Petite histoire des pompiers de l'Air. (1915-1964)

Depuis longtemps je m'intéresse à l'histoire des pompiers de l'Air. La découverte de documents, d'écrits, de photos et de témoignages a permis par petites touches de retracer l'historique succinct qui suit. La disparition des archives de l'armée de l'Air d'avant 40 n'aide pas et ce que j'écris aujourd'hui ne sera pas bon plus tard à la lumière de nouveaux indices.
Au moins voici un embryon d'une histoire vieille de plus d'un siècle.


L'histoire des pompiers de l'Air commence officiellement en 1946 avec la création de l'école de pompiers de Cazaux et la délivrance des premiers brevets élémentaires de sécurité incendie, mais il faut remonter à la première guerre mondiale pour trouver les premiers moyens de lutte incendie des terrains d'aviation.

La 1e Guerre Mondiale

Dans les armées la lutte contre le feu  existait de longue date, les casernes avaient des piquets incendie et possédaient des pompes à bras. L'aéronautique militaire se forme en 1911 prend un grand essor au début de 1e Guerre Mondiale, nécessitant la formation de nombreux pilotes et de nombreux entrepôts. A l'arrière du front des terrains d'aviation "usines à pilotes" sont créés, et les baraques Adrian en bois et les hangars en bois et toile poussent comme des champignons. Avec des avions en bois et toile, des vernis du carburant, des poêles à bois, des personnels peu formés, le risque d'incendie est énorme. Perdre une travée de hangars avec une centaine d'avions serait une vraie catastrophe pour les armées.    
Le régiment de Sapeurs-Pompiers de Paris avait sonné le rappel de ses réservistes dès le début de la guerre. les hommes du rang gradés et sous officiers subalternes sont envoyés dans les établissements et terrains d'aviation de l'aéronautique militaire avec des véhicules afin de créer des service de sécurité incendie. Il faut former du personnel local comme pompiers, sensibiliser les ouvriers aux actions vitales (comme pousser les avions et bidons non touchés par un feu hors des hangars), aménager les abords des installations (trous servant de réserves d'eau à coté des hangars et des baraquement pour pouvoir utiliser au plus près les pompes)...Le travail ne manque pas, mais  il n'est pas question encore de sauvetage aéronautique. un accident d'avion, c'est du bois cassé, rarement du feu car les réservoirs d'essence ne sont pas très gros.


Premier Secours Delahaye-Farcot PS 43 et son chef d’agrès en bel uniforme des pompiers de Paris devant une baraque Adrian servant de poste incendie. (coll Cyril Defever)

L'entre deux guerres

Après la guerre les Services de Sécurité Incendie (SSI) sont conservés et on propose à leurs chefs de passer à l'aéronautique militaire en conservant leur poste. A la fin des années 20 ces militaires atteints par la limite d'age de leur grade de sous-officier quittent l'uniforme pour le lendemain garder leur poste mais comme civil ouvriers d'état.  


Monsieur Genet, chef de la Sécurité Incendie de la Base Aérienne 131 de Parçay Meslay (Tours) pose avec ses conscrits De vant une Delahaye Farcot PS 43. Ancien pompier de Paris, adjudant-chef à Tours il a posé l'uniforme pour la tenue civile en conservent sa fonction.

Il faut tout de même penser à les remplacer. Quelques sous-officiers sont formés localement par les chefs des SSI.Il est décidé sanctionner  par un brevet de chef de sécurité incendie un cours spécial dispensé une fois par an pendant six semaine à l’Entrepôt Spécial d’Aéronautique N°3 de Saint-Cyr-l'Ecole.Le chef de sécurité incendie local aidé des instructeurs des pompiers de Paris et des mécaniciens de l'ESA n°3 forme les futurs chefs à la théorie et à la pratique sur les matériels présents et futurs, les manoeuvres, la prévention...
L'ESA n°3 est aussi l'établissement spécialisé dans le matériel roulant de l'aéronautique militaire qui émet les cahiers des charges teste les prototypes qui sont aussi essayés lors du cours spécial.
Après  la guerre l'ESA ne chôme pas et des matériels standards arrivent dans les forces, Arroseuses Renault GZ1 en 1921, Autopompe Renault GZ1 en 1923, Autopompe Hydrochimique MPS1 SOMUA-Drouville en 1925, divers premier-secours Delahaye à la fin des années 20...


