Casque M1 34^ I.D. "Red Bull" qui est passé dans ma ville

Je m'excuse si mes messages sont longs, et peut-être ennuyeux, mais j'aime raconter des histoires, peut-être parce que je suis presque vieux, mais aussi parce que je pense que c'est bien de contextualiser les objets. Je pense aussi que les événements qui se sont déroulés sur le front italien vous sont également assez inconnus, en particulier les plus mineurs.

Ma petite ville s'appelle Cecina; il est situé sur la côte toscane, sur la mer Tirreno, à mi-chemin entre l'île d'Elba et Livorno. Aujourd'hui, elle compte près de 30 000 habitants; en 1944, il y en avait un peu plus de dix mille.
Malgré sa petite dimension, ce fut le théâtre d'une dure bataille, la plus dure après Rome; même les combats qui ont eu lieu à Cecina et dans les villages voisins ont valu à ces lieux le nom de Little Cassino par les soldats alliés.
Notre territoire est une étroite bande côtière plate, mais à quelques kilomètres à l'est, les collines commencent déjà et deviennent alors la chaîne de montagnes des Apennins qui traverse toute la péninsule italienne du nord au sud.
Ce type de territoire signifie que dans les années 40, les seules voies de communication le long de la côte nord-sud étaient la Via Aurelia, qui suivait le tracé de l'ancienne voie consulaire romaine qui partait de Roma et menait à Ventimiglia, puis à la Gaule, c'est-à-dire la votre France, et la ligne de chemin de fer tyrrhénienne qui y est parallèle.
Les deux voies de communication traversaient Cecina grâce également à deux ponts qui traversaient le fleuve de notre ville, qui porte le même nom; de plus, Cecina était aussi un carrefour: le chemin de fer bifurquait dans deux autres directions, l'une qui allait vers l'intérieur des terres vers les collines pour atteindre Volterra et l'autre vers le nord-est allait vers Pisa; les routes aussi: la Via Emilia va à Pisa, la Salaiola à Volterra; c'étaient toutes deux des routes non pavées, étroites et sinueuses, mais elles étaient les seules importantes là-bas.
C'étaient les voies de communication que les Allemands utilisaient abondamment pour approvisionner les fronts de Cassino et d'Anzio, à la fois depuis l'Allemagne et depuis les usines du nord de l'Italie où la production industrielle italienne était alors concentrée.
En fait, mes lieux étaient presque exclusivement agricoles; comme il y avait la mer, une certaine économie reposait sur la pêche et un tourisme modeste.
Tout cela pour faire comprendre pourquoi un village tranquille de petits commerçants, artisans, pêcheurs et agriculteurs est devenu une «main Target» pour les Alliés: près de cinquante bombardements aériens qui ont détruit plus de la moitié du tissu urbain et contraint tous les habitants à trouver asile à la campagne.



De plus, entre la mi-juin et la fin juillet 1944, il se trouve être l'épicentre d'une série de batailles impliquant trois divisions d'infanterie américaines plus des unités de chars et d'autres opposées à autant de divisions allemandes, même réduites de nombre, parmi lesquels le 16^ Panzer Grenadier Reichsfuhrer SS, le 162^ Turkménistan Div., le XIX Feldivision Luftwaffe, d'autres régiments d'infanterie, des unités numériquement plus petites de parachutistes et Hermann Goring, etc. formé en grande partie par des vétérans expérimentés de la Sicile, Cassino, Anzio et ainsi de suite.





Du côté allié, les protagonistes absolus de la bataille spécifique de ma ville, qui a duré quatre jours du 29 juin au 2 juillet, étaient les soldats de la 34^ division d'infanterie "Red Bull", une unité formée en grande partie par Nisei, ou citoyens américains de origine japonaise, principalement d'Hawaii et de Californie, en particulier dans les Rgt. 100, 133 et 442 Regimental Combat Team.



