Chronologie simplifiée des armes à feu françaises de 1777 à 1867.

Bonjour,
la période des années 1840-1867 est très prolifique en armes nouvelles, armes transformées, retransformées, re-retransfornées pour certaines.

L'apparition de la capsule de fulminate remplaçant le silex dans les années 1830 (adoptée très tardivement et très timidement par les militaires en 1840), la découverte de la rayure des canons et ses multiples tâtonnements, les essais de balles ogivales pour coller aux rayures, la découverte du chargement par l'arrière sont parfois intimement mèlés et inextricables.

Les marquages et appellations varient souvent selon que l'arme est modifiée ou qu'une ou plusieurs de ses parties sont échangées, ce qui n'arrange rien!
Boudriot a très bien décrit la chose dans ses fascicules.

Pour faire plus simple, voici en gros la chronologie:
1717 > 1774: les armes à silex remplacent définitivement les armes à mèche. Peu à peu elles se modernisent et s'améliorent.

1777: naissance du système 1777 à silex, c'est l'aboutissement de plus de 80 années d'armes à silex.

AN IX (vers 1800/01): amélioration par simplification du 1777 qui devient AN IX.

1816: les royalistes améliorent encore ce fusil et prennent une nouvelle désignation moins Impériale, c'est le système 1816.

1822: nouvelle petite amélioration, le système change de millésime pour 1822.

1840: apparition des fusils à percussion mle 1840 à platine arrière.
Du coup, toutes les armes à silex prennent un coup de vieux!

1840/45 (en gros): transformation T des armes à silex en armes à percussion. La platine est modifiée en conséquence, le canon aussi.
Ce seront les 1822T, mais aussi 1816T et AN9T.

1842: l'éphémère fusil 1840 laisse place au système 1842 qui n'est qu'une version améliorée.

1846: les carabines à tige sont à canon rayé.

1848: le fusil à tige 1848 est une sorte de prototype réalisé à 3000 exemplaires et adopté par les zouaves. Son canon est rayé.

1853: le système 1842 est amélioré et les canons sont prévus pour une mise en rayures future.

1854: apparition du fusil de la Garde, qui inaugure réellement les canons rayés pour les fusils.

1857: apparition d'un nouveau système d'armes à canons rayés et de dimensions "courtes" de 1421mm.
Du coup, les armes non rayées prennent à leur tour un coup de vieux!

1859/60: transformation des armes lisses (1822T, 1842, 1853) par mise en rayures des canons. Elles prennent alors les appellations 1822TBis, 1842T et 1853T.
On en profite aussi pour toutes les raccourcir de quelques centimètres et de leur mettre une nouvelle baguette de forme clou si elle ne l'ont pas déjà.

1864: ce n'est pas une nouvelle arme, mais une technologie qui inaugure l'ère des armes modernes.
Les canons autrefois faits en fer, le sont maintenant en acier fondu. L'âge du fer est bel et bien terminé!

1866: invention du Chassepot à culasse.
Pour la 3° fois en quelques années, toutes les armes existantes prennent un coup de vieux supplémentaire!

1867: modification de presque toutes les armes des systèmes précédents au chargement par la culasse.
Ce sont les "tabatières".
Des fusils très récents comme les 1859, 1857, 1854, 1853, 1842 seront ainsi modifiés.
Mais également de vieux tromblons tels que des 1822Tbis, 1816TBis, voire même des AN9T seront à nouveau modifiés une énième fois!
Une fois encore la baguette change pour avoir un trou sous la tête.

J'ai volontairement laissé de côté les mousquetons 1829, les armes à tige et autres particularités.

Après 1874, le fusil Gras avec sa cartouche métallique mettre à son tour un coup de vieux au Chassepot, qui se verra modifié à son tour 1866-74.
Le Lebel de 1886 inaugurera le petit calibre (8mm), déclassant ainsi les armes de calibre moyen (Gras), mais aura l'immense désavantage de sa cartouche "bouteille", due à la précipitation de nos vaillants militaires pour faire face au fusil allemand Kommission 1888, qui lui, avait dès sa sortie une cartouche ultra moderne.

Il faudra attendre 1934 puis le MAS 36 pour avoir enfin une cartouche aux formes modernes!