Arroseuse Renault GZ1 (coll Cyril Defever)


Autopompe hydrochimique Somua Drouville MPS du Parc d'Aviation du 33e régiment d'Aviation, probablement à Wackernheim près de Coblance (coll Myrone Cuich)

Au début des années 30 avec l'essor du transport aérien, se pose la question du sauvetage des passagers et de l'extinction des feux d'aéronefs. En 1936 à l'issue d'un concours, La voiture de premier secours d'aérodrome Tecalémit sur châssis Latil V3U6 est sélectionnée et fabriquée à une quarantaine d'exemplaires.qui seront suivi en 39 par 17 ensembles Técalémit sur Berliet. C'est un camion révolutionnaire qui  donne huit ans d'avance sur le matériel du monde entier. Le châssis tout terrain embarque 2400 litres d'eau, douze seaux de produit émulseur et un dispositif permettant d'alimenter en mousse une lance monitor crachant à 30m et deux lances portables à l'arrière. Deux bouteilles de CO2 complètent l'ensemble. On ne verra les lances canon qu'en 1943 sur les véhicules américains.

Le prototype du Latil V3U6, probablement bleu à ailes noires comme l'étaient les véhicules de l'armée de l'Air de l'époque (Coll A Crosnier

LA drôle de guerre et la bataille de France

Avec la 2e Guerre mondiale les escadres sont dispersées sur des terrains de guerre. Les services de Sécurité Incendie sont scindés en deux, le chef reste sur la base aérienne avec la moitié de son personnel et son sous chef suit avec un véhicule et la deuxième moitié l'escadre sur le terrain de dispersion. Les pompiers de l'Air suivent les vicissitudes de l'armée de l'Air lors de la bataille de France, luttant contre les incendies des bombardement des bases par la Luftwaffe.
Avec l'armistice de  juin 40, les pompiers de l'air pensent leur plaies et se reconstituent sur les bases autorisées par les allemands et les italiens en métropole et en AFN.
En novembre 42 les alliés débarquent en AFN. Beaucoup de choses changent alors pour les pompiers de l'Air tant en métropole qu'en AFN.

En métropole.

Les allemands renvoient dans leurs foyers tous les aviateurs, mais Vichy veut garder une force constituée et un encadrement pour plus tard. Des unités de défense passive sont créées, dont des bataillons de pompiers de l'Air constitués de compagnies, dispersées sur l'ancienne zone non occupée (Lyon, Saint-Etienne, Toulouse, Bordeaux...) Les compagnies sont formées à Sainte Livrade à la sécurité incendie par les anciens pompiers des bases aériennes. Elles vont à la manière des pompiers de Londres en 1940 participer à la protection des villes contre les incendies et au sauvetage déblaiement des personnes lors des bombardements. Lors du reflux des allemands après les débarquements de Normandie et de Provence les personnels de ces compagnies prennent possession des anciens terrains d'aviation et les remettent en état. Leur travail sera bien utile pour reprendre le combat sur les poches de l'Atlantique.

En AFN

Les alliés annexent les meilleurs terrains d'AFN et amènent avec eux leurs pelotons de pompiers. PArtout ou ils sont, les pompiers de l'armée de l'Air n'ont pas voie au chapitre. Ils sont envoyés sur les terrains annexes ou l'armée de l'Air a évacué ses unités. Avec la constitution des escadres et groupes de chasse et de bombardement sur le modèle américain ou anglais, avec le matériel allié idoine, des pelotons  de pompiers sont constitués. Après le débarquement en Provence ces pelotons suivent leurs escadres dans leurs déplacements jusqu'en Allemagne.