Quelques jours après la bataille de Cecina, un aéroport et un hôpital ont été construits et il y a eu plusieurs visites VIP, toujours avec Gen. Clark:


6 / 7 /1944: U.S.A. Secretary of War Henry Stimson





28 / 7 / 1944 King George VI




19 / 8 / 1944 Sir Winston Churchill








La 34^ I.D. débarqua en Afrique du Nord, à Alger, en novembre 1942 et participa aux dernières étapes de la guerre en Tunisie.
Puis il passa en Italie, à partir du débarquement de Salerne en septembre 1943, puis du front de Cassino; puis le débarquement à Anzio, les batailles pour Cisterna di Latina, Roma et Civitavecchia. Ainsi à l'été 1944, les batailles le long de la côte toscane, jusqu'à la prise de l'important port de Livorno fin juillet. Elle s'installe alors le long de la ligne de l'Arno, participe à la libération de Pisa en septembre, une partie de la division se dirige vers Firenze et une partie vers la Liguria; puis le peuplement sur le front de la ligne gothique, ou les Apennins toscano-émiliens, où le front s'est arrêté pendant plusieurs mois, passant par l'hiver rigoureux de 44-45, caractérisé par des affrontements continus de patrouilles sur les montagnes enneigées. Lorsque les opérations ont repris au printemps 1945, il y a eu la libération de Bologna et de Genova et donc les deux «bras» de la division se sont rencontrés dans la région de Piacenza et ont continué l'avancée vers le nord, en Lombardia, Piemonte et Valle d’Aosta jusqu'à la fin des hostilités en Italie fin avril.
Une partie du 34^, c'est-à-dire le 442 RCT d'octobre 1944, est envoyée en France, dans les Vosges, pour aider un bataillon de la 36 ^ I.D. «Texas»  piégé par une puissante contre-attaque allemande; à la fin de la mission, février / mars 1945, ils retournèrent en Italie dans les Apennins liguriens, à temps pour participer aux derniers combats en Italie.
La 34^ I.D. dans son expérience méditerranéenne comptait 611 jours de «première ligne», un record, plus de 7 000 tuées et disparues, près de 15 000 blessés; un taux de perte de plus de 300%, comme s'il avait été reconstitué trois fois.

Je suis né exactement dix ans après la traversée du front dans mon pays et j'ai grandi en entendant des récits "de la guerre" des milliers de fois, donc les souvenirs de ceux qui ont passé mon rôle m'ont toujours attiré.
Une fois, en tant que garçon, j'ai personnellement trouvé de nombreux objets qui remontent à cette période, puis au fil des ans, cela devient de plus en plus difficile, mais parfois quelque chose sort encore.

Il y a quelques années, un casque 34^ est sorti d'un garage à Florence; grâce à des circonstances chanceuses, j'ai pu le prendre et grâce au fait qu'un numéro de série était écrit à l'intérieur de la coque en acier, j'ai également pu reconstruire quelque chose sur l'histoire du soldat.
Il appartenait au soldat Richard E. Coleman, sergent, venant de Tulsa (Oklahoma) où il est né le 17 décembre 1915, et où, heureusement pour lui, il est revenu à la fin de la guerre, ici a vécu sa vie et est décédé en septembre 2008, à l'âge de 93 ans.
Il faisait partie du 135 Rgt et avait fait exactement tout le chemin que j'avais précédemment indiqué comme le chemin de la Division, compris le passage da ma ville.

Le soldat Coleman avait également été décoré de Silver Star, l'une des 1153 médailles de ce genre décernées à la 34^ I.D., pour «actes de courage et d'intrépidité»; il était décoré à l'époque où il se trouvait dans la région d'Anzio, les faits se référaient donc au front de Cassino.


