Casque colonial modèle 1931 atypique

Un indice supplémentaire : on se rapproche de ce corps (mêmes feuilles) sur un de mes casques coloniaux : 



Poddichini

J'y ai penser, mais vu que les feuilles étaient différentes, j'ai laisser tombé...

Bonjour
Un rapport avec l'aviation ou les chemins de fer???

Non dans les administrations, ça devrais se situer....

Gouverneur?

service d'intendance ?

On est en effet dans le corps des administrateurs, mais il s'agit d'un corps précis, dans un territoire précis.
J'aurai aimé que ce soit un gouverneur Kristiaan, mais non malheureusement.

Poddichini

un officier payeur ?

Dans l'Administration Coloniale ?

directeur d'un bagne, en Guyane par exemple?

Ha oui, bonne idée!

kristiaan a écrit:

Ha oui, bonne idée!

on verra bien

Bien tenté le bagne en Guyane, mais sur l'insigne les feuilles sont de deux types. Donc ce n'est pas ça. 

On est dans la thématique de l'administration coloniale.

Poddichini

j'ai pensé aux bagnes vu les indications pour nous aiguiller disant "un corps d'administrateurs et un territoire bien précis", ouaaah ce n'est pas facile , une administration coloniale mais qui s'occupe de quoi.... ?

Douanes ?

Service de justice...

administrateur des services civils de l'Indochine!
Merci google.

Ma source;

Bien joué Kristiaan, casque colonial du Corps des administrateurs des Services civils de l'Indochine. Article à suivre dans l'après-midi.

Merci en tout cas à tous pour vos recherches !

Poddichini

Bravo kristiaan
et merci Poddichini pour cette énigme!

Merci à vous pour votre participation.

Alors, qu'était ce Corps des Administrateurs des Services civils en Indochine ? Comment étaient recrutés les hommes le composant ? Comment étaient-ils formés ? Quelles étaient leurs fonctions ?

Voici quelques éléments de réponse dans cet article.


Le corps des administrateurs des services civils en Indochine fut l'équivalent du corps des administrateurs coloniaux dans le reste de l'Empire colonial. Divisés en trois catégories, avec à chaque fois trois sous-catégories, ce sont eux qui tiennent les reines de tous les postes clés de la direction de ce qu'on a surnommé « la perle de l'Empire », l'Indochine, un territoire de 737000 km² et d'une population estimée à plus de 22 millions d'habitants à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Avant même la création de la Fédération indochinoise, union de quatre protectorats : Annam, Tonkin, Cambodge et Laos, et une colonie, la Cochinchine, en 1887, une première tentative d'administration est amenée par Auguste Pavie. En 1885, il décide de faire venir à Paris quelques khmers, treize au total, pour les former à la gestion de leur territoire, le Cambodge. Auguste Pavie était à ce moment-là agent des télégraphies dans la future Indochine. De cette première idée naquit une idée plus importante de former des Français pour l'administration de tous les territoires colonisés. L’École coloniale est née (1887). En son sein, une section indochinoise est fondée, pour former les élèves du futur corps des administrateurs des Services civils en Indochine. Cette section indochinoise apparaît en 1899. Ce corps d'administrateurs, indispensable à la gestion d'un vaste territoire, est en fait calqué, plus ou moins, sur le système administratif qui est en place dans le Raj britannique : l'Indian Civil Service, corps administratif fondé en 1858.
Dans le programme des conditions d'admission à l’École coloniale, de 1931, les cours pour la section indochinoise sont les suivants : Géographie détaillée de l'Indochine, Ethnographie détaillée et droit coutumier de l'Indochine, Histoire indigène de l'Indochine et de la Chine, Législation et administration de l'Indochine, Langue annamite, Langue cambodgienne. A l'issue de la formation à Colo, le surnom donné à l’École coloniale, deux choix s'offraient aux élèves de la section indochinoise : entrer dans le corps des administrateurs des Services civils de l'Indochine, ou bien intégrer, toujours en Indochine, les Douanes et Régies. Ce dernier choix offrait visiblement plus d'avantages, notamment des primes dont ne bénéficiaient pas les membres des Services civils. C'est depuis 1937, sous l'impulsion de Marius Moutet, alors député de la Drôme et spécialiste des questions coloniales, par l'intermédiaire d'un décret, que les élèves de la section indochinoise peuvent intégrer les Douanes et Régies, en tant que commis principaux de 1ère classe des Douanes et Régie de l'Indochine.
Mais, il est à noter que tous les administrateurs des Services civils de l'Indochine ne sont pas passés par Colo, car un concours spécial au sein même de la Fédération indochinoise permettait à d'autres candidats d'accéder aux divers postes. En 1939, pas moins de 50% des administrateurs des Services civils sont issus de ce concours.

Comme dit plus haut, il existait une hiérarchie très détaillée chez les administrateurs des Services civils en Indochine : il existait trois grades : administrateur adjoint, administrateur, administrateur en chef. Et chaque grade faisait aussi l'objet d'une division, en trois classes : 1ère, 2ème et 3ème classe. Il était difficile pour un administrateur adjoint de 3ème classe de parvenir au poste d'administrateur en chef de 1ère classe. Jean Clauzel estime à 50% le nombre d'hommes ayant réussi l'ascension complète.
Mais, avant d'entrer dans le corps en lui-même, il fallait faire son année en tant qu'administrateur-stagiaire, sur le terrain, après la réussite au concours spécial ou à Colo. A l'issue des 12 mois, les stagiaires devaient passer des examens : connaissance des langues du protectorat ou la colonie dans laquelle le stagiaire servait, examen sur les coutumes et les mœurs des populations locales. S'ajoute à ces examens une lettre envoyée à Paris des supérieurs hiérarchiques du stagiaire rapportant le comportement du stagiaire pendant les 12 mois écoulés. La réussite à cet examen faisait débuter l'administrateur au bas de l'échelle : administrateur adjoint de 3ème classe. La poursuite du travail s'effectuait pendant 6 ans au moins.

