Les disciplinaires de corps d armee (1910 1914)

Parmi les troupes a l existence fugace,les disciplinaires de corps d armee occupent une place de choix.Le contexte est le suivant:la loi du 12 avril 1910 a supprime les compagnies de discipline d Afrique (1818 1910) dont plus personne ne veut entendre parler, et le decret du 4 aout 1910 doit créer des sections spéciales dans les régiments occupant des places sur les cotes de l ocean et de la Mediterranee.Les XVIIIeme (Bordeaux) et XVeme (Marseille) corps d armee sont sollicites pour repartir chacun sur trois régiments une population a risque d environ 4000 individus.
Le Ministere de la Guerre decide donc a titre transitoire de reprendre a son compte la politique de Napoleon, qui en 1801 1804 avait isole sur les depots coloniaux portuaires plus de 8000 réfractaires,repris de justice et gens sans aveu.Les "enchaines" n avaient pu donner que quatre bataillons coloniaux, mais la lie de l armee était désormais regroupee et étroitement surveillee par la gendarmerie.L organisation mise en place sur les cotes de la Manche est la suivante:
IIeme CA,Amiens,depot de Sainte Marguerite sur Mer.
IIIeme CA,Rouen,depots de Saint Marcouf et de Tatihou.
Xeme CA,Rennes,depots de Bréhat,Cezembre et Harbour.
XIeme CA,Nantes,depot d Ouessant.
Vetus de la tenue de bourgeron,coiffes du calot et chausses de sabots,les disciplinaires,surnommes a tort les "fricoteurs",sont affectes a des travaux publics rebutants et a cause de quelques faits divers irritent bientôt les elus et la population insulaire.Apres quelques tentatives d evasion qui se terminent par des noyades,les depots sont fermes et leurs pensionnaires reverses dans les sections spéciales des XVeme et XVIIIeme corps d armee.Les quelques disciplinaires condamnes par les conseils de guerre prennent la direction du Maroc,ou ils sont verses dans les bataillons d Afrique.

C est une legende tenace,qui revient régulièrement lors des commémorations,que d affirmer que les disciplinaires de CA furent tres fortement convies en 1914,a s engager dans les "groupes d éclaireurs volontaires" qui préfigurent les corps francs.La maxime " c est ca ou la prison" est une legende de troquet qui n a jamais connu le moindre soupcon de legislation.Le grand public a été induit en erreur par le taux effectivement tres eleve de volontaires des bataillons d Afrique pour les groupes d éclaireurs volontaires divisionnaires.Des les premiers mois de 1915,chaque BMILA enregistra plus de 600 candidatures,pour un effectif moyen de 900 hommes,ce qui en fait la moyenne la plus elevee de l armee francaise.