L’apparition massive des chars T34 sur le front de l’Est incita le Heereswaffenamt à travailler sur l’élaboration d’une arme antichar efficace, moins dangereuse que les charges magnétiques, simple d’utilisation et facile à produire … tout un programme !
Au printemps 1942, différentes firmes furent contactées pour relever le défi dont la firme HASAG à Leipzig.
Le responsable Recherche-Développement de cette firme, le Dr LANGWEILER; le bien nommé ... (Langweiler signifiant "calibre" en allemand !)
proposa une arme qui sortait du lot :
Le FAUSTPRATRONE. (cartouche blindée)
Mais cette arme avait plusieurs défauts : Un vol instable et une charge exigeante, ne se déclenchant que si elle percutait la cible exactement dans l’angle qu’il fallait …
En novembre 1942 les défauts furent corrigés : Un tube plus long (la 1ere mouture mesurait 35 cm en tout !!!) , des ailerons en métal fin stabilisant le vol ainsi qu’un système d’allumage ne demandant pas mieux que d’exploser sous n’importe quel angle d’impacte !
Le FAUSTPATRONE définitif était né !
Parallèlement à ce modèle, un deuxième engin vit le jour , inspiré de la charge creuse magnétique de 3 KG.
Comme sur la première version la portée pratique était de 30 mètres mais transperçant 20 cm de blindage au lieu de 14 !
En mars 1943 des tests furent pratiqués pour comparer ces 2 armes à une nouveauté d’outre-Atlantique : le Bazooka (récupéré certainement en Afrique)
Finalement il en ressortit que le Waffenamt devait poursuivre la piste des Faustpatronen tout en développant une arme inspiré du Bazooka : le fameux Panzerschreck !
En août 43 les premières séries furent délivrées : 500 Faustpatronen (FP) de 1er type et 6800 du second.
Afin de faire la différence entre les 2 FP , le 1er type fut alors baptisé : Faustpatrone 1 et le 2eme type : Faustpatrone 2 ( mais où vont-ils chercher tout ça ces allemands ?)
En octobre 1943 le Waffenamt augmenta ses commandes à 100 000 FP1 et 200 000 FP 2 par mois ! (ces cadences furent bien atteintes … mais qu’à la fin de l’année suivante !)
Les FP étaient des armes faciles à utiliser mais il fallait faire attention au jet de flamme à l’arrière du tube d’où les inscriptions très célébres sur les tubes :
Les livrets d’instruction précisant même que le jet était dangereux jusqu’à 10 m pour une personne se trouvant derrière le FP et qu’il ne fallait pas d’obstacle à moins de 2m pour la sécurité du tireur lui-même …
A noter un problème récurant sur la plus part des versions : Les FP n’étaient pas prêts à l’emploi au sortir de la caisse : il fallait dévisser la tête pour placer le détonateur et la charge… (Sur les modèles ultérieurs la tête sera simplement « clipsée » sur le corps du projectile)
Une fois l’arme chargée, il fallait appuyer sur un bouton pour percuter une amorce allumant la charge de propulsion. Cette charge ainsi que l’amorce étaient installées en usine d’où le message de prévention écrit sur le tube des FP :
« le tube est tjrs chargé de poudre même lorsque la tête est enlevée et que le support d'ailettes est retiré » enfin d’éviter des accidents regrettables…
On notera enfin une sécurité supplémentaire : Le relevage du système de visée était nécessaire pour pouvoir armer le percuteur : visée baissée il était impossible de comprimer le ressort de mise à feu …
Pour en finir avec les Faustpatronen on notera que tout au long de la guerre l’appellation Faustpatrone continuera à être employer même si fin 1943 une nouvelle appellation apparaitra :
Le
PANZERFAUST ! (poing blindé)
Le FP 1 prenant la dénomination de
Panzerfaust klein (petit poing blindé) et le FP2 prenant celle de
Panzerfaust gross (grand poing blindé) le projectile étant plus large sur le FP2 …
En 1944 le PzF gross prit l’avantage sur le klein (du fait de l’accroissement des blindages) et prit le nom de
Panzerfaust 30 (en raison de sa portée de 30m)
30m… c’est bien … mais c’est quand même une distance faible quand on doit affronter des monstres d’acier de plusieurs dizaines de tonnes !
Une version plus performante fut alors créée :
Le
PANZERFAUST 60
C’est un
Panzerfaust d’une portée pratique de … 60 m …mais avec un système de visée gradué jusqu’à 80m.
Version plus puissante donc mais aussi plus simple à préparer et à utiliser : le système de mise à feu par bouton étant remplacé par un levier facile à actionner même avec des moufles …
60m… et pourquoi pas 100 ???
Tout simplement parce que le tube d’un PzF60 ne supportait pas une charge plus importante de poudre de propulsion …
Mais que faire alors ?
Une fois de plus les petits gars de chez HASAG trouvèrent la solution : au lieu de blinder le tube ( et donc l’alourdir et utiliser plus d’acier devenu rare…) pour y mettre une seule grosse charge , ils remplacèrent la charge de 140 gr par 2 charges de 95 gr espacées l’une de l’autre et explosant successivement !
