Couverture sanitaire des coloniaux

Bonjour

Dans le cadre de l’élaboration d’une plaquette sur le parcours d’un soldat en 1891, je me suis posé la question suivante : A cette époque (fin 19ème), les militaires appelés à servir outre mer (Afrique, Extrëme Orient, etc..) étaient ils l’objet de mesures prophylactiques quelconques avant leur départ ?

Les différents vaccins concernant les maladies exotiques (dengue, paludisme, fièvre jaune etc..) n’apparaissent que tardivement (Dengue 1920, fièvre jaune 1932, typhus 1937, paludisme etc..)
Il est donc vraisemblable que dans cette période de forte expansion coloniale (fin 19ème début 20ème), ou d’importants contingents européens (français notamment), ont été appelé à vivre et à se battre dans des régions extrêmement sensibles d’un point de vue sanitaire, Ils l’ont fait sans couverture médicale particulière.

Vraisemblablement ont-ils reçus des instructions sur quelques précautions à prendre notamment en matière de nourriture et de consommation d’eau, etc..mais cet aspect « préventif officiel » n’apparait dans aucun des récits de soldats ayant vécu cette expérience.

En revanche, en 1894 un livre écrit par un officier ayant effectué plusieurs séjours au Tonkin précise de manière très détaillée tous les aspects de la vie dans cette colonie et notamment les diverses précautions à prendre pour sauvegarder sa santé. Mais cet ouvrage, à destination de ses homologues officiers appelés à servir au Tonkin, n’a aucun caractère officiel, juste un retour d’expérience à postériori.

Ce long préambule pour poser la question de manière claire : Quelqu’un parmi nous a-t-il des informations « officielles » ou au moins un écrit (mémoire) d’un soldat qui évoque une quelconque prise en charge sanitaire et de quel ordre, avant d’embarquer vers des destinations outre mer ?

Merci à ceux qui prendront le temps de lire ce post et double merci à ceux qui auront la volonté de plancher dessus. Cordialement

Bonjour,

Je n'apporterai qu'un embryon de réponse, mais suite à la lecture de votre message j'ai repris ma collection de livrets pour comparer la page "vaccinations" entre les livrets coloniaux et les livrets métropolitains, et il apparait que seule une vaccination contre la variole est indiquée quelque soit le corps de destination. Les livrets étudiés correspondaient à 1889 Dahomey, 1888 Tonkin, 1898 France: les deux premiers ont d'ailleurs contracté des maladies sur place

Amicalement,
Clément

Bonsoir AUBRAC,

je regarderai en détail dans les brochures de recrutement des Troupes coloniales, mais aussi dans mes manuels de l'école pratique des colonies.
Il sera aussi intéressant de consulter les écrits sur les stations d'altitude, comme Dalat.

Nous savons également que fut instituée en 1903 une Inspection générale des services de santé coloniaux dépendant directement du Ministère des colonies. Elle avait deux missions principales :
- étude technique des affaires sanitaires
- l'hygiène coloniale.
Elle fut mise sous la responsabilité d'un médecin inspecteur des Troupes coloniales, secondé par un autre médecin inspecteur ou un médecin principal de 1ère classe.

Amicalement

Nous pouvons aussi consulter le chapitre V : Hygiène aux colonies, du livre de Paul Bastien : Les carrières coloniales; répertoire général des carrières en France au XXème siècle, paru à Paris en 1908, et traitant des animaux, des maladies, de la qualité de l'eau dans chacun des territoires de l'empire. pp. 312-228 :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5681947g/f313

Cordialement

Bonjour

Un très grand merci à vous deux pour avoir pris le temps de répondre.

@ Cleeclee: Rien d'étonnant à ce que soit mentionné le vaccin contre la variole puisque c'est je crois le vaccin historiquement le plus ancien a avoir été pratiqué (1796).

@ Thomas: C'est apparemment à la charnière du siècle que se sont mises en place des structures officielles en charge de l'hygiène coloniale. Conséquence sans nul doute du vide qui précédait en la matière. Cela renforce ma conviction (en l'absence de preuve contraire) que jusqu'en 1900 environ, les braves pioupiou appelés à combattre outre mer n'avaient pour seule arme sanitaire efficace que la qualité de leur constitution personnelle. Tous les récits d'ailleurs évoquent le fort impact des maladies sur la disponibilité des troupes coloniales. En tous cas, merci pour les liens que tu proposes. Je vais m'empresser d'en prendre connaissance. Au plaisir de te lire de nouveau. Gérard

Bonjour Gérard.

Merci à vous. Oui la constitution d'organismes ou structures liés à l'hygiène aux colonies date du tournant du XXème siècle. A ce moment, l'empire n'est pas encore tout à fait définitivement constitué mais on commence à bien connaître les territoires possédés. Les femmes et les enfants sont peu nombreux à suivre leur époux et père aux colonies, particulièrement dans les carrières militaires et l'administration qui se met en place, du fait notamment de la volonté de les protéger de ces maladies que l'on ne connaît pas en métropole. Il faut attendre véritablement l'entre-deux-guerres pour que les femmes et les enfants commencent vraiment à s'installer eux aussi aux colonies, en raison de la nette amélioration des conditions de vie liées à la santé.

Très bonne journée.  Amicalement