Apprendre à identifier les katanas japonais de la seconde guerre mondiale.

Allez je me lance, le sujet sera mis à jour petit à petit pour nous permettre de passer en revue les modèles les plus représentatifs de katanas de l'armée et de la marine impériale japonaise au cours du dernier conflit mondial.

N'ayant malheureusement pas dans ma propre collection un exemplaire de chaque variation de ces katanas, et que d'excellents travaux existent déjà sur le sujet, je vais emprunter des photos à ce très bon site, mis en ligne par un spécialiste et collectionneur japonais. Ses travaux étant à mes yeux une référence encore peu accessible à cause de la barrière de la langue. Il existe néanmoins une version anglaise du site:

http://ohmura-study.net/900.html

Commençons par le katana réglementaire du sous officier de l'armée impériale japonaise. Le type 95. Ci dessous la mouture la plus précoce de ce modèle qui continuera d'évoluer jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale.


Army Arsenal Tokyo (Kokura) Factory made(blade № 4765 To, full length: 95.5 cm).


La production de ce sabre est confiée aux arsenaux japonais, la lame est systématiquement usinée par des machines, massivement produites ce sont les seule qui portent un numéro de série directement tamponné sur la lame, juste avant la garde/ Ce numéro est obligatoirement suivi d'un tampon d'inspection. Légèrement plus petit que les chiffres composant le numéro, il indique que la lame a été examinée et déclarée bonne pour le service, avant d'être montée.

Le design de ce katana industriel copie la forme des katanas traditionnels. A la différence que toutes ses composantes sont fabriques en série, moulés pour ressembler le plus possible aux matériaux traditionnels. La poignée (Tsuka) constitue le meilleur exemple. Moulée, elle reprend le motif de la poignée traditionnelle, en bois, recouverte de peau de raie, puis d'un tressage en soie.

Au tout début de la production, la poignée est faîte en cuivre non peint, la garde (Tsuba) en laiton ajourée est plus épaisse que sur les variations suivantes voir ci dessous.







Ce premier modèle est le plus rare et le plus coûteux des katanas de sous-off. En 2013 son prix fluctuait entre 3 et 4000 euros. Soit bien plus cher encore que la plupart des katanas pour officiers.

On retrouve le marquage sur la lame (no de série) à l'embouchure du fourreau. L'arme est également poinçonnée au minimum par trois poinçons différents sur la petite lamelle en cuivre qui sépare la poignée de la garde (tampons de l'arsenal et tampon de l'inspecteur au milieu en plus petit). Ces poinçons sont bien sûr contrefaits, mais ils sont souvent grossiers, mal appliqués et/ou trop gros. Les marquages doivent être proportionnels et centrés par rapport aux bord de la pièce sur laquelle ils se trouvent.

Système de verrouillage de la lame dans le fourreau par le dessus au moyen d'une petite tige en cuivre à travers la garde. Pour retirer l'arme du fourreau il faut presser cette petite tige en extrayant l'arme, elle glisse alors dans le sens inverse.




Détail des ornements de la poignée (menuki) en forme de fleur de cerisier et des marquages:










Lancé en 1935 il restera en dotation jusqu'en 1945, au cours du conflit, effort de guerre et blocus anglo-saxon oblige, la production ne pourra se maintenir qu'au prix de sacrifice sur la qualité des matériaux. Comme l'illustre les nombreuses variantes qui se succédèrent jusqu’à la fin du conflit, comme vous allez le voir au fil de ce sujet.



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Army Arsenal Nagoya Factory made(blade № 9090 T, full length: 96.0 cm).

Les japonais vont rapidement abandonner le cuivre dans la conception de la poignée de ces katanas, elle est ici en aluminium peint en trompe l’œil afin d'imiter la poignée d'un katana traditionnel. la seule partie en cuivre est la fameuse lamelle délimitant poignée et garde sur laquelle on trouve les poinçons de l'arsenal et de l'inspecteur. La garde est toujours en laiton ajourée mais légèrement plus fine.

