bataille de Tanneberg) toujours dans les rangs du 95 régiment. Il recevra pour cause de blessure au combat la Verwundetenabzeichen in Schwarz. Il recevra également la Ritterkreutz de deuxième classe (en 1914) et de première classe ( en 1915). A noter également qu'il sera gazé sur le champ de bataille et gardera toute sa vie des séquelles.

Durant l'entre deux guerres, il reste parmi les 100 000 hommes de la Reichswehr. En 1922, il entre à l'état Majors de la première division stationné à Königsberg dans lequel il peut absorber de nouvelles connaissances. En 1928, le gouvernement lui ouvre les portes de la section d'organisation du ministère. Son avancement le conduit au commande d'un bataillon du Infanterie-Regiment 3 à Osterod. Il sera promu Oberst en 1933; l'année suivante, il intègre l'Allgemeine Heeres-Abteilung. Generalmajor ( Chef au sein de la section centrale). En 1937, il sera par la suite à la tête de la 16. Infanterie-Division. En mars 1938 il sera successivement à la tête de la VII. AK puis du XII. AK dans le premier trimestre de 1940.

En mai 40, la Werhmacht met en avant sa BlitzKrieg à l'ouest. Commandant le 12 corps, il ne participe pas aux premiers combats mais son fait d'arme sera la percée de la ligne Maginot à la date du 14 Juin 1940.

Le 26 Janvier 1942, Heinrici prend le commandement de la IVe armée, juste attend pour participer à l'effondrement des troupes allemandes devant Moscou. Heinrici se battra pendant plus de 10 semaines en plein Hiver Russe à 12 contre 1. C'est à ce moment là, devant Moscou qu'il développe toute sa splendeur dans l'art de la guerre et mérite sa place dans le cercle des grands tacticiens-stratèges du second conflit mondiale. Par son instinct, il poussait des recherches derrières les lignes ennemies, ordonnait de petits combats (accrochages) sporadiques des premières lignes et des comptes rendus de patrouilles. Il pouvait alimenter ses interrogatoires de prisonniers; privilégiant les porteurs de documents. Sachant pertinemment qu'il n'avait pas l'ordre de manœuvrer sans une autorisation du Haut Quartier Général, arrivant bien souvent tardivement; il mit en place sa logique. Il parvient telle un devin, à prévoir les événements au jour le jour et heure par heure.
La nuit précédent l'attaque, il vidait sa première ligne de défense la mieux fournie et défendue pour se retirer derrière une seconde quelques kilomètres en arrière ( généralement 2 à 3 Km suivant le terrain). Il avait observé durant les batailles de ses confrères sur le front de l'est que le Haut Commandement Russe tell un métronome, utilisait toujours et sans variation la même méthode d'attaque. L'artillerie soviétique précédait l'attaque, tapait dans le vide et labourait le terrain. Une fois l'orage passé, Heinrici redéployait ses troupes indemnes d'après les axes d'attaques fournit par le bombardement.(3) Les troupes de secteurs non concernées pouvaient manœuvrer pour refermer les poches et récupérer ses premières lignes. Les attaques soviétiques ne réussir jamais à briser la ligne défensive mise en place. Heinrici ne voulait pas parler de retraite à moins que la situation ne soit désespérée. Cette ténacité dans la défense pour 1 Km ou ne fut ce que que pour une petite heure, lui valu le surnom de « Unser Giftzwerg »(4). La traduction au mot à mot révèle le titre de « Notre Nain Poison », la phrase faisait allusion à sa taille et illustrait que la pilule était très difficile à avaler pour les généraux Russes. Les gens de son état majors l'entendait souvent utilisé cet réplique cinglante illustrant que les russes donnait un "coup de poing dans le vide". Von Bila évoquera sa grande vivacité d'esprit et sa lecture des cartes; « il lui suffit d'avoir le numéro d'une division et le le nom de son chef pour connaître son historique et ce qu'elle valait au combat».(5) Pour renforcer sa tactique défensive, il avait mis en place une rotation des troupes de première lignes. La rotation par bataillon permettait d'avoir en ligne une unité de combats fraiche qui servait de surcroit à atténuer les pertes de la journée précédente. Heinrici restera dans l'histoire comme l'un des meilleurs tacticiens de l'attaque défensive. « Il avait fait aux russes une guerre dont la nature même le vouait à l'obscurité. Ses opérations n'avait pas l'aspect glorieux des offensives de la BlitzKrieg, mais le cotés humiliant des retraites désespérées. »(6)
Heinrici refusera certains ordres directe de Hitler comme l'emploi de la stratégie de la terre brûlée. Il sera mis délibérément en congé après l'affaire de Smolensk. (7) Il invoqua que si il avait suivit cette ordre et mit le feu à Smolensk, « il n'aurait pas pu faire passer ses troupes en retraite par la ville »(8)
Heinrici ne prit aucun commandement pendant plus de huit mois. Il payait de sa personne ses conceptions et son penchant à la religion en lieu et place du fanatisme Nazi. Heinrici ne pouvait s'empêcher d'ouvrir la bible tous les jours et de ce présenter à un office religieux chaque dimanche. Hitler dira plus tard,que « ses activités religieuses » sont « incompatibles avec les idées du national-socialisme »(9).
Il sera rappelé finalement à l'été 1944 à la tête la première Panzer Armée et de la Première armée hongroise sur le territoire Hongrois. Il mettra en échec toute les tentatives de percée. Il sera contraint de reculer et non de retraiter (différence de terme) jusque dans le nord de la Hongrie jusqu'en Mars 45.(10) Durant ses fonctions en Hongrie, Heinrici reçu les ordres formels du Fuhrer déclarant que tout soldat trouvé en arrière du front sans ordres valables devait être « exécuté sur le champ et son corps exposé en guise d'avertissement »(11). Ce à quoi Heinrici a répondu que l' « on n'avait jamais employé de telles méthodes sous son commandement et que ce n'étais pas maintenant qu'on allait commencer. » Il alla même à qualifier ouvertement que le haut commandement n'était qu'un ramassis de « bouffon de cours ». (12)
Le 20 Mars 1945, Heinrici remplace le « Reichsführer-SS Himmler » à la tête du Groupe d'armées Vistule sur le front de l'Est. Cette nomination fut à l'instigation de Guderian qui le qualifiait de « l'homme de la situation ». Ces deux généraux s'appréciaient réciproquement pour leurs qualités sans pour autant être intimes (13). Aujourd'hui les lecteurs connaissent la bataille de Seelow, mais beaucoup ignore que le grand artisan de cette résistance fut Heinrici et lui seul. Le 17 avril 1945, Heinrici fut chargé de la défense de Berlin et le 29 avril le Feld-maréchal Wilhelm Keitel le releva personnellement de son commandement. Le motif étant « un retrait non autorisé en dépit des souhaits d'Hitler ».
Keitel relève l'incident dans ses mémoires: (14)

