La Poudrerie royale de St CHAMAS

La Poudrerie royale de St Chamas

Si vous permettez, voici un petit sujet alliant Histoire et tourisme (c’est de saison !).
D’abord, un tout petit peu d’Histoire
Niché au fond d’ une anse dans l’extrême Nord de l’Etang de Berre, St Chamas est une commune d’environ 9000 habitants…. pas vraiment commune !




Elle a en effet accueilli pendant presque 3 siècles un site industriel particulier dédié à la fabrication de la poudre noire et ensuite d’explosifs.
En 1690, Louis XIV, acquiert une parcelle d’environ 1,5 hectare pour y implanter une fabrique de poudre. Le site bénéficie entre autres de plusieurs canaux qui fournissent l’énergie hydraulique nécessaire au fonctionnement des martinets à poudre, notamment.
En 1917, l’emprise de la poudrerie est de 135 hectares. De nombreux bâtiments (moulins, réservoirs, ateliers) ont été construits, au fur et à mesure des besoins ainsi que de l’évolution des modes de production et des progrès techniques. En 1924, l’électricité remplace l’ancienne énergie hydraulique.
La présence de cet établissement impacte fortement l’emploi local et il n’est pas vraiment exagéré de dire que chaque famille de St Chamas compte au moins un « poudrier ».

Malheureusement, de part la nature même des produits qui y sont élaborés, la poudrerie connaitra deux accidents majeurs.
Le 16 Novembre 1936, un incendie se déclare dans l’atelier 104, suivi d’une très violente explosion. Le bilan humain est très lourd : 53 morts dont le directeur d’établissement, plus de 200 blessés. Les dégâts matériels sont très importants. Des obsèques nationales sont organisées à St Chamas.
Le 4 Avril 1940, une deuxième explosion accidentelle fait 11 victimes.

Après plusieurs accidents dont les deux graves ci dessus et suite à une baisse d’activité, la poudrerie ferme ses portes en 1974.
Le site est démantelé, (la plupart de ses 250 bâtiments sont détruits) et les sols dépollué puis il tombe dans l’abandon pendant 25 ans.
En 2001, le ministère de la Défense le cède au Conservatoire du littoral qui en fait un site naturel protégé mais néanmoins ouvert au public dans certaines conditions.
Aujourd’hui, il constitue un lieu de promenade où alternent zones forestières et marécageuses. On peut y voir encore quelques vestiges et anciens bâtiments préservés, dont la « Tour de safre » est sans doute le plus emblématique. Cette « tour » construite, en partie de façon troglodyte, est ni plus ni moins qu’une « tour de guet ». Elle permettait de contrôler la sécurité de l’ensemble du site ainsi que d’observer les conditions météo du moment afin de pouvoir procéder à temps, à la mise au sec des tables de séchage à l’air libre, de la poudre noire.



L'entrée de la poudrerie dans le village



L'ancien bâtiment de séchage de la poudre noire





La tour de safre






Petit B (comme dirait Dupontel) Le Tourisme.

Pour ceux qui auraient la bonne idée de venir promener dans ces parages, St Chamas ne manque pas de charmes. Je précise que je ne suis en rien appointé par l’office du tourisme local mais il faut bien rendre à Jules ce qui appartient à César.
Le village (je préfère ce mot à celui de bourg) présente la particularité d’être séparé en deux par une colline de safre qui prend par endroits des allures de falaises. Le safre est une roche très tendre qui ressemble un peu à de l’argile grise compressée. Une partie de la colline tournée vers l’étang abrite des habitations troglodytes très anciennes dont beaucoup ont été aménagées en demeures confortables, bénéficiant d’une superbe vue sur le petit port de pêche, où il est possible le matin, d’aller acheter du poisson (on ne peut plus frais !) à l’arrivée des pêcheurs.


Dans le prolongement de ce sympathique port de pêche, s’étale un port de plaisance qui abrite un grand nombre d’unités.




L’entrée Sud du village est mise en valeur par la présence d’un superbe pont romain, le pont Flavien qui date du premier siècle avant JC. Il enjambe La Touloubre, petite rivière qui se jette dans l’étang de Berre, à peine quelques centaines de mètres plus loin.




La rencontre des eaux douces de la Touloubre avec les eaux salées de l’étang de Berre a crée une zone humide marécageuse : la petite Camargue couverte en grande partie par des roselières, des jeunets, des tamaris etc. On peut y rencontrer à la fois la faune habituelle des marais mais aussi celle des espaces littoraux marins : canards, mouettes, flamands etc.
Cette petite Camargue est propice à la chasse au gibier d’eau et la côte est parsemée de « cabanes » où l’on pratique cette activité.













Ceux qui auront subi les ardeurs du soleil provençal, pourront trouver quelque agrément gourmand à s’installer le soir venu, à la terrasse d’un excellent glacier qui officie au Vieux Miramas, un joli village posé en haut d’une colline, à une encablure, en face de St Chamas.
Bonne vacances à tous.

Bonjour,

Je n'avais pas vu ce magnifique post alliant histoire et tourisme.

Tu as réussi une fois de plus a captivé la beauté de cet endroit d'une manière artistique.

Amoureux de la nature, un poil historien, tu nous emmènes toujours à la découverte de paysages somptueux et endroits historiques souvent méconnus.

Je ne connaissais pas l'existence de la poudrerie royale de St Chamas.

Cordialement

Bonjour mon cher Evo

Je ne peux que te remercier pour la gentillesse de ton propos.

On a coutume de dire que nul n'est prophète en son pays, ce qu'on pourrait également traduire par: On ne voit plus ce que nous avons depuis toujours devant les yeux.
Ce beau village n'est qu'à quelques petits kilomètres de mon lieu de naissance. Je suis maintenant un vieux bonhomme mais je ne cesse de "découvrir" des sites ou petits monuments remarquables dans ma région. Curieusement, c'est souvent un "étranger" qui nous révèle l'existence de tel ou tel particularisme de notre terroir, l'ayant découvert lui-même en temps que touriste.

On en revient toujours à un lieu commun: notre France est bien belle.... et richissime de son patrimoine architectural, historique et naturel. Ce n'est en aucun cas un coup de cocorico! C'est une évidence.
Amicalement

Bonjour AUBRAC,

Merci pour cette balade agréable. Une découverte pour moi aussi que ces lieux, qui mériteraient bien une promenade.

Amicalement

Bonjour Thomas

Merci à toi. Je met un accent tout particulier sur le tout dernier point....le glacier. Pas de pub! OK! D'autant moins que je ne suis qu'un anonyme consommateur.....Cependant, confortablement installé sur la terrasse, dans la douceur du soir et ce, malgré la forte fréquentation du lieu, je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec la même situation, à la même heure, à Bonifacio. Certes, ici, ce n'est que l'étang mais il y a la même magie de l'instant, l'eau, les lumières, la douceur d'une nuit d'été et ce sentiment simple mais un peu grisant qu'il fait bon vivre.
Promis, si tu passes par chez nous, nous en ferons l'expérience. Amicalement

Bonjour AUBRAC,

avec plaisir, dès que je suis de passage par chez vous.

Amicalement

Bonjour AUBRAC,
Sujet intéressant et pas courant, de plus j'avais idée d'aller une de ces 4 en Camargue et la, tu viens de conforter celle-ci.
Merci

Que de souvenirs...très beau reportage...mon grand-père y a travaillé après guerre. J'ai passé mes vacances d été quand j étais gamin, dans un cabanon vers la digue...