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| The Fatherless Chlidren of France - parrainer les orphelins français aux USA | |
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poddichini Membre d'honneur
Nombre de messages : 84270 Localisation : Cismonte Thème de collection : Coloniale et colonisation - uniformes, coiffures, archives Date d'inscription : 06/08/2014
| Sujet: The Fatherless Chlidren of France - parrainer les orphelins français aux USA Lun 11 Nov 2024 - 8:08 | |
| Bonjour à toutes et tous, en ce jour de commémoration du 106ème anniversaire de l'armistice de 1918, n'oublions pas les millions d'orphelins, d'enfants, d'adolescents ayant perdu un parent pendant la Première Guerre mondiale. C'est à travers une organisation franco-américaine que je souhaitais aujourd'hui mettre en avant ces orphelins, et l'amitié qui unit les deux pays au cours de la guerre et bien après. J'avais reçu en don, et je remercie encore le généreux donateur, il y a quelques années, un cahier contenant de nombreuses fiches individuelles, fiches d’orphelins de guerre, avec leur correspondant aux États-Unis. En en-tête, le nom de cette organisation : The Fatherless Chlidren of France Society, ou Fraternité Franco-américaine - Office de répartition des dons américains aux orphelins de guerre. Cette organisation fut fondée très rapidement au début de la Première Guerre mondiale, par un industriel français : Émile Deutsch de la Meurthe : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9038867j.r Son objectif : venir en aide à ces jeunes Français de moins de 16 ans ayant perdu un papa pendant le conflit, le parrainer, l'adopter, selon les mots de l'organisation. Une première adresse est connue à Paris : le 10 de la rue de Grenelle, pour abriter les locaux de l'organisation, organisation soutenue par le recteur de l'académie de Paris, mais aussi des hommes politiques, comme Paul Painlevé ou Léon Bourgeois. Très vite, cette organisation se développe outre-Atlantique, touche les habitants par le sens donné à cette mission. Un siège étasunien est ouvert à New York. On compte pas moins de 40 comités locaux au cours de l'année 1916, 140 en mars 1918. Le nombre d'orphelins adoptés est important, près de 60000 à cette dernière date. Cette action prend la forme d'un soutien financier et moral à ces enfants. Ce soutien, ce lien avec les familles adoptantes se poursuit d'ailleurs bien après guerre. Des témoignages évoquent des liens de part et d'autre de l'Atlantique jusqu'au début des années 1950 parfois. L'ambition est de toucher toutes les couches de la société étasunienne, pas simplement les couches aisées : on se rend compte qu'urbains et ruraux, classes aisées et plus populaires, participent à cet élan de solidarité. Les comités se trouvent aux quatre coins du pays, de l'Alaska aux côtés atlantiques, du Mississippi à l'Idaho. Ces adoptions ne sont d'ailleurs pas forcément individuelles. Dans son article "Adoptez un petit français" (source ci-dessous), Emmanuel Destenay, chercheur à l'université de la Sorbonne et membre de la Royal Historical Society, explique que des groupes entiers de femmes ont adopté un enfant, comme la vingtaine de membres de l' Oxford Book Club ayant adopté Henri Laborde, jeune orphelin de 4 ans. Parfois, ce sont les habitants d'un immeuble qui se cotise pour secourir un enfant. Des écoles américaines adoptent des enfants français. Des villes se cotisent aussi pour que le souvenir de leurs soldats disparus vive à travers l'adoption d'enfants français : Emmanuel Destenay fait notamment référence à la commune de Clarinda, dans l'Iowa, qui adopte 21 enfants français, en mémoire des 21 garçons de la communauté morts en Europe au combat. La presse se fait l'écho de ces adoptions, publiant régulièrement les noms des parrains et marraines dans les tirages locaux, comme à Hawaï. Le coût de cette adoption était de 36,50 $ par an; cela correspond à 15 francs par mois envoyé à l'orphelin en France. Pas toujours facile pour les familles de réunir cette somme, mais l'élan de solidarité dépasse le strict cadre financier. Alors, on imagina la collecte d'objets usagers, de matières premières, comme le caoutchouc, le cuivre, le fer, pour, par leur vente, réunir la somme à atteindre. Ce système fonctionna aussi car il a créé une amitié, un lien fraternel entre les deux pays : un enfant étasunien a désormais un "frère" en France, avec qui il communique régulièrement. Comment le système fonctionne-t-il en France ? Je me base ici sur les documents à disposition et les courriers envoyés par la directrice d'une antenne locale, en Corrèze, dans lesquels nous comprenons toute la nécessité de faire le lien régulier avec les parrains et marraines. Le corpus se compose de 58 feuillets individuels, soit de nouvelles inscriptions, soit de renouvellement. La majorité sont datées de 1919. La grande majorité des enfants vivent alors à Meymac ou près de Meymac. Nous retrouvons donc, à l'exemple de la fiche plus bas, le nom de l'enfant, ici Marie Bounegome, et son parrain ou sa marraine étasunien, ici M. C.S. Gansle, de Saint-Thomas dans le Dakota du Nord. Il est intéressant de noter que ce parrainage pourrait cesser en cas de remariage de la mère de l'enfant, ou en cas de force majeure (sans donner davantage de précision). Les courriers envoyés par la délégué locale de Meymac et ses environs, Mme Terrail, sont particulièrement intéressants, dans le sens où l'on ressent tout son dévouement pour ces adoptions, écrivant aux institutions, à la paroisse, pour faire connaître les besoins des adoptés. Chose importante : elle insiste beaucoup sur la nécessité de visiter les enfants adoptés, et de