La vélocité du projectile s’en trouva donc accrue ainsi que la portée, permettant de taquiner le T34 à 100m voir 150m si on en croit le système de visée …
Le
PANZERFAUST 100 rentra en production en novembre 1944.
A noter : Beaucoup de PzF100 ne fonctionnèrent pas en frappant le blindage ennemi …
La raison est intéressante : Les autorités voulaient une arme « prête à l’emploi » contrairement aux modèles précédents… ils le voulaient tellement qu’ils l’annoncèrent dans certaines publications comme acquis !!! Or le PzF100 n’est pas plus « prêt à l’emploi » que les autres versions !!! Un certain nombre de soldats tirèrent donc sur les tanks ennemis sans détonateurs … il y eut même un certain nombre de plaintes comme quoi le PzF100 n’était pas fiable du tout !!!
Nous venons de voir donc le
Panzerfaust klein , le gross , le 60 et le 100 … or si le klein et le gross ont des formes caractéristiques comment peut-on faire la différence entre un 60 et un 100 me direz vous ???
Plusieurs solutions :
Comme sur le Port Salut : c’est écrit dessus (sur l’étiquette présente sur la tête du projectile)
Oui mais si l’étiquette est illisible ?
Eh bien comme dit précédemment : la tête sur le modèle 60 et 100 est clipsée et non pas vissée sur la base de la roquette … clipsée au moyen d’une lame métallique qui est fixée de façon perpendiculaire au tube sur les modèles 60 et parallèles au tube sur les modèles 100 …
Oui mais si on ne voit que le dessous du tube ????
Eh bien on regarde la visse qui sert à maintenir la (ou les) charge(s) de poudre dans le tube : la tête de la visse est visible en dessous du tube : elle est au milieu de la longueur pour le modèle 60 et à la fin du 1er tiers en partant de la fin du tube pour le modèle 100 …
Et sinon …. Pourquoi ne pas allumer les chars à 150 m de distance ???
A la fin de l’automne 1944, le manque de matière première amène les autorités à vouloir une arme d’une portée toujours plus grande perçant des blindages toujours plus épais MAIS utilisant moins de poudre que le modèle 100 et moins de métal que le Panzerschreck… Pour pimenter l’affaire il fallait aussi que l’arme soit réellement prête à l’emploi au sortir de sa caisse et… que le tube soit réutilisable !!! (Afin d’inciter les soldats à rapporter les tubes vides, une prime de 3 cigarettes par tube sera instaurée !)
Mais même si au printemps 45 une commande de 100 000 pièces fut passée, seuls quelques exemplaires furent produits… (La plus part seront d’ailleurs détruits avant usage pour ne pas tomber entre de mauvaises mains !!!)
Concernant l’apparence du
Panzerfaust 150, une polémique demeure : Certains parlent d’une poignée pistolet sur le tube (comme les RPG7 par exemple…) d’autres affirme que cette poignée était sur le prototype du
Panzerfaust 250, le PzF 150 fonctionnant avec un tube de PzF100…
Ce qui est certain c’est que la tête prit un profil beaucoup plus aérodynamique que tous les autres modèles : un cylindre finissant en cône strié. Certaines versions ayant un manchon de fragmentation sur le cylindre :
pour traiter à la fois le problème des équipages de char mais aussi des troupes embarquées SUR le char ….
Et les chiffres dans tout cela ?
Il semble que tous modèles confondus la production fut la suivante :
1943 : 335 300 pièces
1944 : 5 500 000 pièces
Début 1945 : 2 056 000 pièces
La plus part de ces pièces ayant été fabriquées par la firme HASAG elle-même.
Le
Panzerfaust sera utilisé sur tous les fronts de la 2eme partie de la guerre, avec des idées parfois surprenantes : comme roquettes anti-char sur avions légers ou comme roquettes anti-bombardiers sur avions à réaction (fixés sur le dos de l’avion qui devait passer très vite sous le bombardier ennemi, la mise à feu étant faite par cellule photo-électrique !!!!) ou meme avec systeme de visée décalée !
d'autres versions du
Panzerfaust furent tentées :
Un prototype qui n'a rien donné de concluant en raison du caractere du véhicule :
Le Splinterfaust : Un tube de PzFaust 60 ou 100 tirant une charge à fragmentation uniquement anti-personnel
Le Gasfaust : Meme principe que precedement mais tirant une charge de gaz de combat ( ce modele restera à l'état de projet !)
Il existe également des
Panzerfaust d'exercice :
Avec tete en bois :
Ou avec un compartiment devant la tête ( plâtre ? petite charge d'explosif ?)
Pour mémoire je site également ici le Fliegerfaust : arme individuelle multi-lanceurs anti-aérienne :
mais on commence à s'éloigner vraiment du systeme de base !!!
Une chose est certaine : quelque soit la cible visée, et quelque soit le modele de
Panzerfaust il fallait du courage ...
Le taux de succès du
Panzerfaust reste inconnu (très faible entre les mains des enfants et des vieillards du Volkssturm) mais certainement très élevé dans les mains de casseurs de chars expérimentés …
Quoiqu’il en soit les allemands mirent là au point une arme qui inspirera beaucoup des armes antichars de l’après-guerre …
et pour finir une petite serie de Panzerfaüste ...avec support !
et avec support vivant...