2 fusils à identifier

Bonjour à tous, en fouillant dans la cave de mes parents je suis tombé sur 2 fusils.
Le premier j'ai pu identifier plus ou moins le modèle grâce à quelques recherches... il date de 1840 et provient de la Manufacture Royale de Chatellerault, apparemment c'est un modèle assez peu courant mais c'est tout ce que j'ai pu apprendre sur lui.
J'ai pris plein de photos des détails et poinçons en espérant que vous puissiez m'apporter quelques précisions sur cette arme.
Le fusil complet mesure 131 cm, le canon quant à lui est rayé et mesure environ 90-92 cm (je ne sais pas d'où il faut le mesurer précisément) et le calibre est de 17mm









Le second par contre je coince un peu plus, il semble plus vieux, il est plus grand (140cm) et ne comporte qu'un seul poinçon. Par contre la crosse est joliment sculptée... c'est à peu près tout ce que je peux vous dire pour celui ci.







Voila, j'espère que vous arriverez à éclairer ma lanterne

Bonjour,
le 1° est une très rare carabine de tirailleurs modèle 1837 à chambre rétrécie.
Elle est en très bon état et complète avec sa baguette d'un modèle bien particulier, bravo!
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Le second date de la même époque, poinçon de Saint Etienne, mais est civil.
Cordialement,
CG

t’inquiète j'en connais un (Christian, j'ai du mal à l'appeler "crevette") pour ne pas le nommer
qui va être tout à fait à son affaire, avec le premier, qui a tout du "militaire"
le second, bien qu'intéressant par le travail de sculpture, sur le chien, et la crosse, est un fusil de chasse
dans tout les cas ... bonne pioche

le bougre, il a été plus rapide que moi

Principe de la chambre rétrécie:


En haut: fusil vide.
Au milieu: fusil chargé.
En bas: fusil chargé et balle tassée avec la baguette.

Ce système sera vite abandonné en raison du nettoyage difficile de la chambre.


Pour les poinçons du canon, le G peut correspondre à Auguste Goupil, inspecteur de 1839 à 1840.

Le C peut correspondre à Pierre Cazamajou, contrôleur de 1832 à 1846, ou encore à JF Cerisier, contrôleur de 1839 à 1844.
Mais sans certitude!

Ce même poinçon C a été utilisé par Pierre Chassepot, contrôleur, mais il semblerait qu'il n'ait pas exercé avant 1848?

Le D des garnitures peut correspondre à Derot qui fut contrôleur des garnitures à partir de 1839.

Le second fusil a un beau canon damas, il utilise le même principe de chambre rapportée et peut-être également rétrécie.
Ce type de chambre rapportée a également été expérimenté sur les fusils modèles 1840 militaires, puis le système fut abandonné dès 1842 avec les nouvelles armes du système 1842.

Les années 1830 aux années 1860 environ ont été fournies en inventions diverses et variées: platine arrière, chambre rétrécie, à tige, culasse, chambre vissée et j'en passe des centaines presque!
Ce fut l'âge d'or des inventeurs en tous poils.

C'est rapide une crevette

Hey, merci pour la rapidité et la clarté des explications, Crevette t'es un vrai puits de science !
Très intéressant en tout cas, concernant le 816, c'est juste son numéro de fabrication ?

Crevette a écrit:

avec sa baguette d'un modèle bien particulier

C'est à dire ?? J'ai pas tout comprit là ^^

Sympa ton schéma sur la chambre rétrécie, mais concrètement cela changeait quoi comparé à une chambre normale ?

816 est bien le numéro de série.
Le manque de portée et de puissance ont fait qu'elle a vite été abandonnée, donc produite en petite série.

Son appellation "carabine de tirailleurs" est due au fait que les hommes du 51° de ligne qui avaient été sélectionnés pour former le noyau du premier bataillon de Chasseurs d'Orléans ont été appelés quelque temps "Tirailleurs de Vincennes".
Ils deviendront les célèbres chasseurs à pied.
Les autres appellations "Delvigne" ou "Pontcharra" sont expliquées ci-après.

La baguette de ce fusil lui est particulière, aucune arme n'a jamais eu ce modèle de baguette.
Elle est donc très rare elle aussi, et souvent la baguette est absente donc très difficile à remplacer même en copie.

La chambre rétrécie était une invention nécessaire au forcement de la balle dans les rayures.
Une chambre au calibre aurait compliqué sa fabrication.

Elle est due à un ancien officier de la Garde Royale, Mr Delvigne.

Ce système aura une très brève existence dans l'armée, mais sera longtemps employé dans le civil pour la chasse et les duels.

Ce système est aussi appelé "à balle aplatie", par opposition au système "à balle forcée" de la carabine de Versailles.
Mais son temps de chargement est nettement plus rapide car il ne faut pas forcer la balle.
Le sabot de bois (imaginé par Mr de Pontcharra) rend le tir plus régulier.

Ce système avait aussi d'autres défauts:
Chargement irrégulier sur le champ de bataille, et donc manque de régularité.
Vitesse de rotation de la balle trop faible.
Le sabot complique la fabrication de la cartouche.

Certains de ces défauts seront supprimés en 1846 par les armes "à tige", système à nouveau abandonné vers 1860 par la balle évidée autoforçante qui supprimera l'intégralité des défauts.

Le Chassepot à culasse mobile rendra obsolète tous ces systèmes en 1866!

Bonjour,
identifications et explications très complètes, merci !
De bien belles pièces, un léger nettoyage et elles seront parfaites,
cordialement
Philippe

Effectivement je pouvais pas espérer avoir des explications plus claires !!! Crevette t'es un champion !! Je suis content de connaitre l'histoire de cette carabine, c'est très intéressant !
Comme dit Philippe un petit coup de nettoyage et elles seront prêtes à être exposées
Encore

La cave d' Ali Baba ! Il y a pas autre choses ?
Si cette carabine n'a pas été modifiée par réalésage de la chambre rétrécie comme presque toutes ses conseures.
c'est le jak pot.

Cordialement