En espérant avoir débroussaillé un peu cette période très inventive du XIX° siècle,
cordialement,
CG

Merci pour cette chronologie très claire !

Quelques questions qui me viennent à l'esprit: les canons rayés que l'on fait à partir de 1854 ne tirent pas des balles rentrées en force ? Dès lors qu’apportent les rayures si la balle ne les prends pas ?

A partir de quand le Chassepot évince-t-il définitivement les modèles antérieurs rayés à piston ?

Les balles ne sont pas vraiment rentrées en force, mais leur arrière creux vient se plaquer contre les rayures avec la force des gaz, donc elles prennent les rayures.
Exemple de balles approximativement de cette forme:
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Le Chassepot démode fortement les armes à piston, mais elles resteront encore longtemps dans les réserves, ou pour les pompiers.
Le 1822 TBis par exemple servira quasiment jusqu'en 1900 dans les petites communes pour les pompiers.

D'accord, ils avaient des balles minié, je ne pensais qu'aux balles rondes pour cette époque.

Et au niveau des troupes de ligne le Chassepot a été rapidement perçu par tout le monde ?

Les balles rondes étaient valables pour les fusils lisses.
Ensuite pour les rayés on trouve les balles Tamisier (mousqueton 1829T), mle 54 de la Garde, mle 1857, mle 1859 de chasseur, mle 1863.

Le Chassepot a dû être fabriqué à l'étranger ou par le civil tant la demande était grande et la production nationale faible.
Si l'infanterie a été dotée correctement et relativement rapidement, ce ne sera pas le cas de la cavalerie, de l'artillerie et des troupes de soutien qui auront encore parfois longtemps des pistons ou des tabatières.

En août 70 l'armée avait 1 037 555 Chassepots dans ses rangs.
A la fin de la guerre il y en aura 665 327 de moins.

binjour
sympa cette chronologie, simple et eficace.
merci

a ce propos j ai un fusil 1822 t bis dont le canon est daté 1820
ca doit etre si on s en tiens a cette chronologie un 1816 transformé...

Salut,
merci pour cet topic.
Je me intéresse un peu a tout,mais je ne jamais rien comprise sur les modifications et évolution
de armement principale de l'infanterie pendant cette période.

bmc

C'est en effet très compliqué, tous les systèmes se chevauchent en fonction des transformations successives, à percussion puis à rayure.
C'est ainsi qu'un 1822 T Bis sera plus "moderne" et plus performant qu'un 1853 fabriqué pourtant 3 décennies plus tard!

Merci Christian pour ce Topic
C'est un bon débroussaillage pour y voir plus clair sans se prendre la tête

Question de néophyte mais comment reconnaitre un Chassepot d'un Gras sur une arme sans culasse ?
A la forme de la chambre je présume, le plus visible devant être l'emplacement pour l'extracteur sur le Gras ?

C'est exactement ça, et bien sûr les marquages, le fait qu'un Gras est bronzé et qu'un Chassepot est poli blanc.
La hausse, son embase, le tonnerre et l'arrière du boitier sont également un peu différents.

D'accord merci.
Mais il y a bien aussi des Chassepots convetis en Gras, et dans ce cas là ils étaient forcément bronzés ?

Et en ce qui concerne les culasses de Chassepot pourquoi certaines ont elles un levier droit et d'autres courbé ?

Sur le Chassepot, l'année du modèle est marqué sur le boitier de culasse, mais alors la date gravée derrière la hausse c'est l'année de fabrication c'est ça ?

Tout à fait.

Et en ce qui concerne les culasses pourquoi certaines ont elles un levier droit et d'autres courbé ?

Troupes à pied: levier droit.
Troupes montées: levier coudé.

Ah d'accord...
Merci pour cette réponse !

P'tit tour d'horizon très intéressant ...

Bonsoir,

Oui, mais d'ajouter que la carabine Chassepot de gendarmerie à pied a aussi le levier coudé...

Bonsoir Crevette,

Merci pour cette chronologie et n'ayant pas eu le Boudriot tout de suite, j'ai été longtemps dans le flou.

Si tu avais le courage de faire l'inventaire des principales armes d'essais de la période, on est preneur!

Bien à toi et merci encore pour ce post.

Bonsoir Crevette,
Très intéressante idée de nous présenter ce sujet... Merci beaucoup !
Cordialement
JLUC