Grâce à Facebook, j'ai aussi retrouvé une jeune nièce qui a confirmé que lorsqu'elle était enfant, elle «jouait avec les objets de guerre de son grand-père», mais en réalité elle n'en savait pas grand-chose; elle s'étonnait qu'il ait été en Italie, pour elle il avait été génériquement en Europe et donc elle pensait à la France, à l'Allemagne; il m'avait dit qu'il me mettrait en contact avec un autre membre plus âgé de la famille, Coleman avait trois fils plus ou moins de mon âge, mais en réalité je ne savais plus rien.
Je vais essayer de les contacter à nouveau.
Après tant de discours, voici des photos du casque

Bonsoir,
Votre message n'est ni trop long ni trop ennuyeux !
Il est formidable.
MERCI.
ZP

Bonsoir,

Magnifique pièce et superbe histoire qui va avec

Ah, j'oubliais: mon pays a été le "baptême du feu" pour beaucoup de "Malgré Nous", les Alsaciens nés en 1926-1927, jeunes de 17-18 ans qui ont servi dans les rangs des 16 ^ "Reichfuhrer" SS. J'ai lu plusieurs témoignages qui mentionnent des endroits qui me sont très familiers. Pour beaucoup d'entre eux, malheureusement, c'était aussi leur tombe.
Ma mère, qui avait 12 ans à l'époque, se souvient qu'un groupe de SS avait campé sur la cour de la ferme; tôt le matin, leur officier faisait faire la gymnastique, en short et en t-shirt.
Ma mère a toujours dit: en uniforme, ils faisaient peur mais quand ils faisaient de la gymnastique, ils ressemblaient à des garcon comme moi.

SUPERBE

Super casque et en plus avec l'histoire qui va avec !
Merci pour le partage

Bonjour,

Merci beaucoup pour tes postes, ils sont géniaux !

Magnifique M1 identifié !

C'est quoi la prochain ? un casque de la 3rd ID US ?

Bonjour encore un superbe casque
vos messages d'intro ne sont jamais trop long car ils sont toujours très intéressant !
Silente

EnergY a écrit:

...C'est quoi la prochain ? un casque de la 3rd ID US ?

Malheureusement, je n'ai jamais trouvé de casque 3 ID convaincant. A vrai dire, j'en ai un, mais c'est étrange, car il est de couleur US Navy et porte également les initiales SP (Shore Patrol); un peu absurde? non, il y a aussi une raison plausible, et cela pourrait aussi concerner la Provence ...
un jour je vais le montrer ...

p.s. celui de votre avatar est très joli.

Bonjour
Merci du partage.
Passionnant

Ah oui c'est étonnant en effet !

Hésite pas à le présenter quand même , c'est intéressant !

Merci

Merci du partage. C'était émouvant et beau.

Un grand merci pour le partage

Bonjour,

Vraiment superbe ce post.

Merci du partage et bel ensemble présenté ici.



B

Merci à vous pour l'appréciation

Bonsoir, Merci pour ce récit et pour les photos.
Cela a été un réel plaisir de vous lire.

Bien cordialement,

Piero.Italia a écrit:

Je m'excuse si mes messages sont longs, et peut-être ennuyeux, mais j'aime raconter des histoires, peut-être parce que je suis presque vieux, mais aussi parce que je pense que c'est bien de contextualiser les objets. Je pense aussi que les événements qui se sont déroulés sur le front italien vous sont également assez inconnus, en particulier les plus mineurs.[…]
Après tant de discours, voici des photos du casque […]

Histoires passionnantes ! Voire, fascinantes !!
Illustrées d'une superbe (et rare) iconographie

Belle histoire documentée, merci pour le partage

Bonjour,

Post très sympathique sur une division du front Italien, et qui est peu connue en France. Le casque est très beau. Cela fait toujours plaisir de voir des pièces de la campagne d'Italie.
Allez..peut être bientôt, un nouveau post avec un casque de la 88th I.D.!
Vous avez raison, un certain nombre de malgré-nous ont combattus dans la 16. Pzgd Reichführer SS. Et, il en reste quelque uns en vie qui peuvent encore témoigner.

Cordialement
9e DIC

Merci encore à tous; Je suis heureux que le sujet soit intéressant.
En ce qui concerne un casque de la 88e Division, eh bien, j'en ai un qui n'est pas vraiment beau, mais il contient une histoire de soldat qui, à mon avis, est intéressante. Je vais le montrer bientôt.

Bonjour,

Nickel, vivement le prochain post!

À bientôt.

Cordialement

9e DIC