Briquet du Grenadier blessé de Rivoli ! (Sabre "de compagnie d'élite")

Bonjour,

Bon, je l'accorde, le titre est accrocheur, un brin mensonger, mais je m'explique...
Tout le monde connait le célèbre tableau de Philippoteaux (1844) représentant le Général Bonaparte à Rivoli (1797):



Et bien entendu tout le monde a remarqué le sabre 1767 fantaisie (dit de compagnie d'élite), à tête léonine, du Grenadier blessé au premier plan:





Et bien voici un exemplaire très similaire à celui que le peintre devait avoir comme modèle, avec son fourreau et une belle lame de Solingen:



















Bien cordialement.

Félicitation,
superbe trouvaille que je préfère à ton autre rentrée,
Superbement mis en valeur avec le tableau (Ce serait pas mal avec une belle copie pour mettre en arrière plan)

L'idée d'accompagner le sabre avec une copie du tableau, on un détail du tableau peut être sympathique. Pour les vues de détail il est parfois difficile de trouver une image avec une bonne résolution. Là j'avais photographié ce détail sur l'original.

Sinon les deux rentrées me plaisent bien, elles sont très différentes. Celle-ci vaut par elle-même (modèle original, bon état) et par le lien avec ce tableau. L'autre ( [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ), en mauvais état, d'un modèle très courant, ne vaut que par ses marquages.

Quelques détails sur ce sabre atypique, même au sein des sabres dits de compagnie d'élite:
* Ce sabre a une poignée qui garde les gros cordons du briquet réglementaire alors que la majorité des sabres dits de compagnie d'élite alors que la majorité sont lisses et anguleuses.
* La fusée n'est pas moulée d'un bloc comme c'est quasiment toujours le cas pour ce type de sabre. Elle est composée de deux moitiés moulées séparément puis soudées l'une à l'autre.

Pour la lame, elle est signée S&K, soit Schmitzer et Kirchbaum à Solingen.


La tête léonine est la plus fréquemment utilisée, le lion étant un symbole facilement identifiable et très neutre politiquement. Comme à l’habitude sur ces sabres comme sur toutes les calottes léonines de la Révolution la représentation est assez naïve, certainement réalisée par des gens qui n'avaient jamais vu de lion en vrai.

Dans le Lhoste et Resek ces sabres sont attribués à des compagnies d'élite chargées de la traque des chouans entre 1796 et 1801. Interprétation douteuse et qui mériterait d'être sourcée.
Jean Pierre Martin pense que ces sabres furent portés par les Compagnies d'Elite (sans les définir), le régiment Colonel Général et certaines formations d'infanterie légère.
Michel Pétard pense que cette mode des briquets fantaisie a peut-être commencé un peut avant la Révolution (vers 1786 / 1788) dans les têtes de colonne (tambours, musiciens, soldats-charpentiers...). Il attribut plutôt les têtes d'aigles aux musiciens, les têtes de lion pouvant selon lui être attribuées à des musiciens, des sapeurs d'infanterie ou encore des gradés d’artillerie...
Au final ces sabres que l'on retrouve de la fin de l'Ancien Régime à l'Empire semble difficilement attribuable. Il en existe montés avec des lames de cavalerie, on les attribut parfois à des officiers d'infanterie, à des sous-officiers... A une époque où l'équipement était hétéroclite (sabre briquets réglementaires de différents modèles, sabres de mineurs, éventuellement sabres de prise...) et insuffisant (réquisition des sabres d'infanterie à lame longue pour la cavalerie) il semble plus que probable que ces sabres tous issus de l'industrie privée aient équipés n'importe quel soldat révolutionnaire (gradé, tambour, musicien, artilleur, sapeur, grenadier, carabinier... tous ceux qui sont censés avoir un sabre briquet) qui avait les moyens de se le payer ou qui mettait la main dessus.

Bravo. Jolie briquet, et très interessant de voire le connexion avec la peinture.

Merci !