Un Chevrolet Class 135 Crash truck d'origine USAAF en service à l'AIA N°2 (coll Alain Crosnier)

Enfin une école, Cazaux

L'adjudant-chef Cuisinier fait partie de ces pompiers d'aérodrome qui fin aout début septembre 1944 avec les compagnies de pompiers de l'air reprirent pied sur la base de Cazaux. Le terrain a grandement dégusté. Il faut le remettre en état et le déminer. L'ADC Cuisinier reprend ses fonctions de chef de Sécurité Incendie. Originaire d'aquitaine il est sensible aux feux de forets fait débroussailler les abord de la base, créée des piquets d'incendie pour lutter contre les incendies naissants. Avec l'arrivée de l'école de Mitrailleurs Navigateurs BOmbardiers et son matériel d'origine anglaise, dont un véhicule incendie dont on n'arrive pas a tirer grand chose et l'activité aérienne qui reprend fortement, il se monte une salle de cours et apprend à ses jeunes tout ce qu'il sait sur le métier. Le Group Captain Jackson, officier commandant le matériel de la RAF en Europe visite la base et essaye de comprendre pourquoi les Francais font des miracle en volant sur du matériel anglais pas facile mais n'arrivent pas avec les crash tenders anglais. Il découvre alors que les matériels anglais sont tout simplement morts, mais que les pompiers sont bien formés avec une salle de cours digne de l'école des pompiers de la RAF et qu'ils se débrouillent tant qu'ils peuvent assurant la mission avec du matériel de récupération. Il demande à l'ADC Cuisinier de monter sur la région parisienne pour monter une école de pompiers d'aérodrome, mais à peu d'années de la retraite, enfin revenu chez lui après avoir bourlingué en Afrique et en France, celui-ci n'a pas l'intention de bouger. Qu'a cela ne tienne, Jackson veut Cuisinier comme chef de l'école qu'il imagine, elle se fera à Cazaux. Le Group Captain se démène comme un diable, obtient du matériel incendie non utilisé par la RAF sur ses bases de  Belgique et de Hollande. C'est ainsi que l'école ouvre ses portes en octobre 1946 et forme avec l'aide des pompiers civils de Bordeaux les premiers brevetés élémentaires pompiers de l'Air puis recycle les anciens chefs de sécurité incendie. Les Brevets supérieurs suivront une ou deux années plus tard.


Une promotion en 1947 Tout à droite devenu civil le Lieutenant de pompiers Cuisinier, Le Group Captain JAckson et le Sgc Colin nouveau chef de l'école des pompiers de Cazaux. Vous allez aimer la diversité des tenues !!! (coll  G Pédron)


Ford WOT 1 Crash tender et stagiaires devant un Wellington de l'EMNB de Cazaux. Encore une belle brochette de tenues d'origines américaines francaises et anglaises.(coll G Pédron)


Cyril Defever le 18.11.2023

Bonjour
Super intéressant ce sujet sur les pompiers de l'air, merci et vivement la suite.

Bonjour
Merci pour le partage de ces recherches ça sort des sujets habituel...c'est top, merci

Bonjour,
Excellent, merci.

Bonjour.
Sujet très sympa et qui change.
François.

Bonjour,

Beau sujet méconnu.
J'attends la suite avec impatience

Cordialement

Très intéressant.

Bonjour,

je viens de me régaler en consultant cet excellent post !!!

Les Pompiers de l'Air font partie de ces personnels de l'Armée de l'Air
dont on parle trop peu et dont le rôle est pourtant essentiel...

Un Grand Merci à toi pour cette première partie !

Les photos associées montrent bien d'où on est partit, comment il a fallut tout créer
et tout recréer après la libération !...

voici une petite contribution :


insigne de spécialité Sécurité Incendie, porté sur la manche gauche du blouson de la tenue battledress
et du veston de la tenue de cérémonie. Pour les Brevetés Élémentaire,
l'insigne comporte en plus 1 chevron en V; 2 chevrons pour les Brevetés Supérieur.

Encore Merci pour cet excellent partage!!! il me tarde la suite...

Bien Amicalement,
Franck,
AirMemo

Bonjour , excellent , bien écrit et bien documenté . Le Group Captain Jackson n'était assurément pas petit , sur les photos il s'arrange pour positionner ses jambes de façon à ne pas trop dépasser mais il domine quand même . Le terme de tenues employé est certes plus adapté que celui d'uniforme , on est loin de la standardisation ! De bonnes idées pour des reconstitutions de tenues A.A. . Cordialement , Pierre .

