Fusil de la manufacture de Libreville.

Bonjour,
j'ai dernièrement acheté un fusil révolutionnaire qui a été fait à la manufacture d'armes de Libreville:


Le Comité de Salut Public - ou je ne sais quel autre organe révolutionnaire - avait décidé de changer tous les noms de villes et localités rappelant le nom d'un ci-devant Roy de France.
En ce qui concerne Charleville, le nom fut changé en Libreville, et ce de 1789 à fin 1792.

A partir de 1793 ils ont cessé leurs conneries et en sont revenus aux anciens noms.

Citation de http://www.littlegun.info/arme%20francaise/artisans%20k%20l/a%20libreville%20manufacture%20de%20fr.htm

Ces armes ne furent donc marquées de Libreville que durant environ 3 ans, ce qui en fait une pièce peu commune.

Ce fusil, certainement un révolutionnaire N°1, a ensuite été transformé pour la chasse:


C'est un antiquaire-brocanteur du Jura non loin de chez moi qui vendait ça sur le net.
J'irai le chercher samedi.

Ensuite je verrai si je le laisse tel quel, si je le remets en configuration d'époque ou autre, ce sera selon le bois.

Son canon serait bien marqué du modèle 1763, ce qui en fait un ensemble intéressant montrant la réutilisation de pièces anciennes à cette période.

En tous cas la platine 1777 semble belle et complète, c'est surtout pour elle que j'ai acheté ce fusil (qui entre nous n'a pas déchaîné les passions d'enchérisseurs, heureusement!).
Cordialement,
CG

Bonjour,

Merci, j'ai appris quelque chose.
Il ne vient donc pas du Gabon, comme je l'ai pensé en lisant le titre.

Selon une autre source (la Pistole), le nom de Libreville aurait été utilisé jusqu'en 1798.

Bonjour,

Crevette a écrit:

Selon une autre source (la Pistole), le nom de Libreville aurait été utilisé jusqu'en 1798.

Je n'ai pas de sources sous la main sur le sujet, mais cette me parait historiquement plus possible que fin 1792.
Fin 1792 on est après Varennes, après les massacres de Septembre dans les prisons, juste après Valmy, au début de la République, en pleine concurrence entre Girondins et Montagnards, on s'apprête à se débarrasser du Roi... On est plutôt dans la surenchère révolutionnaire, c'est pas vraiment l'ambiance de vouloir redonner les anciens noms aux villes.
Ce serait d'autant plus étrange qu'en 1793 on continue à changer des noms de villes pour diverses raisons comme Lyon qui se révolte, est écrasée et est renommée Ville-Affranchie !
En 1798 on est sous le Directoire, dans un régime plus apaisé qui veut terminer la Révolution et normaliser la situation, ça me semble plus plausible.

Cordialement.

Bonjour,

Belle pièce, le bois n'a pas l'air trop mal, le problème avec les armes modifiées pour la chasse, c'est que le canon est généralement recoupé.

Cordialement
Thierry

Bonjour

Crevette a écrit:

Selon une autre source (la Pistole), le nom de Libreville aurait été utilisé jusqu'en 1798.

En réalité, aucun des gouvernements de la république ni de l'Empire n'ont abrogé ces noms débiles; les noms anciens et révolutionnaires ont coexisté, employés selon la sensibilité politique des locuteurs, l'usage des noms révolutionnaires déclinant au fur et à mesure que le souvenir des horreurs de la Terreur s'estompait.
Et je suppose qu'il eut été malvenu de dire "Libre-Ville", au temps de l’Empire triomphant, en 1810...

Celui qui a mis un terme légal et définitif aux "conneries", comme tu dis fort justement, c'est Louis XVIII, par l'ordonnance du 8 juillet 1814.

Sinon, c'est un achat intéressant, que tu as fait là; et le bois n'est pas si mal que cela, à en juger par la photo; il doit être parfaitement récupérable...

Je l'ai eu samedi:
Le bois est bien d'origine, type 1777 sans aucun marquage, bien clair et en parfait état.
Le busc de crosse a certainement été un peu diminué.
Les garnitures restantes sont bien d'origine, pontet-sous main d'une seule pièce.
Le canon est bien marqué sur la queue de culasse M 1763.
Il n'a jamais été transformé à percussion et remis à silex ce qui est une bonne chose, mais le canon a été diminué d'une petite dizaine de centimètres, ce qui l'amène à la longueur voltigeur ce qui reste une bonne longueur pour un fusil N°1 révolutionnaire.
La platine a juste sa bride de noix à changer (cassée, mauvais métal!).

