Le regime disciplinaire des Sections d Exclus Metropolitains et Coloniaux

Aux lendemains de la defaite de 1870,l affirmation par le legislateur du caractere universel du service arme posa le probleme de l utilisation des condamnes aux longues peines,bannis des forces armees par l ordonnance royale de 1818.
Les textes sur le recrutement (1889,1900,1905,1910,1912,1923,1928) ont donc integre et maintenu dans les institutions militaires disciplinaires non combattantes, les "Sections d Exclus Métropolitains et Coloniaux", toute la faune des condamnes aux peines d exclusion, astreints cependant a de peu enthousiasmantes prestations de travaux publics au profit des armees de terre et de mer.Condamnes a au moins deux ans de prison,les exclus, dont le sort penal a été traite par les tribunaux correctionnels et les cours d assises (loi du 21 mars 1905) sont ages de 22 a 48 ans.Ils sont regroupes au sein de sections de corps d armee,en general une section par CA.Apres la soustraction des individus les plus dangereux,des reformes et des malades mentaux,l effectif moyen annuel ne depasse pas 600 individus réellement aptes.On atteindra cependant le pic de 4000 hommes en 1914-1918.
Deux depots fonctionnent sur les citadelles d Oléron et de Collioure.La Marine regroupe les "promus",detestes par la population,sur le port de Mers el Khebir, ou ils sont utilises pour les travaux les plus rebutants des arsenaux.Les moyens de securite requis sont importants tant pour la traversee que pour la surveillance des bâtiments affectes au logement des exclus.Brigades de Gendarmerie equipees de fusils mitrailleurs et compagnies de Zouaves ou de Tirailleurs se partagent la mission ingrate de surveiller les exclus,les bataillons d Afrique ayant été juges inaptes a l accomplissement de ces missions a cause des réseaux de complicite.
Les "incorrigibles" sont diriges sous l escorte de Spahis,autorises a sabrer les fuyards,vers le penitencier d Ain el Hadjar,ou des surveillants eprouves se chargent de "mater" ceux qui veulent "jouer au dur".A Ain Sefra,une tres redoutable section speciale a carte blanche pour "redresser" les elements les plus coriaces,et cela a n importe quel prix.
En 1914,de nombreux exclus demandent a s engager au sein des bataillons de marche d infanterie legere d Afrique (BMILA) qui débarquent a Marseille et a Bordeaux.Beaucoup perissent en avril 1915,lors de l attaque aux gaz menee par les Allemands sur les positions d Ypres.
En Guyane et en Nouvelle Caledonie,transportes et relegues demandent a rejoindre le front afin de beneficier du droit au retour.Cependant,la moitie seulement ont recu une veritable instruction militaire ("Joyeux",legionnaires,tirailleurs autochtones).En outre, la quasi totalite ont subi une peine sous les drapeaux.Les parlementaires sont divises en deux camps,les "humanitaires",qui défendent le principe du rachat par les armes,le "bapteme du sang",et les "securitaires" qui invoquent le respect de l ordre public et des lois sur le recrutement.Les premiers rappellent le role heroique de quelques bagnards lors du siege de Toulon en 1793-un condamne avait eteint une meche allumee par les Anglais- et les seconds relatent avec force détails la sanglante revolte de Guyane en 1894-qui avait fait une vingtaine de morts-au cours de laquelle des bagnards anarchistes, dont le fameux Julien Mazarguil du 3eme BILA,avaient massacre cinq gardiens.
Le Ministere de la Guerre  aura le dernier mot.Seuls les condamnes ayant effectue la totalite de leur peine,peine des travaux forces et temps equivalent de relegation a cause de l obligation du doublage,auront le droit de servir en France,dans l armee territoriale.Et une seule section coloniale d exclus sera réellement utilisee pour effectuer des travaux de defense....en prevision d un eventuel debarquement allemand en Guyane!