«... Le colonel-général Heinrici m'a téléphoné ... annonçant que, compte tenu de l'aggravation continue de la situation ... il avait ordonné à son groupe d'armées de reprendre sa retraite. Je lui ai dit que son attitude pour lesquels il n'y avait aucune justification valable, quelle qu'elles soit, était la désobéissance flagrante. Il a rétorqué que dans ce cas il n'accepterait plus la responsabilité du commandement de ses troupes (…). Je répondis que, à mon avis, il ne convenait plus pour commander un groupe d'armées, et qu'il devait se considérer comme licencié. Il devait céder son commandement au commandant supérieur de l'armée [21 armée], le général von Tippelskirch. (15)

Les deux hommes se sont verbalement affrontés au téléphone mais aussi au bord de la route (?). Alors que Heinrici était accompagné de son adjoint le général Hasso von Manteuffel, commandant de la 3e armée blindée (Panzer), Keitel a crié et reproché sa "désertion". Keitel lui a dit qu'il devait fusiller des déserteurs. Dans sa hargne, il le releva de son commandement et de lui intima l'ordre de se rendre dans une caserne pour être mis aux arrêts. Dans les bois, des officiers de Manteuffel assistant à la scène, attendaient l'arme au poing, prêt à bondir pour le protéger lui et Heinrici si Keitel et des SS intentaient quoi que ce soit.(16) (17) .Heinrici soutiendra également le ministre de l'Armement, Albert Speer dans son action pour sauver Berlin d'une destruction totale.(18) (19)

Sachant la fin du conflit proche, Heinrici prit sa retraités à Plon. Le 28 Mai 1945, il se rend aux forces britanniques et sera mit en incarcération au Spéciale Camp 11. Il sera libéré trois ans plus tard , le 19 mai 1948 après avoir fait plusieurs séjours dans d'autre camp.

Après le conflit il se penchera sur son bureau et sortira, les écrits de son journal. Ses lettres ont été rassemblées dans un ouvrage intitulé « Morals and behaviour here are like those in the Thirty Years  War »;(« Les morales et le comportement ressemblent ici à ceux dans la Guerre de Trente Ans) ou « La première année de la guerre-allemande soviétique ». Gotthard Heinrici (20)

Son rapport à la religion, son mariage et sa distance vis à vis du parti fut dés le début un frein à sa reconnaissance. Sa carrure, son absence de charme et sa petite taille n'illustraient pas le charisme et la splendeur d'un fils du peuple allemand. Toutes ses remarques mettent en évidence qu'il ne bénéficia jamais de la même vitrine qu'un Manstein, d'un Guderian ou d'un Rommel. Sa spécialité ne fut pas celle qui font rêvé et que l'on admire. La plupart de ses promotions ne seront jamais sous l'influence directe de Hitler mais elles ne le seront que par l'insistance de Von Kluge.

