Carte de la tournée d'inspection du Marquis de Paulmy (1752)

Bonjour,

C'est sous ce titre de "Première tournée de Mons. le marquis de Paulmy, dans les provinces méridionales de la France" que l'on retrouve un beau document, une carte, retraçant la tournée d'inspection du Marquis de Paulmy, Secrétaire d’État de la Guerre, en 1752:

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b7100453n/f1.item

Sur cette très belle carte on trouve le trajet effectué, ses modalités, sa chronologie et les régiments inspectés. J'ai le plaisir de voir que M. le Marquis avait fait un détour pour passer dans la ville ou j'enseigne afin de passer en revue le Régiment de Clermont Tonnerre Cavalerie. D'ailleurs, mon établissement existait déjà à l'époque et s’enorgueillissait même d'être le plus grand établissement de la région. Je fais encore cours dans une aile qui existait à l'époque.

La carte est belle est bien illustrée:







Voici notre Marquis:


Et au passage, l'étendard de Clermont Tonnerre Cavalerie:




Bien cordialement.

Voir aussi ce récit:
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k102732p.r=marquis%20de%20Paulmy?rk=85837;2#

Par grand choses sur les régiments passés en revue, mais quelques détails toutefois:

Briançon: "Je vis les casernes, qui sont le seul édifice militaire qu'il y ait; je fis la revue des deux bataillons du Médoc, régiment médiocrement beau, très bien exercé et dérangé dans ses finances".

Lyon: "La garnison de Lyon n'est cependant actuellement composée que d'une compagnie d'infanterie qui se prétend détachée du régiment Lyonnais, qui en porte l'uniforme et dont les hommes sont très beaux et ont plus l'air de guerre qu'on ne devrait l'exiger d'une troupe semblable.
Le guet et les autres compagnies bourgeoises sont belles aussi et bien vêtues.
Il y a une salle ou magasin d'armes qui appartient au roi et qui occupe un étage entier des greniers publics appelés les greniers d'abondance.
Cet étage serait plus utilement employé que le reste du bâtiment. Les armes seraient mieux logées aussi dans l'arsenal, dont l'emplacement est assez vaste et bien choisi; la ville offre d'y bâtir à cet effet une aile aussi magnifique que la salle qu'on lui rendrait. Alors les effets du roi seraient réunis et conservés plus commodément et plus sûrement dans le même lieu. Il en reste beaucoup de la dernière guerre appartenant à l'artillerie et cet arsenal n'en doit être jamais dégarni, à cause de l'aisance qu'on a pour les transporter de là dans tout le Dauphiné, le Languedoc et la Provence, à l'égard desquels et de l'Italie même Lyon peut être regardée comme le premier dépôt de guerre."

Bonjour,

Très beau document, un manuscrit comme on semble reconnaître.
Les commentaires sont intéressants et je me demande si les recommandations du marquis ont été pris en compte.
Accessoirement je rajoute deux photos qui illustrent le régiment de Clermont-Tonerre, une affiche de recrutement et une boucle de ceinturon avec les armes de Clermont-Tonerre.
Merci pour la présentation de ce magnifique document.
Cordialement.

De bien belles pièces d'histoire.

Paulmy:

Antoine René Voyer d’Argenson, marquis de Paulmy secrétaire d’état à la guerre du 1er février 1757 au 25 février 1758, en pleine guerre de Sept Ans.
Paulmy travaille avec son oncle dès 1747, après une mission d’ambassadeur en Suisse, il rentre en France en 1751 où son oncle le comte d'Argenson lui obtient la survivance du secrétariat d’État à la guerre. Le comte d’Argenson entreprend entre 1749 et 1751 une série de tournées d’inspection des places militaires où il assiste à l’exécution des nouvelles manœuvres de l’ordonnance de mai 1750, visite la manufacture d’armes de Charleville… puis il se consacre à son ministère et laisse son neveu Paulmy le soin de poursuivre les inspections; illustrées par le très beau document présenté ici.
En 1757, il succède à son oncle, mais il ne restera à ce poste qu’une année. Nommé en pleine guerre, sans doute dépassé par l’ampleur de la tâche, il se repose en grande partie pour ce qui touche au militaire sur le maréchal de Belle Isle et pour ce qui regarde les subsistances et l’administration militaire, il fait appel Pâris Duverney. Il a l’intelligence de se retirer officiellement pour des raisons de santé. Sa sortie est réussie et le Roi lui demandera de continuer s’assister au Conseil comme ministre d’État et on lui servira même une pension.
On lui doit surtout d’avoir amassé une collection impressionnante d’ouvrages, estampes, monnaies et médailles… en partie héritée de son oncle et qui formera le fond de la bibliothèque de l’Arsenal.