Détail de la garde:










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Tokyo First(Kokura) Army Arsenal made(blade No.118565 inspection mark ?, full length: 96 cm)



La guerre bat son plein, les japonais ont encore accès a de vaste ressources mais l'effort de guerre en consomme tellement dans de nombreux domaines que des simplifications s'imposent, ne serait-ce que pour augmenter les quotas de production. Abandon du laiton. A présent la garde est en fer peint en noir de forme circulaire et pleine. On remarque sur la photo que la partie en cuivre de délimitation a disparue, les marquages à cet endroit aussi. Afin d’éviter de retracer l'arsenal d'origine en cas de capture de l'arme.

Le fourreau (Saya) n'est pas forcement peint de deux couleurs différentes comme représenter sur la photo. C'est surement une retouche en arsenal ou sur le terrain. Suspendue à la ceinture, cette partie du fourreau est soumise à de nombreux frottement, la grande majorité des exemplaires de capture en porte les sequels.

Attention: Il existe des variantes avec garde circulaire en fer peint en noir mais avec lamelle de cuivre et marquage. Je soupçonne les arsenaux d'avoir utilisé tout leur stock de cette petite pièce avant de passer au modèle en fer peint en noir comme la garde.


Détails:







Sur cet autre exemplaire de la même période, le système de verrouillage de la lame bascule sur le côté du fourreau. Particularité de l'arsenal de Nagoya. On peut apprécier la différence de peinture en terme de qualité. Autre particularité de cet arsenal, le numéro de série est poinçonné "à l'envers" par rapport à l'arsenal de Tokyo par exemple.








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Nagoya Army Arsenal made(blade № 211327 Mei) side clip(Tyūsō) (full length: 99.5 cm).












Les sous marins et l'aviation américaine réussissent au large de l'archipel nippon là où les U-boats allemands ont échoues dans les eaux britanniques. Le Japon est soumis à un puissant blocus, et les défaites successives de la marine impériale dans le pacifique ne permettent plus d'assurer la défense des navires de transport. A la fin de la guerre, plus de 80% de la flotte marchande du pays a été envoyée par le fond. Ils iront jusqu'a utiliser les bateaux de pêche, équipés de puissantes jumelles servir d’éclaireurs pour repérer les formations de bombardiers US et les Task forces en approche.

On remarque l'abolition de la gouttière sur les lames par mesure afin d’accéléré la production, et de réaliser des économies.


La poignée en aluminium peinte est abandonnée au profit d'une poignée en bois quadrillée dont les parties métalliques, garde comprise, sont en fer peint en noir. Abandon de l'anneau de suspension de dragonne. fourreau en fer peint.


Production Nagoya, on remarque donc le numéro de série inversé et le méchanisme de verouillage sur le côté:






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Nagoya Army Arsenal made(blade № 301573 Mei) side Tyūsō (full length: 103.0 cm).



Le Japon est à bout de souffle mais continue le combat. Le fourreau lui même est en bois à l’exception de son embouchure et de son extrémité inférieure, qui se voit renforcée par un petit capuchon en métal peint en noir lui aussi.





Le tampon est inversé, à peine déchiffrable, tout comme la marque d’inspection, toutefois elle est toujours présente.

La mauvaise qualité de marquage des deux variations les plus tardives est la norme de bon nombres de copies chinoises, indiennes et pakistanaises.

J'ai indiqué sous les images la fiche technique de chaque katana, ils proviennent tous du même arsenal, de ce fait, il est particulièrement utile de connaître leurs numéros de série respectifs. Ils donnent une excellente idée du nombre d'exemplaire construits pour chaque modèle.

Environ 6000 pour le premier modèle avec poignée en bronze.

Tres beau sujet !

ZR

Merci beaucoup.
Je viens d'envoyer un email au créateur du site japonais en lui demandant l'autorisation d'utiliser ses images, c'est la moindre des choses mais je n'ai pas pris la peine de le faire avant. Son site étant d'une grande aide pour de nombreux collectionneurs je me détesterait si il venait un jour à découvrir l'existence de ce sujet sans y avoir donne son accord préalable.

