Bonjour,
les indiens (des Indes) refont des fusils mle
1717 pour la reconstitution.
Selon les importateurs et les époques, le fusil indien est plus ou moins bien réalisé.
Notes sur le
1717, premier fusil règlementaire français:
Le seul exemplaire existant encore qui soit parfait, est celui de la Tour de Londres. C'est le seul qui mérite d'être pris comme modèle.
Celui du Musée de l'Armée n'est qu'une copie mal faite datant de la Restauration.
Celui de Potsdam était parfait, mais a été détruit lors de la 2°GM. Il en reste seulement des photographies.
Il en existe encore peut-être 3 ou 4 autres en collections particulières et un à 5 km de chez moi, au musée d'armes du Château de Joux.
Presque tous ont été reconstitués à partir de fusils modifiés chasse.
Voici par exemple ce qu'on trouve en France chez Armaé http://www.armae.com/contemporain/14xixxxsieclecadre.htm :
A part le canon et la platine, rien ou presque n'est bon!
De gauche à droite, repères rouges:
- la crosse est de forme trop accentuée "pied de vache". C'est bon à la rigueur pour un 1728, plutôt pour un 1754, mais surtout pas pour le
1717.
- le bois sous le début du canon est beaucoup trop épais, tout comme le restant du fût. Le
1717 était particulièrement fin et esthétique, là ce n'est plus du tout le cas.
- Il y a un 3° passant de baguette, ce qui lui fait 5 points de maintien alors que 4 seulement existaient: 2 passants, la bague de grenadière et l'entrée du trou dans le fût.
- la bague de grenadière est vissée dans le bois, se trouve bien trop en avant et est trop épaisse.
- l'extrémité du fût est trop épaisse, sans bague de renfort.
- la baguette est en fer, comme ça se fait depuis seulement 1741, elle devrait être en bois.
- top du top: la baïonnette est une 1777 montée à l'envers (à gauche!).
Je déconseille donc fortement son achat, absolument tout est à refaire, même la crosse!
Maintenant en voilà un (même origine indienne), mais bien mieux http://www.militaryheritage.com/musket8.htm :
Les défauts sont en gros les mêmes, gros avantage, la crosse a le bon profil, il suffira seulement de l'amincir.
A noter que ces fusils sortent du même endroit de fabrication, les marquages du canon en témoignent.
Je suis donc parti du second modèle, qui m'a été vendu par un ami après qu'il l'ait fait passer au banc d'épreuve allemand.
En effet, aucun de ces fusils n'est prêt à tirer (lumière non percée) ni évidemment éprouvé. Bien que les aciers soient d'excellente qualité.
C'est une question de douanes.
Voici les opérations à faire pour mettre ce fusil en état présentable en reconstitution.
D'abord le démonter complètement.
Attaquer au rabot le dessous du fût de manière à mieux dégager la baguette, ôter au moins 1,5 à 2 mm:
Faire de même sous le garde main, ôter un minimum de 5 à 6 mm en avant, 3 à 4 mm en arrière:
Une fois raboté on voit ce qui a été enlevé:
Faire de même au dessus, côté canon. Enlever au moins 4 mm en arrière côté platine (la platine doit affleurer) et 2 à 3 mm sur toute la longueur du fût:
Amincir les côtés, toujours au rabot et au ciseau plat:
Terminer à la plane et à la toile émeri.
Repercer les deux bagues de baguette ainsi que l'entrée du trou de baguette.
Les trous d'origine sont de 7,5 mm environ, repercer à 10,5 mm:
Ajuster l'encastrement de l'entrée du trou de baguette après avoir remis en forme la pièce métallique:
En rouge le nouveau profil à obtenir:
Voilà qui est fait:
Amincir la bague de grenadière de 2,5 mm à 1,5 mm en gros. C'est fait à la meule, à la lime, peu importe:
Parfois il faut également diminuer la longueur des deux demi-oreillons qui sont trop longs (en rouge).
C'est fait:
Supprimer également le vilain bossage qui est parfois en dessous:
Il ne reste qu'à fignoler au papier de verre:
puis à la polisseuse (1° disque seulement):
Faire le "collet entre deux bois" en tôle fine et le mettre en place:
Un tournevis repoussoir de bagues est bien pratique:
Atténuer au papier de verre les formes des bagues de baguette, à gauche c'est fait, à droite pas encore:
Reboucher au TIG le trou de la vis dans la bague de grenadière, puis meuler et fignoler le tout:
Le trou de cette vis dans le bois sera bouché par enfoncement d'une cheville de bois qui sera ensuite arasée.
Cette bague de grenadière que nous avons remodelée se fixera par simple emboîtement à frottement dur entre l'entrée de trou de baguette et la 1° bague de baguette pour faire un alignement régulièrement espacé de supports.
Passer à la confection de la baguette.
Pour ça il faut un bois flexible, à l'époque c'était du chêne vert ou un autre bois de mêmes caractéristiques.
J'ai donc pris un rond de bois blanc exotique africain qui est bien flexible.
Un rond de 14 mm conviendra.
Le tailler à la bonne longueur (à reprendre sur la baguette fer), puis l'affiner dur une ponceuse à bandes:
La partie fine (encastrée dans le fût), ne fait pas plus de 7 mm de diamètre, ça va en s'agrandissant à la sortie du fût pour atteindre 10 mm, puis 13 mm environ à l'extrémité.
Il n'y a aucun texte d'époque qui décrive cette baguette, contrairement au fusil lui-même qui est entièrement coté.
Il faut terminer le travail à la toile émeri pour avoir une baguette bien ronde et lisse.
La baguette se termine par une rondelle convexe, mise en forme à l'aide d'une bouterolle:
Un avant trou est percé dans la baguette pour recevoir la pointe, puis le tout est collé à l'Araldite:
Ensuite il faut araser la rondelle à la lime ainsi que le clou.
Notes sur la baguette, selon les époques elle prend différentes formes et différentes matières:
De
1717 à 1728 elle est en bois souple et se termine par une rondelle convexe fixée par une pointe.
De 1728 à 1741 elle est toujours en bois souple, mais se termine par une bague conique en fer, fixée par un coin de bois dans l'extrémité fendue de cette baguette.
A partir de 1741 toutes les baguettes seront en fer.
Le bois est remis en couleur, j'ai pris la teinte chataigner qui va très bien, puis ciré:
La baguette est colorée en chêne clair puis cirée également.
Elle doit parfaitement entrer sans coincer sinon à la moindre humidité elle sera impossible à ressortir!
La bride de batterie doit être amincie, et éventuellement remontée à l'endroit comme ça:
Modification des deux vis de platine.
Profil indien, carré:
Serrer la vis dans un mandrin de perceuse, faire tourner lentement et appliquer une lime de façon à arrondir le profil:
Au bout de simplement quelques minutes par vis, voilà le bon profil qui est obtenu:
Même motif même punition pour la vis de chien.
Avant et après:
Et les deux vis de batterie:.
Avant et après:
Voilà le résultat!
Ce n'est pas parfait, mais c'est déjà bien plus présentable.
Il ne reste qu'à fabriquer la bretelle en buffle blanc et bien sûr la baïonnette.
Temps passé: environ une bonne après-midi.
Cordialement,
CG