Prêtre parmi les SS

Bonjour

A plusieurs reprises, je vous ai fait part d'un de mes thèmes préférés: WW2 en pays vannetais. Dernièrement j'ai acquis non pas un livre mais un document dactylographié et photocopié puis relié (voir les photos ci-dessous.
L'auteur, Louis Didier, prêtre morbihannais du diocèse de Vannes y conte son arrestation le 18 mars 44 alors qu'il est le curé d'Ambon (20 km de Vannes), son séjour à la prison de Vannes, puis à Compiègne Royalieu puis sa déportation à Neuengamme, son détachement en Kommando à Porta pour construire une usine souterraine et enfin son transfert à Dachau et sa libération le 15 mai 1945.

Il y décrit des souffrances et ses espoirs de prêtre et surtout donne le noms de nombre de personnes croisées pendant son périple ecclésiastiques et laïques. Un a retenu mon attention : le Père Fily. Sa fiche (SHD Vincennes) recopiée figure en dernière pièce jointe











Père Joseph FILY

Né le 26 avril 1891 à Vannes (Morbihan), ecclésiastique, professeur d’allemand et d’espagnol, Joseph Fily est incorporé le 10 octobre 1912 au 113e régiment d’infanterie à Blois. 1ère classe le 13 juillet 1913, il est nommé caporal le 6 novembre suivant. Présent à la mobilisation générale du 2 août 1914, Joseph Fily est promu sergent le lendemain. Blessé à Signeulx (Belgique) le 22 août 1914, fait prisonnier, il est envoyé en captivité à Langensalza et à Ordruff. Rapatrié le 28 décembre 1918, il est affecté au 116e régiment d’infanterie à Vannesle 6 mars 1919 puis mis à disposition du Ministère des Affaires étrangères en qualité d’interprète. Mis en congé de démobilisation le 21 octobre 1919, il est réformé définitif le 9 mai 1933.

Le 9 septembre 1939, malgré qu’il soit réformé et pensionné à 60%, Joseph Fily souscrit un engagement volontaire pour la durée de la guerre au titre des services spéciaux. Il est démobilisé le 31 juillet 1940.

Domicilié à Hendaye, il monte un réseau d’évasion par les Pyrénées. En novembre 1942, il rejoint le réseau Turma-Vengeance en qualité d’agent P1. Arrêté le 10 juin 1944 à Hendaye, interné au fort du Hâ à Bordeaux, il est déporté à Dachau le 2 juillet 1944 puis rapatrié le 11 mai 1945. Il est démobilisé le 10 août 1946 à Toulouse.

Joseph Fily est nommé chevalier de la Légion d’Honneur le 13 août 1947 avec le motif suivant : « Grand blessé de la guerre 1914-1918, engagé volontaire en 1939, bien que dégagé de toutes obligations militaires en raison de son âge et de son invalidité, a confirmé son inébranlable patriotisme en prenant catégoriquement partie pour la Résistance dès 1940. Après avoir organisé au printemps 1941 un réseau d’évasion à travers la frontière espagnole, est parvenu à rassembler dans le Finistère des éléments qui par la suite ont fait partie des groupes d’action du réseau Vengeance auquel il a en outre fourni d’importants renseignements. Arrêté le 10 juin 1944, a été déporté au camp de Dachau où il a continué avec la plus parfaite abnégation la lutte clandestine contre l’ennemi. Bel exemple de prêtre résistant, a été un modèle de devoir et de dévouement. » Hormis cette citation, nos recherches n'ont pas permis de trouver trace d'une activité résistante du Père Fily dans le Finistère.

Homologué chargé de mission de 3e classe (sous-lieutenant) au titre du réseau Action Vengeance, Joseph Fily est promu officier de la Légion d’Honneur par décret du 1er décembre 1958, puis commandeur par décret du 14 avril 1962. Il est également titulaire de la croix de combattant volontaire de la guerre 1939-1945, de la croix de combattant volontaire de la Résistance et de la médaille de la déportation pour fait de résistance.

Le Père Joseph Fily est décédé à Hendaye le 15 août 1972.

Bonjour
merci pour ce très intéressant partage historique.
JC