Les administrateurs des Services civils de l'Indochine étaient peu nombreux à l'échelle de la Fédération indochinoise : 290 hommes en 1940, soit environ 1 administrateur pour 80000 administrés. Chose à noter, il n'y avait quasiment aucun Indochinois dans le corps des Administrateurs des Services civils de l'Indochine, seulement 5 visiblement (le chiffre n'est pas certain) à la veille du second conflit mondial.

Le travail au quotidien est très varié et les bureaux sont nombreux et différents : on trouvait des administrateurs dans le cabinet du gouverneur général, comme Jacques-Henri-Paul Le Prévost, administrateur de 1ère classe, Jean-Marie-Norbert Haelewyn, administrateur de 2ème classe, Jack-Etienne Ponge, administrateur adjoint de 1ère classe, dans les années 1930.
En 1936, il existait trois bureaux différents. Le premier bureau avait pour attribution le service d'Ordre intérieur, le contrôle des emplois réservés, les questions de retraite, la caisse intercoloniale et les régimes de pensions, l'instruction publique, le personnel local, métropolitain détaché, contractuel et journalier, les langues orientales. Il s'occupait également de la gestion des personnels dits « indigènes ».
Le deuxième bureau s'occupait de l'administration judiciaire, des Douanes et Régies, des Postes, de la Radiotélégraphie, de la Trésorerie, des Travaux publics et Mines, de l'Arsenal de Saïgon, de la Direction des Finances, du Service de la Propriété foncière, du Contrôle financier, des Municipalités et de l’École française d'Extrême-Orient, de l'Agence économique à Paris, du Service météorologique, de la Caisse locale des Retraites, du Service géographique, de l'Institut océanographique, de la Marine marchande, de l'Inspection du travail.
Enfin, le troisième bureau gérait le Service civil en lui-même, les Commis du territoire du Kouang-Tchéou-Wan, les Archives et le Cadastre, les Services pénitentiaires, l'Assistance médicale, les instituts Pasteur, le Service vétérinaire, les Services agricoles et commerciaux, l'Institut de recherches agronomiques, le Crédit populaire agricole, les Forêts, les Chimistes, l'Office du riz, la Gendarmerie. Il encadrait également tout le reste du personnel indochinois (pharmaciens, vétérinaires, médecins, agents techniques du Cadastre et de la Topographie, de la Géographie, les contractuels et les journaliers également).

Les administrateurs des Services civils de l'Indochine étaient donc indispensables à la bonne gestion du territoire. Quasiment tous métropolitains, ils servaient quelques années en Extrême-Orient avant de repartir pour la métropole, pour un long congé, à l'image de leurs homologues de l'administration coloniale.

Ci-dessous, voici une photo du Bureau des Services civils de Saïgon, en Cochinchine, bâtiment construit sur un style mi-européen, mi-asiatique.


Source : http://www.ebay.fr/itm/CPA-VIETNAM-INDOCHINE-Saigon-Bureaux-des-Services-Civils-321269-/311686007596?hash=item4891ef0b2c:g:GwwAAOSw5ClXw1Gk

Puis, voici une photo d'un membre de ces Services civils, en tenue de cérémonie, René Schneyder, entouré du personnel indochinois. On remarquera que la tenue est sensiblement la même que celle des administrateurs coloniaux, à la différence, peut-être, du pantalon.


Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File%3ARene_schneyder.jpg
By Actalys (de ma famille) [GFDL (http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html) or CC BY-SA 3.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], via Wikimedia Commons

Pour réaliser cet article, mes références sont les suivantes :

CLAUZEL Jean : La France d'Outre-mer (1930-1960) : Témoignages d'administrateurs et de magistrats; Khartala; 2003.
Programme des conditions d'admission à l'Ecole coloniale; Librairie Vuibert; Paris; 1931.
Annuaire administratif de l'Indochine; 1936.

Poddichini.

Bonjour
Merci pour l'énigme et surtout pour la réponse super documentée qui permet toujours d'apprendre quelque chose.
Ce soir je me coucherai moins bête 😀

Idem!

Bonsoir ,

et merci pour ce voyage dans le temps ... pas si lointain d'ailleurs.

F+

Merci à vous tous ! C'est sympa.

Poddichini

Bonsoir

Un grand merci pour cette énigme qui a bien fait travailler nos méninges, mais surtout pour ton exposé très documenté - un réel plaisir !!!!!

Bravo !

Merci pour votre contribution Le Picard. C'est un plaisir de vous faire partager ces éléments.

Poddichini

Bonsoir,
merci beaucoup pour de ce partage fort intéressant ! Sacrée organisation que ces Services civils en Indochine
Cordialement.
purjus

Merci à vous Purjus.

Poddichini

Bien le bonjour Poddichini,

Une bien belle pièce qui rentre pile dans votre thème,
Je n'aurai pas pensé au Service Civilen Indochine

//Pour le rôle j'aurai pensé à un un Oliveron ? ou un Oléiculteur ? //

Cdt,

Yann,