Clermont Tonnerre:

On trouve la représentation d'une très belle giberne d’officier du régiment de Clermont Tonnerre dans un article paru dans La Giberne, puis repris par un dessin au trait par Michel Pétard dans sa série d’ouvrages sur la buffleterie et équipement militaire. Une pièce de collection de choix à n'en pas douter.



À propos de la devise SI OMNES TE NEGAVERINT, NON TE NEGABO « si tous te renient je ne renierai pas » d’après le père Anselme ou SI OMNES TE NEGAVERINT, EGO TE NUNQUAM NEGABO d’après La Chesnaye ou encore ETIAM SI OMNES EGO NON « Tous peut-être, mais pas moi ».
Toutes ces versions font référence aux paroles que dit Saint-Pierre à Jésus-Christ, dans le jardin de Gethsémani au pied du mont des Oliviers « Quand tout le monde vous renierait, je ne vous renierais point. ».
A l'origine, les Clermont portaient des armes parlantes : un mont surmonté d’un soleil. En juin 1120, Sibaud II, seigneur de Clermont, rétablit sur le siège de Saint-Pierre le pape Calixte II, après en avoir chassé l’antipape Grégoire VIII. En reconnaissance de ce service, Calixte II octroya à la Maison de Clermont les deux clefs de Saint-Pierre comme armoiries, avec le privilège de porter pour cimier la tiare papale et lui donna cette devise.
Cette devise se condensera pour devenir SI OMNES EGO NON, on peut la voir ainsi au Château d’Ancy Le Franc commencé en 1548 et terminé en 1622, dans la salle dite des Empereurs romains ou cette devise est gravée sur les arceaux des voûtes avec cette date : 1578.

L'étendard présenté ici commet une petite erreur de frappe, la devise est ARDET ET AUDET (ardant ou brillant et audacieux). A noter que l'on voit cet étendard décrit dès 1739, c'est à dire avant l'achat de la charge de ce régiment par Charles Henri Jules de Clermont Tonnerre en février 1740.

JL

Bonjour Chevert,

Super exposé comme toujours!
Le régiment de Clermont-Tonnerre cavalerie existe jusqu'en 1758 et sera renommé Noé.
Les volontaires étrangers de Clermont-Prince seront créés en 1758- la giberne représentée me semble plus ancienne que 1758.
S'agit-il du même Clermont et si oui pourquoi n'a-t-il pas utilisé son ancien nom?
Cordialement. Ps09

Il s'agit d'une erreur d'attribution pour cette giberne, j'en avais discuté avec Michel Pétard qui en était d'accord.

Les deux Clermont n’ont rien à voir; l’un appartient à la maison de  Clermont Tonnerre et le second à la maison de Bourbon Clermont (= Clermont Prince) issue des princes de Condé.

Maison de Bourbon Condé et de Bourbon Conti d’où sont sortis les ducs ou comtes d’Albret, Busset, Charolais, Clermont, Condé, Conti, Enghien, La Marche, Roche-sur-Yon, Mercoeur etc.

L’erreur d’attribution porte sur Louis de Bourbon Condé, comte de Clermont ( 1709-1771 ), il est le 3ème fils de Louis III de Bourbon ( 1668-1710 ) lui même 6ème prince de Condé et de Louise Françoise de Bourbon, dite Mademoiselle de Nantes.

Louis de Bourbon Condé, comte de Clermont est le mestre de camp d’un régiment de cavalerie créé pour la Maison de Choiseul Beaupré en 1667 qui est ensuite acquit en 1684 par la Maison d'Orléans et plus particulièrement pour les ducs de Chartres ainés de cette Maison. La maison de Bourbon Condé en devient ensuite propriétaire le 5 janvier 1724, le régiment s'appel alors Clermont Prince. Louis François Joseph de Bourbon Conti, comte de La Marche (issu de la branche des Bourbon Conti) lui succède à la tête du régiment le 25 juin 1770, le régiment s'appel La Marche Prince puis Conti quand son mestre de camp devient prince de Conti le 12 septembre 1776 à la mort de son père.
C’est le même Louis de Bourbon Condé, comte de Clermont qui lève les Volontaires Etrangers de Clermont-Prince en mai 1758

La giberne vient bien du régiment de Clermont Tonnerre dont les armes figurent au centre de la giberne surmontées cette tiare papale plutôt exceptionnelle (probablement unique dans l'héraldique), elle date de la période 1740-1758, et sans doute plus proche de 1740.

Bien cordialement,
JL

Bonjour,

Merci Chevert pour ces infos, cela confirme mon intuition empirique.

