Les panzers de l'ALN

Bonjour,

Voici l'anecdote dont je rigole encore qui s'est déroulée fin 1962 ou plutôt début 1963 à BONE.

Malgré le cessez le feu, je commandais toujours le détachement des écoutes HF et MF pour notre plus grande joie car les fellouzes s'exprimaient sans aucune retenue.

A l'époque, il y avait les luttes internes pour le pouvoir et sur d'autres réseaux des ordres pour éliminer telle ou telle personne comme en toute démocratie.

Bien que dépendant d'HYDRA près d'ALGER, je reçois un appel téléphonique me demandant de me rendre au 2° bureau de la 2° DIM situé à 400 mètres environ.

Le lieutenant colonel des troupes de marine me demande si je veux troquer mon béret de transmetteur contre celui du génie pour le lendemain matin.
En effet, un cargo en provenance d'EGYPTE livrait à la gloroeuse ALN trois chars pour déminer le barrage franco tunisien distant d'une centaine de kilomètres environ.

Tout ceci pour tenter de voir si ces chars étaient équipés de radios afin de pouvoir les écouter éventuellement.

Le lendenain matin, j'ai mon béret avec l'insigne du génie et j' ôte mon écusson des trans de la manche.

Je prends ma jeep et j'arrive au port de BONE quelques minutes plus tard.

En effet, un vieux cargo était amarré avec trois chars T 34 sur le pont. Ils brillaient comme des sous neufs...

Coïncidence, il était amarré près d'un cargo envoyé par le fond par l'OAS.

Plusieurs officiers français étaient présents ainsi que ceux de l'ALN, fiers comme Artaban dans leurs tenues toutes neuves, leurs PA au ceinturon. Le grand cirque !

Il y avait 3 porte chars français destinés à acheminer les T 34 à LA CALLE charmant village à la frontière tunisienne et ancienne garnison française.

Un pilote de char de l'ALN, coiffé d'un casque de tankiste russe, attendait pour démarrer le premier char à quai.

Point n'est besoin d'avoir fait une école d'ingénieurs pour s'apercevoir que ces chars devaient avoir 3 ou 4 couches de peinture superposées, ce qui leur donnait un aspect de neuf avec leurs rouleaux de chaînes placés à l'avant.

Unl ieutenant ou un capitaine de 'ALN s'approche de moi et me dit : Cadeau de nos amis soviétiques ! 3 chars neufs pour déminer.
Je lui demande s'il peut me prêter son poignard qui pendait à sa ceinture ? il me regarde , hésite et il me tend l'arme.

Je commence à gratter la peinture du char et effectivement, plusieurs couches apparaîssent alors que tous les acteurs
se sont rapprochés du char, je vous laisse deviner les expressions du visage en fonction des deux parties en présence !!

Je lui rends son poignard et j'en remet une couche en lui disant: vos T 34 arrivent de COREE DU NORD ! il était furieux.

Je grimpe sur le char faisant semblant d'aider les hommes du génie et la tourelle étant ouverte, je constate qu'il n'y avait pas de radio, les russes sont généreux mais quand même !

Maintenant le grand moment ! le pilote fellouze ayant appris à piloter en LIBYE ou en EGYPTE, grimpe à bord, s'installe et actionne le démarreur.

Rien, nada, wallou, le démarreur ne veut rien savoir!

Au bout d'un moment, le pilote grimpe à bord du second char sous les regards que vous devinez.

Il actionne le démarreur.... un nuage de fumée sort du pot d'échappement tandis que les fells présents applaudissent.

La fumée diminue d'intensité au fur et à mesure que le moteur monte en température et notre pilote dirige son engin vers le porte char distant d'une centaine de mètres.

Arrivé au pied des rampes d'accès du porte char, le moteur du T 34 tousse puis s'arrête ! quelle rigolade ! les batteries à plat, le pilote sort et grimpe à bord du dernier char qui arrive à démarrer et à monter sur le porte char.

Nous partons vers LA CALLE où nous arrivons en milieu d'après midi, lee T 34 est déchargé devant un ancien cantonnement français.

Le responsable du détachementalgérien demande alors au lieuteant colonel les plans des champs de mines ! comme par hasard, il ne les avait pas.

Une telle négligence aurait dû être sanctionnée !

Nous sommes rentrés à BONE et au mess de garnison, nous avons ouvert le champagne pour fêter cette excellente journée de travail et de coopération franco algérienne dont nous pouvons être fiers.

Amicalement

Gantheret 


      

Bonjour,

Merci pour ce récit.

Bjr
très beau récit "humoristique"
Merci

Excellent en effet !!! Une "grande armée" avait vu le jour.... Merci pour ce récit ! On en redemande !

Mathieu

Très très sympa ce récit !
Merci pour le partage