Bonjour à tous,
Petite présentation sans prétention sur une unité peu connue et très rarement représentée.
Si certains ont d'autres informations à partager à ce sujet, n'hésitez pas.
Insigne du PHILCAG-V:
Il est vrai que lorsqu'on parle de la guerre du Vietnam, on ne pense pas forcément aux troupes n'ayant pas eu de vocation combattante et peut être encore moins au contingent philippin.
Mais il ne faut pas oublier que les États-Unis n'ont pas été les seuls à envoyer des troupes pour aider le Sud-Vietnam dans sa lutte contre les communistes et ainsi tenter de limiter l’expansion de ces derniers en Asie.
Certaines nations ont envoyé des combattants, d'autres des troupes non-combattantes à vocation humanitaire.
D'autant plus que lors de l'intervention des USA au Sud-Vietnam en 1965, certaines nations devaient déjà faire face à des troubles internes dû aux communistes. Par exemple la Thaïlande, Malaisie et les Philippines, tout comme Singapour.
Ils vont donc répondre à l'appel de Johnson qui, le 23 avril 1964, annonçait espérer que plus de « drapeaux » iraient au Vietnam pour défendre le « monde libre ».
Autre différence, certains pays tel que l'Australie et la Nouvelle Zélande ont envoyés leurs troupes à leurs propres frais alors que d'autres comme la Corée du Sud ou les Philippines ont reçu une aide financière considérable de la part du gouvernement de Washington.
Parlons un peu de chiffres, avec le nombre de troupes envoyés ainsi que le nombre de soldats décédés durant le conflit.
-États-Unis : 2 709 918 (58 318)
-Corée du Sud : +320 000 (4 407)
-Australie : +61 000 (500)
-Thaïlande : +40 000 (351)
-Nouvelle Zélande : +3 800 (83)
-Philippines : 10 000 (9)
Avant la guerre du Vietnam :Déjà en 1954, avec la partition du Vietnam en deux entités bien distinctes, le président de la Manila Chapter of the Philippines Junior Chamber of Commerce (Jaycees), Oscar Arellano, en appel au président des Philippines pour aller aider dans cette crise humanitaire naissante.
Le président, Ramon Magsaysay, répondra donc que les Philippines ont été aidées par de généreux amis auparavant et qu'il serait donc dans la logique des choses d'aller porter assistance à ses voisins dans le besoin.
Est alors déclenché l'opération BROTHERHOOD. Quelques 235 médecins, dentistes, infirmières et autres travailleurs liés au domaine médical ont été envoyés dans les établissements médicaux sud-vietnamiens et laotiens (quelques uns au Cambodge?). Ils auraient pris soin de quelques 730 000 patients au Vietnam Sud.
En réalité, cette opération à été financée en grande partie par des fonds d'organisations privés et non par le gouvernement.
Infirmière de l'opération Brotherhood vaccinant un patient vetnamien:
PHILCON (Philippine Contingent)Après l’allocution « plus de drapeaux » du président Johnson en 1964, le président Diosdado Macapagal demande des fonds au congrès dans l'optique d'envoyer des troupes de combat et du matériel au Vietnam.
Le président Macapagal se rend à Washington et participe à de nombreuses discussions avec le président Johnson et le secrétaire à la défense MacNamara, il leur explique que l’État philippin est prêt à envoyer de l'aide mais se trouve limité par les troubles communistes interne ainsi que le danger que représente alors l'Indonésie.
Il indique également que l'aide budgétaire américaine devra être augmenté et l'engagement de son armée ne se fera que si d'autres pays asiatiques prennent part au conflit vietnamien.
Le Congrès et le Sénat philippin refusent l'action armée mais acceptent d'envoyer une petite force d'action civique.
34 médecins, psychologues, infirmières et officiers sont donc envoyés.
