Staff Sergeant des R.E.M.E., Arromanches (été 1944)

Voici donc mon mannequin de staff sergeant des Royal Electrical and Mechanical Engineers (R.E.M.E.) à Arromanches pendant l'été 1944.





Montée sur un mannequin Europe Mannequin (alias Yanks Mannequins aux Etats-Unis), cette tenue plutôt dépouillée est conforme à celles que j'ai pu observer sur quelques centaines de photos prises à Arromanches pendant la période d'activité du port en 1944.

Le General Service Cap (GS Cap) porté par ce sous-officier en 1944, quoique peu apprécié du fait de son manque de rigidité, avait succédé au calot (Field Service Cap, alias FS Cap) courant 1943, avant d'être à son tour supplanté par le béret à la fin de la Seconde Guerre mondiale.




Mon sous-officier est un vétéran de la Première Guerre mondiale, comme son placard l'indique, et le fait que son ruban de déco le plus récent soit la 1939-43 Star m'incline à penser que ce blouson de battledress peut n'avoir été porté que jusqu'en mai 1945.



Ses chevrons d'ancienneté de service (5 ans) permettent en tout cas de donner une fourchette se situant entre septembre 1944 et mai 1945 pour la configuration dans laquelle il se trouve.

Tous les éléments sont-ils cousus d'origine et à cette époque ? Sans pouvoir l'affirmer, je serais tenté de dire que oui, vu qu'il s'agit d'un blouson traité aux produits anti-vésicants en 1941 et que, à en juger par les traces de sueur encore visibles sur sa doublure intérieure, il a été porté pendant un bout de temps.



La seule fantaisie octroyée à mon sous-off est un canif réglementaire, mais je tiens tout de même à préciser que, sur les photos prises à Arromanches en 1944, ces mêmes sous-officiers ne semblent pas s'être trop encombrés de ces canifs : étant en quelque sorte "sédentaires", ils n'avaient sans doute pas forcément l'usage de ce type d'accessoire.




Brodequins et guêtrons sont parfaitement réglementaires et d'origine (datés de 1943 pour les brodequins et de 1945 pour les guêtrons), avec les lacets en cuir qui vont bien.




Vous me direz ce que vous en pensez, mais j'ai l'impression que le blouson a été légèrement retaillé.




Deux photos d'époque qui montrent des hommes des R.E.M.E. portant des tenues similaires. Le port du ceinturon reste encore une option pour mon staff sergeant, mais les photos d'Arromanches montrent qu'il était bien loin d'être systématique.



Voilà donc mon homme dans une tenue qui aurait pu être portée à Arromanches ou à Bayeux pendant la construction du By-Pass.

A ce sujet, mes grands-parents ont hébergé chez eux à Bayeux un ou plusieurs Britanniques à cette époque-là et l'un d'entre eux faisait indubitablement partie des R.E.M.E. :





Photos : petit dictionnaire français-anglais et anglais-français laissé par les Britanniques après leur départ.

Bonjour,
Merci pour cette superbe presentation,bien détaillée et avec les photos d'époque en plus

J'adore !

Cordialement.

Séb.

leseb a écrit:

Bonjour,
Merci pour cette superbe presentation,bien détaillée et avec les photos d'époque en plus  

J'adore !

Cordialement.

Séb.

Bonsoir, et merci à toi, Séb

Lorsque je monte un mannequin, je fais en sorte de valider pas à pas les différentes options en les confrontant systématiquement aux documents dont je dispose.

Ce mannequin me tenait particulièrement à coeur, du fait que ma mère et ses parents ont été arromanchais et que j'ai "baigné" dans l'histoire de ce port de tout gamin, avec de très fréquentes visites au musée d'Arromanches.

Bien clairement, un mannequin "non combattant" est moins glamour qu'un mannequin d'unité de première ligne, mais celui-ci me parle davantage



Et puis son côté sapin de Noël n'est pas pour me déplaire non plus !

Bonsoir
Et superbe mannequin, tout en sobriété et en efficacité… il est parfait.
Merci des photos et explications.
Cordialement
Virgile

Virgile a écrit:

Bonsoir
Et superbe mannequin, tout en sobriété et en efficacité… il est parfait.
Merci des photos et explications.
Cordialement
Virgile

Merci, Virgile.

Le blouson m'a coûté un bras, mais j'ai tout de suite eu la "vision" de ce que je pouvais en faire.




C'est une pièce intéressante par ailleurs : même si son étiquette s'est presque totalement délitée, le blouson est bien marqué avec, en particulier, un traitement aux produits anti-vésicants en avril 1941 (tampon BG 4/41 AV). Ce n'est pas en soi rarissime, mais c'est la garantie d'un blouson effectivement distribué pendant la guerre, par opposition à un blouson issu d'un quelconque stock, ce qui est souvent le cas pour les blousons et pantalons canadiens, que l'on trouve encore couramment à la vente.