Donc il va me falloir trouver une grenadière avant, une grenadière arrière (libres) et un embouchoir pour le remettre en condition.
J'ai déjà la baguette, une bride de noix et une enture d'avance.

Tout va bien, alors !

Au fait, quel était l'intérêt de manufacturer le bassinet dans du laiton ?

C'est uniquement pour faciliter la fonderie.

Tout est remonté, bride changée.
Les pièces restent vaguement interchangeables, moyennant une légère adaptation.
La raison de sa casse est un fer trop carboné.

Je passerai au bois plus tard.

Bonjour,
On va se faire un plaisir de suivre ton travail.

Bonjour,
Joli fusil qui mérite une belle restauration.
Crevette sait y faire donc pas de souci.
Nous avons hâte de voir la suite...
Cordialement.

Voilà, il a fallu du temps pour trouver les pièces mais c'est fait:



Garnitures type 1766, anneaux de bretelle, bretelle de buffle blanc lacée, baguette.
L'embouchoir et la grenadière supérieure sont maintenus par une épinglette à piton, la capucine est simplement montée à frottement dur sans épinglette de maintien.
Seul le busc de crosse est resté comme il était, il est très bien ainsi.

Il a même trouvé sa baïonnette révolutionnaire dont la douille avait été modifiée pour être montée sur un canon genre 1777 (douille raccourcie et dernière fente rallongée):


C'est donc mon 3° 1763/66 léger: un militaire, un civil de Carpentras et ce mixte révolutionnaire.

Bonjour,

Le problème avec ce genre de fusil révolutionnaire fait de brics et de brocs c'est que dès qu'il manque des pièces on ne peut jamais savoir quelle était l'allure originelle de l'arme: quelles grenadières ? Quel embouchoir ? A vis ou a ressort ?...
On passe rapidement de la restauration à la restitution avec une part de création.
En tout cas le résultat final est très probable et très soigné, du beau travail ! On ne voir même pas l'enture et le rallongement du bois !
Encore un piège pour les générations futures...

Amicalement.

Oui c'est en effet plus que probable, réutilisation de canon et de garnitures de 1766 sur un bois à joue façon 1777 avec une platine 1777.

Comme l'extrémité du bois après la capucine n'avait aucune trace d'épinglette ancienne, ce n'était donc déjà pas une capucine à épinglette de 1777 qui y était montée.
De là à supposer que les autres garnitures étaient aussi du mle 66 il n'y avait qu'un pas...

Félicitations pour cette renaissance,
l'enture est masquée par la capucine et la couleur du bois semble bien homogène, donc réussie, sans parler du reste.
Avec tes connaissances et tes deux mains droites tu 'as jamais pensé te reconvertir en artisan rénovateur d'armes anciennes?

Non, je n'ai pas que ça à faire
Et puis le travail c'est pour les jeunes, moi j'ai fini de travailler en 2003

Très beau travail !

Cathelineau a écrit:

Encore un piège pour les générations futures...

Il faut laisser une notice explicative cachée dans le canon !

Bonjour,
Super cette "renaissance"...
Cordialement.
Jean.

Bonjour,

Il a de l'allure, belle restauration.

Cordialement
Thierry

Je pensais moins au travail qu'à la passion qui t'habite.

bien, on trouve plus souvent des pistolets de Libreville que des fusils

bravo crevette , vous avez fait un excellent travail, ce fusil est superbe.
j'ignore si vous êtes tireur , mais qu'il serait agréable de le faire parler de temps en temps ...

Tireur non, absolument pas, mais à blanc ce sera certainement fait un jour.

marlain4648 a écrit:

bien, on  trouve plus souvent des pistolets de Libreville que des fusils

En effet, des modèles 1763/66.

Bonjour Crevette,

Sacré travail de restauration, le résultat est superbe.

C'est épatant de voir des pièces dans cet état.

Oui, surtout qu'en matière de "Libreville", les exemplaires des Ardennes sont plus jolis que ceux du Gabon..............

marne14 a écrit:

Oui, surtout qu'en matière de "Libreville", les exemplaires des Ardennes sont plus jolis que ceux du Gabon..............

C'est marrant j'étais arrivé aux même conclusions mais tu as été plus rapide à dégainer cher Marne