Éclat d'obus de la Semaine sanglante (1871)

Bonjour à tous, je vous présente aujourd'hui un éclat d'obus tiré par les troupes versaillaises sur les insurgés de la Commune de Paris à la toute fin de la Semaine sanglante (21-28 mai 1871). Il s'agit d'un obus explosif à tenons (vraisemblablement de 4). L'intérêt principal de cette pièce réside dans l'étiquette descriptive et dans la gravure à l'acide qui indiquent la date et le lieu du bombardement.

En l'occurrence, l'obus a été gravé le 30 mai 1871, probablement à la demande d'un habitant de la maison touchée (sise 106 rue du Faubourg du Temple). Ce dernier, qui s'était sans doute réfugié en dehors de Paris pendant les événements et venait alors de rentrer, ne devait avoir qu'une idée assez vague du déroulement des opérations, d'où la datation relativement imprécise qui figure sur l'étiquette ( obus tombé sur la maison entre le 27 et le 30 mai).

À la lumière de ce qu'on sait aujourd'hui, il est possible d'exclure le 29 et le 30 mai (puisque les bombardements avaient cessé au soir du 28). On sait aussi que le quartier correspondant au 106 rue du Faubourg du Temple se situait presque pile poil sur la "ligne de front" au soir du 27 mai (cf cartes ci-après). Il est donc très peu probable que l'obus ait été tiré après cette date, alors que les troupes versaillaises progressaient dans la zone concernée. L'obus a donc très probablement été tiré dans la journée du 27, soit la veille des fameuses exécutions sommaires de fédérés au Père-Lachaise qui signent l'acte de décès de la Commune.

Bonjour 
Encore un beau souvenir....bien documenté.
Cordialement

Je rejoins Medaille71, j'apprécie beaucoup ces souvenirs historiques

Cordialement

Bonjour,

Un beau témoignage, merci pour sa présentation

Cordialement

Bonsoir,

Superbe ! Et rare sur le marché il me semble. Il y a 10-15 ans on voyait pas mal de souvenirs de ce genre au musée d'histoire de Saint-Denis, qui a un important fonds sur le siège et la Commune. Je ne sais pas si c'est encore visible. Morceaux de pain, tableau composé avec les ossements des chats-chiens-rats mangés, éclats d'obus, boutons d'uniformes variés ramassés sur les pavés...

Bonjour,

Merci pour cette présentation, une petite pièce mais chargée d’histoire.

La commune est peu connue pour beaucoup.

Cdt

Bonsoir, merci à tous pour vos retours ! Effectivement,  le fonds du musée d’art et d’histoire Paul Éluard de Saint-Denis est une référence en matière de souvenirs de la Commune de Paris. Une des pièces les plus emblématiques de leur collection est la vitrine de l’Année terrible de Nicolas Kohl qui « expose méthodiquement des objets et des restes de ce qui constituait le quotidien des Parisiens assiégés pendant de cruels mois d'hiver, ainsi que pendant les 72 jours insurrectionnels de la Commune » et dont je joins une photo.

Il existe de nombreuses reliques plus modestes qui se font en effet rares sur le marché du fait du désintérêt croissant du public pour une période sur laquelle l’historiographie officielle a toujours eu tendance à vouloir jeter un voile pudique.

Dès les premières années de la Troisième République, à l’heure où la priorité du pouvoir était d'exalter l’unité de la communauté nationale en prévision du match retour contre l’ennemi prussien, la division profonde de la société française que révélait l’insurrection ne pouvait que déranger, d’autant que le dénouement atroce des événements était loin de montrer ledit pouvoir sous son meilleur profil.

Aujourd’hui encore, la charge politique éminemment explosive de cet épisode de guerre civile le rend difficile à intégrer au roman national, d’où sa marginalisation dans les programmes scolaires et, subséquemment, une méconnaissance générale de l’un des moments les plus marquants de l’histoire contemporaine de la France…

Bonjour à tous,
super,merci du partage,une sacrée partie de notre histoire!
Laurent

Bonsoir Cusam 18,

Je vous rejoins, cet épisode est survolé dans les livres d’histoire et j’en ai fait moi même l’expérience.

C’est que tardivement que j’ai approfondi cette période après avoir vu une pièce de théâtre sur Louise Michel.

Mais c’est compréhensible, au vu du message porté…

Bien cordialement

Bonjour,

je ne crois pas que la Commune soit un sujet oublié; comme toute période et sujet, il suffit de s'y intéresser.
De plus, elle est au programme des classes de Première Générale au lycée, dans le tronc commun, thème 3 chapitre 1, avec un point de passage spécifique concernant Louise Michel.

Cordialement

Bonjour,

C'est une bonne chose car à mon époque (années 80) c'était survolé mais c'est peut-être moi qui ne me suis pas intéressé.

Cdt

Bonjour,

Il y a peut-être aussi une dimension locale car je peux vous dire qu'à Paris et banlieue, la Commune, on s'en mange x fois par an tous les ans sous forme de commémorations, expositions... Pas dans les programmes scolaires certes.
Le cercle local d'histoire du XIVe arrondissement, par exemple (j'ai oublié son nom précis), est même en-dehors du travail d'historien tant ses membres sont ouvertement nostalgiques des communards et ne ratent pas une occasion d'en mettre une couche. Je suppose que c'est différent en effet en Bourgogne par exemple.

Bonjour,

C'est vrai que quel que soit le sujet que l'on considère, il suffit de s'y intéresser pour en parler (la preuve). Il me semble tout de même qu'en France,  les événements de la Commune ont été longtemps négligés par les historiens bon teint, en grande partie parce qu'ils se sont immédiatement intégrés à la légende dorée de l'épopée révolutionnaire (dès juin 1871, Marx publie son Adresse du conseil général de l'Association des travailleurs sur la guerre civile en France) et qu'à une époque où dominait  la hantise du communisme, il pouvait sembler peu judicieux de braquer les projecteurs sur le mouvement ouvrier.

De fait la Commune de Paris, en tant qu'embryon de révolution socialiste a fait l'objet d'une exploitation intense  de la part des théoriciens de gauche, et de nos jours, les associations qui en font vivre la mémoire sont encore fortement marquées politiquement. Si on se met quand même à en parler du bout des lèvres dans les lycées, c'est aussi peut-être que depuis la chute de l'URSS la "menace communiste" n'est plus qu'un lointain souvenir et que la Commune de Paris est devenu un sujet bien inoffensif.

N'empêche que le mal est fait, et pour longtemps. Il n'y a qu'à voir la pénurie flagrante de livres ou de films grand public qui abordent cette question (entre autres d'ailleurs) comparativement à ceux qui ont pour toile de fond la Révolution française, l'ère napoléonienne, les deux Guerres mondiales  ou les règnes de Louis XIV et de Louis XV... Qu'on le veuille ou non, c'est généralement à travers les médias de masse que les faits historiques se diffusent. Et même s'ils sont bien souvent déformés et bidouillés à qui mieux mieux (voir le dernier film de Ridley Scott sur Napoléon), il n'en demeure pas moins que c'est un excellent moyen de les porter à à la connaissance du public.  À charge pour ce public de s'informer plus sérieusement ensuite – mais comment s'intéresser à un sujet quand on n'en soupçonne pas même l'existence ?

Bonjour,

Je suis entièrement d'accord avec vous.

Cdt