Qui est pris qui croyait prendre

Bonjour,

En 1964 0u 1965, alors que j'étais affecté à la 718° CT à RASTATT ( écoutes et gonios), nous recevons enfin des gonios mobiles de marque MARCONI fabriqués en Grande Bretagne.

De tous les modèles expérimentés, c'était le moins performant mais aussi le moins cher, donc on achète !

Pour l'essayer, je reçois l' ordre de me joindre à une manoeuvre se déroulant dans la Forêt Noire et de me présenter au chef de corps d'un régiment d'artillerie qui participait à la manoeuvre, lui même prévenu de nous prendre en subsistances pendant la durée de la dîte manoeuvre.

Je me présente en fin d'après midi à ce colonel qui m'envoie sur les roses en me disant de me " débrouiller" tout seul et de ne plus l'en......

Me voila avec une vingtaine d'hommes sans couchage, ni nourriture et sans ravitaillement.

Nous quittons les lieux pour nous installer quelques kilomètres plus loin.

Je prends ma jeep et je me rends à une cabine téléphonique pour téléphoner à mon commandant de compagnie qui ne pouvait rien faire à cette heure tardive.

Je rejpoins mes hommes et je fais la quête pour acheter au village le plus proche de quoi nous restaurer.

Le lendemain matin, pas d'eau pour la toilette, pas de café etc mais les gonios avaient été installés et les essais ont commencé tandis que je retournais téléphoner à RASTATT qui m'envoyait une roulante, une citerne à eau, des tentes etc.

Les essais avaient commencé et une nuit vers minuit, je suis réveillé par un opérateur qui me dit : venez écouter !

Je me lève, je mets le casque et j'entends une voix avec un fort accent du midi qui racontait ses exploits amoureux avec d'autres officiers de différentes unités participant à cette manoeuvre.

Je peux vous affirmer qu'ils ne faisaient pas dans la dentelle ! tu te souviens de la femme de ...

Pendant ce temps là, le magnétophone tournait et enregistrait car cette voix reconnaissable entre mille était celle du colonel qui m"avait envoyé paître ! en temps normal, il n' y aurait eu aucun enregistrement mais je n'avais pas digéré l'accueil de ce monsieur tout colonel qu'il était.

Pendant toutes les nuits, les rendez vous sur les ondes ont continué et les magnétophones également.

Nous rentrons à RASTATT et je fais le rapport sur le comportement du MARCONI et je joins les discussions entre nos camarades artilleurs et d'autres armes.

Tout cela est dirigé sur BADEN OOS.

Quelques jours plus tard, je suis convoqué à BADEN OOS et reçu par un colonel et plusieurs autres officiers du même grade qui me demandent de m'expliquer, ce que je fais volontiers et suite à leur demande et en prenant des gants, je leur donne le nom de l'homme à l'accent méridional!

Ils sont dubitatifs, m'avertissent que je risquais gros etc etc.

Quinze jours plus tard environ, je suis de nouveau convoqué et je dois amener les bandes d'enregistrement.

J'arrive dans le même bureau et je reconnaîs le colonel si accueillant qui commence à me menacer des pires sanctions et jurant sur ses grands dieux qu'il n'avait pas participé à ces discussions scabreuses.

Un colonel me demande de brancher le magnétophone afin que l'on écoute une bande et au bout de 2 ou 3 minutes, la voix avec l'accent de Marseille se fait entendre.

Tout le monde se regarde, le colonel responsable de cette réunion me demande de plier bagages.

Je salue et je regagne RASTATT.

Je n'ai jamais plus entendu parlé de cette histoire.

Amicalement.

Gantheret

Bonjour Gantheret,

Je suis friand de telles histoires, toutes plus cocasses les unes que les autres. Mais le plus risible, se trouve dans cette phrase que Tu rapportes:

"Je prends ma jeep et je me rends à une cabine téléphonique pour téléphoner à mon commandant de compagnie qui ne pouvait rien faire à cette heure tardive."

