Baïonnette au réglement de 1769

Bonsoir,

Voici une peu courante baïonnette au règlement de 1769:



On trouve cette baïonnette sous diverses appellations: 1768 (année des premiers essais), 1769 (année où elle apparait dans le règlement), 1769/70 (année de début de fabrication et de modèle du fusil) et 1770 (année du modèle du fusil).
Personnellement, j'aime à utiliser la date du règlement.

Il s'agit de la première baïonnette à douille avec virole, ici une virole basse verrouillant une fente simple pour un tenon sur le dessus du canon:



Quand le Secrétaire d’Etat à la Guerre Choiseul entre en disgrâce, il est remplacé par le Marquis de Monteynard qui impose sa griffe en modifiant le fusil d'infanterie: le fusil au règlement de 1771 aura un tenon sous le canon, la fente change donc de côté sur la douille... C'est dire si notre baïonnette au règlement de 1769 fut éphémère !

Quelques points notables sur cette exemplaire:


Le poinçon R à grosse couronne de la Manufacture royale d'Alsace (Klingenthal).


Poinçon sur le talon de la lame, probablement un poinçon de forgeron.


Une encoche dans la lame, probablement dû à l'utilisation de cette dernière comme tournevis... Pratique interdite, mais commune...

Une pièce peu commune qui nous replonge dans l'histoire de l'armée de Louis XV !



Bien cordialement.

Bonjour,
c'est effectivement un modèle devenu très difficile à trouver de nos jours. Celui-ci est en très bon état et certainement des premières fabrications car je constate sur les miennes une évolution allant au renforcement du pontet de virole qui s'épaissit et perd son décrochement au niveau du serrage de la vis.





La virole la plus épaisse et avec la tête de vis cylindrique est sur une baïonnette de mousqueton de maréchaussée 1770.

Bonjour,

Effectivement, cette variation dans les pontets est étrange pour une baïonnette si éphémère !
Mais en même temps, les fusils au règlement de 1769 ne furent pas mis au rebus, il a donc bien fallu réparer et remplacer leurs baïonnettes au besoin. Là est peut-être l'origine de ces évolutions.

Amicalement.

Très intéressant. Merci du partage.

Bonjour,

Merci ! Ce sont des pièces rares mais qui restent accessible car ce thème n'attire pas les foules. L'ancienne génération de collectionneurs peinait à différencier les différents modèles, et en ce qui concerne les armes anciennes le passage de relais ne s'est fait que très partiellement auprès des nouvelles générations de collectionneurs (surtout pour la période Ancien Régime).

Les viroles, bonne solution de fixation mais qui ne faisait pas encore unanimité, furent testée dès 1768 sur des fusil "modèle 1768" dérivés du modèle 1763. Cette virole est l’œuvre de M. Vearoll, améliorée par M. Bellegarde. Le fusil au réglement de 1769 doit quant à lui, semble-t-il, sa disparition à des jeux de Cour puisque liée à la disgrâce de Choiseul. Selon Jean Boudriot, Choiseul aurait perdu en influence suite au décès de Madame de Pompadour en 1764 et à l’ascension de Madame du Barry comme favorite royale...


La Marquise de Pompadour.


Etienne-François de Choiseul, qui aurait été proche de la Pompadour et plus en froid avec la du Barry... Qui comptera bientôt contre-balancer cette dernière avec une nouvelle pièce dans le jeu de la cour: la nouvelle jeune Dauphine Marie-Antoinette !


Madame du Barry.

Pour en revenir aux variations de pontet, ne pourrait-il pas s'agir de production de fourbisseur privés qui aurait produit une version simplifiée ? C'est ce que propose Pierre dans son ouvrage.

Amicalement.

Bonjour,
fabrication des baïonnettes dans d'autres lieu de production que Klingenthal, pourquoi pas, bien que normalement cette manufacture ait le monopole royal.
Pour moi l'évolution est du d'une part au renforcement des pontets et en simplifiant la fabrication, mais c'est l'ensemble de la fixation qui devaient être un peu fragile car sur les pontets élargis il est créé un passage pour le guidon du canon (servant de tenon de baïonnette) sous l'oreillon droit de la virole. J'ai mesuré ces longueurs et il y a environ 1mm de plus, ce qui voudrait peut-être dire que les tenons aient aussi été plus forts dans certaines fabrications des fusils ?

Peut être aussi des fabrications pendant la période révolutionnaire pour réutiliser des fusils récupérés et/ou réparés ?

Bonjour,
en voici une du même genre,elle était montée sur un fusil de marine,longueur totale 445 mm avec une douille de 67 mm pour un alésage de diamètre 22 mm.
Les photos vous en diront plus.

Pour le millimètre en plus, si ce n'est une évolution du tenon c'est peut-être une précaution du fourbisseur se garantissant ainsi une marge pour que la baïonnette se monte sur n'importe quel fusil au règlement de 1769, avec toutes les variations qu'il devait y avoir.
Mais je ne suis pas certain que les mesures soient à prendre au millimètre près.

La piste révolutionnaire est toujours à creuser, mais il ne devait pas rester des masses de fusils 1769 en 1792, comparé aux 1763 ou 1771. Mais pourquoi pas.

Jack65, votre baïonnette est quant à elle pour un tenon sous le canon (et non dessus). Elle est donc du modèle 1771, celle qui a justement remplacé la 1768 quand le Marquis de Monteynard a remplacé Choiseul. Ce modèle fut quant à lui massivement produit jusqu'à la sortie du 1777 et même encore après pour continuer à utiliser les vieux stocks de fusils.



Amicalement.

Bonjour,

merci Cathelineau pour votre réponse,il est vrais que cette baïonnette à un peu de jeu sur le canon.

Veillez m'excuser pour mon message avec photos,je ne m’étais pas rendu compte que votre post concernait les tenons sur le dessus des canons.

Cordialement.

Bonjour,

Pas de soucis, cela permet d'illustrer la suite de l'Histoire.

Bien cordialement.

bonjour
merci pour le partage et surtout pour la présentation,
cordialement