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| Carnet B : Jean-Michel Ihuel | |
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Cvirlo Caporal
Nombre de messages : 60 Age : 73 Localisation : Riom Thème de collection : 1870-1945 - Commune de Paris - IIIème République - 14/18 - 39/45 - Extrême-Gauche - Anarchisme - Moeurs Date d'inscription : 19/11/2019
| Sujet: Carnet B : Jean-Michel Ihuel Lun 16 Déc - 9:12 | |
| Le Carnet B est l'instrument principal de surveillance des « suspects », français ou étrangers, sous la Troisième République en France. Liste des antimilitaristes inscrits au carnet B résidant dans la circonscription du commissariat spécial de police de Lens le 25 juillet 1914. Le Carnet BLe Carnet B est créé en 1886 par le général Boulanger, pour lutter contre les activités d'espionnage. Géré par le ministère de l'Intérieur, il est progressivement étendu à tous les individus pouvant troubler l'ordre public ou antimilitaristes qui pourraient s'opposer à la mobilisation nationale. Le 1er août 1914, le ministre de l'Intérieur Louis Malvy décide de ne pas le mettre en œuvre lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale. (Néanmoins, si le jour de la mobilisation, le ministre de l’Intérieur, Louis Malvy, rassuré par l’attitude collaborationniste des syndicats, envoie un télégramme à tous les préfets, leur demandant de ne pas appliquer le carnet B, celui du Nord et le Pas-de-Calais a déjà procédé à des arrestations Le Carnet B sera abrogé en 1947. L'Affaire Jean-Michel IhuelLes faitsLe 5 août 1914, lors du défilé de départ du 262e régiment de Lorient, le quotidien local relate : « Tout à coup, au moment où toutes les têtes étant découvertes devant le drapeau qui allait tourner l’angle de la rue du Cimetière, régnait un silence relatif, un cri surgit de la foule : « A bas la guerre ! » La stupéfaction est telle que personne ne bouge, quand à nouveau, la même voix s’élève, plus aiguë encore : « Vive l’Allemagne ! » Cette fois on n’a pas rêvé : Un homme est là, face au drapeau, la tête couverte (lui seul), gesticulant de façon provocatrice. [1] » L’homme malmené par la foule, le visage ensanglanté, est arrêté par des gendarmes et encadré d’une foule haineuse est conduit au poste de police. Il s’avère alors que Jean-Michel Ihuel est depuis 1911, inscrit sur la liste du Carnet B. Ouvrier charpentier à l’arsenal de Lorient, âgé de 33 ans, libertaire et syndiqué il est l’ami avec le secrétaire de la bourse du travail, Yves Trévennec. Poursuivi en 1907 pour colportage de chansons révolutionnaires, il est au moment des faits, correspondant du journal l’ Émancipateur de Toulon [/i]et collaborateur du Prolétaire du Morbihan [2], l’organe de la bourse du travail de Lorient. Le Nouvelliste du Morbihan imprime le 7 août : c’est un « Sans patrie » qui pour cette raison, mérite la prison. Cependant son procès devant le Conseil de Guerre maritime va donner lieu à plusieurs audiences contradictoires. En effet, l’accusé conteste avoir tenu des propos antimilitaristes, et les témoins ne sont plus sûrs de les avoir entendu.Le Prolétaire Breton Premier procèsLors de la première audience, les témoins à charge qui affirment que le militant a effectivement crier « Vive l’Allemagne » sont peu nombreux ; d’autres témoins qui étaient juste à côté de l’accusé affirment n’avoir rien entendu ! Les gendarmes et les policiers n’ont eux non plus rien entendu alors qu’ils étaient proches de la scène. La seule chose dont on soit sûr est que l’accusé n’a pas ôté son chapeau comme le reste de la foule en signe de respect pour le drapeau. Il l’explique par le fait qu’il était concentré pour essayer de trouver un cousin qu’il pensait être mobilisé au 262e régiment qui défilait. Le conseil de guerre réuni le 19 août ajourne sa décision en demandant un complément d’enquête, laissant l’accusé en liberté provisoire. Le procés du 7 Octobre 1914Le 7 octobre 1914, il est défendu par un avocat de Paris, Maurice Juncker : membre de la SFIO, défenseur régulier, comme l’avocat Pierre Laval, de syndicalistes, et directeur de la revue Le Droit Ouvrier. C’est, on peut le penser, une action engagée par la Confédération, à la demande d’Yves Trévennec. Léon Jouhaux, saura, lors des débats syndicaux houleux de l’après guerre se constituer des majorités de congrès en rappelant ces quelques « services » à ceux qu’on aurait pu croire hostiles au réformisme. Le jour de l’audience, il n’y a plus de témoin qui a entendu directement l’accusé crier des slogans pacifistes et l’interrogatoire montre la difficulté qu’il y a à établir la vérité : « M.Yves Trévennec, secrétaire général de la Bourse du travail, connaît intimement le prévenu. Celui-ci lui a exprimé, bien avant l’incident son indignation contre les Allemands, qui avaient violé la neutralité de la Belgique. Il estime qu’il y a eu machination pour perdre Ihuel. D’ailleurs, à la Bourse du Travail, en raison des agissements des ennemis, tous les camarades se sont montrés patriotes et ont même créé une caisse de secours pour les blessés ou leurs familles. » [3] Ihuel est cependant condamné à 45 jours de prison, et sur le conseil de son avocat se pourvoie en cassation contre le jugement. L'audience du 5 novembre 1914La dernière audience a lieu le 5 novembre 1914 : mais l’ouvrier n’ayant pas d’avocat, le conseil de guerre désigne comme défenseur le gendarme qui était chargé du service d’ordre dans la salle ! Jean-Michel Ihuel est condamné cette fois-ci à 30 jours de prison. Sources
- Le Nouvelliste du Morbihan, 7 août 1914.
- Ce journal est consultable en ligne sur le site des Archives Départementales du Morbihan.
- Le Nouvelliste du Morbihan, 7 octobre 1914
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