Un Chasseur à pied de la Garde impériale né il y a 264 ans jour pour jour !

Bonjour à tous,

Voici une petite tranche de vie et d’épopée napoléonienne qui entre en collection : une fiche de renseignement remplie par le maire de Wintzenheim à la demande du Préfet du Haut-Rhin, certainement suite à une demande d’aide.

Cette fiche rédigée en 1812 concerne Jean, Michel Koberlein, ancien caporal au 1er Régiment de Chasseurs à pied de la Garde impériale et membre de la Légion d’honneur.







Notre homme apparait bien sur le registre matricule de l’unité et a son dossier sur la Base Léonore, ce qui permet de se faire une petite idée de son parcours.



Koberlein n’est pas Français, il est né le 14 août 1760 à Essenheim dans le Duché de Wurtzbourg. C'était il y a 264 ans jour pour jour !
C’est un home d’1m73, blond aux yeux bleus, avec un visage ovale et le menton rond.

Le 28 juin 1781 il entre au service du Roi de France dans le 89e Régiment d’infanterie de ligne. L’année suivante il prend par à la guerre franco-anglaise qui suit la déclaration d’indépendance américaine et participant aux actions moins connues en Méditerranée comme l’attaque franco-espagnole sur Minorque alors occupée par les tuniques rouges. C’est une victoire, mais Koberlein est blessé au pied droit « par un coup de pierre ».

Pendant la Révolution son régiment est amalgamé avec la 161e demi-brigade : il devient le 97e régiment d’infanterie. Il enchaine alors les campagnes révolutionnaires : 1792, 1793, An II, An III (année durant laquelle il passe caporal puis sergent), An IV, An V, An VI, An VII… Cette année-là, le 7 messidor (25 juin 1799), il est capturé après avoir été blessé par un coup de sabre sur l’omoplate droit à Modène. Il n’est libéré que le 23 floréal An IX (13 mai 1801).
En l’An XIII on le retrouve au Camp de Boulogne où l’on prépare la descente en Angleterre. C’est cette année-là, le 14 nivôse (4 janvier 1805) qu’il rejoint comme simple soldat les Chasseurs à pied de la Garde impériale. Il a alors 44 ans quand il intègre la Vieille Garde, ce qui est plutôt âgé. Le 20 juin 1805 il passe caporal, retrouvant ainsi le grade qu’il avait précédemment puisque caporal dans la Garde équivaut à sergent dans la Ligne.

Il participe à présent aux campagnes de la Grande Armée : celle de l’An XIV (la campagne d’Austerlitz), celle de 1806 (la campagne d’Iéna) et celle de 1807 (la campagne d’Eylau et de Friedland) !
A Eylau, bataille particulièrement sanglante, l’Empereur a été obligé de faire donner l’infanterie de la Garde qui l’entourrait pour arrêter une colonne de Grenadiers russes qui avait percé les lignes et marchait en sa direction. Grenadiers et Chasseurs à pied marchèrent au contact, on retient de ce moment la petite phrase attribuée à Dorsenne : « Halte au feu ! La Vieille Garde ne se bat qu’à la baïonnette ! ». La colonne russe est stoppée dans son élan et culbutée, la bataille arrivait à un tournant.
Entre la bataille d’Eylau et celle de Friedland, il est fait chevalier de la Légion d’honneur le 14 avril 1807.



En 1808 notre homme a 47 ans, il est dans les armées depuis 16 ans, a enchainé les guerres de l’Ancien Régime, de la Révolution et de l’Empire, a connu la captivité et a reçu deux blessures. Il obtient son congé de retraite le 31 mai.
En 1812 les échanges entre le maire et le Préfet du Haut-Rhin nous apprennent que l’homme s’est retiré à Wintzenheim où il loue un logement avec sa femme, ses deux fils et sa belle-mère infirme de 70 ans. Il ne touche visiblement pas sa pension de retraite et dû faire des démarches en ce sens, d’où les échanges de l’administration à son sujet. Il n’a pour subsister, visiblement très difficilement, que sa pension de membre de la Légion d’honneur soit 378 francs par an.
Koberlein vécu jusqu’en 1842. Il mourut à 81 ans, le 20 avril. Il n’avait alors plus qu’un fils, tisserand à Ribeauvillé.
J’en resterai là, car j’ai déjà été un peu long, en espérant que comme moi vous aurez apprécié de voir comment un simple feuillet peut ressusciter un parcours.

Je ne compléterai ce document qu'avec mon sabre-briquet de la Vielle Garde, contemporain du passage de notre homme dans le 1er Régiment de Chasseurs à pied de la Garde. Ce sabre porte la dragonne (reconstituée) de ce régiment:



Et puisque "l'Etoile", "la Croix", fut un moment son seul moyen de subsistance, voici une petite Légion d'honneur 4e type:



Amicalement.

Bonjour

Merci de rendre honneur à cette vieille moustache qui serait resté dans l'ombre dans votre post. Meri à lui pour son engagement, merci à vous pour lui avoir rendu vie.

Merci, c'est un plaisir de retracer ces parcours et des les faire sortir de l'oubli !

Amicalement.

Bonsoir
Magnifique moment d'histoire à lire votre sujet !Quelle vie..
Merci à vous
Azer

Bonjour Cathelineau,

Merci d'avoir pris la peine (ou le plaisir ?) de retracer la carrière de ce Brave, et de la partager avec nous.
Superbe briquet, et magnifique Légion d'Honneur, bien qu'un peu fatiguée.

Bonsoir Cathelineau,

Merci de partager avec nous.

Cordialement

merci de tout coeur pour ce partage. Une belle page d'histoire de la Grande histoire.

Bonsoir,

Merci à vous !
Ce fut un plaisir de ressusciter ce parcours et de le partager !
Je vous présenterai bientôt un autre document sortant des Chasseurs de la Garde.

Amicalement.