Restauration d'un sabre mle 1822 de cavalerie légère.

Bonjour,
voici d'abord l'état de ce sabre:












La poignée est en piteux état, le bois est complètement bouffé des vers.
La lame n'a qu'une patine assez soutenue.
Le fourreau a une oxydation de surface.

En l"état il n'est pas vraiment présentable et tombe en poussière.
Une restauration s'impose.

1° partie: le démontage.

Limer le bouton de rivure sur son pourtour pour pouvoir démonter la poignée:

J'utilise une lime plate dont les bords ne sont pas striés.
Ca permet de limer le bouton avec un plat et de préserver la calotte des coups de lime.


Le bouton est limé sur son pourtour, la calotte n'est que très légèrement marquée, ça disparaîtra au polissage:



Le bois étant pourri, il ne peut plus servir de point d'appui.
Cette fois-ci je prends appui contre le bourrelet de calotte en le protégeant avec de la tôle de fer.
J'utilise une massette en bronze pour ne pas remater la soie:



Ca vient, quand la soie disparaît j'utilise un chasse goupille pour terminer:


Voilà le résultat du démontage.
La basane pourra être réutilisée, le bois est en poussière, la ficelle des bourrelets est en morceaux et il ne reste que quelques centimètres du filigrane:


La monture et la soie.
La soie est curieusement taillée, ce qui décale la lame du côté talon. Bizarre mais d'origine!
Le plateau est assuré par deux éclisses de fer (en haut) qui le maintiennent sans jeu latéral.
La cravate de cuir (en bas) est présente mais devra être refaite:


Voilà pour le démontage, la suite viendra plus tard...
Cordialement,
CG

salut,
bon courage , il devrait bien rendre après la restau. vivement la suite
cdlt;
valentin

Une suite rapide.
Nettoyage et polissage léger des parties en bronze:


Avec une partie des objets du crime:
brosse rotative à brins souples, disque Matthys N°2 et pâte N°2, tampon de laine d'acier fin.
Manquent: brosse rotative sur touret pour dégrossir, un poil de Miror.
J'insiste sur la souplesse des brosses rotatives, des brins trop forts peuvent rayer le laiton!

J'ai volontairement zappé le disque N°1 avec sa pâte car c'est du bronze et ce n'était pas nécessaire.
J'ai également zappé le disque N°3 et sa pâte pour ne pas que ça brille de trop, comme ça c'est parfait.

Léger nettoyage de la soie:

Habituellement je laisse les soies dans leur état d'origine, mais là c'était vraiment trop oxydé.
Un léger nettoyage à la brosse s'est donc imposé!
Remarquez au passage comment la soie est "enroulée" sur elle-même côté lame: vraiment curieux, je n'avais encore jamais vu ça!
Il n'y a aucun marquage sur cette lame, juste quelques poinçons sur la monture que j'essaierai d'identifier.

Hop, tout compte fait, encore un peu de travail en fin d'après midi.

Un morceau de bois (de je ne sais quoi...) est choisi dans les bouts de bois en stock:

Il a déjà la bonne forme et la bonne dimension.

La lame est passée à la brosse rotative.
A gauche c'est fait, à droite c'est à faire:


Le résultat est parfait:


Je termine au polissage:


Brosse et pâte N°1 car c'est de l'acier, puis brosse et pâte N°2.
Inutile de faire à la N°3 pour conserver un bel aspect:


En passant il faut toujours brosser et polir dans le sens de la longueur. Jamais dans le sens de la largeur!

Un montage à blanc pour le fun:


La bout de bois de la poignée est dégrossi au rabot électrique:


Puis fignolé à la ponceuse à bande:


L'emplacement où arrive la branche principale est creusé au ciseau à bois:




Montage à blanc pour vérifier tout ça:


Marquer l'emplacement où il faudra percer pour faire passer la soie:


Et pareil côté calotte:


Marquer où passera cette soie:



C'est pas dit que ce dernier marquage serv, mais ça ne mange pas de pain...
En effet il me semble que l'ancienne poignée (fusée) était faite en 2 demi-coquilles.
Vu le tracé courbe à percer, ça me semble logique!

Par contre la basane a rétréci ou a été bouffée, pas sûr qu'elle puisse resservir:


Limer l'encastrement de la fusée dans le plateau en tenant compte de l'épaisseur de la basane qui la recouvrira:


Voilà:

A demain!

re,
et bien il rend super bien déjà. tu m'as déjà beaucoup surpris, mais tu me surprendras encore, bravo!
a bientôt
cdlt,
valentin

Petite suite du matin.
Comme prévu, percer la soie en carré et en courbe est trop long à faire.
Conclusion je la coupe en deux et je creuse ces moitiés.
Après sciage en deux, il faut d'abord marquer l'emplacement à creuser:



Couper les bords du canal à la Dremel:


Après finissage au ciseau à bois, voilà le résultat:


Ensuite il suffit de recoller les deux demi coquilles et de recouvrir le tour de gaze collée à la colle à bois:




Ca séchera l'après midi, suite ce soir

La colle a séché plus vite que prévu.
Comme je n'ai pas de ficelle du bon diamètre (1,5 mm), j'en fabrique en enroulant 2 morceaux plus fins ensemble.
Comme pour faire les filigranes: une extrémité serrée dans un étau et l'autre dans le mors d'une perceuse.
2 m seront nécessaires, attention ça rétrécit lors de l'enroulage:


Je repère où se passent les spires originelles:


Un petit trou est percé à chaque extrémité de la ficelle:


Enroulée serrée, la ficelle est collée aux extrémités dans chaque trou:


Ca sèche à nouveau...