Pour terminer je reprendrait un paragraphe complet de Cornelius Rayan qui site: « Peu de généraux allemands avaient plus d'expérience de la guerre que lui, c'est qu'il n'était pas un de ces héros plein de fougue, comme le Rommel que les Allemands avaient portés au nues pour ses victoires, et que Hitler, en habile propagandiste qu'il était, avait récompensé d'un bâton de Feld Marshall. Le nom de Heinrici n'avait pour ainsi dire jamais paru que dans les ordres de bataille. »

A l'heure actuel un seul livre en dehors de ses écrits, est paru sur ce général de la défensive et malheureusement pour nous, en Allemand. « Ein Deutscher General an Der Ostfront. Die Briefe und Tagebucher Des Gotthard Heinrici 1941/1942 », de Johannes Hurter parru aux éditions Sutton en 2001.

Rangs militaires occupés

Fahnenjunker-Unteroffizier (19 juillet 1905)
Fähnrich (19 décembre 1905)
Leutnant (18 août 1906)
Oberleutnant (17 février 1914)
Hauptmann (18 juin 1915)
Major (1er février 1926)
Oberstleutnant (1er août 1930)
Oberst (1er mars 1933)
Generalmajor (1er janvier 1936)
Generalleutnant (1er mars 1938)
General der Infanterie (1er juin 1940)
Generaloberst (30 janvier 1943)



Pour rester critique envers ce personnage, j'ai cherché dans les livres spécifiques si son nom avait un lien sur les crimes de la Werhmacht sur le front de l'est. Son nom n'apparaît pas dans les écrits récents d'Omer Bartov, « L'armée de Hitler » au édition Hachette et de Wolfrom Wette « Les crimes de la Wermacht », au édition Perrin. De même dans les quelques ouvrages relatifs au procès de Nuremberg, son nom n'est pas mentionné une seul fois.




1:Les sources divergent sur la date exacte.
2:C. Rayan, La dernière Bataille-La chute de Berlin 
3:http://www.city-data.com/forum/history/599355-who-you-favorite-wwii-general-why-2.html
4:C. Rayan, La dernière bataille-La chute de Berlin
5:C. Rayan, La dernière bataille-La chute de Berlin
6:C. Rayan, La dernière bataille-La chute de Berlin
7:http://www.city-data.com/forum/history/599355-who-you-favorite-wwii-general-why-2.html
8:C. Rayan, La dernière bataille-La chute de Berlin
9:C. Rayan, La dernière bataille-La chute de Berlin
10: http://www.city-data.com/forum/history/599355-who-you-favorite-wwii-general-why-2.html
11:C. Rayan , la dernière bataille-La chute de Berlin
12:C. Rayan , la dernière bataille-La chute de Berlin
13:C. Rayan , la dernière bataille-La chute de Berlin
14:Le déclin et la chute de l'Allemagne nazie et le Japon impérial», Hans Dollinger, p. 171
15:http://www.islandfarm.fsnet.co.uk/Generaloberst%20Gotthard%20Heinrici.htm
16:http://www.geocities.com/~orion47/WEHRMACHT/HEER/Generaloberst/HEINRICI_GOTTHARD.html
17:Historia Spécial n° 379 bis; Hitler et ses généraux
18:http://www.experiencefestival.com/gotthard_heinrici_-_personal_life
19de Launay J., La grande débacle, p.171
20:: http://www.experiencefestival.com/gotthard_heinrici_-_personal_life

Pour la référence bibliographique, Rayan C., La dernière Bataille, Chapitre I, partie II, p57-91.
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MessageSujet: Re: Heinrici Gottard   Heinrici Gottard EmptyVen 3 Juin - 23:44

Hello,

impressionnant et pourtant pas connu, c'est comme Knispel et Carius pour les panzer.

Merci pour le post.

@+
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Manstein
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MessageSujet: Re: Heinrici Gottard   Heinrici Gottard EmptyVen 3 Juin - 23:54

Je viens de finir l'hommage de Liddell Hart, et une partie lui est consacré
Très impressionnant, notamment devant Moscou et la retraite a 1 contre 12 ...
Comme tu dis, il ne fut pas une vitrine, mais un excellent chef malgré tout

Je connaissais par un autre ouvrage l'incident avec Manteuffel et Keitel !
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MessageSujet: Re: Heinrici Gottard   Heinrici Gottard Empty

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