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| Les sociétés coloniales : cloisonnements, contacts, influences (partie II) | |
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poddichini Membre d'honneur
Nombre de messages : 84574 Localisation : Cismonte Thème de collection : Coloniale et colonisation - uniformes, coiffures, archives Date d'inscription : 06/08/2014
| Sujet: Les sociétés coloniales : cloisonnements, contacts, influences (partie II) Jeu 12 Fév 2015 - 14:06 | |
| Bonjour à tous, voici la suite du texte commencé hier sur les contacts colons/colonisés entre les années 1850 et 1950. Deuxième partie donc, la troisième suivra avant la fin de semaine. Poddichini. II- Une interpénétration entre colonisateurs et colonisés : intégration ou résistance à la colonisation ?
Des élites traditionnelles ont pu profiter du contact avec les Occidentaux pour s'affermir ou rejeter le système, les populations, la masse se trouvant, elle, face à une situation de domination voire d'appauvrissement, mais devant faire face à une intégration plus ou moins forcée comme nous le verrons dans le cas de l'armée coloniale.
Tout d'abord, l'élite coloniale qui dominait les relations avec la masse de la population, a pu profiter de l'arrivée des Européens pour affermir leur statut et gagner en respectabilité. Ainsi, dans plusieurs terres d'empire, l'école européenne a permis aux enfants des élites traditionnelles d'accéder au savoir occidental. Même si ces cas sont très nettement marginaux, les exceptions sont notables et sont importantes dans cette idée des échanges coloniaux. L'enseignement français était ouvert, par exemple, aux petits vietnamiens, cambodgiens et chinois (populations allophones) en Indochine française. Issus d'une élite, des bourgeoisies ancestrales, l'école primaire leur était ouverte et accessible, puis, les meilleurs d'entre-eux, ou les plus méritants bénéficiant d'une bourse d'étude, le lycée et même l'université en métropole. C'est le cas pouir Nguyen Hai Quoc, futur HO CHI MINH, qui fit ses études supérieures en métropole et en revint totalement changé dans sa vision de la colonisation de son pays. Quelques élèves obtinrent de nombreux diplômes mais la distance et la supériorité française reprenaient injustement le dessus lors de la recherche d'un emploi correspondant aux diplômes. Nombre des ses élèves, passés par les écoles européennes, servaient ensuite dans l'administration dans les colonies afin de faciliter le dialogue avec les colonisés. C'est l'exemple de Wangrin, dont Hamadou HAMPATE BÂ raconte l'étrange destin dans son ouvrage. Les Britanniques furent les pionniers, en Afrique de l'Ouest, de cette promotion des élites, par l'école, notamment dès les premières décennies du XIXème siècle. Ensuite, il faut dire que la masse des populations colonisées, en contact avec les Occidentaux présents dans les colonies, pouvaient subir cette pression et domination des colonisateurs. A l'image des domestiques, les contacts colons/colonisés étaient souvent des rapports de subordination manifeste. Les Européens purent profiter d'une main d'oeuvre domestique abondante pour recréer ou même connaître un train de vie qu'ils n'auraient pas pu s'offrir en métropole. On peut voir ce phénomène notamment en Indochine française ou aux Indes néerlandaises où les familles européennes bénéficiaient de la présence de dix, vingt (voire plus) domestiques, appelés en Afrique boys. Au niveau économique, ce contact et ces échanges entre colonisateurs et colonisés voient là également une terrible sujetion sur les seconds. L'arrivée de l'économie européenne change totalement le système fondé sur l'agriculture vivrière. La mise en place d'un système d'exploitation marque de nombreuses colonies sur tous les continents concernés. Les plantations sont une des marques les plus reconnaissables de cette exploitation. Les populations des « vieilles colonies » antillaises (Guadeloupe, Martinique surtout) sont un exemple notable. Basées sur un système esclavagiste, jusqu'en 1833 pour les British West Indies, jusqu'en 1848 pour les Antilels françaises, les habitations-sucreries utilisent la main d'oeuvre locale pour les plantations. Le schéma qui apparaît ici est relativement parlant : l'habitation du béké martiniquais, ou du blanc pays guadeloupéen (les populations blanches des Antilles) se trouvent en recul, et sur une hauteur, tandis que les cases des esclaves libérés se situent à proximité du moulin de l'exploitation, exposées au vent. Ce système d'exploitation se retrouve en Afrique dans les colonies d'exploitation françaises, comme l'Afrique équatoriale française (AEF), ou dans les colonies portuguaises d'Angola et du Mozambique. Des vagues entières de ruraux viennent chercher un travail dans les plantations. La mise au pas d'un système économique européen se remarque par d'importants mouvements de population. Mais là où est la limite, c'est que ces populations ne rencontrent que peu les Européens, car les planteurs étaient souvent absentéistes ; ainsi à Java, ainsi en Indochine française dans les plantations de coton et d'hévéa de Cochinchine et d'Annam. Le paradoxe de cette non-visibilité du propriétaire européen est donc dans son enrichissement face à l'appauvrissement et au labeur des locaux. Enfin, il faut voir que cette soumission de la population colonisée au contact de la population colonisatrice se retrouve dans un cas bien particulier, car au coeur des contacts entre les deux groupes : l'armée coloniale. Ces armées coloniales sont à la fois le fait de cloisonnements et d'échanges. Il nous faut l'expliquer. Les temps de la conquête, au début de notre période, ont été marqués par l'utilisation massive de soldats indigènes. La conquête de l'Indochine fut possible grâce au recrutement de tirailleurs, de zouaves notamment. Payant ce qu'on a appelé « l'impôt du sang », ces hommes étaient enrôlés dans des régiments à part, aux côtés des troupes métropolitaines, d'où ce cloisonnement. Spahis et zouaves maghrébins, tirailleurs sénégalais étaient membres à part de l'armée, mais dans des unités qui ne se mélangeaient pas avec les soldats de métropole. Le contact colonial résultait ici du fait qu'ils étaient commandés, jsuqu'à la fin du XIXème siècle, en quasi-intégralité par des officiers et sous-officiers européens. Les régiments indigènes, réputés par leur fidélité et leur hardiesse au combat, ont alors fait l'objet d'évolutions à noter. Payant chèrement de leur vie lors des guerres de colonisation, en luttant contre les maladies également, les mentalités évoluèrent vers une promotion de certains des leurs vers des grades plus importants, mais jamais au-delà du grade de capitaine. Deux théoriciens ont proposé cet avancement pour les indigènes : MANGIN, pour les régiments d'Afrique, proposa la création des troupes d'Afrique, des troupes indigènes commandées par eux et intégrées pleinement à l'armée française. Théophile PENNEQUIN proposa quant à lui la création d'une « force jaune » sur les mêmes bases. Les idées choquèrent (elles furent proposées au début du XXème siècle) mais elles furent débattues par la suite, en voyant l'importance des indigènes dans la liste des victimes aux deux guerres mondiales, notamment la Première. En 1900 en effet, par la loi du 7 juillet les troupes coloniales étaient intégrées dans l'armée française. Ailleurs, cette question étaient également débattue, et les choix d'intégration des soldats indigènes aux armées nationales sans création de corps distincts furent différents d'un pays à l'autre. Le gouvernement fasciste de Mussolini, en Italie, a combattu dans ses colonies avec une armée composée quasi exclusivement d'indigènes locaux (Libye, Ethiopie, Erythrée, Somalie). |
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