16 officiers de l'armée sont également arrivé en aout 1964 pour prendre part à « l'effort orienté vers la guerre psychologique et les affaires civiles au sein du IIIe Corps ».
Les officiers sont affectés aux trois pelotons des affaires civiles et aux trois compagnies de guerre psychologique dans les provinces de Binh Duong, Gia Dinh et Long An. La qualité de leur travail est tel que les sud-vietnamiens ont demandé un groupe de 16 officiers supplémentaire.
PHILCAG-VÉtendard de l'unité
En 1966 le gouvernement vietnamien appelle le gouvernement philippin à accentuer l'effort de guerre de leur part et envoyer plus de ressources, notamment des troupes combattantes.
Les représentants philippins ont stipulé que les États-Unis financeraient l’ensemble de l’entreprise philippine, remplaceraient tout l’équipement des forces terrestres déployé sur une base article par article ou sur une base équivalente et accepteraient d’employer les philippins à des opérations d’action civique strictement défensives dans la région de Bien Hoa. Les forces spéciales et le personnel médical pouvaient opérer dans la région de Tay Ninh à condition qu’ils ne se trouvent pas près de la frontière cambodgienne.
En réponse aux vietnamiens et suivant les directives convenues, le gouvernement de Ferdinand Marcos envoi un nouveau détachement, le PHILCAG-V remplace donc le PHILCON.
Ce détachement se compose de :
-Un bataillon de construction du Génie
-Un bataillon de sécurité
-Un élément de logistique avec le quartier général
-Plusieurs équipes médicales et de développement communautaires rural
L'équipement consistait en 17 véhicules blindés de transport de troupes, 6 obusiers de 105mm, 8 mortiers de 4,2 pouces, 2 chars M41 et 630 fusils M16.
Vers 1965, une compagnie d’infanterie normale comptait 172 hommes (QG, peloton d’armes lourdes avec 3 mortiers de 81mm, 2 fusils sans recul de 75mm et 2 lance-roquettes de 3,5 pouces) et trois pelotons de fusiliers (comprenant chacun deux mitrailleuses et un lance-roquettes de 3,5 pouces). Cependant, le bataillon de sécurité envoyé au Vietnam ne comptait que 528 soldats, donc les chiffres ont dû être adaptés.
Les philippins installent leur quartier général à Tay-Ninh (Nord-Ouest de Saïgon) à l'été 1966 et commencent leurs travaux publics, de développement rural ainsi que l'aide alimentaire et médicale.
La devise du détachement philippin reflète sa vocation non-combattante, «construire, pas détruire ; apporter du bonheur, pas du chagrin ; développer la bonne volonté, pas la haine».
En décembre 1966, la task force Bayanihan a subis des tirs de harcèlement et a du déloger de nombreux tireurs embusqués lors du déminage de la forêt de Thanh Dien.
A partir de janvier 1967, le harcèlement devient plus violent et intense. Malgré cela, les constructions sont finies et les familles de réfugiés relogés. Quelques attaques ont tout de même été déplorées.
Malgré cela, les activités continuent et beaucoup d'hectares sont nettoyés, de nombreux bâtiments sont construits, des familles relogées et les soins médicaux et distributions de nourritures ne se comptent plus.
De petites unités parrainaient des hameaux dans la zone d’intérêt philippine et menaient leur propre programme de projets modestes mais permanents. Par conséquent, chacune de ces unités a acquis une connaissance précise et intime d’un hameau et de ses habitants. Les projets réalisés étaient toujours de petite taille, mais ils étaient choisis pour leur impact psychologique. Les demandes de projets émanaient des habitants du hameau. Les soldats et la population travaillaient ensuite ensemble pour mener le projet à bien.
Le PHILCAG-V quittera ses quartiers de Tay-Ninh et rentrera aux Philippines en décembre 1969 après avoir souffert 9 morts et 64 blessés au cours de leurs 40 mois de service.