Quand on voit l'état de la doublure, on comprend que ce blouson a épongé quelques litres de sueur, ce qui serait cohérent avec une campagne débutant en Normandie à l'été 1944.

Quant à sa provenance, le plus haut que j'aie pu remonter était une vente aux enchères dans le Kent, en Angleterre : ce n'est pas une "trouvaille de grenier" française.

Re,
Tu as a mon sens la meilleure des démarches pour monter un beau mannequin J'ai eu la chance de visiter Arromanches,Bayeux et ses alentours,la batterie de Longue sur mer,Colleville,les plages ... Superbes souvenirs ! Des vacances surprise,organisées par ma femme J'ai vraiment adoré ce coin de France et pas que pour le coté historique...

Encore Bravo pour cette réalisation/presentation

Cdt.

Séb.

Le côté sympa du mannequin, à mon avis, c'est qu'il y a toujours matière à le faire évoluer, à le compléter (et Dieu sait si ces "compléments" deviennent chaque année plus rares et plus onéreux !).

Je ne vais pas prétendre que le leather jerkin que mon staff sergeant revêt à présent rend ce mannequin plus beau, mais, à défaut d'être d'une élégance rare, il reste tout à fait dans la note des tenues portées à Arromanches en 1944. Idéalement, il me faudrait une paire de wellies (bottes en caoutchouc) pour que mon homme puisse patauger à son aise dans la boue arromanchaise de l'automne 1944, alors que le Mulberry B cessait peu à peu son activité. A la rigueur une nouvelle paire de guêtrons fera l'affaire, mais il n'est plus aussi évident que cela de trouver des guêtres britanniques authentiques - entre les fabrications indiennes (portées principalement sur les théâtres méditerranéens) et les stocks belges et/ou bataves qui inondent le marché, ce n'est pas facile de trouver son bonheur.



Comme je le disais précédemment, cet effet vestimentaire ne brille pas par son élégance. Cela dit, il avait fait ses preuves lors du premier conflit mondial et déjà sur le territoire français en 1940 : conçu pour ne pas entraver les mouvements de celui qui le portait, il le protégeait tout autant du froid que de la pluie.



Quatre boutons seulement, dont la couleur peut varier du brun très clair ("chocolat au lait") au brun très foncé, presque noir. Leur module, par contre, paraît être constant : toujours large.

Le col du blouson de battledress est le plus souvent porté en-dessous du leather jerkin (comme ici), sans que l'option "au-dessus" ne soit exclue : sur 15 photos de ma collection, prises en 1944 à Arromanches, le col est porté 10 fois en-dessous contre 5 fois au-dessus. Un détail, me direz-vous, mais un détail qui permet, le jour où l'on monte un mannequin pourvu d'un leather jerkin, de valider certains choix.



Le leather jerkin était disponible en 3 tailles principales :

- taille 1, pour un homme de 5'3" à 5'6" (1,60 m à 1,68 m) ;

- taille 2, pour un homme de 5'7" à 5'10" (1,70 m à 1,78 m) ;

- taille 3, pour un homme de 5'11" à 6'2" (1,80 m à 1,88 m).

Il me semble qu'une taille 4 existait aussi (à confirmer), mais il y avait un modèle spécifique pour les personnels féminins, afin de tenir compte de leur morphologie.

Une variante "camouflée" (camouflaged) existait aussi, mais le camouflage en question se bornait à des taches plus ou moins foncées réalisées à partir de projections de peinture sur le cuir. Ce camouflage s'estompait généralement à l'usage et, au final, les leather jerkins camouflés qui ont survécu jusqu'à nos jours se distinguent assez peu du modèle standard.





Ce leather jerkin est en taille 2 pour un mannequin d'1,76 m (marque : Europe Mannequin) et il est daté de 1940. La lettre Q du tampon de réception du War Department se traduit également par 1940. Il est dans un état proche du neuf, avec un cuir encore très souple - je ne serais pas étonné que des stocks importants aient été découverts et mis sur le marché récemment, tant les leather jerkins du début de la guerre semblent se trouver en grandes quantités.



C'est à la base un vêtement de travail, ce qui explique sont aspect assez baggy et globalement peu élégant.

Quelques photos prises à Arromanches (collection personnelle) :









Le dernier "pourpoint de cuir" est pourvu des mêmes boutons que celui qui est porté par mon mannequin. Vous remarquerez au passage qu'il est rare que cet effet soit porté entièrement boutonné. Le "boutonnage intégral" se retrouve par contre chez les motocyclistes britanniques, pour des raisons que l'on comprend aisément.



Notez ici le contraste entre boutons clairs et boutons foncés.