L'énéide vue en 1522.

Bonjour,
l'énéide est le récit des épreuves du Troyen Énée, ancêtre mythique du peuple romain, fils d’Anchise et de la déesse Vénus, depuis la prise de Troie, jusqu’à son installation dans le Latium en Hespérie.
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89n%C3%A9ide

Le poème, écrit par Virgile entre 29 et 19 AV JC (à sa mort), contient environ 10 000 vers et se divise en douze chants. La légende qui fait venir Énée en Italie remonte au Ve siècle avant JC.

Cette feuille vient d'un post-incunable (livres imprimés entre le 1° janvier 1501 et les années 1540) italien.
Elle a été imprimée à Venise par De Gregori Gregorio, imprimeur libraire, et Lucantonio Giunta, éditeur, le 20 novembre 1522.
Il s'agit du "chant VI: descente d'Enée aux enfers".
Cette partie constitue sans doute le passage le plus célèbre de l'épopée.
C'est en quelque sorte un voyage initiatique où Énée, mené par la Sibylle, découvre le pays des morts, mais également ses propres descendants.



Le textura est la police de caractères utilisée, il en était de même pour les incunables (feuillets imprimés entre les années 1450 (invention de l'imprimerie en Europe et le 31 décembre 1500.

Avec les livres "modernes" de la seconde moitié du XVI° siècle, le textura laissera la place à des caractères d'apparence plus actuelle.

Sur cette gravure, bien que les personnages aient vécu du temps de l'Empire romain, tous sont habillés à la mode des années 1500.
Certains ont des armures, comme Sylvius en bas à gauche.

Elle représente Enée aux enfers avec la prophétesse Sibylle de Cumes et son père Anchise qui lui montre les grands hommes de la lignée.
Ils sont près de la source de la rivière Lethe, le fleuve des Enfers.

On a ainsi en partant du bas à gauche Laviana et son fils Sylvius.

Au milieu à gauche ce sont le héros de Troie Capus et les Rois latins Procas et Numitor.

En haut à gauche  on voit Romulus qui tue l'usurpateur Amuelus, Jules César et Octave Auguste.

En haut au milieu on voit notamment Brutus qui poignarde Tarquin le Superbe pour venger l'honneur de Lucrèce.

En haut à droite c'est le même Brutus qui est 1° Consul de Rome et qui assiste au supplice de son fils rebelle.

En descendant à droite il y a Camilius (Marco Furio Camilio) qui rapporte l'insigne SPQR pris par les gaulois.

Et pour finir ce sont divers consuls dont Pompeo Magno (Pompée, qui fut allié et plus grand adversaire de Jules César) Quintus Fabius Maximus, Lucio Emilio Paolo dit Macédonicus, Marcus Attilius Regulus, Gaius Fabricius Lancinus (le type même le l'antique vertu romaine), les deux frères Gracchus.



Encore un petit morceau d'histoire, contemporain de François 1°...
Cordialement,
CG

Bonjour

Je ne connaissais pas , très instructif !

Merci Christian

Cordialement
Thierry

Autre illustration de ce post-incunable, mais du chant VII de l'Eneide cette fois:



Par contre celle-ci ne m'appartient pas, hélas.

C'est l'intervention de Junon, Allecto chez les bergers du Lactium.
Allecto provoque un casus belli : un Troyen (Ascania) blesse un cerf apprivoisé par des Latins (Tyrrhus et ses fils), et les bergers se muent en guerriers.

Le fils aîné de Tyrrhus, Alnon a été mortellement blessé par une flèche et gît à terre en compagnie du vieux Galesus.

La petite Sylvia qui ornait les cornes du cerf avec des guirlandes est à gauche, elle crie et ameute les paysans.

Ascania qui a blessé le cerf est au centre avec son arc.

Tyrrhus tient sa hache qui lui servait à fendre un chêne.

Tout en haut à gauche se tient la divinité Alecto qui a guidé la flèche d'Ascania.

L'habillement des personnages est très intéressant, ils portent de longues chausses collantes et une "robe" qui est apparue au début du XV° vraisemblablement à la cour de Bourgogne.
L'armement est également intéressant: Ascania a un arc asymétrique, l'un des guerriers a une armure et tient une hallebarde suisse des années 1480, d'autres sont armés d'outils comme des fourches et des crocs.
Un autre guerrier tient une hallebarde qui semble plus récente.

De très belles gravures !
On voit aussi comment on reportait dans le temps les costumes de son époque.
Pour beaucoup il y a cette idée que les hommes d'hier et d'aujourd'hui sont les mêmes. Mais c'est aussi qu'il n'y a tout simplement aucune volonté d'historicité à ce niveau, cela n'apparaitra qu'au XIXe.