Bonsoir Zephyr1832,

Merci pour ce sujet que j'ai lu avec grand plaisir.
Très intéressant et totalement inconnu pour ma part.
Cordialement,
JLUC

Bonjour Zéphyr,

Ces sujets sont bien intéressants !

Merci.

En 1939-1940,le ministere de la Guerre,alerte par les excès commis par les exclus au sein des BILA,se decide a ramener sur l AFN les recrues les plus douteuses de l armee.
Si certains condamnes politiques et syndicaux sont verses au sein des régiments de pionniers,la masse des "droit commun" est reroupee au sein des compagnies spéciales de travailleurs militaires et des groupes de travailleurs français.
En fait,il s agit d une veritable mixture ou des voyous confirmes côtoient des cas sociaux,des anarchistes et des marginaux.Etroitement surveillees par Vichy,ces cohortes douteuses deviennent des lieux de complot permanent soutenus par la resistance qui manque de recrues.Le debarquement americain en AFN entrainera la disparition de ces unites,dont les membres connaitront les sorts les plus divers:FFL,Phalange Africaine,PCF et meme unites de l US Marines debarquees en Italie....

Bonjour

Tres intéressant et instructif
Merci du partage

Bruno

bonsoir

très intéressant et instructif , ma modeste contribution , une rare photo d'un camp disciplinaire en afrique du nord


collectionnement

dans le cadre de mes recherches généalogiques j'ai pu consulter le livret militaire de mon grand pere maternel, Le formal Gabriel, j'ai pu déchiffrer (car raturée)les mentions suivantes.
"Condamné par le conseil de guerre de la 31e division d'infanterie le 17 septembre 1917 à la peine de 5 ans de détention et à la dégradation militaire pour coupable d'avoir le 23 août 1917 aux armées, déserté en présence de l'ennemi. "
Dans la marge on trouve la mention " Condamnation amnistiée art 9- loi du 3/01/1925"
Il est ensuite engagé volontaire dans la légion, puis démobilisé le 6 septembre 1919.
Le second paragraphe raturé dit " Immatriculé aux exclus métropolitains le 11 mai 1923 affecté à la 11e section de mobilisation, attaché à la prison militaire de Nantes numéro 16084 (suite illisible), a été libéré par suspension de peine le 13 juillet 1918, de la maison centrale de Melun.
Mis en congé illimité de démobilisation le 6 septembre 1919 et n°64349 échelon DD du régiment d'infanterie de Saint-Nazaire, rue de Trignac 108.
Condamnation excluant de l'armée le 18 septembre 1917, amnistié article 9 de la loi du 3 janvier 1925 rayé des contrôles des sections métropolitaines d'exclu le 11 avril 1925 ".
je n’ai aucun renseignement familial sur ce sujet puisque que ma grand mère est décédée 5 ans après et ma mère n'a pas connue son père très longtemps car elle avait 4 ans lors de son décès,mais je suis au courant des mutineries au seing de l'armée dans cette période . donc j'aimerais savoir si cette condamnation rentre dans le cadre de ces mutineries .
merci d'avance a tous ceux qui peuvent m'eclairer un peu plus sur ces condamnations.

Bonjour, cela commence par là...

Bienvenue. Avant tout merci de vous présenter et lire et accepter le règlement.

Cordialement

Merci c'est toujours passionnant !

cordialement
Paco

Bonne annee 2023.En 1972,lorsqu il produisit son film,"la scoumoune",avec l inoubliable Belmondo et la belle Claudia Cardinale,Jose Giovanni se renseigna pour savoir si historiquement pouvait tenir une scene montrant des bagnards gagnant le front de France.On lui repondit qu aucun bagnard n avait eu le droit de quitter la Guyane,aussi bien transporte que relegue,pour servir aux bat d Af.Il tint compte de ce renseignement pour son scenario.La scene montrant des condamnes deminant les plages-ou Dominique Zardy trouve la mort-rappelle l emploi de reclusionnaires,condamnes pour collaboration,et effectivement puises dans les maisons centrales pour servir comme auxiliaires du Genie.