Encore une histoire de carton mais dans une cave FFL

Bonjours
4 vareuses, 3 képis et des placards de rappels de l'adjudant-chef Robert Marie Émile LARROQUE de la 5 Section d'Infirmiers Militaires de Montauban. Voilà les pièces qui se trouvaient dans un carton d'un ami broc. J'ai rentré cet ensemble il y a environ 1 an sur un déballage. En faisant mon dernier tour, je vois qu'un brocanteur sort des cartons et pend des vestes militaires sur un porte manteaux et en examinant le tout, on comprend que l'ensemble provient du même homme, un adjudant de la 5° Section d'Infirmier Militaire de Montauban. La vareuse US est tamponné 5°S.I.M, les deux autres veste portent le losange de la 5°SIM.
Une fois le lot acheté je demande au brocanteur des informations pour savoir d'où sortent ces pièces, directement de Montauban. En rentrant à la maison je ne cesse de contempler cette trouvaille provenant d'un ancien de la 5 SIM dont une partie de l'unité était aéroportée donc pile mon thème. En examinant de plus près je constate un nom sur une vareuse, R. LARROQUE, on retrouve le même nom écrit sur un cintre, la piste semble bonne. En surfant sur google je retrouve la trace d'un Robert Larroque né le 21 mars 1913 dans le Tarn et décédé le 13 juin 1997 à l'âge de 84 ans à Montauban, c'est un ancien militaire. Avec cette piste, je me rend donc aux archives du Tarn pour consulter la liste alphabétique des conscrit de 1933, on retrouve un Robert Larroque. Je demande donc la fiche lié à son numéro matricule, bingo c'est notre homme.
Voici son histoire
Robert LARROQUE voit le jour à Le Riols, le 21 mars 1913. Fils d'un maréchal ferrant carrossier et d'une femme au foyer, il grandit au sein d'une grande fratrie de 6 enfants à Le Riols. Le 10 septembre 1931, il décide de s'engager devant l'intendant militaire d'Albi et laisse le métier de cultivateur derrière lui pour servir 2 ans au sein de la 32° Section de Commis Ouvriers d'Administration (sect. COA) qui stationne au Maroc. Il embarque sur un bateau le 12 septembre 1931 et débarque le 15 septembre 1931 au Maroc, où il commence dès son jour d'arrivée ses classes. Son travail et son efficacité le font nommer caporal commis par ordre du Directeur de l'Intendance du Maroc le 15 mars 1932. A peine un an plus tard, le caporal LARROQUE reçoit ses galons de caporal-chef commis le 12 avril 1933. Le 20 mai de la même année, LARROQUE embarque à Casablanca pour rejoindre la France et sa nouvelle affectation, la 17° sect. COA dans laquelle il se retrouve libéré de ses obligations militaires le 10 septembre 1933. Son certificat de bonne conduite en poche, LARROQUE retrouve Le Riols et sa famille où il reprend le travail de la terre. Il sert dans la réserve de la 16° sect. COA.
Cependant, le 11 janvier 1935, LARROQUE est désireux de repartir et s'engage devant l'intendant militaire de Auch pour 3 ans au titre de la 17° Section d'Infirmiers Militaires (SIM) d'où il est dirigé vers la 33° SIM en tant que caporal-chef. Il embarque alors à Marseille le 1 février 1935 avec pour destination le Levant. Le 8 février il accoste Beyrouth et se retrouve affecté le 11 février à l'hôpital de campagne (HC) d'Alep. Nommé sergent le 2 juillet 1936 par le médecin général du service santé des troupes du Levant, il est autorisé à effectuer un nouveau séjour au Levant de 2 ans, le 8 août 1937. Entre temps, il se rengage pour 3 ans le 13 avril 1937 face à l'intendant d'Alep, nouveau contrat qui commence à compter du 11 novembre 1938, toujours au titre de la 33° SIM. Il retourne néanmoins en France pour profiter d'un congé de fin de campagne du 18 août 1937 au 24 janvier 1938. A son retour au Levant, le sergent LARROQUE est admis dans le corps des sous-officiers de carrière par une note de service du général commandant supérieur des troupes du Levant, signée le 27 juillet 1938. La note prend effet le 1 août de la même année. Le 4 juillet 1939, LARROQUE est affecté à l'infirmerie hôpital de Deir-Ez-Zor qu'il rejoint le 2 août. Le 9 avril 1940, le sergent LARROQUE embarque à Beyrouth après avoir reçu un congé de convalesence. Il débarque alors à Marseille le 16 du mois. C'est durant sa permission dans le Tarn que les troupes allemandes déclenchent l'offensive vers la France. Cependant, le 17 mai 1940, LARROQUE rembarque à Marseille et débarque le 26 mai à Beyrouth d'où il rejoint Alep le 27 et