leur demander d'écrire régulièrement aux parrains et marraines, afin que de les remercier pour leur don. Extrait est donné ici d'une lettre rédigée à Ussel le 26 mars 1919 : " Organisez le plus que vous pourrez de visites aux enfants assistés par "The Fatherless Children of France". Rien ne serait meilleur pour notre propagande aux États-Unis qu'une liste mensuelle de tous les enfants visités par nos déléguées ou visiteurs, avec toutes les observations sur chaque cas : santé, éducation, milieu moral et matériel, bon emploi des fonds, et surtout correspondance avec le parrain d'Amérique". Il semble aussi que des manifestations furent organisées les 4 juillet pour le rappel de l'indépendance des États-Unis, manifestations dans lesquelles les enfants adoptés sont présents, drapeaux à la main. Les autres jours importants du calendrier outre-Atlantique faisaient l'objet de manifestations, comme le Memorial Day chaque fin du mois de mai. Là aussi nous disposons d'un courrier du comité national envoyé à Mme Terrail à ce sujet : "Paris, le 7 juin 1920, Madame, Nos amis américains ont été extrêmement touchés des manifestations de sympathie qui leur ont été données en France à l'occasion du "Memorial Day". Mais, du fait que les tombes américaines sont réunies dans un petit nombre seulement de cimetières, il n'a pas été possible à l'immense majorité des enfants secourus par les "Fatherless Children of France" de profiter de cette circonstance pour témoigner à leurs bienfaiteurs leur reconnaissance. Une nouvelle occasion s'offre à tous et nous comptons sur le dévouement de nos déléguées et nos visiteuses pour qu'il n'y ait pas en Amérique un seul de nos bienfaiteurs qui ne reçoive pas de son petit filleul français un mot d'amitié et de gratitude au jour de la fête nationale des États-Unis : "Independance Day", le 4 juillet". Dans plusieurs autres courriers, Mme Terrail envoie un mot aux visiteuses, en avance, pour que les enfants rédigent des lettres et qu'elles puissent parvenir aux familles début juillet. On apprend aussi, à la faveur d'un courrier en date du 11 janvier 1919, que le nombre d'orphelins concernés en Corrèze dépasse les 1000 individus (1079 exactement). Le comité national aide aussi les enfants, à la faveur de bourses données pour les études, après les dons généreux des bienfaiteurs étasuniens. Un long travail m'attend désormais pour collecter, document après document, de nouvelles informations, à la fois sur les parrains et marraines, mais aussi sur les enfants adoptés. J'ai déjà pu collecter de nombreux éléments sur chacun, en espérant pouvoir remonter aux descendants actuels. Il est aussi évident qu'une cession libre de ces documents est envisageable à une institution liée à ce type d’œuvre ayant existé. Pour terminer, deux documents, le premier ci-dessous concernant des affiches et photos des manifestations organisées à la faveur du 4 juillet; et un recueil de lettres envoyées par les enfants à leurs familles étasuniennes. https://ubaye-en-cartes.e-monsite.com/pages/le-temps-des-guerres/les-orphelins-de-france.html https://archive.org/details/letterswrittenb00unkngoog/page/n4/mode/2up?view=theater Sources : DESTENAY Emmanuel : "Adoptez un petit Français", in L'Histoire, n° 525, novembre 2024, pp. 66-69 The Fatherless Children of France : Letters written by The Fatherless Children of France to their American Godparents; Allied Bazaar Commitee, Chicago; 1917. Cordialement. |
| | | Guillaume2 Général de Division
Nombre de messages : 1464 Localisation : Île-de-France Thème de collection : objets anciens, et objets de sciences naturelles Date d'inscription : 07/07/2016
| Sujet: Re: The Fatherless Chlidren of France - parrainer les orphelins français aux USA Lun 11 Nov 2024 - 9:32 | |
| Bonjour,
Emile Deutsch de la Meurthe est décidément un très très grand homme. C'est lui qui a aussi fait construire en 1925 le premier pavillon de la Cité universitaire de Paris, qui lui a coûté 10 millions de francs-or. C'est encore aujourd'hui, d'une part une aide irremplaçable aux meilleurs étudiants non parisiens (provinciaux ou étrangers) et aux enseignants étrangers invités à enseigner à Paris, d'autre part un endroit magnifique de promenade et de tournage de films https://fr.wikipedia.org/wiki/Fondation_Deutsch_de_la_Meurthe Pendant les JO, par exemple, on y a aussi logé une partie des forces de l'ordre supplémentaires. |
| | | poddichini Membre d'honneur
Nombre de messages : 84270 Localisation : Cismonte Thème de collection : Coloniale et colonisation - uniformes, coiffures, archives Date d'inscription : 06/08/2014
| Sujet: Re: The Fatherless Chlidren of France - parrainer les orphelins français aux USA Lun 11 Nov 2024 - 10:32 | |
| Bonjour,
Merci pour votre message.
Cordialement |
| | | poddichini Membre d'honneur
Nombre de messages : 84270 Localisation : Cismonte Thème de collection : Coloniale et colonisation - uniformes, coiffures, archives Date d'inscription : 06/08/2014
| Sujet: Re: The Fatherless Chlidren of France - parrainer les orphelins français aux USA Hier à 19:03 | |
| Bonjour,
une des premières évocations de The Fatherless children of France dans le journal étasunien The New York Herald de juillet 1914, avant donc le début donc du conflit militaire :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t55643g/f3
Cordialement |
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| Sujet: Re: The Fatherless Chlidren of France - parrainer les orphelins français aux USA | |
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| | | | The Fatherless Chlidren of France - parrainer les orphelins français aux USA | |
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