Tenues de l'Infanterie de Marine par la photographie, 1873-1886 (Marsouins)

Tenues de l'Infanterie de Marine par la photographie, IIIème République 1873-1886 (Marsouins)

Bonjour à Tous,

Nouvel épisode traitant de l'évolution des uniformes portés par les marsouins de l'Infanterie de Marine entre 1873 et 1886, année de la suppression de la tunique (21 octobre 1886).

Le lien résumant la tenue des Officiers au début de la IIIème République :
https://www.passionmilitaria.com/t110629-tenues-de-l-infanterie-de-marine-par-la-photographie-1873-1883-officiers

L’étude se poursuit donc en s’appuyant de nouveau essentiellement sur le règlement du 10 janvier 1873, mais en s’inspirant aussi de l’article de M. Louis Delpérier paru dans le magazine « Uniformes » de décembre 1985 : « Au beau temps de la Coloniale 1871 – 1914 ». J’en profite d’ailleurs pour témoigner à M. Delpérier mon admiration pour ses écrits qui m’ont donnés la passion de l’Histoire militaire et des uniformes… Sait-on jamais, peut-être lira-t-il mes lignes maladroites…

Avant d’en venir à la première photo, peut-être est-il nécessaire de rappeler qu’à cette époque, orée de la grande expansion coloniale Française, l’Infanterie de Marine (qui ne s’appellera « Infanterie Coloniale » que le 1 janvier 1901, était constituée de 4 régiments répartis ainsi :
1erà Cherbourg, le 2ème à Brest, le 3ème à Rochefort et le 4ème à Toulon. De très nombreuses compagnies, plus de la moitié, occupaient par ailleurs les colonies encore embryonnaires qui allaient servir de base à l’expension coloniale Françaises.

Venons-en aux photos…


Ces marsouins en grande tenue portent la tunique que le nouveau règlement de 1873 a quelque peu modifié au regard du modèle précédent.
La tunique est toujours en drap bleu foncé à deux rangées de 7 boutons en cuivre avec des passepoils écarlates sur le devant, au collet et aux parements. Ces derniers sont dorénavant droits et permettent ainsi une identification plus aisée de ce modèle et une datation plus précise de ces photos. Au collet, échancré, nous retrouvons les ancres en drap écarlate, cousues à l'extérieur comme à l'intérieur pour les rendre visibles lorsque le collet est rabattu aux colonies. Les épaulettes sont en laine jonquille.
Une appartion de taille sur ces deux photos, le ceinturon des équipages de la flotte en cuir noirci avec sa boucle en cuivre découpée en forme de rectangle et qui fut donné à l’Infanterie de Marine le 27 avril 1870. Il ne fut en fait réellement porté que dans les années 1872/73 et repris dans le nouveau règlement.
Le pantalon, modèle 1873, est en drap gris bleuté à passepoil écarlate sur les côtés.
Les shakos sont du modèle réglementaire de 1873. Ils sont recouverts de drap bleu foncé, à calot en cuir verni noir débordant sur le corps. Les coutures latérales, inclinées vers le devant, sont recouvertes par un cordonnet de laine écarlate formant passe-poil. La visière est arrondie, disposition adoptée en septembre 1874 en remplacement de la visière carrée qui équipait le modèle antérieur.
Sur le devant, cocarde tricolore et ancre en cuivre doré. La première photo ayant été  prise à Rochefort, l’on peut imaginer notre Marsouin du 3ème Rég. D’Inf. De Marine, le pompon, sans n° est donc probablement de couleur jonquille, la seconde photo de Cherbourg, garnison du 1er régiment, aura le pompon bleu, l’écarlate étant réservé pour le 2ème et le vert pour le 4ème régiment.

Cette nouvelle photo, très dans le style de l’époque, nous présente quatre marsouins dont au moins deux caporaux aux galons de laine écarlate posés en oblique sur les tuniques décrites plus haut.



La casquette, appellation du règlement de 1873, plus couramment connue sous le nom de képi, a remplacé dans cette ambiance décontractée le shako. Celle-ci est en drap bleu foncé tout comme la tunique et est ornée sur toutes ses coutures (excepté celle d’assemblage de la visière) d’un passepoil en cordonnet de laine de couleur écarlate. De même couleur, une ancre encablée en drap est cousue sur le devant, elle mesure 45 mm et est sur le clicher en partie cachée par la jugulaire en cuir noir fixée par deux petits boutons d’uniforme en cuivre.
Les pantalons ne diffèrent pas des précédentes photos, ils laissent ici apparaître les guêtres de toile blanche.

Sur la photo suivante, profitons de ce sapeur pour évoquer les galons et autres signes distinctifs.


Au collet de la tunique, les ancres de laine écarlate, qui semblent ici avoir été rehaussées pour les besoins de la photo, sont bien visibles. Les deux haches croisées de laine écarlate sont cousues sur les deux bras et symbolisent la fonction de sapeur. Le cors de chasse écarlate en dessous témoigne quant à lui de l’obtention d’un prix de tir et n’est cousu que sur la manche gauche. Je dois avouer que les nuances des ancres et du cors me laissent perplexe car pouvant être imaginés en or, mais, il n’existe pas de sergent sapeur à ma connaissance, alors ?

