Fusil mle 1853 T de l'infanterie, évolution des platines 1840, 42, 47 et 57.

Bonjour,
ici [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] je vous avais présenté le fusil 1854 de la Garde Impériale.

Voici maintenant le mle 1853 T de la ligne.


Le marquage de la queue de culasse:


T signifie qu'il a été rayé dans les années 1859/1860.
Voici la mention de sa mise en rayures en 1859 à Saint Etienne:

La hausse a été également réhaussée par rivetage d'une seconde hausse sur la première.
Ceci en raison de l'augmentation de portée due aux rayures.

Les rayures sont très peu marquées: 0,2mm de profondeur sur le 53, et progressives entre 0,5mm côté culasse et seulement 0,1mm côté bouche pour le 54.


Maintenant voici une petite comparaison entre le mle 1854 et le 1853 T.
En haut le 1854, en bas le 1853T:


A première vue, il n'y a pas vraiment de différences, outre bien entendu le marquage de la queue de culasse.

En y regardant de plus près, les baguettes sont différentes:


L'essence du bois également, noyer rouge pour la Garde, noyer pour la ligne:



La position des grenadières diffère de quelques centimètres:


Cette différence s'explique de la façon suivante:
Le 1854 est d'origine à la longueur du fusil "court" de voltigeur, 1423mm.
Le 1853 T était à l'origine un fusil 1853 "long" de grenadier, 1475mm.
Lors de la transformation T à rayures, tous ces "longs" fusils ont été raccourcis au standard de 1423mm.

On le voit à l'ancienne position de l'épinglette d'embouchoir (ici avancés légèrement pour visualiser la trace) qui montre bien que le fût du 53 a été raccourci:


En rouge le 54 avec son épinglette montée d'origine, en jaune le 53T avec son épinglette reculée.


Beaucoup de ces armes ont été (re)transformées à tabatière (chargement par l'arrière) seulement quelques années plus tard, en 1867.
Le Chassepot très moderne venait de naître (1866), et il déclassait irrémédiablement toutes ces anciennes armes à chargement par la bouche.



Maintenant voici quelques détails des deux baïonnettes mle 1847 qui équipent ces deux fusils:



Le N sur la douille de droite signifie que cette baïonnette a été fabriquée d'origine pour une arme des systèmes 1842, 53, 54 et suivants.
Celle de gauche qui n'a pas ce N a été fabriquée pour un fusil 1822 T dont la baïonnette d'origine avait été mise au rebut lors de la transformation T.




A suivre avec les différences entre la platines 1840 qui équipe l'éphémère fusil 1840, et son évolution de 1847 qui équipe ces deux fusils.
Cordialement,
CG

Voici donc les deux types de platines post-1840: 1840 et 1847.



La mise en évidence des caractéristiques:


En rouge: position rapprochée des vis de bride de noix du mle 1840.
En jaune: nouvelle position plus solide des vis des mles 1847.
En vert: biellettes de liaison ressort/noix qui assurent un fonctionnement doux.
En bleu: le ressort principal agit également sur la gâchette.

La forme du nouveau "carré"de noix, hexagonale:


Le marquage de la platine 1847:


La 1840 est malheureusement oxydée:

Sinon elle était marquée Mle 1840.

La 47 du fusil de la Garde n'est curieusement pas marquée du millésime:


On peut remarquer que la moindre pièce est numérotée et que les pièces principales sont poinçonnées du contrôleur.
Différence peu visible entre les mles 1840, celles équipant les 1842T et les platines 1847: le chien est légèrement déporté vers la droite, suivant le déplacement de la cheminée de ce côté.
Ceci pour faire sortir de la ligne de mire cet imposant chien.


Pour l'anecdote, voici la copie italienne des années 1845 de nos platines:

Fabriquée à la Manifattura Reale di Napoli.

Le mécanisme:


Il imite notre système, mais n'a pas la petite biellette de liaison noix/ressort.
Ce dernier (absent ici) agit donc directement sur la noix.
Le "carré" de noix est toujours de forme carré, comme sur nos anciennes platines.
Sur nos platines post-1840 il est de forme hexagonale.
Sinon les dimensions sont semblables.


Autre platine italienne de Brescia, cette fois-ci elle mélange la forme 1840/47, la chaînette du même modèle et le carré de noix de forme carrée:

Merci, sacrée collection que tu as là !

C'est une collection que je pourrais qualifier d'involontaire.

Les armes des années 1840/50 ne trouvent visiblement pas facilement preneur sur les sites d'enchères, personne n'enchérit.
L'occasion faisant le larron, j'en profite, d'autant qu'elles sont esthétiquement et techniquement très intéressantes!

Ce qui permet d'acheter un fusil de la Garde avec sa bonne et rare baguette spécifique pour seulement 400€, ou un 1853T pour 250€.

Par contre un 1822 T Bis dans le même état (correct pour le tir à blanc ou l'exposition, mais pas vraiment pour le tir à balles) montera facilement à 500/700€. Curieux...

A côté de ça une épave de 1822 T Bis transformée chasse avec bien souvent des modifs civiles toujours sera disputée jusqu'à presque 150€.
A n'y rien comprendre...

Voici maintenant une platine marquée Mle 1857:


C'est en fait une platine 1847, modifiée en 1853 avec le chien déporté sur la droite en raison de la nouvelle position de la cheminée, mais gravée 1857 quant elle est montée sur les armes du système 1857.

Ces armes 1857 diffèrent des 1853 par leur canon rayé d'origine, à rayures constantes.
Comme les 1853 et 1854 elles ont la cheminée et le chien légèrement déportés hors de la ligne de mire.
Elles sont directement en longueur dite "de voltigeur": 1421mm seulement.

Depuis 1864 elles inaugureront l'armement moderne, non pas par leur fonctionnement, mais par leur mode de fabrication du canon.

Il ne sera plus en fer, mais en acier fondu.
Déjà depuis quelques années, l'acier remplace le fer pour quelques pièces de mécanisme: noix, gâchette, bride de noix.

Crevette a écrit:

A côté de ça une épave de 1822 T Bis transformée chasse avec bien souvent des modifs civiles toujours sera disputée jusqu'à presque 150€.
A n'y rien comprendre...

Quelles modifications étaient apportées pour en faire des fusils de chasse ?

Dans tous les cas:
- Très souvent raccourcir un peu le canon pour la maniabilité.
- Toujours raccourcir le bois presque jusqu'à la capucine pour le poids.
- Parfois ajout de bagues de maintien de la baguette.

A celà on ajoute:
- Quand la transformation part d'un silex: le chien (plus léger), la position de la masselotte porte-cheminée (latérale au lieu de supérieure), la modification de la plaque de platine (emploi de laiton au lieu de fer), et parfois la cheminée (plus fine).
- Quand la modification part d'un silex transformé "T" règlementairement, seule la baguette peut être concernée.

Le calibre de 17,8 ou de 18 se rapproche fortement du calibre 12.
D'ailleurs dans les tabatières 1867 on peut utiliser des douilles calibre 12 culot court (ball-trap) raccourcies et au bourrelet aminci avec la balle d'origine.