Bonjour,

Riche sujet que celui des pompiers de l'Armée de l'Air.
Attention cependant à quelques dates :

Cyril a écrit:

LA Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris avait sonné le rappel de ses réservistes dès le début de la guerre.

- C'est seulement à partir du 1er mars 1967 que fut créée la BSPP. il faut parler du régiment.

Cyril a écrit:

les baraques Hadrian

Il s'agit du système "Adrian". Effectivement très combustible.

Merci pour la suite de ce sujet "tentaculaire" !

Gérard

Bonjour

Merci´pour le partage , d un sujet peu commun

Bien cordialement
Luc

Merci pour vos commentaires. Je suis en train d'écrire la suite, mais je fais un brouillon, pas comme je l'ai fait au dessus

A AirMemo, merci beaucoup pour cet insigne de brevet. Je me demande si ce n'est pas la première fois que je le vois en couleur ! c'était quelle époque ?
N'y avait il pas aussi un rectangle noir avec les haches et une flamme rouges?

A P.A.68
La remarque sur le Group Captain Jackson est très intéressante, le fait d'essayer de se tasser montre bien le respect qu'il avait pour ses "poulains"
En fait j'ai toujours entendu parler de tenue à la maison,tenue de travail ,tenue SOC, tenue de combat...  très rarement d'uniforme. C'est vrai qu'après guerre on n'est pas uniforme du tout !!!

A Lescure 40, merci pour les remarques, je corrige... Je vais faire gaffe dans mes écrits à corriger cela.

Petite question aux modérateurs pour les chapitres suivants.
Est ce que je créée de nouveaux sujets, ou est ce que je crée un nouveau post dans celui-ci ouest ce que je complète le texte de ce sujet ?

Amicalement

Cyril

Bonjour Cyril,

Pour les insignes de spécialité et de brevet, la forme de la pièce de tissu peut varier : rectangulaire, triangulaire, losange...
voici quelques exemples avec différentes formes :


ce qui compte c'est le motif qui est brodé dessus;
pour les Pompiers de l'Air ce motif figure deux haches croisées surmontées d'une grenade rouge avec ou sans chevron(s) de Brevet;
je pense, sans preuve formelle, que l'exemplaire que j'ai présenté correspond au modèle adopté vers 1947 / 1948;
je ne connais pas de modèle antérieur pour les Pompiers de l'Air;
le port des insignes de spécialité et de brevets sur la manche gauche a été supprimé en novembre 1960...

Spécialiste non breveté sans chevron :

Spécialiste Breveté Élémentaire, avec un chevron :

Spécialiste Breveté Supérieur, avec deux chevrons :

Spécialiste Breveté Cadre de Maîtrise, avec trois chevrons :

Il ne faut pas confondre les insignes de spécialité et de brevet des pompiers avec ceux des conducteurs de travaux du Génie de l'Air;
pour le Génie de l'Air, il n'y a pas de grenade rouge...

Les insignes de spécialité et de brevet peuvent être portés du grade de 2ième classe au grade d'Adjudant-Chef;

Pour les grades de la troupe, de 2ième classe,1ière classe et caporal, le motif est alors brodé en fil orange,
il est brodé en cannetille or à partir de Caporal-Chef engagé, jusqu'à Adjudant-Chef...

Spécialiste Breveté Supérieur de Conducteur de Travaux du Génie de l'Air, avec deux chevrons :

Je ne suis pas modérateur mais je pense que pour la suite, tu fais comme tu veux, dans un nouveau post
ou à la suite de celui-ci...

Bien Amicalement,
Franck,
AirMemo

Re,

je me rends compte que tu as daté ce post dans le titre ( 1915-1946)
pour la suite, je pense donc qu'un nouveau post sera bien ...

Bien Amicalement,
Franck,
AirMemo

Bonjour.

Pour plus de logique et pour retrouver l'ensemble, il suffit de continuer à la suite. Les titres se modifient.

Cordialement

On continue jusqu'en 1964, c'est peut être plus touffu que la première partie, n'hésitez pas à me faire corriger et expliquer pour plus de clarté

Bonjour,

programme appétissant !!! j'attends avec impatience !!!