Je poursuivrai avec les version d'officier de l’armée de terre et de la marine après avoir reçu son accord pour utiliser ses images.

Merci, j,ai pris plaisir à lire ce sujet

Beau travail, merci

Merci à vous deux, j'ai fait un petit édit, repassez l'article en revue vous y trouverez encore plus de détails.

Encore une fois j'ai pas inventé grand chose, à part les textes qui sont remaniés toutes les photos proviennent et sont la propriété de cet excellent site que j'ai cité en début d'article, et dans mon sujet sur les fakes.

Y'a encore plein de belles choses que j'aimerai vous montrer on a fait qu'effleurer le sujet là

a la lecture de ton article je pense comprendre qu'un tsuka comme celui ci est une pompe?

http://www.ebay.co.uk/itm/WWII-Japanese-army-soldiers-GUNTO-sword-handle-TSUKA-/360848182749?pt=LH_DefaultDomain_0&hash=item54043a4ddd

Très beau sujet, bien fait !

A 10000 lieues de mon thème, mais à mon sens, même les pièces de fin de guerre sont de très beaux objets de collection.
Un jour, je franchirais le pas, c'est une pièce vraiment symbolique !


Tiens moi au courant de la réponse du créateur du site que tu mets en lien, si il donne son accord pour l'utilisation des images je mettrais ce sujet en post-it.

Militaria 226 > Effectivement, ce n'est pas une tsuka de katana de sous officier.
Cependant, c'est une bonne tsuka de katana en bois, peau de raie, kabuto gane (le capuchon de la poignée) en laiton et passant de dragonne (sarute) en cuivre.

De plus les menukis (ornement métallique entre la peau de raie et le tressage) sont en forme de fleur de cerisier ce qui indique un usage militaire, en tout cas respectant la nomenclature du katana réglementaire.

C'est une tsuka pour katana d'officier, il y a eu 3 modèles différents, puis en 45 ils se sont mis à utiliser ce qu'ils avaient sous la main, des pièces civiles et d'autres fabriquées par des artisans privés pour ressembler aux modèles réglementaires.  Vu la simplification du kabuto gane je pense qu'elle appartient à ce dernier genre.

Vu son excellent état c'est certainement une poignée fabriquée dans les derniers jours de la guerre et qui n'a jamais été montée sur la lame pour laquelle elle a été conçue.

J'ai trouve un exemple de kabuto gane assez similaire sur cette page:
http://japaneseswordindex.com/military.htm



Klaus > Merci, pas de problème je te dis quoi.
Moi aussi je les aime tous, même les dernières versions.

Curieusement, on trouve plus souvent l'avant dernière version que la plus tardive, qui je pense fut distribuée en prévision de la bataille ultime pour la défense du Japon. Et donc massivement saisie et détruite par les troupes d'occupations, tandis que les exemplaires plus précoces et élaborés étaient rapatriés aux USA comme souvenirs.

Tu vas adorer le chapitre consacré aux modèles pour officiers.

Effectivement une pièce très symbolique, et conçue pour, un outil pour off et sous off, mais surtout la quintessence de l'esprit japonais.
Ces exemples sont inséparables de la volonté des années 30 de se distinguer du sabre de parade de l'officier occidental ... Que l’armée nippone avait pourtant adoptée dès la fin du XIXe siècle.

Retour au source dans le look, mais aussi dans l'utilisation effective du sabre au combat (pour le meilleur et souvent pour le pire face aux armes modernes et à cadence de tir rapide) c'est en quelque sorte les derniers représentant d'un esprit chevaleresque au combat.

Bonsoir,
Toujours agréable à relire et admirer ces admirables lames japonaises.Pourrais-tu nous redonner le titre du bouquin de Jim Dawson sur les sabres jap. ?
Merci

Swords of Imperial Japan , 1868 - 1945, cyclopedia edition.

http://www.amazon.com/Swords-Imperial-Japan-1868-1945/dp/0971912726

Le prix peut paraître prohibitif (n'oubliez pas le port, ouvrage lourd et volumineux), ça m'a longtemps freiné mais il vaut jusqu'au moindre centime.

merci Hiroo,
Mais pas facile.
Aucun bouquin disponible à l'export à moins de 200$
Je vais chercher d'autres sources.