Deir-Ez-Zor le 29. La défaite de la France lui est apprise, et le 2 septembre 1940 il continue son travail à titre civil dans l'infirmerie hôpital, jusqu'à reformation de la 33° SIM le 1 décembre 1940. Le sergent LARROQUE est autorisé à prolonger de 2 ans son séjour au Levant le 28 février 1940. Le 11 juillet 1941, suite à l'avancée des troupes de la 10° division d'Infanterie indienne et des autres forces alliées, les personnels de l'infirmerie hopital, dont le sergent LARROQUE, rejoignent Alep d'où ils prennent la route de l'hôpital militaire de Tripoli le 9 août 1941. Le sergent LARROQUE semble néanmoins faire partie des effectifs militaires de l'armée d'Armistice, et est fait prisonnier par les Forces Françaises Libres.
Lui et 3000 de ses camarades reçoivent alors le choix d'être rapatriés vers la France ou bien de rejoindre les Forces Françaises Libres. Seuls une dizaine de soldats décidèrent de rejoindre De Gaulle. Pour beaucoup de soldat, le serment de servir la France quoiqu'il en soit était trop important. De plus, pour bon nombre de français de l'armée d'Armistice, il était encore difficile d'accepter de pardonner aux anglais qui avaient anéanti, à peine un an auparavant, la flotte française mouillant à Mers-El-Kebir. La flotte refusait de se rendre à l'armée allemande et anglaise, mais était néanmoins désireuse de rejoindre les anglais pour continuer le combat. Cependant, le 3 juillet 1940, la flotte fut encerclée et attaquée par la marine anglaise, qui va alors tirer sur des navires et marins français qui jusqu'à la fin ne voulaient pas affronter leurs anciens alliés. Après cette trahison et la mort de français sous les bombes anglaises, il était difficile pour les soldats français de faire confiance à l'armée anglaise, le sergent LARROQUE et la majorité des forces de Syrie sont rassemblés pendant un mois dans le port du Levant, avant d'être rembarqués le 11 septembre 1941 vers Marseille, qu'ils atteignent le 20 septembre. Le sergent LARROQUE bénéficie alors d'un congé de 120 jours qu'il passe en France, jusqu'au 13 février 1942. C'est durant cette période qu'il est mis à la disposition du directeur du service de santé des troupes du Maroc, le 25 octobre 1941. Il est affecté à l'hôpital militaire de Casablanca le 28 novembre 1941, avant d'être affecté à l'infirmerie de garnison de Port Lyautey en mars 1942. Il embarque alors le 17 mars 1942 à Marseille, débarque au Maroc le 20 mars, et rejoint son corps le 24 mars en tant que cadre des infirmiers du corps civil de santé (Section métropolitaine). Il est employé en qualité de d'Infirmier major de 3°classe. Le 3 octobre 1942, LARROQUE rejoint l'hôpital militaire de Casablanca. C'est dans cet hôpital que LARROQUE se trouve lors du déclenchement de l'opération Torch des alliés qui libèrent le Nord de l'Afrique. C'est à ce moment que le parcours de LARROQUE reste flou, jusqu'à la date du 23 avril 1943, où il rejoint de nouveau l'hôpital de Casablanca pour être affecté au 8° Bataillon Médical de Casablanca, unité de soutien de la 4° Division Marocaine de Montagne. A cet instant, Robert LARROQUE a donc décidé de rejoindre les Forces Françaises Libres de De Gaulle, et participe à la libération du Maroc et de l'Afrique. Le 20 décembre 1943, le sergent LARROQUE embarque à Alger pour l'île de beauté, où son unité et lui arrivent le 23 à Ajaccio. Sur place, il est muté à la 2° compagnie de son bataillon avec laquelle il embarque le 21 mars 1944 à destination de Naples, qu'ils atteignent le 24 du mois. Il débute ainsi sa campagne de libération de l'Italie au sein du corps expéditionnaire français du général Juin . C'est d'ailleurs sa division qui parviendra à débloquer le verrou Muont Cassin, ouvrant la route vers Rome, où elle défile le 15 juin. Sur place, il est nommé sergent chef le 25 juin 1944 puis embarque le 21 septembre depuis Naples pour aller accoster la terre de France à Marseille le 24. LARROQUE et sa compagnie retrouvent alors leur division qui a quitté l'Italie depuis le 8 septembre, pour débarquer en France où elle appartient dorénavant à la Première Armée Française du général De Lattre de Tassigny. Le sergent-chef participe avec son unité au soutien médical de sa Division qui remonte vers le nord et l'Alsace, où il est nommé sergent-major le 25 décembre 1944. C'est le 16 avril 1945 à Kehl, ville allemande située en face de