Bien Amicalement,
Franck,
AirMemo

Euh, ca y est AirMemo c'est mis en ligne à la suite de la première partie.

Bonjour,

La suite pourrait être déplacée en la copiant dans une réponse ?
Je reviens sur la photo de 1947

Citation :

L'APM et son équipage en 1947, notez les casques "Jeanne d'Arc" (coll Cyril  Defever)

A mon avis les casques sont plutôt des Mle 37 en blanc avec un attribut resté bleu.



Qu'en pensez-vous ?

gérard

Pompiers de l’Air années zéro

En 1946 les Services de Sécurité Incendie sont a remonter, et il faut bien le reconnaitre, peu considérés. Les mieux lotis sont ceux des bases écoles ou du matériel anglais a été livré en même temps que les avions, mais comme on l’a vu a Cazaux, on n’a pas livré le matériel de première jeunesse. Les SSIS partent donc en 45 46 avec du matériel français d’avant guerre, avec  sur certains terrains et établissements seulement des motopompes, des premiers secours américains (Class 135) et des  véhicules anglais livrés pendant la guerre. L’école de Cazaux relevant d’une initiative anglaise est très rapidement remarquée et louée par l’inspection de l’Armée de l’Air.  Le matériel roulant, lui, suit aussi. Dès 1945 une dizaine de Delahaye PS 103/140 sont achetées et livrées à quelques bases, suivis par une grosse commande de 120 autopompes mixtes  (APM) Guinard et Guinard Drouville sur châssis P-45 Citroën permettant grâce à une lance monitor et un générateur de mousse d’assurer les premiers secours d’aérodrome




APM type I Guinard Citroën P45 (coll Cyril Defever)

Des échelles remorquables Gugumus sont aussi fournies. Tout ce matériel souffre tout de même de gros problèmes de fabrication dus aux aciers de mauvaise qualité d’après guerre. Il y a de la casse aussi en utilisation en tout terrain de camions inadaptés. Heureusement l’armée de l’Air a déjà entrepris la réalisation d’ensembles piste sur base GMC adoptant le principe américain conjuguant CO2 et Mousse qui arrivent dans les forces en 1948. Les GMC Mousse Guinard et les GMC CO2 Philips et Pain vont se retrouver avec les APM sur tous les terrains de métropole et de l’empire, de l’Afrique à l’Extrême-Orient.


L'ensemble piste de la BA 109 de Tours Parçay-Meslay en 1953


Mais les véhicules ne font pas tout, la formation et le petit matériel manquent. En 1950, au vu de nombreux problèmes récurrents de sécurité incendie, l’Inspection Générale de l’Armée de l’Air diligente le commandant de l’école des pompiers de Cazaux le CDT Flamant pour un audit des bases aériennes, peu reluisant mais rempli d’espoir. Sur certaines  bases les vieux « juteux-chefs » en fin de carrière sont rétifs au changement  et  restent accrochés à des méthodes archaïques utilisant le matériel en dépit du bon sens, mais dans d’autres les jeunes brevetés emmènent leur SSI avec entrain, formant parfaitement leurs jeunes malgré un énorme manque de matériel…ou de personnel. A Avord par exemple le CDT  Flamand se désole de pompiers  parfaitement formés à l’extinction des feux d’aéronefs, mais incapables de sauver les équipages faute de combinaison d’approche feu amiantées. A l’époque l’ensemble piste se compose d’une douzaine de pompiers et l’effectif d’un SSI est d’une quinzaine de personnes, dont un chef et un sous chef brevetés de sécurité incendie. C’est peu, mais les vols de nuit sont très rares, et en cas de problème, comme avant guerre d’ailleurs, le chef loge avec sa famille sur la base.


L'APM et son équipage en 1947, notez les casques modèle 37 probablement blancs. (coll Cyril  Defever)

Avec l’adhésion de la France à l’OTAN, en 1949, l’armée de l’Air doit un certain niveau opérationnel, sept jours sur sept H24  à l’organisation en contrepartie de la fourniture à titre gracieux de matériels. Les effectifs et les matériels sont doublés,  achetés en France pour la métropole ou fournis par l’Allemagne pour les bases du 1er CATAC  couvrant l’est de la France et la RFA.