Bonjour

intéressant et beau document, bon il aurait pû être un peu plus prolixe le Marquis à part que nous nous rendîmes à Riom son séjour n'a guère suscité son intérêt et excité ses commentaires...


ce qu'en conserve l'Inventaire des Archives

1 C 7512  Correspondance de l'intendant avec l'administration des haras (directeur général, inspecteurs) Supplément  :
- 1-3. Lettre du marquis de Voyer d'Argenson, surintendant des haras, annonçant qu'il arrivera le 24 ou le 25 septembre à Clermont, par Le Puy, en même temps que M. de Paulmy, qui doit s'y rendre de Lyon ; comme M. de Voyer doit faire la revue du régiment de cavalerie de Clermont-Tonnerre, il faudra que ledit régiment s'assemble à Clermont le 23 ; l'intendant aura soin de tenir bien garnies de chevaux les routes de Lyon à Clermont et de Clermont à Moulins (2 septembre 1752).  
- 4. Réponse de l'intendant : il est heureux d'être rentré à temps pour recevoir MM. de Voyer et de Paulmy ; il vient d'avertir le commandant du régiment de Clermont ; il fera rassembler également les étalons de la basse Auvergne afin que M. de Voyer puisse en faire la revue ; il regrette que le temps manque pour donner les mêmes ordres dans la haute Auvergne, où sont les plus beaux sujets ; M. de Paulmy ne pourra prendre la route la plus courte de Lyon à Clermont, les postes n'y étant pas encore établies (15 septembre).
- 5-7. Etat des chevaux nécessaires pour le voyage de M. de Paulmy ; état des logements marqués et arrêtés.
- 8-9. Correspondance de l'intendant avec M. Jouzencie.
- 10-11. Lettre de M. de Voyer d'Argenson annonçant que, retenu à Brives pour quelque temps, il ne pourra passer la revue du régiment de Clermont-Tonnerre (18 septembre).
- 12-15. - Correspondance à ce sujet de l'intendant d'Auvergne avec MM. Rossignol, intendant à Lyon ; de Bernage de Vaux, intendant à Moulins ; Veytard, subdélégué à Gannat (septembre 1752).
- 16-29. Lettres des subdélégués annonçant qu'ils ont averti les garde-étalons de se rendre à Clermont avec leurs chevaux (septembre 1752) cachet de M. Dutreuil.
- 30. Etat des garde-étalons de la basse Auvergne et de l'inspection de M. Talemandier (s.d.).
- 31. Etat de ce qui a été payé aux exprès envoyés à l'occasion du passage de M. le marquis de Voyer et de M. le marquis de Paulmy, ainsi que pour faire assembler les étalons.

1 C 2923 Finances et domaines Assiette et département Année 1753.
arrêt du Conseil d'Etat, du 24 octobre 1752, approuvant l'état arrêté par M. de Moras, des dépenses occasionnées tant par le régiment de Clermont-Tonnerre cavalerie que pour les loyers des casernes ainsi que la répartition desdites dépenses sur les paroisses

1 C 5899 Organisation des déplacements  :
- Séjour en Auvergne du régiment de Clermont-Tonnerre (1751-1753) ; correspondance ; ordres du Roi ; le régiment quitte l'Auvergne en septembre 1753, sauf la compagnie de Villefranche, qui demeure à Riom jusqu'en 1754 ; - plaintes du sieur Lenoir contre les habitants de Gerzat qui ont maltraité un cavalier de sa compagnie ; lettre de M. de Martiliat et ordonnance de l'intendant à ce sujet (1752).



Salutations
Loïc

Bonjour,

Merci à tous d'avoir donner corps à ce sujet avec les nombreux complément !
Loïc Lilian, cela donne bien envie d'aller jeter un œil sur ce sujet aux AD du Puy-de-Dôme.
Il y a peut-être aussi des choses aux archives municipales de Riom, mais tout n'est pas encore inventorié, c'est en cours.

Bien cordialement.

Bonjour,
très belle carte relatant un sacré voyage !

Je vois dans le message de loïc Lilian que le marquis de Paulmy ( Antoine-René de Voyer de Paulmy puis d'Argenson) secrétaire d’État à la guerre, était accompagné pour la circonstance de son cousin Marc-René marquis de Voyer, fils du comte d'Argenson lieutenant -général des armées du Roy et directeur général des haras royaux. Une affaire de famille, son père Marc-Pierre de Voyer de Paulmy était aussi secrétaire d’État à la guerre...

Bonjour,

Népotisme, réseau, recommandations, familles bien en cour...

Amicalement.

Cathelineau a écrit:

Bonjour,

Népotisme, réseau, recommandations, familles bien en cour...  

Amicalement.

Et c'est toujours valable en 2021......