Bonjour.
Crevette , un véritable "ARTISTE" ,quelle patience et savoir faire , bravo   
un plaisir de suivre les étapes de sa restauration .
cdt

bonjour

belle restauration comme toujours !!

Fabrication du filigrane, un fil de laiton replié sur lui-même, une extrémité dans un étau:


L'autre dans le mandrin d'une perceuse, et on tourne très serré:


Pendant ce temps la basane avait été mise dans l'eau pour la ramollir.
Maintenant elle est mise en place autour de la fusée.
Pour combler le manque dû au rétrécissage j'ai intercalé une "rustine" en basane également pour combler la fente.
Mieux vaut réutiliser la basane d'origine que d'en refaire une nouvelle, et ça ne se verra pas trop je pense car ça se trouve du côté intérieur.
Le tout est mis en place mouillé et serré avec des spires de ficelles. Ca séchera comme ça:

Comme d'habitude une superbe restauration, Crevette ! Et en direct en plus !

je met mon transat en attendant le prochain épisode  

Pendant que ça sèche, je passe au fourreau.
Pour l'occasion je teste ce produit récupéré il y a une dizaine d'années, c'est ni plus ni moins de l'acide phosphorique:


Très efficace, utilisé pur avec de la grosse laine d'acier en frottage.
Par contre ça pue et c'est acide, donc gants caoutchoucs, lunettes et local aéré:



Toute la rouille superficielle est partie.
J'aurais pu continuer encore, mais j'en avais assez de respirer les vapeurs d'acide!

Un coup de brosse rotative là-dessus:



C'est déjà mieux, tous les points de rouille ont disparu.

Je termine par un polissage aux 3 pâtes, ça donne une belle patine et ça empêche la rouille de revenir.
On peut même tripoter avec des mains moites pendant des heures, rien n'y fait, ça reste propre et net:

Vraiment intéressant !

Ce n'est pas du tout mon domaine, mais c'est plaisant de suivre du beau boulot comme ça !

Reprise du travail.

Enrouler serré le filigrane autour de la fusée.
Comme pour la ficelle, faire un trou de départ et un trou d'arrivée dans lesquels viendront d'encastrer les extrémités du filigrane:


Tailler une nouvelle cravate en cuir selon les dimensions de l'ancienne:


Remonter le tout:







On voit sur cette dernière photo que la soie dépasse trop de la calotte pour faire un beau bouton de rivure.
Je la meule donc d'environ un millimètre.

Le bouton de rivure est fait en laissant la lame parfaitement serrée dans l'étau (muni de mordaches en tôle) et en tapant légèrement avec un marteau.
J'utilise un marteau de carrossier, alternativement la partie en boule et la partie plane selon l'inspiration et le matage à faire.

Voilà:


Je fignole la basane en la passant à la cire d'antiquaire, ça bouche les quelques trous de vers et ça donne un aspect agréable.

Le sabre est maintenant terminé:


Bilan de l'opération:
4 petites demi-journées de travail, pas à temps complet bien sûr.
Prix de revient: que dalle en ce qui concerne les matériaux et produits utilisés, et depuis que j'ai l'outillage il est largement amorti!

Je n'ai plus qu'à le renvoyer à son légitime et heureux propriétaire qui m'avait fait confiance pour sa restauration.
Cordialement,
CG

bonjour

bravo crevette , super restauration  

cdt

salut,
et bien il est tout beau celui la!
tu as fait un heureux j'en suis sur!
cdlt,
valentin

Bravo !!!! quel travail magnifique !!!!!!

David

Je tien à vous remercier pour cette restauration
J'ai hâte de l'avoire en main encore un grand
Merci vous aver vraiment des main en or
Merci

Que dire de plus, SUPERBE !

WOUahhh ...

tu es sur que tu ne l'as pas fabriqué ?
aucun rapport , mais on m'avait donné un fusil mdl 1822 et je les vendu presque rien ...
mais il éttait en sale état

Nicolas

Bonsoir crevette
Vos restaurations sont toujours incroyables, chapeau bas

cdt

thierry

Vraiment très beau travail , c'est beau de voir des gens pouvant faire revivre de tels objets.
Encore félicitation

Cordialement
Steven

Quel travail époustouflant!!!
Félicitations Crevette, une véritable artiste.

Cordialement,
Mikael

Bravo,
Très bon, ton travail.
Bonne explications biens séquencées. De quoi faire des émules ...
Vu la taille des éclisses, je suppose qu'une partie déborde dans le bois de la poignée ?

En tout cas merci pour la démonstration.
cdlt

C'est tout à fait ça.

Superbe restauration. Celà mériterait une vidéo ! Amitiés. JC.

Bonsoir,
un point qui m'avait échappé:
On ne t'as pas vu rallonger la soie; alors comment se fait-il que tu ais eu un tel dépassement au remontage et que tu ais dû en couper ?

Bonjour Christian

Magnifique restauration

Bravo.

dbiker a écrit:

Bonsoir,
un point qui m'avait échappé:
On ne t'as pas vu rallonger la soie; alors comment se fait-il que tu ais eu un tel dépassement au remontage et que tu ais dû en couper ?

La nouvelle fusée devait être un poil plus courte, l'ancienne était en poussière et j'avais pris les cotes un peu au hasard.