Strasbourg, que le sergent major LARROQUE passe la frontière germano-française avec sa division. La mission de celle-ci est alors de contourner la Forêt-Noire par sa lisière Est, pour ensuite foncer vers la frontière Nord de la Suisse. Elle bouscule les dernières résistances de la Wehrmacht et atteint le lac de Constance après être passée par Freudenstadt, Schwenningen et Donaueschingen. La Division et le sergent-major LARROQUE entrent alors en Autriche le 2 mai 1945 où ils terminent la guerre dans le Vorarlberg. Durant les trois semaines de cette campagne, la 4° DMM capture à elle seule 22 000 soldats ennemis. Le sergent-major reçoit une citation à l'ordre du Régiment. Après quelques mois d'occupation de l'Autriche, la division rentre en France jusqu'à sa dissolution le 15 janvier 1946, dans la région lyonnaise. Pour le sergent-major LARROQUE, c'est le début de sa nouvelle affectation. Le 1 février 1946, il rejoint la 31° SIM à la dissolution du 8° Bataillon Médical. Il est ensuite affecté au 114° Bataillon Médical pour être détaché à la direction du service de santé de la 14° Division d'Infanterie. Par la suite, LARROQUE enchaîne les mutations: il rejoint la 54° CTT en mai 1946, puis la 661° SIM (ex 31° SIM) en juin. Le 24 février 1947, Robert LARROQUE redevenu sous-officier non carriériste, et signe un contrat d'engagement de 2 ans devant l'intendant de la place de Constance. Il obtient en parallèle les brevets de capacité de 1° et 2° parties, avant d'être nommé adjudant le 1 mars 1948. Le 9 novembre 1948, l'adjudant LARROQUE reçoit la Médaille Militaire, plus haute distinction pour un sous-officier. Le 19 février 1949, l'adjudant LARROQUE réintègre le corps des sous-officiers de carrière par décision de monsieur le général de corps d'armée commandant supérieur des troupes d'occupation en Allemagne. C'est à ce moment que l'adjudant est affecté en France à la 5° Section d'Infirmiers Militaires de Montauban, unité médicale de la région ayant une vocation aéroportée avec une compagnie de parachutistes. Le 13 mai 1949, LARROQUE repasse la frontière germano-française et arrive à Montauban le 18 du mois. Il est alors affecté à l'hôpital militaire Larrey n°251 de Toulouse le 19 mai. Le sergent LARROQUE accompli alors la fonction de secrétaire comptable à partir de juillet 1950, après avoir passé l'examen supérieur de secrétaire comptable classé en échelle de solde n°4. Fin de l'année 1952, Robert LARROQUE est inscrit au tableau d'avancement pour le grade d'adjudant-chef qu'il reçoit le 1 avril 1953. LARROQUE est alors détaché quelques mois à l'hôpital militaire thermal de Bareges, avant de rejoindre le dépôt de la 5° SIM le 15 octobre 1953. Il obtient alors un congé de 2 mois du 23 mai 1954 au 11 août 1954. Le 12 août 1954, l'adjudant-chef Robert LARROQUE fait alors valoir ses droits à la retraite. Après 23 ans de carrière, après avoir servi la France au Maroc, aux confins du Levant, après avoir participé à la campagne de Syrie en 1941, la campagne du Maroc en 1942, après avoir débarqué en Corse puis à Naples d'où il prend part à la campagne d'Italie, après avoir débarqué à Marseille et participé à la libération de la France, après avoir participé a la campagne d'Allemagne, participé à l'occupation de l'Allemagne et de l'Autriche, Robert LARROQUE se retire à Montauban, à la caserne Guibert. Il termine sa carrière en étant titulaire de la médaille militaire, de la croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze, de la croix du combattant, de la Médaille commémorative française de la guerre 1939-1945 avec agrafe France, Afrique, Italie, Libération, Allemagne et de la médaille de la France libérée. Il a également dû être titulaire de la croix du combattant Vichy et de la médaille du Levant 1941, interdite de port par la suite.
Citation à l'ordre du Régiment n°13 du 20 juin 1945:
"Sous-officier d'élite, ardent, infatigable, ayant su donner à tous au cours des campagnes d'Italie, des Alpes, d'Alsace, le plus bel exemple de dévouement et d'abnégation. Au cours des opérations d'Alsace, supportant seul tout le poids de la vie matérielle de l'unité, a su partager les épreuves et les dangers de ses camarades, les réconfortant tant au physique qu'au moral par son attitude et ses paroles généreuses".
Robert LARROQUE décédera entouré des siens le 13 juin 1997 à l'âge de 84 ans.