Les civils vietnamiens ont beaucoup aimé les soldats philippins et leur travail à été reconnu partout où ils sont passés. Les civils leurs ont d'ailleurs donné un surnom, « Philuatan » ce qui signifie « les philippins sont les meilleurs ».
Ian McNeil dira dans « To Long Tan : The Australian Army and the Vietnam war » :
« Les résultats des programmes d'aides humanitaires étaient également visibles d'un point de vue militaire. Les villages bénéficiant d'une action civique ont déclarés que ces activités étaient l'un des principaux facteurs les ayant aidés à décider de retourner au gouvernement. Un villageois a déclaré que les projets en cours d'achèvement avaient été promis par les Viet Cong des années auparavant sans avoir jamais été réalisés. »
L'Armed Forces of the Philippines Museum note:
« Au cours de son existence, le groupe philippin au Vietnam a apporté certaines contributions tangibles qui méritent d’être énumérées. Dans le cadre du programme d’action civique en ingénierie, il a construit 116,4 kilomètres de routes, 11 ponts, 169 bâtiments, 10 tours, 194 ponceaux et 54 centres de réfugiés. Il a également défriché 7'78 hectares de terres forestières ; converti 2 225 hectares en projets communautaires ; et transformé 10 hectares en fermes de démonstration. Dans le cadre du Programme d’améliorations environnementales diverses, elle a réhabilité, réparé ou entrepris des travaux de construction mineurs sur 2 pistes d’atterrissage ; 94 kilomètres de routes ; 47 bâtiments ; 12 avant-postes ; et 245 puits. Il a également formé 32 personnes à l’utilisation et à l’entretien des équipements ; 138 dans le domaine de l’éducation à la santé ; et a donné une formation professionnelle à 217 personnes. Il a réinstallé 1 065 familles, distribué 162 623 livres de boîtes de nourriture et parrainé 14 hameaux. Dans le cadre du Programme d’action médico-civique, le Groupe philippin a contribué à 724 715 missions médicales, 218 609 missions dentaires et 35 844 missions chirurgicales. »
D'un autre coté, on peut également considérer que l'autorisation donné aux américains d'utiliser la base aérienne de Clark (Angeles City) ainsi que la Base navale de Subic Bay sont également une participation supplémentaire à l'effort de guerre.
L'uniforme des soldats philippin se composait de :
-Chapeau de brousse muni de l'insigne frontal des forces armées philippines ainsi que le patch de l'unité sur le coté droit
-Casquette M51 avec insigne frontal des forces armées philippines,
-Casque M1.
Le casque M1 se rencontre dans différente constitutions, nu, avec filet ou bien avec couvre casque.
-Tenue OG107 de fabrication philippine ou us. Probablement quelques vietnamiennes.
-Extrêmement rarement de la jungle jacket (2nd et 3rd pattern).
Les name tapes sont blancs avec écritures noires. Les manches possèdent toujours le patch du PHILCAG à gauche et parfois celui des forces Philippines à droite.
-Le body armor M55 (porté lors de patrouilles ou bien par les troupes de sécurité en service)
-Bottes de marche M49
-Jungle boots M66
Les policiers sont munis du brassard us noir avec écriture MP blanche, l'insigne du PHILCAG-V est ajouté au-dessus. Ils possèdent également le sifflet us.
L'équipement est assez éclectique, du seconde guerre mondiale, du M56
Les médecins sont souvent équipés d'un holster de poitrine type tankiste
Quelques illustrations :
Deux photographies montrant la tenue OG-107 ainsi que la jungle jacket (Source AFP Museum)
Ici, on peut identifier le port de la casquette HBT ainsi que la casquette M51 (Source AFP Museum)
Photo d'un groupe de sécurité, notez les casques M1 différents, portés nus, avec filet ou bien cover camouflé. Le body armor (M55) est porté pour la patrouille. (Source AFP Museum)
En espérant vous avoir intéressé.
Amicalement
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