L’outremer

La présence française en Indochine, de 1946 à 1956 prélève son tribut en personnels. Chaque terrain possède son Service Incendie, mais les deux GMC et l’APM sont servis par une demi douzaine d’aviateurs, composés d’une moitié de brevetés et de l’autre d’engagés volontaires. Sur certains terrains, les embuscades et les attaques du Vietminh font vivre le personnel  en état de siège permanent. Le moindre parcours hors de la base pour se ravitailler ou partir en permission à la grande ville proche se fait sous convoi armé et on n’est pas sur d’en revenir.   Encore une fois la sécurité incendie n’est pas prioritaire dans la gestion du personnel.

Les terrains d’Afrique noire sont mieux lotis avec sous les ordres des sous officiers des  gardes d’incendie indigènes.  
La guerre d’Algérie démarre à la Toussaint 1954. L’armée de l’Air va pendant deux ans monter en puissance, disséminant ses escadrilles d’Aviation légère d’Appui nouvellement créées pour les besoins du conflit sur des petits terrains d’aviation sur tout le territoire,  et autant de SSI dirigés par des jeunes brevetés. Cette fois-ci, l’apport des appelés et rappelés permet aux services de tourner convenablement. Un centre d’instruction des pompiers est créé à Oran pour former les jeunes affectés pour deux ans dans ces DTO (Détachement de Terrain Opérationnel) dont le personnel au milieu de nulle part mène une vie similaire à celle des fortins aux confins du désert.


Le Service de sécurité incendie d'Oued Zenata typique des DTO d'AFN, une APM, un GMC Mousse et un GMC C02 (ph R Gattelier)


VRE et GMC CO2 Gazétyl sur sur une base d'AFN (coll C Defever)


En métropole

Pendant que l’armée française guerroie avec des moyens datant de la 2e Guerre Mondiale, en France on se modernise. Dès le début des années 50 toute la chasse est à réaction. De nouveaux moyens plus performants sont mis en service afin de tirer au plus vite les pilotes des cockpits. Des Véhicules Rapides d’Extinctions (VRE) à poudre sèche d’origine allemande sur châssis Unimog sont acquis pour les bases du 1er CATAC en 1953-54, pendant qu’en France un nouvel agent extincteur au gaz halon, le Tribromofluor équipe comme VRE les camionnettes tactique Renault puis les Latil M18 équipés par SIDES et enfin dotés d’une radio pour communiquer avec la tour de contrôle. Ces véhicules viennent en complément des ensembles piste sur GMC.


Le VRE 751 SIDES utilisant du Tribromofluor et du CO2 sur Renault R2087 (Coll Guy Simond)


Le VRE Unimog 404, alad TroLF 750 dans la nomenclature allemande, utilisant 750 kg de poudre (Coll Guy Simond)


Avec le Mirage  III, arrive enfin un vrai camion étudié pour les besoins des pompiers de l’Air, le VMA 38 de SIDES sur base Berliet GLC 28, prévu pour travailler par tous les temps. Les  3400 litres d’eau, environ 350 litres d’Emulseur sont protégés par une caisse en panneaux sandwich, deux réchauffeurs, un pour la tonne à eau, un pour la cabine, permettent enfin aux équipages de tenir l’alerte en bout de piste au chaud. Fini l’hôtel des courants d’air des GMC. Les permanences en hiver  par -30° à Luxeuil ou en Allemagne seraient presque supportables. LE VMA 38 reste en service jusqu’au milieu des années 80. C’est un camion robuste et bien pensé qui laisse de beaux souvenirs aux anciens.  