J’espère que ce post trouvera sa place ici et qu'il vous plaira
Bien Cordialement
Gephi577

Bonsoir,
il y a tout, de belles tenues, un homme, une histoire et une recherche.....J'adore
Cordialement.

Salut
Juste magnifique. Rien de plus. Tout est magnifique : l'histoire, la publication et surtout les uniformes

Bien joué !

Je suis fan !

Bonsoir
Beau récit belles photos, on touche la perfection, merci du partage
Salutations
Gmc

Bonsoir

Bravo ! Superbe ensemble et très beau travail de recherche !

Ardavis

Bonsoir
Belles trouvailles, super travail d'investigations
@+++

Bonsoir,
Je vous remercie milles fois pour vos compliments et vos messages . Je me suis pas mal pris la tête pour raconter son histoire mais ça en valait la peine je pense . Pour ceux qui aurez instagram, je me permet de faire un peu de pub pour mon compte 17_memoiredefrance. J'avoue plus utiliser mon téléphone que mon ordi donc pendant un moment je ne postais que dessus, c'est plus pratique pour moi mais on est vite limité par la taille des textes et on voit moins bien les fautes de textes . Mais j'ai trouvé une manière de repartager mes textes depuis mon compte insta vers PM il n'y a que pour les photos où j'ai encore quelques difficultés pour le transfert. Donc je vais tranquillement repartager quelques posts d'instagram vers PM .
Merci encore pour vos compliments

Bien cordialement
Gephi577

bonjour
superbe merci du partage et de l historique

bonjour,
un pur régal
merci

Salut incroyable découverte et bravo pour les recherches le top le type de grouping qu’on adore tous

Bonjour

Belle rentrée et très documentée avec une histoire riche qui lui donne de la profondeur. Reste à trouver une photo de l adjudant-chef Robert Marie Émile LARROQUE pour rendre un hommage à l'homme.

Bonjour à tous, je viens encore vous dire merci pour vos messages qui me font plaisir:)
Pour la photo de LARROQUE cela aurait en effet été merveilleux de pouvoir en disposer d'une