Avoue que pour un un gars des transmissions, avec une section complètement équipée, il y a de quoi rire ....... pour ne pas pleurer !!!! C'était les FFA, c'était le "démerden sie sich"

À bientôt le plaisir de Te lire.

Bonsoir,

Effectivement, j'avais demandé au capitaine commandant la 718°CT une liaison par TRVM 10 au cas où ...

Demande refusée.

Chercher à comprendre, c'est commencé à désobéir (proverbe militaire)

Amitiés

Gantheret

bonjour

"C'était les FFA, c'était le "démerden sie sich"" certains disaient Forces Foutues d'Avance.

Bonsoir,

Je ne connaîssais pas cette expression !

Bonne soirée

Bonjour Befehl, bonjour Gantheret,

"Forces Foutues d'Avance", là c'est un peu exagéré. Ok, nous n'étions pas beaucoup aidés, ok nous avions toujours un peu de retard à l'allumage, mais "foutus", non, je ne crois pas !!

À bientôt.....

Bonjour,
histoire croustillante, bien racontée et c'est du vécu.
J'adore!   
Cordialement,
CG

Bonjour,

Que les troupes stationnées à BERLIN soient condamnées, tout le monde le savait et je crois même qu'une prime de risques était versée ?

Par contre en RFA, nous n'étions pas seuls et aurions certainement résisté un moment car les russes avaient d'énormes problèmes de logistique à l'époque et un char ça consomme !

Bien amicalement.

Gantheret

Bonjour Gantheret, bonjour à Tous.

10h15, bureau du capitaine Wi:
Salut militaire, à vos ordres mon capitaine, repos:
-Demain et pendant trois jours, vous serez à l'entrée du mess et vous vérifierez que les membres aient bien leur carte et qu'elles soient à jour. Je vous adjoins le caporal Ta.

À vos ordres mon capitaine, salut militaire, fin de l'entretien, porte.

Le lendemain, comme ordonné, j'étais à l'entrée du mess avec le caporal Ta qui se demandait bien ce qu'il faisait là.
Arrivent deux membres, puis un et ensuite trois:
- Opération de police. Contrôle des cartes s'il vous plaît. Pas de difficulté, ils entrent.

Le défilé continue, les saluts sont faits, les cartes sont vérifiées, l'entrée est accordée.
Arrivent le capitaine Wi avec deux autres gradés

-Rebonjour mon capitaine, contrôle des cartes s'il vous plaît.
Un peu gêné il commence à chercher son fameux sésame. Les deux autres passent tranquillement alors que le Cne Wi fouille encore ses poches:
- Excusez-moi, je l'ai oubliée au bureau dit-il tout en commençant à entrer.
-Je suis désolé mon capitaine, je ne peux vous laisser entrer sans carte !!!

-Mais enfin, bredouille-t-il agacé, Aspirant Za... Lieutenant, laissez-moi entrer, vous me connaissez, je suis votre supérieur, arrêtez cette plaisanterie !!!
-Ce n'est pas une plaisanterie, j'ai des ordres; c'est une opération de police commandée. D'ailleurs, les ordres, vous les connaissez, c'est vous-même qui les avez donnés.

Je le vois encore tourner les talons, la tête rentrée dans les épaules, pas furax mais presque, pas tout rouge mais presque.

Ce jour-là, je ne sais pas où le capitaine Wi a déjeuné, mais au mess, on ne le vit pas. Lui aussi, a été pris alors qu'il croyait prendre.

À bientôt.....

-Mais enfin, elle est dans mon tiroir du bureau

Excusez, je croyais avoir effacé la dernière phrase "-Mais enfin, elle est dans mon tiroir du bureau".

Bonsoir,

Ce qui me rassure c'est qu'après 30 ans d'armée, j'ai fait une carrière civile et je n'ai pas été déçu !

Bonne soirée.

Gantheret