VMA 38 en instruction à Cazaux en 1967 (photo Didier Defever)

La fin des années 50 est marquée par des avions ayant une autonomie très limitée. Les accidents sur piste sont fréquents, et le terrain devient rouge obligeant les avions encore en l’air, courts en pétrole à chercher un terrain de déroutement, ce, souvent dans la des météos affreuses. Il est décidé de développer une politique agressive de dégagement des pistes au plus vite. On commence par repenser l’évacuation du pilote inconscient avec le Véhicule de Secours (VS) Il permet aux sauveteurs en tenue amiantée, protégés par les servants des VRE d’atteindre le pilote, de l’accrocher et de l’évacuer à l’aide d’une potence. Pendant ce temps là, le VMA 38 éteint le feu. Deux autres véhicules spéciaux, la Grue Willème Applevage et la Balayeuse turbo-aspiratrice Rolba complètent le nettoyage rapide de la scène du crash. L’énorme Willème, équipée de berceaux spéciaux soulève l’épave et l’évacue, puis la balayeuse, équipée de deux réacteurs de Fouga Magister et d’immenses bras de balayage nettoie rapidement les débris de l’accident. Une nouvelle révolution attend les pompiers de l’Air, le nucléaire.


Le VS 1500 SIDES a existé sur base Renault comme ici et sur base LATIL M18T2. Les sauveteurs sont éqipé d'une tenue d'approche feu Leconte, le casque des servants possède une visière pare éclats permettant d'utiliser les outils d'effraction du véhicule de secours contenus dans les coffres latéraux. (ph JC Mermet)


La Willème CG8x4 Applevage est un monstre, son bras se déplie et accroche un avion sous un chassis pour l’évacuer de la piste. (DR)


La Willème en action à Mont-de_Marsan, soulevant le Mirage IIIC n°12 accidenté.(Coll Eric Moreau)

Cyril Defever le 20.11.2023

Bonsoir,

je viens de lire cette excellent suite,

on voit bien la longue, lente et difficile évolution dans la dotation en moyens matériels ...
j'aime beaucoup la perche pour extraite le pilote et la grue pour soulever le zinc !

sacré matos et sacré courage ces gars là !!!

Merci de nous partager tout cela !

Bien Amicalement,
Franck,
AirMemo

Merci Lescure 40 pour la précision, j'ai corrigé. Effectivement le "Jeanne d'Arc" est celui d'après guerre avec le cimier. Il se pourrait que les pompiers de l'Air l'aient aussi utilisé.
J'ai aussi coupé mon texte.

Bonsoir,

pour les casques,ce sont, en effet, des 35/37 on voit la jugulaire type motorisé et les rondaches 37 ...

Bien Amicalement,
Franck,
AirMemo

Salut

je viens de voir le post , j'étais dans la verte quand il a été mis en ligne . Bien que hors période dans le thème Pompiers pour moi , c'est très intéressant !

A AirMemo
L'évolution a suivi le matériel aérien. Pour avoir étudié le Mystère IV et le SMB 2 j'ai été abasourdi par le nombre d'accidents sur plateforme. Les trains avants qui s'éffacent et les sorties de piste sur problèmes de freins sont légion. D'ailleurs j'ai oublié une autre composante de sécurité, la barrière d'arret qui est apparue à la fin des années 60, qui a aussi sauvé du monde...en tout cas largement plus que la potence du VS

Bonsoir, très belle rétrospective des Pompiers de l'air , dans notre musée nous avons en pension un ancien véhicule pompiers de l'armée de l'air reconverti à un usage de pompiers civils dans une petite commune  du Cher , je crois qu'il était sur la base d'Avord
on a aussi un ancien ravitailleur carburant de l'Armée de l'air de la base de Romorantin transformé en camion de pompier civil aussi
voici les photos des deux engins
Marper

ouah, il est ou ce musée!!! Ce camion là, c'est mon enfance, j'ai assisté a des feux de nuit dedans quand j'avais 3/5 ans. Je rêve de le redessiner depuis longtemps.

Ah oui, j'ai oublié de préciser que je m'amusais aussi à faire ça :


La citerne Coder m’intéresse aussi dans le temps ou elle était peinte en vert je pense qu'elle avait deux potences porte pistolets d'essence.

L'équipement incendie de ton renault à l'époque ou il était vert : deux bouteilles de TBF et 4 de CO2

Bonjour , ils sont bien au sec dans un hangar que le musée loue ( pas assez de place pour les exposer au musée malheureusement )
ils sont prés de Montoire dans le 41 , il est  tout à fait possible d'aller les voir,  sans soucis !!!!
Eric
une photo d'un  berliet GLC en version armée de l'air