Identification des galons posés en oblique, sur les manches de la tunique, du paletot et de la capote :
Soldats de 1ère classe : Un galon de laine écarlate sur chaque avant-bras.
Caporaux : Deux galons de laine écarlate sur chaque avant-bras.
Sergents : Un galon en or sur chaque avant-bras.
Sergents-majors : Deux galons en or sur chaque avant-bras.
Fourriers : Ils peuvent être caporaux ou sergent, portent les galons de leur grade en y ajoutant un galon supplémentaire en or, placé obliquement sur le haut de chaque bras.
Clairons : Un galon à losanges tricolores autours du collet et des parements de la tunique et du paletot. (Pas sur la capote)

Les chevrons d'ancienneté sont en laine écarlate pour les hommes du rang, en or pour les sous-officiers et se portent sur le haut du bras gauche seulement. Ces chevrons se portent sur la tunique et sur la capote seulement mais jamais sur le paletot de molleton.

Insignes :
Prix de tir : Caporaux et soldats, un cor de chasse de couleur écarlate brodé en laine sur drap bleu foncé pour la tunique et sur drap gris de fer bleuté pour la capote. Les sous-officiers le porte brodé en fil d’or.


Ici, le paletot, effet emblématique de l’Infanterie de Marine puis Coloniale, est présenté par ce sergent-major à l’allure décontractée, dans les toutes premières années de la République ou peut-être même dans les derniers moments de l’Empire.


Il porte le paletot réglementaire de 1873, que la commission présidée par le Général de Vassoigne le 20 décembre 1869 préconisait déjà. Celui-ci est en molleton bleu foncé à deux rangées de 5 boutons en cuivre, possède deux poches sur le devant recouvertes par des pattes. Le collet arrondi est orné de 2 ancres écarlates sur la face externe.
Les pattes d'épaule en drap du fond liserés d'écarlate sont ici bien visibles.
Le pantalon du Second Empire, en drap gris de fer bleuté et bandes latérales écarlate est encore porté en attendant le nouveau modèle qui lui sera à passepoil écarlate sur le coté, comme l’on peut le voir sur les photos précédentes.

Quelques petites précisions non illustrées pour finir sur les tenues portées aux colonies... Les photos de cette période sont rares quant à celles revenant des colonies, n’en parlons pas !

Le règlement de 1873 ne développe que peu d’effets d’outre-mer, l’on trouve le chapeau en tresses de latanier, le salacco, la ceinture en laine rouge et les grandes guêtres. Pour le reste, on adapte le port des effets métropolitains au climat. La tunique se porte ouverte, fermée par les trois derniers boutons, avec son col rabattu. Au Sénégal et en Cochinchine où la tunique n’est pas portée, le paletot sert d’effet de grande tenue et pour la circonstance, les pattes d’épaule font place à des brides d'épaulettes en drap du fond doublées et liserées d'écarlates afin de permettre le port des épaulettes de laine jonquille pour la grande tenue comme le stipule le règlement.

Peu de photos au final pour évoquer cette période charnière entre la fin d’un Empire et la naissance prochaine de l’Empire Colonial Français.  

Le prochain volet mettra en situation la tenue des officiers, qui dès 1883 abandonneront la tunique et leurs épaulettes pour une tunique-dolman.

Cordialement
JLUC.

Bonsoir JLUC,

ADMIRABLE, tout simplement. Bravo pour cet article superbement documenté.

Poddichini

Bonsoir Poddichini,

Merci pour votre commentaire, il me fait plaisir..
Cordialement,
JLUC

supprimé

Bonjour,
Magnifiques photos merci du partage ainsi que pour votre article très détaillé, un plaisir de vous lire.
Bien cordialement,
Karl

Bonjour
Merci pour ce très bel article riche d’enseignement.

Bonjour à tous,
Merci à vous pour vos très sympathiques et encourageants messages...
C'est vrai que je me suis un peu oublié sur le sujet, pourtant que de choses à dire et à présenter.
Devant l'intérêt nouveau, je vais m'y remettre et poursuivre la série.
A très bientôt pour la suite,
Cordialement
Jluc.

supprimé

Bonjour,

Quelle est la source ?

Cordialement

supprimé

Merci. C'est toujours bon de mentionner le lieu d'où provient le document, qui plus est lors d'extraits.

Cordialement

Ce type de document vient completer d'autres sources que sont les textes règlementaires et autres documents d'archives comme les photos, permettant de voir la mise en application, avec plus ou moins de décalage, de ces textes règlementaires.

Cordialement

Bonjour à tous,

Voici donc la suite, pour ceux qui pourraient être intéressés.
Cordialement
JLUC

Lien : https://www.passionmilitaria.com/t170828-tenues-de-l-infanterie-de-marine-par-la-photographie-1883-1893-officiers

Bonsoir JL !

Toujours un plaisir plusieurs années après de tomber sur vos écrit !

Cordialement

Bonjour BigorFlo,

Merci à vous, c'est sympathique.
Je prends conscience qu'il manque encore un chapitre (toujours en mode brouillon pour l'heure, faudrait que je m'y remette... ) à cette évocation des uniformes de l'Infanterie Coloniale, la période 1919-1939.
Et il y a encore beaucoup à en dire, je manque un peu de contenu iconographique, ce qui explique cela.

A suivre donc,
Cordialement,
JLuc