Merci Mathieu, pour cette 1ère partie, j'en ai l'eau a la bouche pour les suivantes...
tu fera un sujet aussi, pour les autres lames, style baïonnette, dague, glaive d'artillerie....?

Merci beaucoup pour ce post ..très instructif..
Cela fait 2 ans que j'ai  envie de craquer sur un sabre japonais... mais j'ai trop peur de me faire avoir..
Pour l'instant je m'instruit..
Encore merci

D'accord avec toi Hiroo,
Il faut sauter lepas, sans doc pas d'espoir de s'y retrouver.
Et à côté de ce gros pavé en Anglais, il y a quand même quelques petites merveilles en langue française à moins de 50€:
Voilà ma bibliothèque actuelle:
.
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sujet très bien fait et sympa, félicitation.
je ne connaissais pas vraiment le sujet car, pour les sabres, je me suis arrêté à la période meiji (et avant bien sur).

Ah, si seulement Hiroo reprenait le clavier pour continuer ce topic de qualité.
S'il te plait

dbiker a écrit:

D'accord avec toi Hiroo,
Il faut sauter lepas, sans doc pas d'espoir de s'y retrouver.
Et à côté de ce gros pavé en Anglais, il y a quand même quelques petites merveilles en langue française à moins de 50€:
Voilà ma bibliothèque actuelle:
.
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Parmi cette belle collection par quel ouvrage commencer ?
J'ai bien envie de m'acheter un ouvrage mais je ne sais pas lequel choisir !

En plus du site ohmura bien sûr !

bonjour,

pour ma part, Nippon-to de Serge Degore est très bien que l'on soit débutant ou non.

cordialement,

Fred

Très intéressant, merci. Tu connais un musée au Japon où on peut voir de beaux sabres ? Je pense retourner au musée de yasukuni à Tôkyô mais comme j'habite à Osaka, ça fait un peu loin... et j'en ai marre de faire des musées avec des copies de... ou pire...des photos d'objet antiques...

Merci

Bonjour
Merci pour ce post très instructif.
Dommage que tu n'est pas pu le pour suivre.
Cdlt

Salut Gotonin, j'ai déjà vu ton pseudo et ton avatar sur d'autres forums en cherchant des trucs sur le Japon en français. Quelle chance d'habiter au Japon. Bienvenue ici.

Je comprend ta déception et j'ignorais que les Japonais avaient cette drôle de conception du musée. Je ne me suis jamais rendu au Japon. Ceux du forum qui ont fait le déplacement t'aideront peut être un peu plus que moi niveau adresse. Puisque tu connais le Yushukan pas la peine d'y revenir. En matière de sabres je pense qu'on doit voir de très belles choses chez eux: http://www.touken.or.jp/english/ , en tout cas ce serait la moindre des choses. Concernant la seconde guerre il semble y avoir de nombreux musées dédiés aux groupes d'attaque spéciale, le musée de la paix de Chiran semble se distinguer par l'importance des moyens mis en oeuvre. Ce site: http://www.kamikazeimages.net/museums/ semble donner une liste exhaustive.

La particularité de ces musées est de se trouver sur d'anciennes bases et aérodromes des forces impériales dont certaines sont toujours actives et gérées par les forces d'auto défense.

Babelw > Merci. Avant de poursuivre quoi que ce soit je vais déjà devoir m'amuser à éditer le poste pour remplacer toutes les images et les mettre sur servimg pour éviter que le fil ne devienne inutile quand les photos vont disparaître.

Très utile pour les néophyte comme, dommage que les photos ne soient plus visible.

Edit ce jour pour mettre des liens photos durable via servimg. Le topic peut être mis en post-it maintenant si l'administration donne son feu vert.

Pas de souci, étant donné la qualité du dossier.

Bonjour super dossier

Bravo pour la qualité du sujet !!

Bonjour... je crois que je venir traîner les guêtres souvent par ici... je possède le "Wateau" qui est fort sympathique...